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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 15:32

Michelangelo Merisi nait en septembre 1571 à Milan, son père travaille dans cette ville en tant qu’architecte, maçon, il est aussi l’intendant du marquis de Caravaggio. Francesco Sforza, seigneur de Caravaggio fut témoin du mariage des parents de l’artiste, donc famille reconnue.

 1576, la peste fait rage et la famille doit repartir en Lombardie, région de la famille, dans la province de Bergame dont la petite ville se nomme Caravaggio. C’est dans cet endroit que Michelangelo passe son enfance, son père décède en 1577, emporté par l’épidémie et sa mère en 1584, alors que le futur artiste n’a que 13 ans. Il entre comme apprenti dans l’atelier  du peintre milanais, Simone Peterzano  (peintre du maniérisme tardif, qui fut l’élève du Titien à Venise), Michelangelo va y rester 4 ans. Il apprend les théories picturales, le dessin, les techniques de la peinture à l’huile, de la peinture à fresque, le portrait.

  

En 1588, il quitte l’atelier de Simone Peterzano, il rentre à Caravaggio en 1589, il attend l’héritage familial qui arrive en 1592 et part pour Rome, il entre dans l’atelier « Alla Consolatione » de Lorenzo Siciliano (peintre sicilien).

  

Rome à cette époque est une ville pontificale très dynamique, le Concile de Trente (dix-neuvième Concile œcuménique  reconnu par l’église catholique Romain), s’est terminé  en.1563, c’est aussi la réforme  catholique.  Les chantiers sont nombreux, dans un esprit baroque.

 1592 c’est l’élection du Pape Clément VIII.

  

Ses premières années à Rome sont chaotiques, il a la réputation d’homme violent et querelleur, il est obligé de fuir les conséquences judiciaires de ses rixes et duels. Il vit avec peu de moyens et est hébergé par un ami, puis chez Monseigneur Pucci, ou il peint des images de dévotion et fait des copies de tableaux religieux, il peint ses premières œuvres dont le « garçon pelant des fruits » et « jeune garçon mordu par un lézard ».

 

 1593, il entre dans l’atelier d’Antiveduto Grammatica, proche de l’église San Giacomo d’Augusta, il continue de peindre des copies d’œuvres pour amateurs peu fortunés. En juin de la même année il va travailler chez Giuseppe Cesari (dit le cavalier d’Arpin), peintre attitré du pape, il y peint « le garçon avec un panier de fruits », « le jeune Bacchus malade ».

  

 

 caravage 1

  

Est t’il allé à Venise ? Cela expliquerait certaines influences typiquement vénitiennes, un exemple avec « le repos pendant  la fuite en Egypte ». Il  reste dans cet atelier peu de temps, il n'apprécie pas l'Antiquité ni l'art de Raphaël.

Il se lie d'amitié avec des artistes de l'académie Saint-Luc, l'institution officielle, et peint son premier tableau religieux « Madeleine repentant »e et des scènes de genre, « les tricheurs », «  la diseuse de bonne aventure », « les musiciens ». Son style est original, le fond est neutre, les personnages sont en action, il n’y a pas de décor, mais une extrême précision.

  caravage 2

 

  Il est remarqué par le Cardinal Del Monte, qui apprécie le réalisme de l’artiste, il lui achète les tricheurs. Il le prend sous sa protection et l’héberge dans son palais dès 1597. Caravage peint ses premiers grands tableaux religieux, des scènes de genre tel que « le concert » et « le joueur de luth » dont l’un sera vendu au Marquis  Vicenzo Guistini , grâce à ce mécène, il reçoit des commandes importantes dès 1599 pour le Clergé : « la vocation », « le martyr de saint Mathieu » pour la chapelle Contarelli de Saint Louis-des-Français, « la conversation de saint Paul sur le chemin de Damas », « La crucifixion de saint Pierre »  pour la chapelle Cesari à Saint-Paul-du-peuple.

 Plusieurs œuvres seront refusées par ses commanditaires (soit trop vulgaires, ou scandaleuses), tel que la première version de son « saint Mathieu et l’ange »  la sensualité de l’ange jugée triviale, mais aussi pour la saleté des pieds du saint, minutieusement reproduite d’après modèle. Mais le tableau qui cause le plus grand scandale aux yeux de l’église reste « la mort de la Vierge », la présentation du corps trop réaliste, elle a un ventre gonflé accompagné de rumeurs sulfureuses selon lesquelles le modèle aurait été le cadavre d’une prostituée enceinte retrouvée noyée dans le Tibre.

Les années qu'il passe à Rome sous la protection du cardinal ne sont pas exemptes de difficultés. Il fréquente les tavernes et les courtisanes, toujours aussi bagarreur et violent, il se trouve souvent mêlé à de nombreuses affaires de mœurs et  criminelles,il connaît plusieurs séjours en prison ainsi qu'à l'hôpital.

Entretemps, il peint une grande partie de ses tableaux les plus réputés et connaît un succès et une célébrité croissants à travers toute l'Italie : les commandes affluent, même si certaines toiles sont toujours régulièrement refusées. Les œuvres sont nombreuses, il peint directement sur la toile, d'un seul trait, et dessine très peu.

 En 1599, il peint sa «  Tête de Méduse », pour le cardinal del  Monte, première œuvre sur le thème de la décapitation, il fera d’autres œuvres sur ce thème «  Sainte Catherine d'Alexandrie », « la Conversion de Marie-Madeleine » « Judith décapitant Holopherne »  

En mai 1606, suite à une rixe, il tue en  duel   Ranuccio Tomassoni, le chef de la milice de son quartier. Il est condamné à mort, et obligé de fuir Rome en 1607, il commence un long périple à travers l’Italie. Il reviendra à Rome plus tard grâce a un   pardon pontifical que ses amis et ses protecteurs vont s'essayer d'obtenir.

Il part pour  Naples, qui à l’époque est espagnole, il est hébergé dans la famille Colonna, il peint quelques tableaux, dont un retable « les sept œuvres de la miséricorde » pour l’église du pio Monte della Miséricordia » et « la flagellation du Christ », grand succès.

 

 

Il continue son périple et s’installe à Malte en 1607, son désir, obtenir la protection de l’Ordre des chevaliers de Malte, il est présenté au grand maitre de cet ordre Alof de Wignacourt, il peint son portrait ainsi que plusieurs tableaux « la décapitation de saint Jean-Baptiste », réalisé dans la cathédrale saint Jean de la Valette (une nouvelle flagellation condamnée par le clergé local). L’année suivante 1608, il est fait Chevalier de grâce de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Mais sa consécration dure peu de temps : il est rattrapé par sa réputation et suite à une nouvelle bagarre dans la maison de l'organiste de la cathédrale, il est accusé d'avoir séduit   le fils d'un haut dignitaire de l’ordre, peut-être  est-ce le jeune page au sourire malicieux représenté dans «  le portrait d’Alof de Wignacourt  » de ce fait,  il est radié de l'ordre et jeté en prison. Il ne doit son salut qu'à son évasion, probablement aidé de quelques amis haut placés.

Il part pour Syracuse, il y produit plusieurs commandes pour de grandes familles et le clergé, dont deux retables « La résurrection de Lazare », « l’enterrement de Sainte Lucie », « l’adoration des bergers », « une nativité avec saint Laurent et saint François »

Il s'emploie, avec l'appui de ses protecteurs et en peignant des tableaux moins provocateurs, à obtenir la grâce du pape afin de pouvoir rentrer à Rome.

 

1609, il revient à Naples, grièvement blessé dans une nouvelle bagarre lors de son arrivée. Il est considéré comme mort, mais il survit et peint quelques commandes « Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste », « Le reniement de Saint Pierre », «  Saint  Jean-Baptiste », « David et Goliath », (il se représente dans le visage de Goliath), « le martyr de sainte Ursule » et termine quelques œuvres « la méduse » peinte en 1598 terminée en 1609, « Marie Madeleine » 1598-1609.

 

 

1610, le pape est disposé à lui accorder sa grâce, mais il s’embarque sur une felouque qui fait liaison avec Porto-Ercole frazione de Monte Argentario (enclave espagnole) pour se rapprocher de Rome, il emporte avec lui trois tableaux qu’il voulait restaurer, mais lors de l’escale à Palo il est arrêté et emprisonné pendant deux jours, à sa sortie plus de bateau, ses tableaux sont restés à bord.
 

Désespéré, il rejoint à pied Porto-Ercole à cent kilomètres. La légende dit que, dépité, perdu et fiévreux, il marcha sur la plage en plein soleil où il finit par mourir quelques jours plus tard,

Il décède le 18 juillet 1610, alors qu’il n’a que 39 ans

Caravage maitre du clair-obscur, il place les personnages principaux de ses scènes dans l’obscurité, soit dans une pièce sombre, un extérieur nocturne, ou bien dans un fond noir sans décor. Une lumière puissante provenant d’un point surélevé du tableau, enveloppe les personnages, comme  un projecteur sur une scène de théâtre. Le centre de la scène particulièrement éclairé, les contrastes sont saisissants, ils produisent  une atmosphère dramatique et souvent mystique.

Son œuvre ne laisse pas indifférent, elle est détestée méprisée pour ses sujets ambigus, scandaleux, mais aussi pour son réalisme, sa théâtralité associée à sa vie de délinquant, d’assassin. Elle est aussi appréciée pour son intensité dramatique et bien sur par le génie de l’artiste.

La figure humaine joue un rôle très important  pour l’artiste, les personnages restent les sujets principaux dans ses tableaux soit en portraits ou mises en scènes.

Il choisit ses modèles parmi les gens du peuple tel que les prostituées, gamins des rues ou mendiants poseront souvent pour les personnages de ses tableaux, même pour les tableaux religieux.

Il a inspiré de nombreux  peintres: Poussin, La Tour, Vélasquez, Rubens, Rembrandt. Il a révolutionné la peinture au XVII eme siècle.

 

caravage

 

 

Cette pièce fut créée à l’occasion du 400 eme anniversaire de la mort de Caravage, d’après l’œuvre de Dominique Fernandez « la course à l’abime »

 

L’atmosphère est créée, nous sommes plongés dans une semi obscurité ou clair-obscur, ce qui   va permettre d’immortaliser la gestuelle et de reproduire la composition de quelques toiles de l’artiste évoquées pendant le spectacle.

Cesare Capitani se métamorphose, il incarne parfaitement le maitre, Michelangelo Merisi dit Caravage,  Il développe l’histoire d’une vie, la personnalité, les querelles, les aventures, l’œuvre de cet artiste fougueux.

 

  

Laetitia Favart sa partenaire,  adopte le visage de certains modèles de Caravage entre autre celui de la Méduse, elle interprète aussi le rôle de ses amants, chante Monteverdi.

 

meduse

Très belle prestation des artistes, ils  nous  emmènent dans un voyage à travers le temps.

Moment d’une grande intensité.

Excellent à ne pas  manquer au théâtre du Lucernaire à Paris jusqu’au 21 mai 2011 en juillet au festival d’Avignon

 A lire « La course à l’abime » de Dominique Fernandez, chez Grasset

 

 

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 19:20

Soirée exceptionnelle pour le Japon, suite à la catastrophe survenue le mois dernier.

De nombreux artistes ont répondu présent à cette manifestation, par leurs prestations et leur immense talent, ils nous ont fait  partager  des moments d’exceptions, en alternance, la danse, la musique, extraits d’œuvres lyriques, lectures.

C’est Kenzo Takada, (couturier) qui a ouvert la soirée, un grand panneau servant de décor, identique à la couverture du programme, il en est l’auteur. Kenzo est venu nous parlé avec beaucoup d’émotion, de cette région du Japon touchée par ce drame, de la souffrance, mais aussi du courage de la population.

Hope Japan

Sylvie Guillem, danseuse, a  interprété  en solo « Two » sur une musique d’Andy Cowton.

Natasha Parry, comédienne anglaise,  et Gen Shimaoka, comédien japonais sont intervenus à plusieurs reprises dans la soirée, pour des lectures de « Haikus » poèmes japonais, très courts à composantes symboliques sur les saisons.

Le lyrique à l’honneur avec un extrait des contes d’Hoffmann, les interprètes : Nathalie Dessay (soprano) et Rolando Villazón (Ténor) le duo a interprété avec brio « Hoffmann et Antonia »

Lambert Wilson comédien, a lu « lettre de SendaÏ »,  témoignage d’un anonyme, envoyé le 17 mars, quelques jours après la catastrophe, et un poème de Kenji Miyazawa « Ne pas céder face à la pluie »

Yasutake Shimaji, danseur de la Compagnie William Forsythe, venu nous interpréter un solo « I don’t believe in Outer Space «  sur une musique de Thom Willems.

Momo Kodama (piano) et Sayaka Shoji (violon) ont interprété « Hika », élégie pour violon et piano, et « Berceuse d’Itsuki », transcription d’un chant populaire japonais.

Nicolas Le Riche danseur étoile de l’Opéra de Paris et Guillaume Gallienne de la comédie française, dans une chorégraphie de Nicolas Le Riche en solo « Friendsphip » sur une musique de Vivaldi « les quatre saisons » adagio de l’hiver.

Guillaume Gallienne une lecture « Le cheval »  de Victor Hugo.

Momo Kodama (piano) et Hiromi Omura (soprano), interprétation de chants populaires japonais, « Karatachi no hana (La fleur de Karatachi) et « Akatonbo » (libellule rouge),

Akram Khan, danseur et chorégraphe britannique, a dansé une de ses chorégraphie « Nameless », musique de Jocelyn Pook et Natacha Atlas « Adagio » Natacha Atlas et Lore Lixenberg chanteuses,  

Martha Argerich et Nelson Freire (pianistes), duo à quatre mains le « Grand rondo en la majeur » de Schubert,

Sylvie Guillem et Nicolas le Riche, sur une chorégraphie de Mats Ek, « Appartement » grand pas de deux, (créé pour l’Opéra de Paris en 2000), musique the Flesh quartet  « Innocent »,

Khatia Buniatishvili pianiste géorgienne, Gauthier Capuçon (violoncelle) et Renaud Capuçon (violon) ont interprété  un extrait du trio, No 1 de Tchaïkovski,

Pour terminer cette magnifique soirée Bartabas, fondateur du théâtre équestre Zingaro et de l'Académie du spectacle équestre de Versailles, et son cheval Soutine, « Le centaure et l’animal » extrait du texte de Lautréamont « Les chants de Maldoror, texte enregistré   par Jean-Luc Debattice.

 

La Croix rouge  française partenaire de cette soirée est chargée de collecter les dons afin de les transmettre à la croix rouge japonaise, le but aider les sinistrés.

Le public nombreux a répondu à cet appel.

Cette soirée est inoubliable. Un grand merci pour ce moment unique.

Cette soirée sera retransmise sur France 2, le 12 avril à 0h30.

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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 17:38
Frédéric Chopin est né à Żelazowa Wola le 1er mars 1810 près de Varsovie.

note

 Son père Nicolas né à Marainville en 1771, le duché de Lorraine appartient à Stanislas polonais il le reçu en 1735, en 1779 pacte polonais. Le premier partage eut lieu en 1772 entre la Prusse-la Russie et l’Autriche. Il est le fils du syndic (il reçoit un bon enseignement).
1793 à 1795, partage de la Pologne, Nicolas reste en Pologne, il enseigne le français, l’histoire. Il travaille chez le comte Skarbek, il y rencontre Justyna Krzyżanowska, dame d’honneur et cousine de la comtesse Skarbek, elle a 20 ans il en a 31. Le comte Skarbek lui avait en effet proposé en 1802 de s'occuper de ses 4 enfants et de son manoir de Zelazowa Wola, à 50 km de Varsovie. Nicolas épouse Justyna, ils eurent 4 enfants dont Frédéric en 1810. La même année, Nicolas prend le poste français à Varsovie, la famille vit dans l’aisance.
 Fréderic est élève au conservatoire ou son père enseigne le français, il compose très tôt dès 8 ans, en 1818 il donne son premier concert, il fait de la musique avec le fils du Tsar qui est roi de Pologne. Ses études musicales se terminent en 1829, il est aussi passionné d’histoire, théâtre et littérature. La santé de Frédéric est fragile, ses parents choisissent une destination proche de Varsovie pour les vacances d’été, tous les ans la famille se rend à la campagne. Frédéric montre un intérêt pour la musique rythmée. Il assiste a de nombreuses fêtes populaires ou il y entend les mazurkas, ceci est fondamental pour son œuvre future.
 Très tôt il découvre Bach et quitte son pays pour la première fois en 1828, il part à Berlin et découvre tous les grands de l’époque tel que Weber, Cimarosa, Haendel. Il assiste à un concert de Paganini, il dit qu’un musicien peut se réaliser avec un seul instrument de musique c’est ce qu’il fera. Il veut se produire à l’étranger et part pour Vienne en 1829, il va à l’opéra et donne un 1er concerto au théâtre impérial, il obtient une excellente critique, il est différent des autres pianistes. Il va à Prague, Dresde Varsovie, il rencontre Henriette Sontag (Weber a écrit pour elle), elle sera un de ses amours. Il termine son 1er et second concerto, l’orchestre y est modeste il met en valeur le soliste, intensité lyrique.
1830, il est de plus en plus proche de l’opposition nationale. C’est la Révolution à Paris et à Bruxelles, alors qu’il prépare un voyage vers Paris, mais il s’arrête dans un premier temps à Vienne, il va à l’opéra et apprend que la révolution éclate à Varsovie, sa famille lui défend de revenir il reste à Vienne (il compose son premier scherzo).
Il quitte Vienne le 20 juillet 1831 pour Paris en passant par Munich, Stuggart. À Paris, il fait la connaissance de compatriotes polonais exilés suite à la défaite polonaise, et découvre une intense activité culturelle et musicale, notamment l'opéra italien (Rossini, Bellini).
Sa première période parisienne va jusqu'à 1838. Paris à cette époque est le haut lieu du piano en Europe, la ville est dynamique c’est l’éclosion du romantisme, Delacroix, Géricault sont à l’honneur ainsi que l’opéra, il y entend la Malibran, il va écouter les concerts au conservatoire, il rencontre Rossini, Cherubini, le grand pianiste Brenner, il fait aussi la connaissance de Mendelssohn, invité chez la princesse Belgiojoso, il rencontre Franchomme violoncelliste, et Bellini qui est sensible à son lyrisme mélancolique. Berlioz est un grand ami dramatique éclatant, Frédéric , le lyrisme intime et confidentiel. Il connaît Liszt autre ami intime, George Sand, Marie D’Agout.
Il va chez Kalkbrenner qui l’introduit dans ce milieu pianistique et lui organise son premier concert dans les salons Pleyel en 1832, ce soir là au programme, concerto, mazurka, polonaise. Sa réputation de virtuose est faite (le critique Fétis, dans la revue musicale, en mars 1832, après le grand concert de Kalkbrenner, fera l'éloge du jeune Polonais) ce qui va lui permettra très rapidement de devenir le professeur le plus recherché dans les milieux aristocratiques parisiens, il va habiter rue de la chaussée d’Antin, il joue dans les salons, il développe une grande amitié avec une élève.
En Pologne plus d’autonomie politique, les universités sont fermées, on pille les musées, Paris devient la capitale de la Pologne, on se réfugie à l’hôtel Lambert, pour les riches polonais, les artistes . Une société littéraire polonaise ouvre à Paris en 1832, la bibliothèque se situe quai d’Orléans no 6. Il existe un comité français Hugo, Gauthier, La Fayette en font parti.
De 1832 à 1838, ce sont des années fécondes pour Frédéric, il compose les 21 nocturnes, 5 mazurkas, des scherzos. Un événement en 1835 ses parents se rendent en cure thermale, ils passent à Dresde.
Sa seconde période parisienne de 1838 à 1848. Au cours de ces années, Chopin va donner peu de concerts mais de nombreuses représentations pianistiques dans différents contextes.
Pour le décès du  ténor Adolphe Nourrit (décédé en Italie en 1839), lors de la messe de requiem célébrée pour le défunt, il interprète à l’orgue de Notre Dame du Mont, les astres, et un lied de Schubert. La même année, le roi Louis Philippe l’invite à Saint-Cloud, il y joue ses études et nocturnes et une sonate à quatre mains de Mozart avec le pianiste Moscheles, ce fut un triomphe.
1841, il donne à nouveau un concert à Pleyel, commenté dans la gazette musicale par Franz Liszt. Les années suivantes il donne des concerts privés dans son  appartement de la rue Pigalle,entouré de ses amis parmi lesquels Sainte-Beuve, Delacroix, Mickiewicz, Berlioz et de nombreux amis polonais.
 De 1836 à 1847, ou les années George Sand, ils mènent une vie mondaine ils ont une grande admiration l’un pour l’autre. Chopin ayant une santé fragile, le couple décide de partir pour Valldemossa à Majorque, mais le séjour hivernal se passe dans des conditions précaires dans la chartreuse, il y compose son cycle des 24 préludes, op. 28 et sa 2e ballade, sa santé se dégrade à nouveau. 
Ils  décident de rentrer en France, Chopin va beaucoup mieux jusqu'en 1846. Il séjourne souvent à Nohant, dans la magnifique résidence de campagne de George Sand, proche de La Châtre. L’été est idyllique, les visiteurs sont nombreux, Balzac, D’Agout, Delacroix, Liszt, Sand écrit ’ Consuelo ‘ c’est l’image de Pauline Viardot (cantatrice), ils passent 6 mois à Nohant et rentrent à Paris. C’est une période heureuse pour l’artiste il y compose quelques-unes de ses plus belles œuvres : la Polonaise héroïque, op. 53, la 4e Ballade, la Barcarolle, op. 60, les dernières Valses.  
Frédéric se produit à Pleyel, aux Tuileries et cela jusqu’en 1847, c’est un rythme idéal Nohant, Paris.
1846, le musicien est de plus en plus affaibli par la fin de sa relation avec l’écrivain, et décide de partir en Angleterre afin d’y effectuer une tournée organisée par une élève, Jane Stirling, voyage épuisant physiquement et moralement. A Londres il joue devant la reine Victoria et rencontre Charles Dickens, mais sa santé s’aggravant de jour en jour, il rentre à Paris son état est au plus bas.
Chopin meurt quelques semaines plus tard, le 17 octobre 1849, 12 place Vendôme, à l'âge de 39 ans. Enterré au cimetière du Père-Lachaise, après une cérémonie à la Madeleine le 30 octobre 1849, on y joue le requiem de Mozart, la marche funèbre et Pauline Viardot chante, on y voit Pleyel, Delacroix, Meyerbeer, son monument funéraire est de Clésinger. Conformément à ses dernières volontés, Ludwika (sa sœur ainée) ramène à Varsovie son cœur qui se trouve actuellement dans un cénotaphe inséré dans un pilier de l'église Sainte-Croix.
Chopin immense pianiste virtuose de son temps, il préfère la composition au concert, plutôt avec un public choisi dans de petites salles, il a eu la volonté consciente d’être un musicien national. Sa période musicale a été marquée par une évolution singulière de la technique pianistique. À l'instar de ce qui avait été développé quelques années plus tôt par Paganini pour le violon. Il fait parti des grands virtuoses du début XIXe,  Liszt n'est pas le seul à avoir perfectionné la technique pianistique au cours des années 1830-1840 ; il affirme lui-même que de nombreuses avancées sont dues à Chopin.
note

De nombreuses manifestations autour de Chopin pendant l’année 2010  en France, Paris , à Nohant, chez george Sand, mais aussi en Pologne.

Beaucoup d’enregistrements pour cet événement.

A Paris des concerts, salle Pleyel, cité de ma musique, Théâtre des Champs Elysées, au musée de la vie Romantique, festival Chopin à Bagatelle en juin.

Des expositions dont une au musée de la vie romantique à Paris.

Un magnifique enregistrement d’Alexandre Tharaud - Chopin Journal intime
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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 11:59

L’événement :

Il y a 100 ans, le 3 mai 1909, Diaghilev fondateur des ballets russes arrivait à Paris gare de Lyon.

Le théâtre du Chatelet est entièrement rénové et réaménagé pour  les premières représentations du ballet russe.

Serge Diaghilev, créateur de la troupe a bien préparé son entrée, quelques semaines au paravent il a invité quelques personnalités du monde artistique, des journalistes, aux répétitions,Jean Cocteau, la princesse Anna de Noailles, les critiques en vue, sont venus. Quelques peintres à la mode avaient fait le portrait de Nijinski. Diaghilev ayant  le sens de la publicité avait fait placarder sur toutes les colonnes Morris de Paris l’affiche d’Anna Pavlova. Diaghilev invité dans tous les salons et soupers parisiens, fit quelques confidences sur un autre nom, le danseur Nijinski.

Paris est en effervescence, le 19 mai 1909, le théâtre du châtelet affiche complet, le tout Paris est présent, ce fut un choc artistique, le public fut bouleversé par la nouveauté, le talent des artistes,  la somptuosité des décors. Nijinski est à l’honneur.



Sergei Pavlovitch Diaghilev nait en 1872 à Selichtchi proche de Novgorod, dans une famille aisée de la petite noblesse, c’est la fin de l’époque tsariste. Il étudie le droit à l’université de Saint-Pétersbourg, ainsi que le chant et la musique au conservatoire.

 

En 1892, il obtient un diplôme de musicologie, élève de Rimski-Korsakov qui lui dit qu’il n’est pas fait pour cet art, découragé il abandonne.

Il se lie avec Alexandre Benois artiste peintre, décorateur, scénographe et historien d’art russe, Konstantin Somov, peintre symboliste, Dmitri Filosofov, écrivain et critique littéraire russe, Léon Bakst, peintre décorateur et créateur de costumes russes. Mais il est très difficile d’intégrer le cercle fauviste des artistes, Diaghilev se perfectionne sur l’histoire de l’art russe et occidentale aidé par son ami Alexandre Benois, il voyage pendant deux ans  pour se perfectionner, il devient le plus  apprécié  du groupe pour ses connaissances.

Avec l’aide financière de la princesse Maria Tenicheva (mécène, collectionneuse d’œuvres d’art, elle-même artiste) et de Savva Mamontov, (industriel, et mécène russe, à l’origine de l’opéra russe privé, il a financé un nombre de pièces  de compositeurs, Tchaïkovski, Rimski-Korsakov, Borodine, Moussorgski). Diaghilev créé le journal Mir Iskousstva (le monde des arts), et fonde avec son cousin Philosophoff et Alexandre Benois une groupe avant-gardiste.

Dès 1899, il est nommé assistant  particulier du prince Serge Volkonsky, qui a pris la direction des théâtres impériaux.

1900 il est responsable de l’annuel des théâtres impériaux, de ce fait propose des postes à ses amis.

Léon Bakst s’occupe des costumes du ballet français « le cœur de la marquise 1902 » chorégraphie de Marius Petipa, Alexandre Benois, produit « la vengeance de Cupidon » opéra de Taneiev.

Fin XIX eme siècle, il y a plus de liberté dans la manière d’appréhender la tonalité, le rythme les harmonies. Diaghilev est un des premiers à adopter ce style de musique.

1900-1901, Volonsky demande à Diaghilev de monter  Sylvia, ballet de Léo Delibes, mais Diaghilev refuse d’éditer l’annuel des théâtres impériaux, en raison de divergences d’opinion. Etant en conflit avec le théâtre, il fonde les ballets russes  nous sommes en 1907, de ce fait il devient  organisateur de spectacles, critique d’art, protecteur des artistes, impresario de ballet.

 De grands danseurs et chorégraphes seront issus de cette compagnie et ont marqués le XX eme siècle.

 Ses amis l’aident à monter des expositions.1905, il expose à Saint Pétersbourg, il s’agit de portraits peints par des artistes russes, l’année suivante en 1906, cette exposition vient à Paris au Petit Palais. 

Diaghilev se sépare du ballet impérial en 1911, il fait de sa compagnie une troupe privée composée des meilleurs éléments du théâtre Mariinski. Cette troupe va se fixer à Paris, Londres, Monte-Carlo.

 Pendant ces années, Diaghilev va programmer différentes compositions de Rimski-Korsakov, et passe commande auprès des compositeurs renommés pour ses musiques de ballets.

 

L’histoire des ballets russes, de 1909 à 1929, ces ballets vont représenter  toutes les formes artistiques, donnant lieu à un spectacle. Diaghilev a apporté différents styles à ses ballets, inspirés par les contes russes, l’art moderne, le futurisme.

Ils auront trois  périodes :

Les premières années jusqu’en 1912, les thèmes des ballets sont inspirés par le folklore russe et oriental, la chorégraphie de Michel Fokine (issu de l’école impériale de ballet de saint Pétersbourg), les danseurs formés selon la tradition académique et romantique, (héritage du style français et italien),  ajoutant à des  qualités spécifiques  leur sensibilité russe.

1912, deux créations : Daphnis et Chloé la musique composée par Maurice Ravel, L’après-midi d’un faune par Claude Debussy.



De 1912 à 1921, grande diversité  dans les chorégraphies, originalité et recherches expérimentales. Diaghilev a fait travailler des artistes occidentaux ce qui donné lieu à de nombreuses créations.

Manuel de Falla, musicien espagnol, des peintres pour les décors, Picasso, Derain, Matisse, Braque. Nijinski, Massine, Fokine ont réalisés les chorégraphies.

 Jeux en 1913, musique Debussy, le sacre du printemps en 1913, musique de Stravinski, Joseph-légende 1914, musique de Strauss, Parade 1917, musique Satie, le tricorne 1917, musique Manuel de Falla,  la boutique fantasque 1918, musique Respighi.

Après une rupture pendant la guerre, des peintres d’avant-garde sont venus rejoindre la troupe, il s’agit de Michel Larionov et Nathalie Gontcharova, ils sont de la veine des modernistes. La reprise des tournées s’effectue à partir de 1917. En 1931, le chorégraphe Léonide  Massine quitte  la troupe, c’est la fin de la seconde partie des ballets russes.

De 1921 à 1929, les ballets russes ont répondu au contexte des années folles, c’était inédit.

 C’est aussi l’arrivée de  nouveaux chorégraphes Bronislava Nijinska et Georges Balanchine, des peintres surréalistes, Naum Gabo, Antoine Pevsner, vont apporter aux ballets des tendances artistiques nouvelles. Diaghilev a fait participer des musiciens du groupe des six (le groupe des six : Darius Milhaud, Georges Auric, Arthur  Honegger, Germaine Tailleferre, Francis Poulenc, Louis Durey). Boris Kochno a été le Secrétaire de Diaghilev et a créé des livrets et supervisé les spectacles. De nouvelles créations :

Les biches 1923, musique Poulenc, le fils prodigue 1929, mais le plus célèbre restera Igor Stravinski a qui Diaghilev a demandé d’adapter des pièces de Chopin pour les Sylphides.

Tant  par leur style chorégraphique que par les thèmes abordés, ces ballets ont étés présentés à Paris dans différentes salles, théâtre Sarah Bernhardt, Chatelet, Théâtre des Champs Elysées, Opéra. De nombreux spectateurs sont venus les admirer.

Les ballets russes ont attiré des artistes ayant le désir de connaître les dernières innovations artistiques. Acteurs, peintres, musiciens, écrivains. Parmi les écrivains, Jean Cocteau, Marcel Proust et Romain Rolland, parmi les acteurs, Sarah Bernhardt. Jacques-Emile Blanche, Valentine Gross, le peintre Auguste Renoir et le sculpteur Auguste Rodin.

Au public d’artistes s’est ajouté un public mondain, composé d’aristocrates, de ministres et de diplomates. Pour cette élite, les Ballets Russes ont été garants d’une caution culturelle et mondaine. Le public était composé de journalistes et de critiques d’art. La presse s’est ainsi fait le relais du succès des spectacles. 

Les ballets :

A travers les thèmes présentés, les décors et la musique, les spectacles de Diaghilev ont mis en scène une Russie de légende.

Le Festin (1909) a présenté plusieurs danses traditionnelles slaves, comme la mazurka. Musique Moussorgski.

 Le livret de L’Oiseau de Feu(1910) a été tiré de plusieurs contes russes, dont ceux d’Afanasiev. Musique Stravinski.









Shéhérazade créé en 1910, a émerveillé le public par sa mise en scène, atmosphère sortis des contes orientaux, les décors composés de tapis, coussins, dans des tons  rouge, vert, les costumes richement brodés. Cela donnait l’impression d’un intérieur de harem.



Petrouchka  (1911) a mis en scène la vie et les mœurs du peuple russe, à travers des marionnettes évoluant dans le décor de la foire du carnaval de Saint-Pétersbourg. Musique Stravinski.


Pour les décors et les costumes du Coq d’Or(1914), Nathalie Gontcharova s’était inspirée de l’imagerie russe et de jouets en bois artisanaux. Musique Rimski-Korsakov

C’est surtout pendant les premières années que les thèmes sont puisés dans le folklore. Mais d’autres ballets ultérieurs ont eux aussi valorisé la Russie traditionnelle.

Chout (1921), tiré d’une légende russe, musique de Prokofiev .Noces (1923), créé à partir de poèmes populaires authentiques. Musique de Stravinski

1921, il monte la belle au bois dormant avec la ballerine Olga Spessivtseva.

 Les danseurs russes, auxquels on doit le caractère unique des ballets, sont devenus de véritables mythes vivants pour les français. Leur renommée en Russie les avait fait connaître auprès d’une partie du public avant 1909, Tamara Karsavina, Anna Pavlova, Ida Rubinstein, Vaslav Nijinski et Adolphe Bolm,   ont  impressionnés  les spectateurs par leur virtuosité technique ; Nijinski a été admiré pour son élasticité et pour la hauteur de ses sauts. 

  

Anna Pavlova

 

Les décorateurs, Bakst, Benois, Korovine et Roerich, ont émerveillés le public par la diversité et la fantaisie colorée des décors et des costumes.

 Ci-dessous décor de l'oiseau de feu


Les peintres Nathalie Gontcharova, était  à l’exposition de l’art russe organisée par Diaghilev à Paris en 1906, elle fait les décors pour le ballet le coq d’or en 1914. Dès 1917 elle accompagne la troupe de Diaghilev qui effectue une tournée en France, Espagne, Italie et s’installe à Paris en 1918 avec son compagnon Michel Liaronov. Dans les   années 20 elle est un des principaux peintres  des ballets russes, elle fera aussi le décor du ballet Noces.

Michel Liaronov  artiste peintre passa de l’impressionnisme au fauvisme, il est l’un des premiers animateurs de l’avant-garde en Russie et  fera de nombreux décors pour les ballets russes.

Naum Gabo, Antoine Pevsner sont frères, peintres surréalistes, dès 1920 Naum a utilisé métal et plastiques pour atteindre la transparence et faire interférer les structures dans l'espace.

Les compositeurs ont eux aussi été l’objet d’éloges, surtout Stravinski.

Ainsi, l’image de la Russie à travers les Ballets a été celle d’un pays qui savait mettre ses traditions en valeur. La qualité des spectacles, leur atmosphère ont ému un public en quête d’évasion.

Cet exotisme a été perçu comme l’échappatoire à la réalité, aux angoisses de la vie quotidienne, dans un contexte international tendu. Les ballets russes ont présenté des régions géographiquement lointaines comme l’Extrême-Orient ou la Grèce antique. Ainsi les spectateurs européens ont étés confrontés à l’image de leur culture, vue par les russes. Quelques exemples Pulcinella pour l’Italie en 1920, Quadro flamenco pour l’Espagne en 1920 et les facheux pour la France en 1924.

Foyer de création artistique, les ballets russes ont suscités un grand intérêt dans les milieux littéraires, aristocratiques et artistiques de l’époque.

 Cocteau ami de Diaghilev depuis 1909 a joué un rôle dans la création de plusieurs ballets, le dieu bleu 1912, Parade 1917, le train bleu 1924, il en a écrit le livret. Il a aussi participé à l’élaboration des textes de certains programmes, il a rédigé " portraits et souvenirs des ballets russes ".

Guillaume Apollinaire a ainsi pris la défense des Ballets devant la controverse suscitée par "Parade". Dans son article "Parade ou l’esprit nouveau" 1917, publié dans le programme, il a montré les qualités du ballet, qui participait selon lui de l’élan vital donnant naissance à un art nouveau.

André Gide, a écrit pour "La Nouvelle Revue Française" un article intitulé "Les représentations russes au Châtelet", où il se montrait à la fois réservé et enthousiaste, et où il évoquait l’imaginaire des étendues désertiques évoquées par "Le Prince Igor" en 1909.
Marcel Proust, grand admirateur des Ballets Russes, a trouvé dans ces derniers une source d’inspiration. D’autres écrivains, Sacha Guitry, Paul Claudel ont aussi diffusés leurs écrits. Paul Valéry a écrit un poème "l’âme et la danse".

Des éloges faites par des personnalités mondaines parisiennes,  Misia Sert, la comtesse de Greffulhe, la princesse Edmonde de Polignac et Robert de Montesquiou, esthète et figure mondaine par excellence.

L’impact des ballets russes :

Ils ont inspirés les peintres fauvistes et la naissance du style art déco, Mêlant danse, musique, et peinture, inspirés des Mille et Une Nuits, ils sont une invitation au luxe et à l'exotisme.   D’où la mode des éventails, des plumes, des jets d’eau, des couleurs vives. Les couleurs insolites vont s’imposer dans le décor du mobilier : on verra des boudoirs aux murs orangés, des salons tendus de noir.

Écrivains, mondains et mécènes, par leur intérêt pour les ballets russes et les éloges qu’ils en ont fait autour d’eux, se sont constitués en vecteurs de l’imaginaire auprès du public. Le choc culturel constitué par ces ballets  n’a pas seulement investi les milieux littéraires, mais aussi imprégné l’art français de l’époque.

Les photographies et les arts plastiques ont permis aux lecteurs de fixer sur des visages l’imaginaire suscité par les textes. Les artistes ont fait la une de la presse de l’époque, une photographie de Vaslav Nijinski et d’Anna Pavlova dans Le Pavillon d’Armide. La revue contenait également des photographies de Nijinski, prises en Russie. Nijinski a été le danseur des Ballets le plus photographié, en particulier par Auguste Bert et Eugène Druet.

Les peintres, dessinateurs, sculpteurs, se sont servis des photographies comme supports pour leurs travaux, en y puisant des informations sur la plastique des danseurs. Professionnels et amateurs ont voulu fixer sur la toile l’évanescence de la danse. Trois peintres se sont particulièrement distingués dans cette traduction picturale de l’art des Ballets Russes, Valentine Gross, Jacques-Emile Blanche et Jules Flandrin. Les spectacles de Diaghilev ont également inspiré de nombreux dessinateurs, dont les croquis ont paru dans la presse, le sculpteur, Auguste Rodin, a réalisé une sculpture en bronze de Nijinski, intitulée " Danseur, dit Nijinsky " en 1912.

 la mode et les arts décoratifs aussi touchés par ce choc culturel. 

Léon Bakst, en particulier, a été l’inspirateur de nouvelles modes vestimentaires et décoratives. Il a développé et confirmé à Paris l’attrait pour les vêtements de style oriental, inspirant des maisons de couture Worth, Paquin, la population féminine aisée s’est tournée vers ces grands couturiers de l’époque.  Paul Poiret à réaliser des turbans lamés dans le style de L’Oiseau de Feu, des robes incrustées de pierres précieuses et des fourrures, inspirées des costumes de Shéhérazade et du Prince Igor. Les costumes les plus répandus ont été le  pantalon de harem création de 1910, les robes garnies de petits cerceaux, les jupes-sultanes, les tuniques et les capes frangées

Dans les années vingt, Coco Chanel, à son tour, fascinée par les ballets russes a transcrit dans la mode son goût pour les motifs slaves, elle s’est inspirée du folklore pour créer des vêtements avec ces motifs .
L’attrait pour une mode à motifs slaves s’est répercuté sur les styles de coiffure, les accessoires de mode et les bijoux...

Les arts décoratifs se sont nourris aussi de l’esthétique des ballets russes, dont l’influence a été perceptible dans la rue, vitrines des grands magasins, des restaurants, des spectacles ont également influé sur  l’aménagement des intérieurs parisiens. Les meubles de style oriental, les tapis aux couleurs chatoyantes, les coussins, les papiers peints ont été très prisés par la bourgeoisie, qui aspirait à mettre une touche d’exotisme dans sa vie quotidienne.

Diaghilev a provoqué avec ses spectacles un choc culturel  et artistique auprès du public français.  

Sa réussite a attirée de nombreux mécènes, dont l’aide matérielle était vitale.

 

Des concepts artistiques nouveaux  

Les innovations apportées par les musiciens, les décorateurs et les chorégraphes russes ont bouleversé la sensibilité artistique de l’époque.

Igor Stravinski notamment a révolutionné l’orchestration, en composant pour Le Sacre du Printemps une musique aux dissonances très dures et aux rythmes asymétriques, ainsi il a influencé les musiciens français, en particulier le « Groupe des Six.

La décoration théâtrale s’est vue modifiée, les décors des ballets ont apportés de nouvelles tendances, l’emploi de tons vifs, cela a servi de modèle aux décorateurs de théâtres français.   Ainsi les décors ont joué un rôle important dans la conception globale du spectacle, et le ballet a désormais été conçu comme un tableau animé. Beaucoup d’artistes, de décorateurs et de metteurs en scène se sont inspirés de l’esthétique des décorateurs russes et de leurs méthodes. Apport d’ une nouvelle sensibilité théâtrale.

Au début du siècle, l’art chorégraphique était sous l’emprise des conventions et du formalisme. Les ballets russes ont fait reconnaître l’autonomie créatrice du chorégraphe, l’expressivité du danseur, et le rôle actif joué par le corps de ballet. Les danseurs masculins ont désormais été admirés, ce qui est nouveau.Grâce à Nijinski, les sentiments ont été exprimés par des gestes et des pas naturels, qui ont permis de rehausser la beauté sculpturale du corps. Les chorégraphes furent influencés.

Les années d’après-guerre ont été particulièrement propices à l’expression de tous les talents créatifs. Du vivant des ballets russes, d’autres troupes de danseurs ont tenté d’atteindre leur aura. Après 1929, certains artistes se sont déclarés héritiers de la compagnie et ont créé leurs propres troupes.  Anna Pavlova (1911-1929). Ida Rubinstein, a présenté sa troupe 1914 à 1935 sur les scènes du monde entier, elle a travaillé avec Gide et Valéry.  D’autres troupes se sont construites sur ce modèle, mais aucune compagnie n’a eue leur succès. Même les Ballets Suédois de Rolf de Mare (1920-1924) avaient une certaine filiation, dans leur forme, avec la troupe russe.  

Après 1929, Serge Lifar et Boris Kochno ont tenté de faire survivre la Compagnie des ballets russes, mais sans succès, les intérêts personnels ayant pris le dessus.

Plusieurs compagnies ont été créées dans les années trente sur le modèle structurel des ballets russes, mais aucune n’a su aussi longtemps qu’eux capter l’attention du public. Celle de Bronislava Nijinska a cherché avant tout à mettre en valeur l’art du mouvement. La compagnie la plus proche des Ballets de Diaghilev a été créée en 1932 par René Blum et Wassili de Basil, qui l’ont intitulée " compagnie des Ballets russes de Monte-Carlo " (1932-1936). En 1936, elle a connu une scission, et Blum a alors fondé la seconde "Compagnie des Ballets Russes de Monte-Carlo". Les ballets russes du Colonel de Basil, fondés en 1934, ont été connus par la suite sous le nom "d’Original Ballet Russe ". En 1947, quelques-uns uns de ces ballets ont été présentés à Paris

Quant au répertoire, il a partiellement survécu, malgré le remaniement de certains spectacles. Les Sylphides, Pétrouchka, Le Spectre de la Rose et L’Après-midi d’un Faune ont été repris par diverses troupes. C’est principalement la version originale de ce ballet de Nijinski qui a été reprise pendant plus de cinquante ans. En outre, Balanchine avait conservé à son répertoire Apollon Musagète et Le Fils Prodigue. Noces, Les Biches, Le Train Bleu ont été représentés ces dernières années.

 

Après avoir participé à l’explosion moderniste et révélatrice de la Belle Epoque, considérablement enrichi l’histoire artistique des Années Folles, les ballets russes sont une synthèse des arts au service de la danse, ils ont fusionné les décors avec la mise en scène, générant un spectacle total .

Diaghilev a maintenu une tradition russe tout en mettant en scène des modes avant-gardistes. Ses ballets ont constitué une nouvelle référence sur le plan artistique, dans la manière d’exprimer des idées, des sentiments et de considérer l’œuvre d’art.

Le choc artistique et culturel produits par les spectacles ont été à l’origine de la prise de conscience française d’une identité culturelle russe.

Quelques réactions  

Certains ballets ont donné lieu à des polémiques, dont la presse s’est fait l’écho. La première représentation de L’Après-Midi d’un Faune le 29 mai 1912, a suscité des réactions très violentes.  

Le Sacre du Printemps, en 1913, a provoqué un scandale encore plus important, une partie du public ayant conspué la musique d’avant-garde de Stravinski. Les hurlements, les injures et les sifflements dans la salle ont été si intenses que les danseurs eux-mêmes n’entendaient plus la musique.

Dans Parade en 1917, le décor de Picasso composé de personnages insolites et la référence au cubisme ont également déconcerté le public.  

Le ballet Romeo et Juliette, en 1926, a révolté les surréalistes, qui ont taxé l’entreprise de Diaghilev de " capitaliste " . Les Ballets de Diaghilev ont présenté un style jugé trop novateur par certains. De fait, leur esthétique nouvelle a consacré une forme d’art inédite.

Les ballets russes peuvent en effet être qualifiés de révolutionnaires, en ce qu’ils ont durablement influé sur la musique et les arts du spectacle français de l’époque.

Le danseur Serge Lifar a résumé en quelques mots la portée des créations de celui-ci :

"Serge de Diaghilev, ce noble et ardent Chevalier de la plus grande croisade des Arts du XXe siècle, qui, par son génie, devait réaliser cette union féconde entre toutes les valeurs spirituelles et artistiques, entre l’Orient et l’Occident, et ainsi accomplir la renaissance de l’art dans le monde. La Capitale de l’Art a immortalisé ce grand Magicien". 

Diaghilev a rendu au ballet sa valeur d’art universel. Son œuvre a permis d’augmenter l’intérêt pour la danse et pour les études dans le domaine artistique.

Le ballet n’a pas survécu au décès de son créateur en 1929.

Plusieurs membres des ballets russes sont devenus des références de l’art chorégraphique. George Balanchine aux USA, Serge Lifar en France, Ninette de Valois et Marie Rambert en Angleterre.

Extraits de "Diaghilev et les ballets russes"


Une exposition sur les Ballets Russes à l'opéra Garnier à Paris depuis le 24 novembre.

Un programme de ballets russes est présenté du 12 au 31 décembre 2009 à l'opéra Garnier. 

 

 

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