Paul Gauguin nait en 1848 à Paris. Son père Clovis Gauguin (1814-1851), journaliste républicain au " National ", sa mère Aline Chazal (1825-1867), fille de Fora Tristan (écrivain), petite fille de Simon Bolivar et de Thèrese Laisnay. Donc descendante de propriétaires terriens espagnols d’Amérique du sud.
Paul passe une partie de son enfance à Lima, son père décède pendant le voyage en 1851, fuyant le régime de Napoléon III, alors que l’enfant n’a que 3 ans. Paul rentre en France à l’âge de 7 ans et fait ses études à Orléans.
Après ses études il s’embarque dans la marine marchande, puis dans la marine française il navigue sur toutes les mers pendant six ans.
1870, il revient en France à Paris et devient agent de change à la bourse , il obtient de bons résultats en affaires, et a une vie bourgeoise avec son épouse danoise Mette-Sophie Gad, ils ont cinq enfants : Emilie, Aline, Clovis, Jean-René, Paul-Rollon.
1874, il rencontre Camille Pissarro peintre impressionniste et ainsi voit la première exposition impressionniste. Comme son tuteur Gustave Arosa, Gauguin devient amateur d’art et décide de peindre. Il expose avec les impressionnistes pendant plusieurs années 1876, 1880, 1881, 1882, 1886.
1882, il quitte son emploi à la Bourse pour se consacrer à sa nouvelle passion la peinture.
1884, Il part s’installer à Rouen, Pissarro y réside, il l’a guidé dans son approche de l’impressionnisme, il y reste 10 mois et réalise 30 tableaux, des vues de la ville et des environs. Mais ne gagnant pas assez il décide de partir avec son épouse et les enfants, vivre dans la famille de celle-ci à Copenhague. Tout se passe mal avec la belle famille et ses affaires ne vont pas bien.
1885, il revient à Paris pour peindre, laissant son épouse et les enfants au Danemark. Il participe aux expositions impressionnistes.
1886, il part effectuer un séjour à Pont Aven, il y rencontre Emile Bernard, artiste peintre les deux hommes auront peu de contacts. Un nouveau courant est créé la même année, par un jeune peintre, Louis Anquetin, il s’agit du cloisonnisme. Cette technique s’inspire de la technique du vitrail, du japonisme, de l’art primitif et des images d’Epinal. Il se caractérise par des zones de couleurs cernées par des traits foncées, ce qui permet de délimiter les aplats de couleurs les uns par rapport aux autres et aussi de mettre en valeur les éléments peints. Les artistes précurseurs : (Emile Bernard et Paul Gauguin).
Paul Gauguin rentre à Paris et rencontre Vincent Van Gogh pour la première fois.
1887, Gauguin part pour le Panama avec un peintre Charles Laval, pour travailler au percement du canal, mais les conditions de vies sont très difficiles,et décident de partir à la Martinique, lieu que Gauguin avait connu en tant que marin, ils y resteront six mois,pendant le séjour , Gauguin peindra douze tableaux, enthousiasmé par la lumière et la beauté des paysages. Les deux artistes rentrent fin 1887 malade et sans argent.
Dès 1888, Gauguin repart en Bretagne ou il va être au centre d’un groupe de peintres expérimentaux, (Emile Bernard, Paul-Emile Colin, Paul Sérusier, Charles Filiger, Maxime Maufra, Henry Moret, Ernest de Chamaillard), il s’agit de l’école de Pont-Aven, différents styles sont pratiqués, le synthétisme de Félix Jobbé-Duval et l’impressionnisme né avec Monet, et représenté par Maufra.
Sous l’influence d’Emile Bernard son style évolue, il devient plus naturel et plus synthétique. Son inspiration il va la chercher dans l’art indigène, les vitraux médiévaux et l’estampe japonaise. Il peint "La Lutte de Jacob avec l’ange " de ce fait il va influencer Picasso, Matisse et Munch.
Il retrouve cette même année Vincent Van Gogh et part vivre à Arles avec lui pendant deux mois. Ils passent leur temps à peindre des séries sur les Alyscamps (nécropoles chrétiennes dans la région d’Arles).
1889, il expose au café Volpini à l’occasion de l’exposition universelle de Paris.
1891, étant ruiné, il décide de partir en Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres, il s’installe à Tahiti, puis aux Marquises, il ne rentrera en France qu’une seule fois.
A Tahiti, il rencontre Téhura, jeune tahitienne âgée de 13 ans, elle devient son modèle et sa compagne. Très inspiré il peint 70 toiles en un temps record. Après des années de bonheur, il a des soucis de santé, administratifs, la mort de sa fille Aline le ronge, Il tente de se suicider.
1901, il va aux Marquises à Atuona sur l’ile de Hiva Oa, afin de retrouver l’inspiration. Il se croit au paradis, mais va être rapidement déçu.
1903, il meurt d’épuisement à Hiva Oa aux Marquises.
Son art :
Paul Gauguin artiste peintre post-impressionniste, s’intéresse surtout à l’expressivité des couleurs, la recherche de la perspective et l’utilisation de formes pleines et volumineuses. En Polynésie il est influencé par ce qu’il voit quotidiennement, environnement tropical, culture polynésienne. Il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, ses représentations sont uniques. Ses expérimentations sur la couleur (grandes surfaces de couleurs vives) et l'ensemble de son oeuvre, influencèrent l'évolution de la peinture, notamment le fauvisme.
Avec Cézanne et Van Gogh il fut le peintre de la fin du XIXeme siècle qui eut le plus d'influence sur les mouvements de peinture, dans ses écrits il dévoile différentes techniques. Il a animé plusieurs courants :
les mouvements mystiques et symboliques de Pont-Aven, celui des Nabis où ses théories sur le cloisonnement et le synthétisme étaient appuyées par les peintres Emile Bernard, Paul Sérusier, Maurice Denis, Albert Aurier (critique).
Il a influencé Picasso pour sa période bleue et rose, le groupe des fauves Raoul Dufy, André Derain, les cubistes, les expressionnistes allemands ( Jawlensky, Mueller, Ernst Ludwig).
Le post-impressionnisme ensemble de courants artistiques : il diverge de l’impressionnisme ou s'oppose à lui le néo-impressionnisme, le synthétisme, le symbolisme et le nabis. Ce courant a duré environ 30 ans de 1885 à 1915, il est attribué à quelques artistes, Van Gogh, Seurat, Cézanne, Toulouse-Lautrec, Gauguin. Deux sortes de peintures dans ce courant celui de Seurat dont le sujet principal est la vie quotidienne et celui de Van Gogh et Gauguin. En partant en Polynésie Gauguin a échappé à la civilisation européenne, de ce fait il s’est inspiré de la vie insulaire, la faune, la flore, la culture locale, séduit par la végétation, la beauté des polynésiens, il a composé une peinture aux couleurs somptueuses fasciné par ces iles il a rendu ces lieux mythiques.
Ses Peintures et dessins sont venus du monde entier pour l'exposition, 100 tableaux, sculptures sur bois, céramiques, carnets d’esquisses, dessins, lettres, autour du thème "Gauguin, faiseur de mythe", toutes les périodes de l’artiste sont représentées dans l’exposition la période bretonne, ses séjours aux Antilles mais une grande part est réservée à la période polynésienne.
Une salle est réservée à la présentation d’autoportraits de l’artiste, ce qui permet de découvrir les multiples facettes du personnage que Gauguin s’est créé. Ils sont datés de 1888-89
"L’heure du rêve est passée" un autoportrait de l’artiste avec Manao Tupapau,
Un portrait de son ami Meyer de Haan qui fut son élève à Pont-Aven, tableau daté de 1889.
Une sculpture" tête aux cornes ", un dessin au crayon représentant son "autoportraits" , "l’enfant " daté de1889, 'l’étude du 1er rêve' 1881 huile sur toile, "Clovis dormant " 1894 (son fils),
" une nature morte aux pommes, poires cruche en forme de tête" . il s'agit d' un pot en forme de tête, 'force et pouvoir suggestif de cette effigie tient à la fois du bock populaire et des vases anthropomorphes péruviens. La tête coupée évoque saint Jean Baptiste. Gauguin artiste martyr, incompris, persécuté, prompt à s’identifier au Christ. Daté de 1889,
une autre " nature morte histoire d'une vie sketch de Delacroix" , avec poires et pot en céramique ".
"Dans la maison de la rue Carcel " 1891, on y voit une table avec une belle nappe un énorme bouquet de fleurs au centre de la table, des sabots accrochés au mur.
Nature morte , un "bouquet de pivoines "1895,
à l’arrière de la toile un tableau accroché avec une danseuse nouant ses chaussons .
Un vase en céramique avec une tête de Tahitienne, quelques natures mortes aux fruits, un représentant une côte de bœuf, une "nature morte aux petits chiens" 3 fruits, 3 verres 3 chiens « c’est la simplification du dessin et de la couleur, il fait référence aux estampes japonaises, suppression du modelé et des ombres.
La salle des dessins :
Cycle de portraits au crayon. Etude de Bretonne, jeune tahitienne assise 1890-1903, éventails, dessins Tahiti, visages tahitiens
Les Martiniquaises, la Bretagne, Tahiti,
Un autre thème abordé histoires rurales et quelques dessins :
« Bonjour Monsieur Gauguin » daté de 1889, ici l’artiste montre une autre facette de sa personnalité, il n’est plus l’artiste de la peinture moderne, mais l’artiste solitaire, nomade, salué par une modeste paysanne séparée par une barrière. Le ciel sombre indique qu’il a plu ou il va pleuvoir. Gauguin emmitouflé dans une houppelande, le visage sombre. Inspiration de Courbet .
Paysage breton 1890
Femme bretonne
Petites filles bretonnes dansant
Bretonnes assises
La virginité 1890
Paysages tahitiens 1891
Le cochon noir Le pui poi ( le matin)
Haere Mai 1891, paysage tahitien
Allées et venues en Martinique 1897
Etudes de différents visages et danseuse javanaise au crayon datée de 1843 à 1903
thèmes sacrés :
La nativité 1896,
Le christ jaune 1889,
le calvaire breton 1889,
vision d’un sermon 1888,
Christ au jardin des oliviers 1889, texte peint au Pouldu,
Hina Tefatou ( le ciel et la terre)1892,
Femme tahitienne Arearea no varua ino
Femme tournant le dos 1854,
Parahi te marae (le temple),
la montagne sacrée 1891
Différentes études sur le Christ jaune, sur les femmes tahitiennes
Une sculpture sur bois représentant le visage d’une tahitienne
L’éternel féminin :
Bas relief visage et corps de femme de 1890
Panneaux d’encadrement de la porte de la maison du Jouir en bois de séquoia, les motifs sont sculptés et colorés qualifiés de primitivisme naïf.
Statue de femme en céramique
Pape Moe (l’eau mystérieuse) 1893-94
Ondine femme sur l’eau, dans les vagues ondoyantes 1889, une personne regarde ondine.
Le bain à Tahiti 1897, attitudes, profondeur dans le regard des tahitiennes.
Parau na te varua ino, 1892 ou l’amusement du mauvais esprit, une femme nue cachant son sexe à l’arrière plan un fond de végétation, une statuette représentant le mauvais esprit.
Une cane sculptée avec un serpent enroulé, le manche est un corps de femme
Te Pape nave nave 1898, femmes nues
E Haere oe i hia 1892 (qu’allez-vous faire ?)
Statuette de femme tahitienne avec un chien devant elle. Bois
La vie et l’heure ou le temps 1889-1903 :
Moment intense, nous rentrons dans l’univers et l’intimité de l’artiste, dans son contexte de l’époque, une salle est réservée à la présentation d’objets personnels, photos, livres,revues, invitations, courrier et Gauguin écrivain.
journal de voyage, des livres de Pierre Loti, des photos de l’exposition universelle, le journal illustré (gravures), illustrations de Mallarmé l’après-midi d’un faune. Un menu daté du 23 mars 1898, un banquet avait été donné ce jour en l’honneur de l’artiste, une invitation au café Voltaire, place de l’Odéon, lieu ou se rencontraient les artistes, des photos de son premier séjour à Tahiti 1891-93, livre de Baudelaire, un courrier adressé à son épouse Mette avec un dessin, une carte postale montrant le bateau sur lequel il a voyagé pour aller à Tahiti et l’embarcadère à Marseille, affiches des messageries maritimes indiquant les destinations de rêves, c’est l’époque du développement du voyage, cartes postales, paysages.
Son livre Noa Noa « odorant » ce livre relate les impressions de l’artiste devant cette âme Tahitienne, il est attiré par cette sensualité dans laquelle il a le désir de se fondre.
Un livre de l’artiste « les hommes d’aujourd’hui » avec son autoportrait en gravure, quelques livres de Balzac, Verlaine, essai sur » l’art de Gauguin sous les latitudes » par l’artiste, un illustré intitulé ‘la vie artistique » gravure de Gauguin représentant une tahitienne. Un livre de Victor Ségalen couverture cuir illustré, lettre de Georges Daniel de Monfreid (il possédait plusieurs toiles de Gauguin) et différents livres écrits par l’artiste.
La Polynésie :
Merahi Metua Tehamana 1893, femme au corsage rayé, avec statuette de femme derrière elle
te foaturumala , boudeuse 1891
Eu Haere la oe, 1893 (ou vas-tu ?) femme tenant un fruit
Aha or feii , 1892 (eh ! quoi tu es jalouse ?) un personnage allongé l’autre assis avec une couronne fleurie sur la tête
Never more 1897, plus jamais, grand nu classique, femme allongée les tons mauves rendent l'enviroonement étrange .
Teller of tales ou conteurs d’histoires :
Dans cette salle, différentes techniques, les eaux fortes, cahier pour Aline Ce cahier a été écrit à Tahiti en 1893 par Paul Gauguin pour sa fille Aline. Elle ne le recevra jamais...
Présentation de dessins pour l’Illustration du journal "le sourire"
Le paradis :
L’invocation 1903
La lumière clair/obscur daté 1901
L’escape 1902
"2 femmes tahitiennes " 1899, deux femmes l’une a son paréo noué sur l’épaule, l’autre noué à la taille montrant sa poitrine ce qui est inhabituel dans la tradition Polynésienne, l’une semblent offrir des fruits sur un plateau, l’autre tenant des fleurs, elles sont face aux spectateurs (souvenir de Manet). Dans la société polynésienne les hommes et les femmes ne mangent pas ensemble.
Faa Iheihe,(embellir)1898, Il semble représenter un paradis terrestre des hommes et des femmes en harmonie avec la nature.
Nave nave Mehana jour délicieux 1896, Un groupe de jeunes filles mystérieuses semblent s'adonner à la cueillette de fruits parmi les branches des végétaux. Leurs pieds sont solidement ancrés sur un sol rouge. Derrière elles, un ciel jaune. Leur immobilisme et leur monumentalité, la stylisation des formes, le rythme des éléments en frise et la palette de couleurs rappellent les représentations antiques ou dites "primitives".
Deux hommes tahitiens
La barque
Magnifique exposition retraçant le parcours de cet immense artiste qui influença de nombreux peintres à l’aube du XX eme siècle.
Tate Modern Londres jusqu’au 16 janvier 2011