Francis Scott Key Fitzgerald nait en 1896 à Saint Paul (Minnesota) dans une famille de la petite bourgeoisie. Ses trois prénoms lui sont donnés en hommage à un parent lointain Francis Scott Key parolier de l’hymne américain. Son père d’origine modeste s’est installé à Saint-Paul après son mariage. Sa mère Mary McQuillan, est la fille d’un homme d’affaires d’origine irlandaise, qui a fait fortune grâce à l’expansion économique qu’entraina la guerre de Sécession, ( guerre civile survenue entre (1861-65) impliquant les Etats-Unis (l’union) dirigés par Abraham Lincoln et les états confédérés d’Amérique (la confédération) dirigé par Jefferson Davis et rassemblant 11 états du sud qui avaient fait sécession des Etats-Unis).
Mary fut élevée au couvent à Saint-Paul puis à New York avant de venir en Europe afin de parfaire une éducation soignée.
Ils vont perdre plusieurs de leurs enfants avant la naissance de Scott, l’écrivain y fait allusion dans son registre " 40 ans plus tard ".
Une autre fille naitra à New York.
En 1908, la famille revient à Saint-Paul. Grâce à la fortune de Mary, Scott peut aller dans une école privée à Saint-Paul Academy . Très tôt il écrit des poèmes et nouvelles qu’il publie dans le journal de l’établissement huppé où il est inscrit en 1911, il s’agit de l’école Newman dans le New Jersey. Le jeune Scott rêve de rentrer dans l’une des meilleures universités du pays : Princeton, (de nombreuses personnalités ont étudié dans cet établissement).
Déçu de ne pas être pris dans l’équipe de Football ce qui le marquera toute sa vie, Scott est également exclu de la société estudiantine. C’est simplement en seconde année qu’il obtient une place dans les journaux de l’établissement, et qu’il se fait des amis. Accompagné par Edmund Wilson (1895-1972, écrivain, journaliste américain, critique, romancier, dramaturge) et John Peale Bishop (1892-1944, poète et homme de lettres), il participe à l’écriture d’une comédie musicale du Princeton Triangle Club. Il écrit également dans le Princeton Tiger magazine humoristique et dans le Nassau Literary magazine. Scott néglige ses études et part de Princeton sans diplômes.
1917, il s’engage à l’entrée en guerre des Etats-Unis lors de la première guerre mondiale.
1918, il est envoyé à Camp Sheridan, près de Montgomery, en tant que sous lieutenant. Il rencontre Zelda Sayre (écrivain américain,elle a grandit dans une famille aisée du sud.)
1919, le roman "L’envers du paradis" est accepté et parait en librairie en 1920, énorme succès, il fait de son auteur le représentant de toute une génération celle de : l’ère du jazz. Mais 1919, c’est aussi le début de la prohibition, dans 36 états des Etats-Unis, l’élaboration, la commercialisation et le transport de plus 0,5 degrés d’alcool est interdit. La fabrication de spiritueux divers entre dans la clandestine, l’alcool est tellement imbuvable, que l’on y ajoute des fruits c’est la naissance des cocktails qui envahissent toutes les fêtes et l’alcool fétiche de Scott est le gin Rickey (gin, soda, citron).
1920, Scott épouse Zelda (1900-1948), elle est son égérie et l’icône des années 20, surnommée "la première garçonne américaine " par son mari, immortalisée par ses livres.
Après le succès de son premier roman " L’envers du paradis", le couple devient célèbre. La presse américaine voit en eux l’incarnation des années folles et de l’âge du jazz, ils sont jeunes, riches beaux et pleins de vie et de toutes les fêtes.
Scott devient le chef de file de la génération perdue (courant littéraire américain de l’entre-deux guerres, ainsi qu’une génération sociologique), le représentant de l’ère du jazz, et lance la carrière d’Ernest Hemingway.
1921, naissance de leur fille nommée Frances Scott ou Scottie.
1922, le dollar est fort et comme de nombreux compatriotes, le couple s’exile en France, sur la côte d’Azur, ils s’installent à l’hôtel du Cap et à l’Eden Roc, puis dans les villas "América", "Paquita", "Eilenroc" (villa de style néo-classique, située dans un parc de 11 hectares, en bordure de mer, au cap d’Antibes) et "Saint-Louis". Parution d’un autre roman de l'écrivain "Les heureux et les damnés"
C’est sur la Côte d’Azur que Scott écrit son roman "Gasby le magnifique ", il fait lire le manuscrit à Hemingway à la terrasse de la Closerie des lilas, brasserie huppée du quartier Montparnasse, ainsi qu’au jeune journaliste Maxwell Perkins qui est ravi du style de l’écrivain.
1925, parution du roman "Gasby le magnifique ", l’écrivain écrit des nouvelles en parallèle pour " Saturday Evening Post ".
Le couple fait beaucoup d’excès et cela amène à une fin rapide. Zelda a une aventure avec un aviateur français Edouard Jozan, rencontré sur la Riviera. Scott devient invivable. Zelda passe au second plan, mais elle veut la célébrité elle essaie la peinture, la danse, littérature mais en vain.
1926, Scott part à Hollywood, Zelda perd la tête, les dernières années de l’écrivain vont être aussi couteuses que déprimantes : l’alcoolisme, les dépressions, les soucis financiers, l’écrivain finit par écrire en 1934 " tendre est la nuit" (considéré comme son chef d’œuvre).
Son dernier roman "Le dernier Nabab" reste inachevé.
1940, décès de l’écrivain, alors qu’il exerce la profession de scénariste.
La tension de son mariage tumultueux, l’alcoolisme de Scott, son instabilité croissante augurent de son admission en sanatorium en 1930, Zelda est internée en Suisse, puis à Asheville (Caroline du nord) on lui diagnostique une schizophrénie. Elle décède en 1948 dans l’incendie du sanatorium d’Asheville.
L’Amérique des années 20 :
Epoque d’une grande prospérité économique, la production augmente considérablement favorisée par la génération de nouvelles méthodes de travail et l’arrivée de nouveaux produits. Le gouvernement libère le libéralisme économique, et augmente les droits de douane pour protéger les producteurs américains de leurs concurrents étrangers. La hausse des salaires et crédits bancaires permettent l’explosion de la consommation. La publicité se développe et créé de nouveaux besoins, la spéculation boursière se déchaine. La population vit dans les villes ou proche de celles-ci habitées par les plus pauvres, mais les comportements changent.
La révolution industrielle : l’utilisation importante du pétrole et de l’électricité, fabrication massive de nouveaux produits se développent notamment l’automobile et les produits dérivés. De 21 à 29 la production de pétrole est multipliée par 4 et la quantité d’électricité par 5. L’automobile se répand dans les villes, grâce à la baisse des crédits bancaires, ce qui favorise le déplacement de la population vers les banlieues, les chaussées sont bitumées, il y a une signalisation routière. L’électricité permet un confort ménager, aspirateurs, lave-linges, frigidaires font leurs apparition dans les maisons, cela amène aussi l’électrophone , la TSF mettant l’américain au courant de l’information, assistant également en direct aux événements sportifs, concerts. Le jazz musique du sud se répand dans toute l’Amérique, les photos, la presse avec des illustrations prend une grande ampleur, tenues vestimentaires, la décoration des appartements, le style de vie apéritif-cocktail et cigarette, ce qui pousse aux achats.
21 octobre 1929 début de la crise à Wall Street, le 29 octobre marque le début de la grande dépression des années 30. La panique secoue les banques américaines et provoque l’interruption du flux financier entre les USA et le reste du monde.
Le jazz :
En 1920, Le jazz apparait à la Nouvelle-Orléans et gagne les grandes villes américaines, de nombreux noirs américains s’installent dans les villes du sud et du nord Chicago, New-York, Nouvelle-Orléans, ils forment une bourgeoisie aisée et écoute de la musique urbaine, raffinée et sophistiquée. S’ajoute une autre population, cette fois d’origine rurale, qui demande une musique plus proche de ses racines. Les musiciens des villes doivent satisfaire cette nouvelle population et ajoutent de nombreux blues à leurs répertoires. EN 1920 Perry Bradford (musicien noir) persuade la maison de disque Okeh d’enregistrer une chanteuse de son orchestre il s’agit de Mamie Smith.
Le jazz, musique métisse afro-américaine réunit les cultures africaines et occidentales. C’est un mélange de courants musicaux très divers. Au cours de son évolution il a intégré de nombreux métissages comme le blues, le rock, la musique latine, le hard-rock fusion. Le jazz comprend aussi une grande variété de sous-type tel que le be-bop, le cool-jazz, le hard-bop, le free-jazz. L’orchestre de Duke Ellington voit le jour en 1920 ainsi que celui de Count Basie à l’époque de la Prohibition, en 1930, la popularité du swing et des bings bands était à son sommet, transformant en star Glen Miller et Duke Ellington. Une variante du swing le jump-blues devançât le rhythm and blues et le rock and roll joué par des petits groupes ensuite une autre variation le bougie-wougie Count Basie en devient une star dans les années 40.
Le jazz a influencé des compositeurs de musique classique tel que : Ravel, Darius Milhaud, Poulenc, Stravinski, Chostakovitch, Gershwin et bien d’autres. Par son rythme et ses couleurs il a aussi influencé les peintres, sculpteurs, photographes. Mondrian, Matisse, Nicolas de Staël, Basquiat.
La pièce Zelda et Scott :
Un bureau, une machine à écrire, en toile de fond une vue de New York ville ou réside le couple, un lit, la pièce débute par une danse endiablée entre Scott et Zelda, la formation de jazz joue en live. Le couple est continuellement en fête, l’alcool coule à flot, ce soir-là c’est l’anniversaire de Zelda, il y a de nombreux invités, mais Zelda veut que son mari lui fasse un enfant, juste ce soir-là. Hemingway est de la fête, il veut que Scott donne son avis sur un de ses romans, Zelda lui plait. Toute la première partie révèle leur vie dans les années 20 aux Etats-Unis.
La seconde partie : Le couple est en France, ayant de l’argent, ils sont sur la Côte d’Azur, la Riviera comme on disait à l’époque, ils sont au Cap d’Antibes, Hemingway est aussi présent avec son épouse, ils rencontrent Gertrude Stein, Picasso et sa compagne Fernande Olivier, la fête continue avec la mer méditerranée en toile de fond. Zelda s’ennuie, elle rencontre un aviateur français avec qui elle trompe Scott, il devient dépressif, il n’arrive plus à écrire, il est agressif, Hemingway spectateur impuissant devant l’effondrement du couple. Zelda, tombe malade, elle devient schizophrène, elle parle aux fleurs………………..
Magnifique interprétation des acteurs habités par leurs personnages, ils nous font revivre l’histoire de ce couple mythique des années 20. Le dynamisme, les musiciens en live apportent un rythme supplémentaire à la pièce. C’est aussi le portrait d’un monde éphémère de l’ époque.
Le couple Sara Giraudeau (Zelda) et Julien Boisselier (Scott) sont exceptionnels et déploient toute leur énergie, belle prestation de Jean-Paul Bordes dans l’évocation d’Hemingway.
Le décor, les costumes, transportent spectateur dans l’atmosphère de cette époque. A voir absolument
Au théâtre de la Bruyère à Paris jusqu’à fin décembre 2013
A lire ou à relire le recueil de nouvelles « les enfants du jazz », ces nouvelles replongent le lecteur dans l’époque des années vingt, appelées par les américains le jazz âge, Scott Fitzgerald en est le héros romantique et désenchanté.