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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 10:31

L’histoire et quelques grandes dates de la célèbre maison Van Cleef & Arpels :

Entreprise française de joaillerie de luxe, appartenant au groupe Suisse Richemont. (Groupe spécialisé dans l’industrie de luxe fondé en 1888, par  le milliardaire sud-africain Johann Rupert).

La société nait de l’association d’Alfred Van Cleef avec  son oncle Salomon Arpels en 1896.

1906, après le décès de Salomon Arpels, Alfred Van Cleef et Jules Arpels s’associent, ouverture de la première boutique Place Vendôme à Paris.

1925, Van Cleef & Arpels remportent le grand prix pour la création historique du bracelet aux roses, créé spécialement pour l’exposition internationale des Arts décoratifs et Industriels modernes, qui établissaient la prééminence du   gout du luxe français.

Fin des années 30, la célèbre maison se lance à la conquête de l’Amérique , inauguration de la première boutique à Palm Beach en 1940

1942, Ouverture sur la 5 eme avenue à New York d’une autre boutique. Lors de la seconde guerre mondiale la famille Arpels émigre aux Etats-Unis et s’inspire de la culture américaine.

Le style du XX eme siècle sera d’inspiration française et américaine.

1954, Van Cleef & Arpels proposent une ligne de bijoux plus accessibles, des collections plus ludiques, ayant pour inspiration le style "Cartoon " dans leur boutique de la Place Vendôme.      

1974, Première joaillerie à s’installer au Japon.

1976, la maison lance son premier parfum  " Un Air de first "

1992, Van Cleef & Arpels créént leur première exposition, au musée de la mode et du costume au Palais Galliera à Paris sous la supervision de Jacques Arpels, président de la maison et qui réunit les plus belles créations du bijoutier des années 1920 à 1992

1999, la célèbre maison est rachetée par le groupe Suisse Richemont.

2005, Ouverture d’une  boutique à Dubaï

2009, la maison lance une ligne de parfums comprenant six parfums et nommée " Collection Extraordinaire ".

2010, lancement d’une nouvelle collection de joaillerie lors de la Biennale des Antiquaires appelée "Le voyage extraordinaire de Jules Verne ".

2011, Van Cleef & Arpels ouvre une nouvelle boutique " le temps poétique "  consacrée aux collections horlogères et le savoir faire de la maison.


Les styles de la maison  Van Cleef & Arpels :

Le style floral est très présent au cours des différentes collections de la Maison. Notamment illustré par le clip Pivoine créé en 1937.

arpels pivoine

La danse, Mr Louis Arpels était passionné par cet art, il a illustré de nombreux modèles représentant les fées et ballerines, cette collection reprise par Claude Arpels, qui connaissait George Balanchine chorégraphe et co-fondateur du New York City Ballet. De cette rencontre est né le ballet Jewels. En 2007, la maison a collaborée avec le London Royal ballet pour la commémoration des 40 ans du ballet Jewels, en créant une haute collection de haute joaillerie "Le ballet précieux ".

 

Les oiseaux, la maison a toujours eu très à cœur de retranscrire la nature, notamment par le biais des  oiseaux symbolisant la liberté, le mouvement.


L’amour est au cœur de la fondation même de la maison grâce à l’union d’Alfred Van Cleef et d’Esther Arpels, de nombreux bijoux symbolisent l’amour irréductible avec la création du clip les inséparables en 1920.


arpels inseparables

 

Le voyage, les créations de la maison sont fortement inspirées des nombreux voyages réalisés par les têtes pensantes du joaillier. Certains bijoux sont inspirés de l’Inde, suite aux voyages de Claude et Pierre Arpels qui s’y rendaient  pour aller chercher des pierres précieuses. La maison trouve aussi ses inspirations dans des faits marquants historiques tels que les bijoux inspirés par l’Egypte ancienne et notamment par la découverte du tombeau de Toutankhamon en 1922.

arpels motif egypte

La haute couture, les liens entre la Maison et la haute couture ont toujours étés étroits. Ainsi en témoigne le minaudier véritable accessoire de mode. De nombreuses pièces sont pensées pour rehausser une tenue. Van Cleef & Arpels ont créé un hommage à l’art de la mode, si proche de la joaillerie, cette collection est nommée Couture Van Cleef & Arpels est l’un des cinq joailliers autorisés par la chambre syndicale de la haute couture à défiler durant le calendrier officiel de la haute couture.


Les grandes figures de la maison :

La Duchesse de Windsor

Maria Callas, fut une cliente régulière de la maison. Un clip nommé fleur a été créé pour elle en 1967.

Grace kelly demanda à la célèbre maison de créer sa parure de fiançailles, par la suite la maison Van Cleef et Arpels devient le fournisseur officielle de la Principauté de Monaco. En 1978, la maison créa le diadème porté par la princesse Grâce lors du  mariage de la princesse caroline de Monaco.

L’impératrice Farah Palhavi, dont la maison Van Cleef & Arpels créa  la couronne et un collier d’émeraudes pour son couronnement aussi que les parures des sœurs de l’impératrice. La création de la couronne nécessita 6 mois de travail qui fut réalisé dans la salle du trésor de la banque centrale d’Iran, car chaque pierre devait la propriété de cette dernière.

Florence Jay Gould, femme très importante dans les années 30 et amie de Charles Arpels. Elle est à l’origine de la création de la Minaudière (objet de joaillerie qui remplace le sac du soir)

Marlène Dietrich, célèbre actrice.  Durant les années 30-40, elle  fut à l’origine  du bracelet jarretière dont elle passa commande en 1937.

La cantatrice Ganna Walska, elle était propriétaire du diamant jaune de 96 carats dans les années 30, le propriétaire suivant demanda à la maison Van Cleef & Arpels d’associer à cette pièce unique un oiseau.

La maharani de Baroda passionnée par les pierres précieuses en possédait près de 300 pièces.

La princesse Salimah  Agha Khan, passionnée par les bijoux qu’elle collectionnait dont une parure créée par la maison comprenant un collier transformable en deux bracelets et pendentifs détachables. Cette parure est composée de 745 diamants et 44 émeraudes.

Barbara Hutton, socialiste des années 30, passionnée par la joaillerie, elle collabora avec Van Cleef et Arpels qui créa de nombreux modèles pour cette cliente dont une tiare comprenant pas moins de 22 diamants.


L’exposition est présentée par décennies, un grand nombre de bijoux représentent ces décennies, ils sont exposés sous vitrines et dans des colonnes cylindriques, le visiteur est sous un ciel étoilé, dans la pénombre, seul le bijou est éclairé, très belle mise en valeur des pierres précieuses.

 On peut y admirer les parures ayant appartenues à Grace Kelly, la Duchesse de Windsor, Farah Pahlavi et bien d’autres célébrités.


Les années 1920 :

Période de l’entre-deux guerres. Les années folles font de Paris la capitale des arts, du divertissement et du luxe. L’innovation apportée dans les arts majeurs comme le suprématisme ou néoplasticisme gagnent les arts appliqués et ont une grande influence sur les créateurs de bijoux.

L’art nouveau cède la place à l’art déco dont les lignes sont plus épurées. Dans la joaillerie la flore et la faune laissent la place  au profit de  jeux et  d’imbrications et de géométriques. La Chine, le Japon, l’Orient sont des sources d’inspirations pour les dessinateurs de bijoux.

Les créations de Van Cleef & Arpels mêlent toutes ces influences aux thèmes naturalistes qui perdurent. Le sautoir devient l’un des principaux attributs  de la femme, ainsi que le bracelet souple, et de longs pendant pour les oreilles, les broches font la célébrité de la maison.

Juste après la guerre les harmonies blanches et noires dominaient la joaillerie.  Dès 1920, Sonia Delaunay dans les arts plastiques et André Vera dans les arts décoratifs, prônent un retour à la couleur.

1922, l’attrait pour la civilisation égyptienne est à la mode, le tombeau de Toutankhamon est redécouvert, les décorations intérieures inspirent la maison Van Cleef & Arpels, l’année suivante les figures  pharaoniques représentées agenouillés et de profils sont agrémentées de symboles égyptiens : l’ibis, le scarabée, la fleur de lotus, le sphinx, le dieu Horus, des scènes d’offrandes ou de pêches se déroulent sur les bracelets rubans souples, ou bien sur des broches en, formes de boucles. L’ensemble orné d’une palette de pierres précieuses à dominances rouges montées sur platine.

 Les parures en 1924, se parent de rubis, émeraudes, saphirs. L’atelier utilise la technique de la taille suiffée ce qui confère aux pierres et aux couleurs une sensualité particulière visible sur les bijoux de style égyptiens, elle s’épanouie sur les clips paniers fleuris, oiseaux de paradis, ou sur des bracelets indiens mêlant motifs naturalistes et figuratifs.

Après 1925, la joaillerie blanche est dominante chez Van Cleef & Arpels, créations de nouveaux modèles de broches pouvant se porter sur un vêtement, oiseaux, châtelaines, plumes, des sautoirs sertis de diamants assortis à de larges bracelets à manchette  font leur  apparition  cercles, carrés dessinent ces parures de diamants.

 

Les boites (ou minaudières) et sacs sont précieux dont un dessiné en 1926 par le peintre russe Vladimir Makowsky, il en réalisa plusieurs pour Van Cleef & Arpels, de véritables  tableaux miniatures en marqueterie de nacre d’inspiration médiévale. L’orient, la Chine, le Japon offrent des sources d’inspiration pour de nouvelles pierres ornementales, tel que la nacre, lapis-lazuli, la turquoise et pour certaines techniques la laque et émail. Le Japon est très sensible dans les nécessaires et les boites façon Inrôs ornés de nuages stylisés, de paysages, de dragons réalisés en nacre et  en jaspe sertis de pierres fines. Les lignes sinueuses de l’art Ottoman s’épanouissent sur les boites à cigarettes, poudriers gravés de cartouches polylobés à décor d’entrelacs et de mosaïque de nacre rappelant les motifs des tapis et des textiles.

arpels minaudiere

 

Les années 1930 :

1929 est marqué par la crise économique, cette décennie est riche en innovations. Dans le domaine de la joaillerie, de fortes personnalités féminines prennent  la tête des grandes maisons, Jeanne Toussaint chez Cartier, Suzanne Delperon chez  jeanne Boivin, chez Van Cleef et Arpels une collaboration fructueuse nait entre Renée Puissant et René-Sim Lacaze.

En 1933, un sac du soir est inspiré à Charles Arpels par Florence Jay  Gould épouse du magnat des chemins de fer américains, elle conserve dans une grande boite les indispensables féminins, briquet, cendrier, poudrier, bâton de rouge à lèvre. A l’intérieur de cette boite luxueuse, des compartiments de rangement, c’est Alfred Van Cleef qui la nomma minaudière en hommage à son épouse Estelle. La minaudière remplace le sac du soir en cuir ou en tissus assorti à la tenue. Réalisée soit en or jaune ou en laque serties et incrustées de pierres précieuses, à la fin des années 30 quelques décors figuratifs  apparaissent ornés d’oiseaux et de motifs végétaux stylisés adoucis par les courbes.

Un exemple de minaudière datée de 1938 ci-dessous.

arpels année 38 colibri

 

Le modernise s’installe, des bijoux sont créés pour la femme moderne. Les bijoux présentent des formes géométriques et plus volumineuses. Les couleurs monochromes  sont associées à des matières subtiles, les surfaces mates, comme la calcédoine, côtoient  des surfaces brillantes comme l’or, davantage présent dans les créations et  davantage visible dans la parure chapeau chinois présenté à l’exposition de 1931. Les pierres dures sont associées au diamant, le cristal de roche à l’or, comme l’illustre une série de bracelets aux lignes épurées. Le bracelet Ludo en hommage à Louis Arpels. Souple avec son ruban or lisse constitué d’une maille de motifs baptisés " briquettes " en 1934 et à " ruches " en 1935. Ces fines rangées sont souvent parsemées de diamants ou de rubis cabochons.


L’exposition de 1937, exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne inaugurée le 24 mai de 1937 à Paris, Georges Fouquet préside la classe "55  joaillerie, bijouterie , horlogerie fine". Sur le plan esthétique les lignes géométriques sont délaissées au profit d’un répertoire de base ornemental à base de courbes et arabesques. Les thèmes naturalistes font leur apparition, chez Van Cleef & Arpels on présente des bijoux réalisés en "Serti Mystérieux" et des parures remarquées en rubis et diamants.


arpels bijou clip rubis

 

Des colliers ras du cou à enroulement et volutes, des doubles clip  éventail ou flots de rubans, des bracelets jarretière, tous participent à ce renouveau. Le diamant est toujours présent en baguette ou en brillant, associé à des rubis, saphirs ou émeraudes ovales facettés montés en griffe sur platine.

Le serti mystérieux est célèbre dans l’art de monter les pierres précieuses. Brevet déposé en 1933, inspiré des micromosaiques romaines du XIX eme siècle, permet de fixer les pierres rubis et saphirs principalement sans montures apparentes laissant jouer à la surface de subtils   jeux d’ombre   et de lumière , chef d’œuvre de virtuosité. Ainsi on va avoir des pièces uniques tel que les fleurs, thème de privilégié tout au long de l’histoire de la maison. De nombreux clips pivoines, roses, chrysanthèmes. Un exemple avec le clip rose pour la cour d’Egypte (614 rubis et 214 émeraudes). Les années 40 et 50 verront se développer le motif de la feuille (lierre, vigne, platane, houx) dont certains modèles pour la Duchesse de Windsor, dans les années 60 ce sera les thèmes floraux des trèfles à 4 feuilles, anémones feuilles de marronniers.

 

Le thème du ruban est aussi très utilisé en bijouterie dans toute l’Europe depuis le XVIII eme siècle, il apparaît dans la célèbre maison sous la forme d’un col avec sa cravate imitant la dentelle. A partir de 1925 et les années suivantes il est présenté en clip, en nœud simple géométrique, en diamants brillants et baguettes montés sur platine.

 

Le passe-partout , présenté à l’exposition internationale de New York en 1939, c’est un bijou de transformation multiples, constitué de fleurs en or décorées de saphirs de Ceylan bleus, jaunes ou roses venant s’agrafer sur un tour de cou en chaine serpent souple, il peut se porter en collier ou bracelet.


arpels passe partout

 

Les années 1940 :

Pendant la période de la guerre l’activité de Van Cleef & Arpels est au ralenti. Les pierre précieuses n’arrivent plus en Europe et les bijoux en or, valeur refuge, dominent les créations. Des bijoux de résistance font leur apparition, comme la fourragère inspirée des décorations militaires ou des clips sur les thèmes de la libération, un exemple avec  l’oiseau en cage. A New York, la maison met au goût du jour  le clip danseuse, adopté à Paris en 1945. Une autre innovation la montre cadenas créée dans les années 30. Juste après la guerre c’est la relance des maisons de luxe, c’est le retour à la frivolité, la couture et la bijouterie se rapprochent, des motifs textiles apparaissent tel que nœuds, dentelles, passementeries, très en vogue jusque dans les années 50. Le passe-partout se développe ou le Hawaï, modèles créés à la veille du conflit mondial.

Les bijoux textiles, l’or est travaillé de manière à reproduire certains textiles ornements de passementeries, jersey et autres rappelant les accessoires vestimentaires.

Les danseuses, les clips de fées et danseuses sont souvent dans la publicité à New York. La gestuelle gracieuse des danseuses inspirée de la Camargo  (célèbre au XVIII eme siècle) soulignée par une jupe pavée de diamants de différentes tailles, de rubis, émeraudes serties à griffes. Le visage est un diamant poire taille rose entouré de rubis et d’émeraudes pour les modèles New-yorkais, à Paris quelques modèles sont réalisés en or, les robes formant des godets sont réalisées en rubis en cabochon ou de petits cercles polis décorés de turquoises, de jupons dentelés agrémentés de saphirs ou de rubis. Ce thème se décline également sur un poudrier  lac des cygnes. Passionné de danse Claude Arpels collabora avec Georges Balanchine à l’occasion de la création de son ballet Jewels sur le thème des pierres précieuses  en 1967.


arpels danseuse 1946

 

 

Les années 1950 :

Période de reconstruction où tous les domaines de la création sont stimulés, renforcés par les l’innovation technique, les matériaux nouveaux et la diffusion à un large public. La réhabilitation  du luxe  se traduit dans le domaine de la mode, grâce à l’euphorie incarnée par le new look de Christian Dior. Chez Van Cleef & Arpels , la boutique offre à un nouveau public des bijoux pouvant être portés le jour en or jaune, pierres de couleurs et  diamant. Dans le domaine de la joaillerie, la création la plus remarquable  reste le collier zip. Pendant cette décennie deux clientes prestigieuses : Grâce de Monaco et la Maharani de Baroda.  Il a fallut 13 années pour élaborer le collier à zip sur une idée de la duchesse de Windsor en 1938. C’est en 1951 que ce collier fait son apparition, il se porte en sautoir ou en collier ras du cou et peut également se porter en bracelet car il est modulable. Il est soit en platine ou or, orné de rubis, saphirs, émeraudes taille facettée et diamants taille brillants. Le textile inspire la maison des colliers de fils d’or tressés font leur apparition ou de chevrons agrémentés de pierres précieuses.

 

arpels zip

 

Les années 1960 :

Durant ces années les arts décoratifs connaissent une explosion de formes, de couleurs et de matériaux. Toutes les innovations sont possibles.Le bijou d’artiste apparaît, privilégiant le choix des matériaux pour l’expression de l’objet. Les femmes sont habillées en Saint-Laurent, Courrèges et Paco Rabanne, elles portent de longs sautoirs nommés Alhambra en or et pierres dures, les bijoux proposés  en série limitée par la boutique, inaugurée en 1954, élargissent l’offre des produits haut  gamme, et les rendent plus accessibles : des bagues philippines et autres parures fantaisies apparaissent des clips. Dans le domaine de la joaillerie, l’inspiration indienne renouvelle le répertoire de Van Cleef & Arpels. En 1967, la maison reçoit une commande prestigieuse, il s’agit de la couronne du sacre de l’impératrice Farah Pahlavi, ainsi que les parures des sœurs, demi-sœurs et filles du Shah.

Le premier sautoir Alhambra est créé en 1968, il est un porte-bonheur, symbolise la chance. Il est orné de motifs quadrilobés, il connaît plusieurs variantes : bordé d’un feston perlé, peut-être serti d’une pierre dure l’onyx, la cornaline, l’agate, le lapis-lazulis, orné de diamants. Dans les années 70, il est apparu tout   or, or et brillants, or et pierres dures.

arpels alambra

 

 

Les années 1970 :

La décennie termine les trente glorieuse, c’est synonyme d’invention, d’évolution, de changement de style de vie, de matériaux. Les créations sont audacieuses  également dans le bijou. La bijouterie s’impose et se libère des références traditionnelles. Elle devient plus accessible mais les matériaux restent précieux, les bijoux séduisent par leur qualités créatives, par la diversité des styles. La bijouterie s’inspire des événements dont le bijou pendentif la sphère, un clin d’œil aux premiers pas sur la lune de Neil Armstrong en 1969. Des pendentifs démunies de pierres et montrant des lignes sinueuses  associant le bois d’amourette à l’or, un bel exemple avec le pendentif Osaka. Les sautoirs restent à la mode, des mélanges de matières tel que le corail, la turquoise, le jade, le lapis-lazulis font leur apparition. Un riche bestiaire d’inspiration d’extrême- orientale est décliné pendant toute la décennie.

 

Les années 1980-90 :

C’est un retour à l’ordre à la simplicité, la sobriété. Les parures deviennent plus classique mais toujours originales, avec des constructions savantes avec un jeu subtil de lignes géométriques, les diamants taille brillant sont mêlés aux perles fines. Dans la bijouterie, le corail, la nacre, l’ivoire sont associés à l’or.

Epoque de la joaillerie florale, l’or jaune est privilégié et associé à de petites étoiles de brillants reliées entre-elles par une résille de fils d’or poli , utilisé pour des colliers ras du cou articulés nommés Snowflakes, des motifs de bracelets, bagues, boucles d’oreilles. 

arpels snow flakes

 

Le collier torque ou le plastron de pierres précieuses fait son apparition, ornés de motifs naturalistes foisonnant comme dans la parure de la reine Marguerite d’Elisabeth Taylor. La perle, sur le clip orchidée est également à l’honneur. Les chaines à gros maillons en or et diamants font aussi leurs  apparitions, un exemple avec le collier Olympia.


Les années 2000 :

L’association des joailliers et couturiers, réinventant et bousculant  l’expression du bijou, contribue au renouvèlement des formes et matériaux. Depuis 2002 Van Cleef & Arpels élaborent chaque année une collection à thème. La joaillerie devient narrative, la nature est source d’inspiration privilégiée. Les formes les plus audacieuses sont serties de pierres fines multicolores dont la gamme de couleur reformule les conventions de la haute joaillerie et ouvre a de multiples horizons. Les sources d’inspirations sont diverses :

Le monde aquatique, avec la collection Atlantide en 2007,

 

 

arpels atlantide

le végétal avec les jardins en 2008, les bals dans la collection les bals de légende en 2011, l’un des joyeux de la collection "Palais de la chance" clôture l’exposition.


arpels palais de la chance

 

 Extraits du catalogue de l’exposition.

 

Magnifique exposition qui transporte le visiteur dans une féérie de pierres précieuses et montre le travail des créateurs. Le rêve est au rendez-vous. A ne pas manquer.

Au musée des Arts décoratifs Paris  jusqu’au 10 février 2013.

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 08:54

Le Japon

Au Japon, l’art prend de plus en plus d’ampleur pour atteindre son apogée au XVIII eme siècle et début XIX eme siècle. Suite aux réformes Kansei (changements politique et réactionnaires mis en œuvre par des édits destinés à remédier à un ensemble de problèmes qui s’étaient développés au Japon, pendant le Shogunat  Tokugawa au XIX eme siècle), face aux pressions étrangères qui poussent le  pays à s’ouvrir vers le monde extérieur, la politique intérieure est délaissée et plus aucune pulsion nouvelle  ne permet de régénérer la culture et les Arts.

1739, les gravures et peintures à l’huile influencent l’ukiyo-e, les artistes sont nombreux tel que : Okumura, Masanobu, Toyoharu, Shiba-Kôkan.

De 1868 à 1912 période de l’ère Meiji, le Japon se modernise et s’ouvre au monde occidental, en retour celui-ci commence à pénétrer au Japon. La culture se transforme dans le domaine linguistique, littéraire et dans  la technique artistique. C’est l’arrivée de la photographie et de la lithographie, accueillie avec enthousiasme, mais cela sonne le glas de l’ukiyo-e.

Le retour se fait avec le mouvement de la nouvelle gravure (Shin-Hanga) à partir de 1910-20

Hiroshige s’inscrit dans ce contexte, ses contemporains : Kunishada, Utagawa (1786-1864), Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), Kikukawa Eizan (1787-1867), Keisai Eisen (1791-1848) et Hokusai 1760-1849.


Utagawa Hiroshige nait en  1797, son père est pompier à la caserne de Yayosugashi à Edo, (l’enfant nait dans la caserne).  

Dès  l’âge de 10 ans, il apprend la peinture, son professeur Okajima Rinsaï, il lui aurait appris la peinture traditionnelle Kano.

Il  essai d’entrer dans l’école d’Utagawa Toyokuni, un des maitres de l’estampe au XIX eme siècle. C’est un refus, déjà trop d’élèves dans cette école.

Il perd ses parents à un an d’intervalle alors qu’il est encore très jeune, il n’a que 14 ans. 

En 1811, il entre dans l’école d’Utagawa Toyohiro, qui fut à l’origine du développement de l’estampe de paysage, il y apprend les styles : Kano et Shijo.

1812, il est honoré de "pinceau Utagawa Hiroshige".

1828, lorsque son maitre décède il reprend son atelier sous le nom de Toyohiro II

Jusqu’en 1829, il se consacre aux portraits de femmes, guerriers, acteurs. Après le décès de son maitre et le fait qu’Hokusai peint des paysages, il se dirige vers cette voix.

Hiroshige débute sa carrière de paysagiste avec des "lieux célèbres de la capitale de l’est "  , il remporte un succès immédiat, nous sommes en 1832, l’année ou il est effectue le voyage de la route de Tokaido.

1833-35, il remporte un immense succès avec les "53 étapes de la route de Tokaido". Ce parcours reliant Edo capitale du Shogun à Kyoto la ville impériale. L’édition de cette œuvre est le best-seller de l’Ukiyo-e. Au Japon ce fut une renommée immédiate il fut nommé "le peintre du Tokaido" dans le pays et dans le monde entier.

1839, l’artiste se marie une seconde fois. Mais reste fidèle à sa ville, tout en déménageant plusieurs fois.

1841, il voyage et se rend dans la région de Kai (ancienne province du Japon à l’ouest de Tokyo).

1852, il va dans les provinces de Kazusa (située dans la péninsule de Boso, aujourd’hui Honshu, la plus grande ile du Japon) et d’Awa (étape de la route Tokaido).

1854, Hiroshige est envoyé une autre fois en mission officielle à Kyoto.

L’artiste écrit son journal, dont un "journal de voyage du temple Kanoyama" et " journal de voyage dans les provinces de Kazusa et d’Awa ", il tire certains haiku (forme poétique très codifiée d’origine japonaise) , illustrant ses tableaux d’un recueil intitulé "haiku d’anciens maitres sur cinq cents sujets" il aime écrire des poèmes, les lire et faire des vers, c’était un lettré contrairement aux autres artistes de son époque.

Une série de "huit vues des environs d’Edo " d’ailleurs commandée à l’instigation d’un poète " Tahaido " qui a financé l’édition d’une série privée puis publique de ses poèmes. Une autre série de " huit vues d’Omi ", accompagnées de poèmes.

Il tire une multitude d’estampes qui sont rassemblées dans des recueils : dont " les lieux célèbres de Kyoto ", " les soixante-neuf étapes du Kisokaido ", " huit vues du lac Biwa ", "cents vues d’Edo " et bien d’autres…. ; Il prend soin d’utiliser les meilleurs graveurs de l’époque.

Dans la seconde moitié de sa carrière, il utilise le format oban en présentation verticale, et la profondeur de champ, en plaçant les personnages au premier plan pour créer des repères spatiaux.

Le style fukibokashi lui permet les dégradés de couleurs. Dans de nombreuses estampes, il utilise le bleu de Prusse

Il se distingue par des séries d’estampes, sa dernière  " Fuji Sanj Rokkei " qu’il a remis à son éditeur juste avant de mourir. Il a surtout peint la nature et sa ville Edo.  Hiroshige est dessinateur, graveur et peintre.

 Il a une  façon évocatrice de dessiner, et de transmettre l’atmosphère de la ville,  en reprenant les instants de la vie quotidienne avant sa transformation à l’ère Meiji (1868-1912).

Il créé plus de 5000 estampes en 40 ans de 1818 à 1858. Il est souvent comparé avec Hokusai.

Il se fait l’humble interprète de  la nature, à l’aide de moyens frustes, (la gravure sur bois). Il reproduit les délicates transparences de l’atmosphère au fil des saisons, dans ses paysages, les personnages sont toujours  présents. Ses œuvres se caractérisent par la maitrise subtile des aplats, des couleurs franches, une dominance de  vert et de bleu dans sa palette, il a le sens du premier plan qui sera repris plus tard par Degas et bien d’autres impressionnistes, plan que l’on retrouvera également dans la photographie.

Il décède en 1858 du choléra.

 

Les écoles :

L’école de Kano est une école d’artistes peintres professionnels et laïques du Japon, son créateur Kano Masanobu milieu XV eme. Les artistes Kano constitués en ateliers familiaux, produisaient une grande variété de peinture (décoration de paravents, illustration d’emakimono, éventails dans de nombreux style et cela jusqu’à l’ère Meiji). Deux styles dans cette école : les peintres Kano travaillaient sur des grandes surfaces pour peindre des scènes de la nature représentant des oiseaux, de l’eau, des plantes et autres animaux sur des portes coulissantes et des paravents, couvrant l’arrière plan de feuilles d’or. L’école était aussi très renommée pour des paysages monochromes à l’encre de Chine  sur soie, ils composaient des tableaux très plats , mais savaient équilibrer la composition entre les premiers plans détaillants des descriptions d’animaux ou autres sujets et à l’arrière plan montrant des nuages  ou autres éléments abstraits , voir uniformes. L’utilisation d’un espace négatif  pour indiquer la distance et pour impliquer de la brume, les nuages, le ciel ou la mer étaient tiré de styles traditionnels chinois, que les artistes Kano surent très bien utiliser).

Ecole  Shijo : Ecole de peinture japonaise fondée par Maruyama Okyo (peintre du XVIII eme siècle), elle fait partie  de diverses écoles mineures dont l’ensemble constitue la plus grande école de Kyoto. L’école Shijo tient son nom de la rue de Kyoto ou étaient basés de nombreux artistes. Le point de vue du style de l’école, peut se définir comme une synthèse de deux styles rivaux : Maruyama Okyo, peintre expérimenté et expert en peinture à l’encre sumi-e, (dessin monochrome japonais à l’encre) parvenu à un haut degré de réalisme dans ses créations, mettant l’accent sur l’observation des sujets représentés, en contravention directe avec les écoles officielles de l’époque Kano et Tosa, qui elles, mettent en valeur l’aspect décoratif de figures hautement formalisées et stylisées. Les artistes de cette école cherchent à concilier les différences entre ces deux styles, créant des œuvres qui font la synthèse  des meilleurs éléments des deux.

Le style de cette école se concentre sur un réalisme objectif influencé par l’Occident mais réalisé avec les techniques de la peinture traditionnelle japonaise. Elle se concentre moins sur la représentation exacte de son sujet, mais plutôt sur l’expression de l’esprit intérieur et possède généralement un élément de jeu  et d’humour par rapport à l’école de Maruyama. Ses motifs les plus populaires sont les motifs d’une nature calme que l’on nomme le Kacho (oiseaux et fleurs), animaux, et les sujets traditionnels de tradition poétique  et confucéenne chinoise , mais il est peu intéressé  par la littérature classique, l’histoire ou les légendes.


L’Ukiyo-e, signifie en français l’image du monde flottant, elle est née au Japon au XVII eme siècle au sein de la culture urbaine et  bourgeoise de la capitale de l’époque Edo (Tokyo depuis 1868). La technique et la réalisation pour ces estampes en une gravure sur  bois, le dessin original fait au pinceau  le shita-e est pratiqué sur une feuille de papier très résistant  et très fin appelé minogami, collé à l’envers sur une plaque de bois assez tendre (cerisier, poirier) souvent taillée dans la tranche du tronc pour plus de résistance aux tirages multiples, ce qui explique les tirages du format Oban (37x25 cm). Cette planche matrice va être creusée à la gouge pour ne laisser en relief que les traces du pinceau. Ainsi on va pouvoir tirer autant de feuilles en noir et blanc qu’il faudra de couleurs. L’artiste détermine sur chacun des feuillets la couleur correspondant à des surfaces de vêtements, de feuillages, de montagnes et mers etc…..On grave de la même manière , à partir des feuillets en noirs, des planches différentes correspondantes à chaque futures couleurs .On imprime la feuille de papier "hocho" à estamper en l’appliquant successivement (dans un ordre déterminé par l’artiste) sur chaque planche dérivée de la première, repérée sur elle, mais encrée d’une couleur différente, par frottement léger sur le papier humide avec un tampon spécial appelé baren  de fibres (à l’extérieur en feuille de bambou) ce qui demande beaucoup d’expérience de la part des graveurs et imprimeurs. Par superposition de couleurs transparentes (végétales, minérales) on peu obtenir une grande subtilité dans les tons  à partir d’un nombre limité de couleurs, par exemple du jaune sur de l’indigo plus ou moins foncé on obtient un vert, si on ajoute une planche d’ocre on obtient un vert olive foncé.  La planche de  noirs  est utilisée pour les repérages, sans être imprimée en noir, ce qui  produit un effet d’aquarelle à l’Occidentale. Pour les effets de neige, on réserve le blanc du papier et on y ajoute de paillettes de mica (caractérisé par sa structure feuilletée) , on gaufre certains endroits avec une planche non encrée . Ces effets sont perceptibles dans certaines estampes tardives du maitre. La pluie est figurée par des rayures noires, tantôt surajoutée par des rayures blanches ou bien par des rayures de couleurs (Shono dans les 53  stations du Tokaido). cela supposait entre peintres, graveurs, imprimeurs une grande complicité artistique. Hiroshigé comme Hokusai sont passé maitre dans l’exploitation de ces subtilités qui viendront compliquer encore, après le relatif délaissement des couleurs végétales aux teintes fragiles, l’emploi des couleurs anilines et azoïques venues d’Occident à partir de 1829 (le bleu de Prusse est importé en grande quantité à partir de cette époque). Les japonais raffolaient de ces estampes surtout le Bijin-Ga qui représentait les geishas serveuses dans les maisons de thé et les Yakusha-e qui représentaient les acteurs de Kabuki.


L’histoire des 53 étapes du Tokaido, Il s’agit  d’une série de 53 estampes japonaise ou L’Ukiyo-e. Créées par Hiroshige, l’artiste avait effectué son premier voyage empruntant la route de Tokaido en 1832. Cette route reliant la capitale du Shogun, Edo, à la capitale impériale Kyoto, est l’axe principal  du Japon de l’époque. C’est la route la plus importante des  cinq routes majeures du Japon, développées pendant l’ère Edo pour améliorer le contrôle du pouvoir central sur l’ensemble du pays.

La route du Tokaido,  d’Edo à Kyoto en passant par le littoral représente une distance de 500 km, parcourue le plus souvent à pied et en deux semaines, ou bien à cheval, en palanquin ou en logette en bambou tressé.

C’est en 1601 que le Shogun fait débuter les travaux, tout le long de cette route 53 relais sont installés pour le ravitaillement et pour le repos des voyageurs, elles sont traversées par les daimyo (noblesse japonaise astreint par le système du sankin-Kotai , système de résidence alternée de daimyo qui les obligeait à passer une année sur deux à Edo et a y laisser leurs femme et enfants lorsqu’ils retournaient au Han (domaine)), cette route est parcourue par des moines, marchands, touristes, des pèlerins se rendant à Ise ou Shikoku. Les relais sont souvent situés dans des sites pittoresques ou près des centres  bouddhistes ou shintoïstes, ils offrent la possibilité de passer la nuit et de se restaurer, des commerces vendent des spécialités locales .On y trouve aussi des écuries, palefreniers, des guides.

Le parcours :

La route suit le littoral au départ d’Edo permet de longer la baie, ensuite une seconde baie celle de Sagami jusqu’à Hakone (bourg) qui est le 10 eme relais.


hiroshigé 4

 

On quitte le littoral pour passer la montagne d’Hakone,


hiroshigé 7

 

afin de retrouver le littoral et la baie de Suruga,


hiroshigé

 

qui  se trouve au sud du mont Fuji, sur lequel il y a une vue magnifique à Hara (13 eme relais).

 

hiroshigé 6

 

Il faut passer quelques fleuves qui se jettent dans la mer, le Fuji gawa puis l’Oi gawa, entre Shimada (23 eme relais) et Kanaya, puis le Tenryu gawa juste après le Mitsuke (28 eme relais).

hiroshigé 21 station

 

Passé le relais Masaika (30 eme relais), il faut prendre des barques à hautes voiles blanches pour franchir le lac côtier Hamamatsu en une brève traversée maritime.

 

hiroshige voiles blanches

 

Ensuite on longe à distance d’une double échancrure maritime (située au nord de Nagoya) formée par la baie de Mikawa et la baie d’Ise pour franchir le pont Hayagi, le plus long de la route du Tokaido (376 mètres),

 

hisroshigé 2

 

juste avant d’arriver à Okazaki (38 eme relais) puis à Chiryu, (ville célèbre pour son marché aux chevaux).Arrivé à Miya (41 eme relais) au sud de Nagoya, il faut s’embarquer pour traverser la baie d’Ise et éviter la traverser du fleuve Kiso gawa, et l’on arrive à la station suivante Kuwana .

 

hiroshigué 8

 

À partir d’Ishiyakushi (44 eme relais) adossé aux flancs de la montagne ou se trouve un temple bouddhiste dédié à Yakushi (dieu de la médecine),

 

hiroshigé 44 station

 

on quitte le littoral et on entre dans les terres vers le lac Biwa. On atteint celui-ci à la hauteur de Ishibe 55 eme relais),

 

hiroshigé 53-copie-1

 

et de Kusatsu où on rejoint le Kiso Kaido (une autre des 5 routes, dont le nom officiel est Nakasendo), ensuite arrivée à Otsu et sa maison de thé de la source, puis arrivée à Kyoto ville impériale.

 

hisroshigé 1

 

Hiroshige part en 1832 d’Edo dans le but d’accompagner une délégation officielle convoyant des chevaux qui doivent être offerts à la cour impériale. Ces chevaux sont don  symbolique offerts chaque année par le Shogun à l’empereur en reconnaissance de son statut divin. Le rôle de l’artiste : fixer grâce à son art, les cérémonies officielles prévues, c’est certainement sa qualité de grade de la brigade du feu, héritée de son père, qui lui vaut cette mission. Les paysages qu’il traverse lui font une grande impression, il dessine de nombreux croquis tout le long du parcours à l’aller comme au retour. Dès son retour il  se met au travail  et décrit ces relais sur les estampes.

 

hiroshigé 9 

 

Le Tokaido de l’édition Hôeido est l’œuvre la plus connue d’Hiroshige et la plus vendue dans l’histoire de L’Ukiyo-e.

L'exposition présente les deux possibilités du voyage de la route du Tokaido, en passant par le sud nommée "la route du Tokaido", en passant par le nord, elle est appelée "Kisokaido". Ainsi, l'artiste nous fait découvrir le Japon ancestral, par la vie de ces villages devenus relais (50 par trajet). Mais, c'est avant tout un voyage de méditation et de monde intérieur qu'Hiroshige nous transmet.

Magnifique exposition à ne pas manquer, jusqu'en mars 2013 à la Pinacothèque, Paris

 

hiroshigé 3

 

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 16:41

Paris de 1850 à 1900

Après les créations du baron Haussmann, (ministre de Paris pendant 17ans), la ville fut remodelée et transformée. Influencé par Napoléon III (qui avait apprécié Londres lors de son exil), les ambitions d’Haussmann ont pu se développer : percement des avenues, boulevard afin de faciliter la circulation de plus en plus dense surtout autour des gares, (canalisations en sous-sol d’égouts, de conduites d’eau et de gaz), les parcs et les jardins (les bois de Vincennes et Boulogne sont rattachés à la ville, les squares et quartiers se multiplient), les immeubles de qualité (nouvelles législations sur les hauteurs, les façades, les équipements, les techniques du lotissement), l’administration de la ville et le confort (mobilier urbain, éclairages, fontaines).

L’atmosphère parisienne a changé, période appelée bien souvent l’âge d’or du capitalisme français. C’est l’époque des salons, des impressionnistes qui traduisent en peinture cette vie parisienne, les maisons de coutures ouvrent leurs portes ainsi que  les grands magasins :   les magasins du " Louvre", du "Printemps", "Au bonheur des Dames", si bien que Zola en a écrit un livre, les revues de mode se multiplient. C’est l’époque des demi-mondaines, du théâtre de boulevard, de l’opéra, les gens de la bourgeoisie s’encanaillent. De nombreuses femmes de la bourgeoisie tiennent salons réunissant musiciens, écrivains, peintres c’est la réunion des arts. Les impressionnistes sont influencés par la mode et peignent de nombreux portraits de ces élégantes.


La femme parisienne se montre, elle a des tenues pour toutes les heures de la journée. Les attitudes sont importantes, le maintien, le mouvement, l’élégance tout cela  justifie  le milieu social.  


Le couturier Worth ouvre sa maison de couture à Paris en 1858, il aime créer. Le premier parfumeur pierre-François-Pascal  Guerlain ouvre en 1828, en 1853 il créé l’eau de Cologne impériale pour l’épouse de Napoléon III.


Les robes sur crinolines sont considérées comme l’expression parfaite de la mode du second empire. Le marché des jupons d’acier connait alors un spectaculaire développement. Le corsage et la jupe de ces robes rondes sont taillés séparément. Les corsages de ville, portés sur un corset se boutonne devant, sont à petites basques et à manches évasées en pagode.


A partir de 1860, les manches sont de plus en plus étroites, le drapé amorce son retour sur les robes,  les châles et capes font leurs apparitions, les chapeaux   toujours en vogue, c’est la grande mode de la capeline, le bijou prend une importance, les bottines vernies de plus en plus présentes. Mais quatre fait importants apparaissent : la machine à coudre a été inventée, les vêtements deviennent conception couture, les colorants synthétiques donnent des couleurs intenses, la jupe en crinoline, avec un front aplati, augmente un penchant vers l’arrière du vêtement.


1866, signature  de la nouvelle ligne Princesse, elle change la ligne de vêtements à la mode. La robe princesse est coupée d’une seule pièce et se compose d’un certain nombre de panneaux joints équipés et un coup de corne de l’épaule à l’ourlet qui donne la forme figure par sertissage. La robe princesse Gabriel est munie d’un petit col blanc et se fait-en uniquement en soie grise. Souvent portée par les gouvernantes.


1867 à 1875, la silhouette souple et buste fashion  avec la plénitude tassée à l’arrière créant un style de jupe polonaise, les crinolines disparaissent et deviennent tournures. Les tournures soutenues accentuent les rideaux sur les hanches. Un exemple dans le tableau de Claude Monet " Femmes au jardin ".

 

robe imp monet femmes au jardin

 

A partir des années 1870, la robe de bal a toujours une traine.

1875, le style douce remue-ménage polonaise apparait, on forme une traine à plusieurs niveaux avec drapés et plissés, elles sont lourdement ornées avec des volants, plis, tresses, franges, tous ces ornements sont apportés grâce à l’utilisation de la machine à coudre. Le second changement est l’introduction du corsage à cuirasse qui plonge à l’avant et à l’arrière et venant s’étendre sur les hanches. En 1880 ce style disparaît complètement.


En 1878 le corsage cuirasse atteint les cuisses, ce qui donne l’impression d’un corps dans une armure.


1880 à 1901, c’est la période victorienne, les femmes ont un style complètement différent : Les deux styles ont fusionné l’ensemble de la robe est dans le style princesse et la silhouette  reste allongée grâce à  la traine.


1883, une évolution, un nouveau style apparaît, la femme est plus active donc il lui faut plus d’aisance, le drapé est plus mince, le corsage est de style princesse, sur le devant de la robe formation d’un petit tablier, un exemple de ce style  dans le tableau de Georges Seurat "Dans l’ile de la jatte".

robe-imp seurat la jatte

 

A partir des années 1890, la mode devient plus sobre, on respecte les formes naturelles du corps, les manches sont collantes , c’est à partir de 1895 que le volume des manches augmente.

 

Cette exposition est mise en scène par le scénographe Robert Carsen (invité bien souvent des grandes scènes d’opéras, Paris, Milan, Londres). Certaines robes portées par les modèles sont exposées. Les tableaux sont mis en scène dans un univers  de défilé de mode, disposition d’un tapis rouge entre des rangées de chaises Napoléon III avec cartons d’invitations dans certaines salles.  


Les Impressionnistes, soucieux de rendre compte de la vie contemporaine à une époque d’importantes mutations urbaines, ils privilégient la représentation de la figure humaine dans son cadre quotidien et ses activités journalières. Ils ne s’attachent pas à la représentation scrupuleuse de la physionomie, du costume et de l’habit, mais se rendent compte des modes, des attitudes du comportement de leur temps. Epris de modernité, ils refusent la scène de genre convenue et artificielle, rejettent la pose au profit de la lumière instantanée, traquent les effets des jeux de lumière sur les chaires et  les textiles, pour parvenir à la traduction  plastique. Gestes, postures,  maintien sans affectation, vêtements d’une élégance urbaine non ostentatoire en accord avec les heures du jour participent à l’élaboration de la silhouette dont la mobilité restitue de manière incomparable l’air du temps.

Quelques publicités du grand  magasin  du "Louvre" sont présentées, elles sont datées de 1874.


robe imp- catalogue du louvre

 

Le Figaro dans son édition du 3 mars 1884, présente l’ouverture du grand magasin parisien " Le Printemps ".

Diffusion essor de la mode…………

Manet et Renoir représentent ce thème.

"Jeune femme lisant un journal" de Renoir

"La lecture de l’illustré" de Manet, la femme s’informe par la lecture de la revue.

 

robe imp- manet la lecture de l'illustré

Les costumes exposés :

Un ensemble deux pièces coton piqué, soie appliquée points de chouette, soie gansée, beige et marron.

Une robe à crinoline marron datée de 1860-65, elle est en soie et taffetas, lin et perles de jais, dentelle application.

Une robe de jour d’été datée de 1866-67, en mousseline de coton blanche à rayures planes, dentelle au fuseau mécanique, ganse de laine bleue gris.

Un ensemble d’été  vers 1866, le corsage en mousseline montant à emplacement carré, manches longues , jupe sur crinoline, motif de rubans entrelacés, d’une tresse de marguerites sur la jupe, la ceinture en taffetas vert rappelant la couleur du motif.

De nombreuses photographies d’Eugène Disdéri, il ouvre en 1854, l’un des plus grands studios de photographies de l’époque à Paris, boulevard des italiens , la même année il fait  breveter un appareil photographique capable de prendre 12 photos sur une seule plaque de verre, réduisant ainsi le coût  des prises de vues, permettant ainsi l’accès à un plus grand nombre.

Un exemple de ces photos avec les portraits de Madame Adèle du Mesnil ; de la comtesse de Meyendorff et autres femmes…….. Sur papier albuminé. 1858

Dans une vitrine, quelques revues de mode  dont " La toilette de Paris ", " La maison du petit saint Thomas ", " l’Illustré "

De nombreuses gravures montrent ces robes à la mode, mais aussi un carnet de bal, un éventail E.Espagna, il est en taffetas peint d’une scène de course, la monture est en bois daté de 1886.

En 1870, il existe 80 revues de mode


Mode et littérature :

 

La mode n’épargne pas le milieu littéraire, Baudelaire écrit une série d’articles en 1859, publiées par le Figaro en 1863 intitulé " le peintre de la vie moderne ",  le poète parle de la mode, du symptôme  du goût de l’idéal, et jusqu’aux vertus du maquillage et de la poudre de riz dans "Eloge du maquillage ", Balzac en 1830, produit un "traité de la vie élégante", Barbey d’Aurevilly un essai   " Du dandysme " en 1845, en 1868, "Le journal des dames" fait paraître un texte de Théophile Gauthier « de la mode » , il passe en revue  les formes vestimentaires de l’idéal moderne.


Stéphane Mallarmé, l’ami de Monet, devient en 1874 directeur littéraire de "La dernière mode",  cette revue décrit les dernières nouveautés de mode, un espace est réservé aux  publications littéraires avec comme auteurs Daudet, Théodore de Banville, Prudhomme, Coppée. Mallarmé y écrit sous le pseudonyme de Marguerite de Ponty, Miss satin ou Miss Marasquin, il parle des tendances de la nouvelle saison en matière de chapeaux, ou de silhouette, il choisit les gravures, la mise en page.


Une vitrine intitulée : " la dernière mode de Stéphane Mallarmé "

Trois gravures de robes datées de 1874, ayant parues dans sa revue

Un parfum Syringa d’Aimé Guerlain en 1879 


D’autres gravures de Modes datées de 1878,

robe imp -gravure

Une paire d’escarpins roses de Viault d’este datés de 1860

 

" La belle parisienne " revue de jupons et corsets, quelques échantillons de soie catalogue daté de 1860, un autre catalogue présente  des ombrelles, objet indispensable pour accompagner les   tenues.


 

Le renom de Paris et le phénomène de la mode :


A la fin du second Empire, Paris devient le centre de la mode, porté par un bouleversement des structures de production et de commercialisation. Grands magasins, journaux de mode, maisons de couture font le renom de Paris.  Hommes et femmes désireux de suivre la mode peuvent consulter les nombreuses revues spécialisées qui diffusent les créations des maisons de couture, des modistes, tailleurs, mais aussi des grands magasins à rayons diversifiés tel que le Louvre, le Bon Marché, Le tapis rouge, La ville de Saint-Denis, ces derniers proposent des toilettes toutes faites dont le style cherche à rivaliser celui des couturiers (Worth, Madame Roger, Madame Maugas). Le rôle du dessinateur industriel est important : il fournit une silhouette lithographiée de robe, de manteau que le fabricant ou le négociant en tissus complète avec des échantillons collés sur le pourtour. Le dessinateur créé des modèles de plus en plus complexes qui deviennent de véritables projets qu’il vend aux couturières ou aux grands magasins. Les plus connus Charles Pilatte, Etienne Leduc, Léon Sault.

 

De Charles Pilatte vers 1863, figures maquettes pour la maison  Alexandre Ghys. (Ci-dessous)

 

robe imp- charles pilatte

Quelques Robes :

Robe à transformation datée de 1868-72 le corsage en coton ruban en organdi, taffetas rayé bleue

Robe de lendemain de noce ou de contrat datée de 1868, jupe et corsage, ceinture à pans, en faille de soie gris parme, biais de satin de soie, cette robe fut portée le 27 septembre 1868 par l’épouse du docteur  Paul Gachet.

Une robe de jour d’été datée de 1869-72, tunique et jupe, en toile de coton crème d’Alsace imprimé, la jupe à rayure est parsemée de semi de fleurettes multicolores.

Robe de jour à rayures datée de 1869 en taffetas de soie, bleue et crème, biais de taffetas bleu, petite passementerie de boucles de soie floche blanche, alternant avec des perles de verre incolores.

Robe de jour datée de 1869-70, taffetas de soie à fines rayures bleues et roses, application de rubans de velours de soie noir, tressé de laine rosé.

 

Robe d’hiver 1875-77, tunique à manche longue fermée devant par une triple rangée de boutons, retroussée en pouf à l’arrière. En drap de laine bleu indigo, garniture de biais et de nœuds de faille, jupe en velours de soie coupée à motifs de feuillage bleu sur fond or.

 

Robe de jour d’été 1878-79, jupe et corsage, le corsage est a basque longue, la  jupe drapée en larges replis formant un pouf, placé en bas à l’arrière, en satin de coton blanc imprimé de motifs de fleurs polychromes inscrites dans des rayures, travail de plis serrés sur le dos de la basque bordure en dentelle.

Tunique de ville datée de 1873, veste tunique à manches pendantes en taffetas de soie noir, elle fait partie d’un ensemble mais peut se porter sur une jupe dépareillée.

Présentation de quelques catalogues de couturiers, des flacons de parfum de Guerlain " le jardin de mon curé " 1895," extrait de fleurs des bois " 1895, " extrait de genet d’Espagne " 1872.

On achetait beaucoup par correspondance. Quelques gravures, un porte monnaie de mariée 1870, un autre parfum " Bouquet du régent " 1872, Vétiver 1870

Photographies d’Eugène Disderi ,  il s’agit  du comte et la comtesse de Portalès    comte et comtesse Czernin ‘il était ministre des affaires étrangères d’Autriche-Hongrie pendant la première guerre mondiale »,le conte et la comtesse de Caldore.

 

Un catalogue de coiffures,

 

robe imp- gravure de chapeaux

un sac en cuir brun daté de 1867.

Deux œuvres de Cézanne " la conversation ou les deux sœurs " 1906 ainsi que " la promenade "

Une autre vitrine :

Quelques  gravures de mode, une lithographie illustrée, un éventail.

 

Prospérité de Fleury et sa mode :


La robe de Madame Bartolomé  en 1880 dite "Peri ", fille du marquis de Fleury. Son mari artiste peintre Albert Bartolomé.

Présentation de la robe et du tableau,

robe imp- batolome

 

"La serre" d’Albert Bartolomé, la jeune femme de face, passe par la porte fenêtre d’un intérieur tamisé. Le geste très posé, la robe soignée inscrivent cette œuvre dans la tradition du portrait d’apparat. La technique impressionniste est évoquée avec l’effet du clair-obscur, les couleurs vives appliquées en touches franches. Ces  multiples apports sont le reflet de la vie mondaine que mène le couple Bartolomé, ils tiennent salon et reçoivent des artistes, des écrivains, on y croise Jacques-Emile Blanche, Mary Cassatt, l’écrivain Gustave Geoffroy et bien d’autres……….

 

 La tenue, la jupe est rayée resserrée par derrière et plissée de couleur violette, le corsage baleiné à pois mauves sur fond blanc, les manches 3/4, le col rabattu rayé, prolongé en tunique  retroussée, un nœud à l’encolure et vers le bas datée de 1860.


 robe imp- mauve à pois

 

La parisienne n’est pas  à la mode, elle est la mode, on vient la voir du monde entier, la copier, acheter à Paris, elle a une manière d’agencer sa tenue ………………… ;

Le défilé commence avec une œuvre de Manet :

" le balcon ", sur le tableau à gauche Berthe Morisot héroïne romantique assise au premier plan (qui sera la belle-sœur de Manet) à droite Fanny Claus (violoniste du quatuor sainte Cécile, future épouse du peintre Guillemard), elle porte un chapeau orné d’un bouquet de violettes, derrière le peintre Antoine Guillemet.

" Berthe Morisot en bleu " par Manet

 

"Madame Louis Joaquim Gaudibert " en 1868, la robe est recouverte d’un châle très coloré, œuvre de Monet. Le peintre a rencontré Louis Joaquim Gaudibert au service militaire et sont devenus amis, Monsieur Gaudibert demande à l’artiste de peindre le portrait de son épouse le 3 septembre 1868.

robe imp- mme louis gaudibetrt monet

 

"Jeune dame "de Manet ou femme au perroquet 1866, elle est présentée en déshabillé, tenue que l’on portrait chez soi.

 

robe imp- blanche avec perroquet

 

Un ensemble habillé deux pièces en faille de soie noire, corsage-tunique à pouf derrière, le tout bordé de dentelle et de passementerie de jais. C’est un article de grand magasin, c’est la toilette de la parisienne en 1815 de Manet.


 

" Le passant de rue de Paris, temps de pluie " de Caillebotte, cette scène prise sur le vif, il pleut on ressent l’humidité, il ne manque que l’animation


" La dame en bleue " de Corot, il s’agit d’Emma Daubigny en tenue d’après-midi dans l’atelier du peintre, c’est l’élégance mondaine du costume et l’éventail.


"Portrait de Mademoiselle L.L., jeune fille en veste rouge " de James Tissot en 1902,   La jeune femme est détendue, assise sur un coin de table, son regard est assuré elle affiche une certaine désinvolture. Le boléro rouge de style espagnol avec des pompons  apporte un coté exotique.

robe imp tissot

" Eve Gonzales au piano "d’Alfred Stevens, elle a épousé le peintre Henri Guérard en 1879, l’artiste montre ici  l’apprentissage des arts, car Eva Gonzales artiste peintre et aussi musicienne.


"Portrait de madame Charpentier et ses enfants " Renoir 1878, elle est l’épouse de l’éditeur du journal « la vie moderne », elle est vêtue d’une robe de chez Worth, l’artiste l’a peinte chez elle rue de Grenelle dans son salon japonais (très en vogue à l’époque, de nombreux échanges existaient avec le Japon). Sa robe est à la pointe de la mode, elle est en satin noir, une guimpe blanche à l’encolure éclaire la tenue, une dentelle également blanche dépasse de la traine. Sa  petite fille et son petit garçon sont habillés du même modèle de robe  bleu ciel (les garçonnets à l’époque étaient vêtus comme les filles leurs premières années), un gros chien noir et blanc apporte une intimité à ce portrait de famille, l’atmosphère y est douce.   


Les femmes chez elles :

 

La tenue vestimentaire de la femme demeurant chez elle varie au fil de la journée. Au déshabillé et à la robe du matin succède une toilette d’après-midi plus élégante.

 

Pour les robes matinales comme pour les robes d’été, on utilise des cotons légers, unis, façonnés de fines rayures ou encore imprimés de semis de fleurs, de pois et de rubans. La robe a une coupe très simple, tout réside dans l’arrangement des volants et dans la qualité  de la mise en forme. En ce qui concerne les saisons plus fraiches et pour recevoir, il convient de revêtir une robe de ville, en soie, garnie de volants, ruchés et dentelles.ces robes peuvent être portées pour aller au théâtre ou à un diner. Les robes de bal et de soirées à l’opéra, largement décolletées et découvrent les épaules, elles sont obligatoirement en soie. Toutes femmes qui sort dans la journée doit  porter un chapeau, ils sont en velours ou en paille tressée, naturelle ou teintée, enrichis de dentelles, de rubans, en soie ou en velours et des fleurs en taffetas ou de velours de soie. Les gants sont de première nécessité, les accessoires fonctionnels, ombrelles,  éventails, cannes créent des gestes et attitudes. La silhouette est façonnée par le corset qui étrangle la taille et met la poitrine en valeur.

 

"La lettre de rupture" de Stevens datée de 1867

"L’intérieur" 1872 Berthe Morisot

"Portrait de Tissot" 1878

"Ensemble de portraits" vers 1878  

 

Robes exposées :

Une tunique et une jupe en gaze filetée blanche sur fond de coton bleu, garniture de nœuds de soie et volants. Dans le balcon de Manet cette robe est portée par Berthe Morisot.

 

Une robe d’été exposée pour jeune fille, blanche à fleurs roses, bleues ,en mousseline de coton  avec des manches pagodes, corsage à basque garni de volants et de boutons en os, col au crochet, jupe ronde sur crinoline garnie de deux volants dans le bas de la jupe.

 

Un tableau de Monet "la lecture", il s’agit de son épouse.


"Madame Edouard Manet sur un canapé bleu"   Manet 1874


"Les deux sœurs " de Berthe Morisot, il s’agirait de la même  personne ayant servie de modèle, séparée par un éventail sur un fond bleu

 

"La dame au gant de Carolus-Duran "1863, le modèle est l’épouse de l’artiste. Grand portrait en pied, elle fût considérée comme l’incarnation de la parisienne, très élégante vêtue de noir, elle retire son gant avec beaucoup d’élégance.


robe imp carolus duran

 

" La parisienne " vers 1875 de Manet, elle est sculpture c’est la comédienne Ellen Andrée, elle porte un feutre de cascadeur, cela grandit le modèle, elle porte une robe à queue noire, elle se dirige vers le champ de course.

 

"Octobre "Tissot il s’agit de Kathleen Newton, elle est irlandaise, maitresse et muse de l’artiste, elle porte des bottines que l’on peut apercevoir, car elle lève le bas de sa jupe pour marcher plus aisément, elle est vêtue de noir.


Voir et être vue :


Pour le soir il existe toute une gamme de toilettes, selon les circonstances et l’âge de la femme. Une robe pour aller à un diner ou l’opéra n’est pas la même que la robe d’après-midi ou l’on porte un ensemble de ville et un chapeau. Ces toilettes sont différentes de face ou de dos, des draperies resserrent la jupe sur le devant, à l’arrière on déploie une traine bordée de volants dans les années 1867-68 l’élégante laisse trainer ses jupes sur le sol. La tenue du soir est assez voyante, provoquante. Les coiffures sont ornées de bijoux ou de fleurs.

 

"Le bal sur un bateau " de James Tissot 1874

"L’animatrice de cirque " 1885 Tissot

" Femme au collier de perles dans une loge " Mary Cassatt en 1879

" La loge " Renoir, l’artiste a ms la femme au premier plan, l’homme est à l’arrière il regarde avec des jumelles

"Rentrée de bal " Alfred Stevens 1867

" Femme en noir " de Berthe Morisot 1875

" Une soirée "  Béraud en 1878, les hommes portent l’habit noir les femmes en toilettes.


robe imp- béraud le bal

 

' Danse à la ville ' de Renoir 1882-83 Paul Lothe, journaliste,  ami de Renoir à posé, les traits de la femme sont ceux de Suzanne Valadon.


" Une loge aux Italiens " d’Eva Gonzales, il s’agit de Jane Gonzales sœur de l’artiste avec le futur mari de l’artiste Guérard.


" Dans la loge " Mary Cassatt en 1878, présentation théâtrale en fin d’après-midi, les autres femmes portent des chapeaux et des tenues de ville.


Exposition d’une robe noire, avec traine, un drapé devant, la jupe est en organza, le corsage dit cuirassé de soie noire, volants plissés, guipure chantilly en frange de jais. C’est une robe de la maison Roger.

 

robe imp- rode noire du soir

 

Robe de jour veste et jupe rayée, bleu fond blanc, des bouillonnés et des nœuds pour toilette de printemps à la mode datée de 1873-74


Robe de jour, elle est en deux parties, en taffetas de soie , coton, gaze datée de 1870-75

Une robe d’après-midi, elle est en trois pièces en faille brodée bleu turquoise.

 Des miroirs derrières ces robes permettent de voir la robe sur les deux faces 1880-81


Intimité :

Dans les années 1870, la silhouette féminine change, le décor nous emmène dans l’univers intime de la femme, déshabillés, corsets, jupon à queue, bas de soie tout est blanc, des gants des escarpins un éventail plié, un parfum "Bouquet Mademoiselle "de Guerlain en 1880


" Jeune fille ou  le miroir" 1875-1880 et " Jeune femme en toilette de bal " 1879 Berthe Morisot


"Rolla "daté de 1878 par  Gervex, cette œuvre est inspirée d’Alfred de Musset. La femme est nue allongée sur un   lit, il s’agit d’une prostituée, l’homme débout est prêt à se suicider. A coté du lit on peut voir un corset objet de séduction, un jupon. Le costume indique aussi une situation.


robe imp - rolla gervex

 

" Nana "de Manet 1877, le modèle Henriette Hauser jeune actrice, maitresse du Prince héritier Guillaume des Pays-Bas.ici la femme entre dans l’histoire avec nana de Zola, elle se poudre elle st comprimée dans un corset étroit, elle est érotique, on découvre aussi la lingerie, l’homme est dans son dos il est coupé sur le tableau.


" La demoiselle de magasin " de James Tissot, 1883-85, à l’intérieur du magasin de nouveautés, sur le comptoir on peut y voir un déballage de rubans, derrière la cliente on voit la rue, une femme très élégante passe, un homme regarde la vitrine et observe la vendeuse  du magasin , elle est vêtue d’une robe stricte  avec un col officier, ainsi le spectateur entre dans l’œuvre  et dans la boutique, qui elle,   reste dans la pénombre et dégage une certaine intimité.  


Elégances masculines : Artistes et hommes du monde :


Les choix vestimentaires masculins sont limités durant la seconde moitié du XIX eme siècle. On adapte une même tenue à des usages différents. L’homme du monde parisien vit au rythme quotidien de deux habillements successifs à la tenue diurne succède l’habit de soirée. La partie supérieure du corps  est sanglée dans une Jacquette ou une redingote, les deux sont sombres, croisées ou non. L’époque voit la concrétisation du paletot sorte de pardessus court. La gamme des tissus retenus pour les pantalons la coupe est ample et plus large, soit avec des raies, des carreaux, pied de poule. On porte le haut-de-forme, les gants, canne, parapluie complète la tenue de l’homme prêt à sortir. La chemise, le col est droit ou rabattu, les manchettes doivent être impeccables, la cravate est ample.

La tenue d’après-midi :

Un gilet, une veste et un chapeau melon, un canotier, une malle cabine datée de 1881, de chez Louis Vuitton (maroquinerie de luxe fondée en 1854), une eau de toilette de Guerlain " Géranium "

La tenue masculine du soir :

Une redingote noire, un habit et gilet de soirée, chapeau claque et sa boite posé sur une malle cabine Louis Vuitton vers 1890, une eau de Guerlain  datée de 1870.

Quelques gravures représentent des tenues de l’époque.

Le dandysme :

 

Au XIX eme siècle il prédomine chez le romantique français voulant être reconnu dans la société tel que Stendhal, Eugène Sue, Baudelaire……. C’est l’élégance vestimentaire, ce courant reste à toute époque. C’est un terme devenu à la mode dans les années 1813-19 à Londres pendant les guerres napoléoniennes à propos du fashionable ou élégant, suivant la mode un exemple avec George Brummell.

Quelques toiles…………. ,

" Charles lecoeur " par Renoir en 1874, Lecoeur était architecte


robe imp lecoeur par renoir

 

" Portrait de Renoir " par Bazille 1867

" Portrait de Manet " Par Fantin Latour en 1867

" Portrait d’homme " par Caillebotte 1880

" L’homme à l’ombrelle " Monet 1868

"Au café " de Caillebotte en 1880, il témoigne de la solitude……..

" Portraits d’amis sur scène " 1879 Degas

 

" Un atelier aux Batignolles " Fantin Latour, on y voit Monet au centre, David, Manet, Zola, c’est un manifeste de la peinture moderne. Le costume plutôt uniforme.

 

robe imp

 

" Le cercle de la rue royale" 1868 James Tissot, ce tableau à un caractère anecdotique et littéraire. L’artiste représente plusieurs personnalités de l’aristocratie membre de ce club très huppé. Charles Haas, israélite reçu dans la haute société de l’époque il est debout à droite  (il fut le modèle de Charles Swann dans à la Recherche du temps perdu de Proust), c’est la présentation de l’élégance masculine, de très beaux pantalons, gilets, invention des textures ; ils ont conscience de leur importance.


robe imp le cercle rue royale Tissot

 

"Portrait à la bourse " Degas 1878-79, nous sommes dans un contexte historique, à partir du XIX eme siècle. Le rôle de la bourse est prépondérant dans le développement économique de la France, notamment dans le financement de l’industrialisation, il marqua le triomphe de la bourgeoisie d’affaires, composée de banquiers, courtiers, agents de change dont tous étaient attirés par le goût de la spéculation et la facilité de l’enrichissement. L’artiste a représenté les hommes d’affaires en redingotes et chapeaux haut de forme (mode de la bourgeoisie de l’époque, qui vient s’entretenir dans ce haut lieu). Au centre du tableau il s’agit de ‘Ernest May (administrateur-directeur de la banque franco-égyptienne) son visage est allongé des binocles sur le nez, il est en compagnie de son associé qui se tient derrière lui. Ernest May est un amateur d’art et a rencontré Degas. L’artiste a souhaité le représenter dans le cadre de ses activités financières.

 

robne imp- portrait à la bourse degas

 

Une petite salle présente le célèbre magasin " Au bonheur des Dames "

 

Naissance d’un grand magasin parisien, invention qui bouleverse la société du  second Empire, c’est Aristide Boucicaud en 1852 qui ouvre le premier grand magasin au monde. La femme est attirée par ce nouveau paradis, elle peut choisir, les marchandises sont étalées et peuvent être touchées, les prix sont fixés, c’est le début du shopping.

" Souliers roses " et " Souliers blancs "  deux œuvres d’Eva Gonzalès 1879-80  

" Femme regardant avec des jumelles "  Degas 1875-76

" Portrait d’Irma Brunner " la viennoise, elle incarne la mode des années 1880, par  Manet, 1882 au pastel, on devine la robe en soie, elle veut montrer l’image de la parisienne, sa bouche est écarlate, elle porte un chapeau.


robe imp- Itma Brunner Manet

 

" Mademoiselle Dihau au piano " amie du peintre, pianiste et cantatrice, son frère était bassoniste à l’opéra, elle est vêtue de noir avec un chapeau à fleurs, Degas 1872

 

" Chez la modiste "Degas en 1882-86, l’attitude de la femme montre le statut social de la personne, ici  l’artiste montre la femme qui travaille chez la modiste.

 

Dans une vitrine des chapeaux de toutes sortes sont présentés, ils sont parés de fleurs, le chapeau dominant est la capote qu’elle soit en paille, en velours de soie, elle est garnie de dentelle. Les accessoires  sont indispensables dit "de contenances ", il faut avoir les mains occupées, avec l’ombrelle  on créé des attitudes, il y a aussi l’éventail, les gants, les souliers ; le soulier   apparaît lorsque l’on soulève légèrement la robe, c’est un objet de séduction, le sac fait aussi son apparition, surtout pour le voyage on adopte une tenue appropriée.


" Madame Jeantaud au miroir "Degas 1875, Jean-Baptiste Jeantaud ami de l’artiste, fut le compagnon d’arme du peintre pendant la guerre. Composition originale la femme de profil, semble se regarder dans un miroir avant de sortir, mais en faite son reflet fait face au spectateur et semble le regarder.


" Mademoiselle Marie  Dihau " Degas 1867-68, l’artiste a représentée son modèle de profil, ce qui laisse voir une boucle d’oreille.


"Jeune femme à la voilette " vers 1870, Renoir, le modèle est de profil avec une voilette et un chape écossais sur les épaules.


" Danse à la campagne " Renoir 1883, l’artiste aimait les scènes de danses, dans cette œuvre c’est la joie de vivre de se divertir en plein air, au premier plan le chapeau du danseur est à terre.

 

Plaisirs de plein air :


Pour les impressionnistes, l’évocation des loisirs de plein air est étroitement liée au monde de la mode. Qu’il s’agisse des parcs de la capitale, des jardins des faubourgs, de la forêt de Fontainebleau, ces espaces sont propices à déploiement de toilettes élégantes, un exemple avec le déjeuner sur l’herbe, ou femme au jardin. La tenue y est particulière, un corsage moulant à taille haute, une veste à basques ou paletot non ajusté descendent sur les jupes à crinolines qui tendent à partir vers 1866, a s’aplatir sur le devant pour ne garder que l’ampleur à l’arrière, elles sont à rayures plus ou moins marges, bleues, vertes, pois, soutaches d’arabesques, des garnitures sombres de passementerie fournissent les principaux motifs. Le blanc uni triomphe, un exemple avec une œuvre de Renoir ou sa compagne Lise Tréhot émerge d’un sous-bois en robe de mousseline blanche, laissant deviner la délicatesse de sa chaire. Dès 1870, la silhouette à la mode est longiligne on peut le voir sur le tableau la balançoire la robe  de mousseline blanche, agrémentée de nœuds bleus. Le costume capte toujours les jeux de lumière, au risque de se voir pulvérisé.

Une impression de promenade en plein air, des gazouillis d’oiseaux accompagnent le visiteur  dans cette salle, les décors plantés sur une fausse pelouse quelques bancs de jardins disposés çà et là    

" Les demoiselles du bord de Seine" Courbet 1856-57

" Le couple " Renoir 1868, la femme très élégante dans une robe à rayures rouge et blanche, recouverte d’un drapé blanc en forme de tablier

" Les promeneurs " Monet 1865

"  Le déjeuner sur l’herbe " Monet 1865,

 

robe imp- le dejeuner sur herbe monet

 

Robes montrées :

Une robe d’été avec paletot  en mousseline de coton blanc, brodée avec motifs fleurs et guirlandes de fleurs

Un ensemble d’été jupe et boléro toile de lin beige brodée et franges de glands, tresse de chanvre

" Les deux sœurs " James Tissot 1863, elles sont vêtues de robes blanches dont l’une porte une ombrelle, un chapeau à la main, elles sont dans un parc.

" Femme au jardin " Monet 1866-67, l’artiste joue des jeux d’ombres et de lumières colorées, le soleil filtre à travers le feuillage. Les visages sont imprécis, Monet  peint avec délicatesse la blancheur des robes, il les campe dans la structure de la composition.

" La femme à l’ombrelle" Renoir 1867, ici l’artiste illustre la modernité, la mode

"Réunion de famille " de Bazille 1887, sur la terrasse de la maison familiale de Méric, construite au XVI eme siècle, Bazille a regroupé les membres de sa famille.

" La balançoire " Renoir 1876, un homme tourne le dos au spectateur, il parle à une femme sur une balançoire, un arbre sur l’extrême gauche de la toile une fillette regarde la scène, un autre homme est appuyé contre le tronc de l’arbre, il s’agit d’une scène instantanée comme en photographie, les jeux de regards , l’attitude de la femme qui semble gênée/


" Rue de Paris, temps de pluie" Gustave Caillebotte 1877, nous sommes dans une rue de Paris l’artiste présente le visage  haussmannien, une foule bourgeoise anonyme dans la rue,  les tons sont  sombres, ce sont les réalités de la ville.


Monet essai de figure " Femme à l’ombrelle, tournée vers la droite " 1886

" Portrait de la marquise et du marquis de Miramon et leurs enfants" 1865, sur la terrasse du château familial de Paulhac ‘Auvergne) c’est la tradition anglaise du portrait aristocratique, scène à la campagne.

Une robe d’été est présentée vers 1869, elle est d’une pièce à manches longues évasées, bordée de volants à tête polonais amovible agrafée formant un pouf en 3 pans retroussés garnis d’un volant Jaconas d’Alsace imprimé de crocus. Cette robe est proche des robes portées   par  les deux sœurs tableau  de Berthe Morisot.


Quelques extraits du catalogue de l’exposition

 

Très belle exposition à voir absolument, promenade au sein de la vie bourgeoise du XIX eme siècle, les artistes nous montrent la modernité, l'idée du beau, les lieux ou il fallait être vu, les loisirs de plein air ou spectacles, les champs de courses, les magasins. Tout un art de vivre.

Au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier 2013.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 16:47

La Relation entre les artistes :

Canaletto, Guardi, Bellotto, considérés comme  les trois grands védutistes.

Canaletto (1697-1768), il reproduit des lieux plus où moins connus de Venise, ses festivités, ses lumières. Ses œuvres créent un accord entre la représentation du paysage architecturale et  l’atmosphère générale, cela grâce à une étude de la lumière. Il adopte une technique spécifique de la peinture, il a été fortement influencé par le mouvement et les idées du Siècle des lumières

Francesco Guardi (1712-1793), Son père était artiste peintre ainsi que deux de ses frères. Il est le peintre par excellence des Vedute, il les rend pittoresques, minutieuses, sa description de la ville est plus subjective, il y apporte des couleurs chaudes, des lumières vibrantes, ses œuvres exaltent la beauté de  Venise et dévoilent l’atmosphère d’une cité fragile.

Là où Canaletto s’en tient à une représentation d’une froide perfection, Guardi  y ajoute une lumière chaude. Sa vision de Venise a influencé celle des grands peintres qui ont utilisé cette ville comme source d’inspiration tel que : Monet, Turner, Constable.

Bernardo Bellotto (1722-1780), il est formé par son oncle Canaletto, pour peindre des Vedute. Il travaille à Venise de 1738 à 1742, avant de voyager dans de grandes villes d’Europe (Dresde, Florence, Vienne, Varsovie).

Il est invité en Autriche par l’impératrice Marie-Thérèse, et en Pologne par le roi  Stanislas Poniatowski. Varsovie après la guerre sera reconstruite d’après les toiles de l’artiste, car son œuvre montre une grande maitrise de la représentation des détails architecturaux.

Les peintures a vues (ou Vedute)

Dès 1721-22, Canaletto accorde une grande attention à l’art de la composition, mais se distingue par son sens aigu de la perspective et le gout du détail. Il se concentre sur la place Saint Marc, il privilègie à ses débuts les jeux de lumière et les effets atmosphériques, l’un des premiers védutiste, il donne un nouveau souffle à l’art de la Vedute. Ses recherches novatrices rencontrent beaucoup de succès.

Les origines de la vedute :

Les artistes inspirés par le védutisme autour de Canaletto et Guardi, le neveu de Canaletto, Bernardo Bellotto, mais aussi Van Wittel, védutiste néerlandais, venu voyager dans les campagnes et cités italiennes dans les années 1690-1700. Après avoir représenté les paysages hollandais, il peint en Italie des formats panoramiques, l’artiste très habile dans l’authenticité de ses représentations y ajoute une sensibilité personnelle, dans chaque œuvre il représente un  décor spectaculaire, l’architecture contraste avec les transparences, les reflets dans l’eau, les mouvements.

Luca Carlevarijs, originaire d’Udine, considéré comme le père du védutisme à Venise, en 1703, il a publié un recueil de gravures. Il est le peintre d’une Venise festive, rythmée par l’accueil grandiose des ambassadeurs étrangers arrivant au Palais des Doges

Michèle  Marieschi, élève de Canaletto a été comme l’artiste décorateur de théâtre. Il s’est même illustré en Allemagne il a assuré les décors éphémères pour les obsèques de la reine de Pologne Maria Sobieska en 1735. En 1741, il signe un recueil d’estampes. Sa facture est plus dense, plus épaisse que celle de Canaletto, il signe  des vues et caprices d’une très grande beauté. Il se distingue par son goût des angles de vues inattendues.

Chaque artiste apporte son regard et sa technique.

Quelques exemples de leurs œuvres :


De Gaspar Van Wittel " le môle vu du bassin de Saint Marc "

 

CG- Van Wettel

 

Luca Carlevarijs "La place saint Marc vers le sud " 1726 et

"l’entrée solennelle du Comte Jacques Vincent Languet de Gergy au Palais des Doges le 4 novembre 1726"

CG carlevijs


Canaletto "vers le nord est du Palais Balbi au port du Rialto " 1724-25

" L’ile de San Georgio de Majore vue de la Piazzetta " de Guardi.

CG- Guardi san georgio de majore

 

" Le bassin de Saint Marc vu de la Giudecca " 1722 Canaletto


"L’entrée devant le grand canal avec Santa Maria della Salute et le canal de la Giudecca, vue de l’extrémité occidentale du môle ". Canaletto


Maitres et disciples :

La même œuvre peinte par les deux artistes Canaletto et Guardi :

 

Canaletto  « Place Saint Marc vers l’est » 1723

CG- place st marc vers l'est Canaletto

 Le tableau de Canaletto est une œuvre de jeunesse, s’il travaille surtout divers moyens techniques et stylistiques et la construction de la perspective.


Francesco Guardi « Place Saint Marc vers l’est » 1785

CG- la place st marc vers l'est guardi

Celui de Guardi est une œuvre tardive, grande maitrise, et légèreté dans l’art de la perspective comme dans le choix des figures apprises grâce à une longue étude des compositions de Canaletto, les effets atmosphériques , les détails architecturaux, la lumière rappellent le style de Canaletto.

De Canaletto :

" Place saint Marc vers l’est " 1740

" La place Saint Marc, vu du portique ouest " 1760

"  La place Saint Marc vers l’est " 1725


De la jeunesse à la maturité :

Centre de la vie politique et religieuse de Venise au XVIII eme siècle, la place saint Marc est un lieu emblématique de la ville, elle fascine tous voyageurs, ces voyageurs européens faisaient le Grand Tour, surtout les anglais. La place Saint Marc est dominée par sa splendide basilique entourée de chefs  d’œuvres de l’architecture de la Renaissance conçus par Jacopo Sansovino et Vicenzo Scamozzi Elle est sujet pictural  et remporte un grand succès auprès des collectionneurs de vues de Venise. Elle inspire le védutiste Canaletto.

" La place Saint Marc vue de la tour de l’horloge "par Canaletto vers 1740 à la plume et encre

CG- st marc vu de l'horloge dessin

"La Libreria et le campanile et la piazzetta, vue de l’est " 1740 Canaletto


Les lumières de la lagune :

Vaste étendue d’eau séparée de la mer par le cordon littoral du Lido, rôle majeur dans l’histoire de la protection de la Cité des Doges. Elément incontournable de l’imaginaire vénitien, Canaletto fut le premier à découvrir les qualités poétiques de la lagune. Vers 1740, il dessine pour Joseph Smith, deux vues d’iles périphériques de Venise.

Guardi en fit aussi un de ses thèmes de prédilection.


"  La tour de Malghera " 1743-44 de Bernardo Bellotto

" Le canal de la Giudecca  et les Zattere " vers 1758 Guardi

 

CG--Guardi-canal-de-giufecca-et-zettere-copie-1.jpg

 

" L’ile San Elena et la chartreuse, observée depuis la pointe de San Antonio " Canaletto à la plume, encre et aquarelle une autre vue de l’ile est présentée.

 

Canaletto et les collections royales britanniques :

  Intérieur de la basilique, est en raison de son sujet, sa facture un tableau rare  et précieux.

"L’Intérieur de la basilique saint Marc, le vendredi saint ", Vers 1730, la lumière latérale rehausse les tons sourds, et chauds utilisés par Canaletto. Par son petit format il confère une atmosphère particulière.

 

Les fêtes à Venise :

Ces fêtes étaient des spectacles de lumière et couleurs uniques au Monde. Ce qui permettait aux artistes de les mettre en scène.

Le mariage avec la mer, cérémonie majeure de l’ancienne République de Venise. Célébré le jour de l’Ascension, il symbolise la domination de Venise sur les eaux et se manifeste par le lancer d’un anneau  d’or dans l’Adriatique, geste rituel effectué par le Doge de la cité.

La régate, fête annuelle organisée depuis le XIV eme siècle, le 2 février, le jour de la Vierge.

La fête du jeudi gras, cette fête précède le carême, le carnaval était à son apogée sur la piazzetta. Fête  sn présence du Doge, installé à la loggia ouverte du palais des Doges.

Les œuvres :


" Le Départ du Bucentaure pour la cérémonie " 1775-80 Guardi

CG- Bucentaire guardi


"La fête du jeudi gras, sur la piazzetta " 1758 de Francesco Guardi


" La régate sur le Grand Canal " Canaletto 1732

CG- regate sur le gd canal canaletto

 

" Le Doge part pour le Lido à bord du Bucentaure le jour de l’Ascension "  1766, Canaletto, encre brune, aquarelle grise.

 

" Le Doge remercie pour son élection dans la salle du Grand Conseil du palais des Doges " 1766, plume, encre brune, aquarelle grise et blanc de céruse (oxydé) sur trace de crayon noir et rouge

 

Les Caprices, une Venise imaginaire :

 Ce sont des vues imaginaires appelées caprices. A Venise, Le caprice architectural est composé de ruines, devient le support de réflexion intellectuelle sur l’archéologie, l’architecture et l’histoire. A travers leurs caprices, Canaletto et Bellotto ont exprimés les conceptions de leurs mécènes et commanditaires Joseph Smith, Francesco Algarotti (écrivain, essayiste et collectionneur d’œuvres d’art).

 

"Caprices avec les ruines " vers 1742 Canaletto

CG- Caprice avec des ruines canaletto

" Caprices avec un arc Serlien en ruine "  " Caprice avec une coupole élevée en ruine ", " caprice avec un arc en ruine"1780-90 Guardi

"Caprice avec un arc de triomphe en ruine au bord de la lagune " 1743 Bellotto

CG- Caprice avec un arc bellotto

" Caprice architectural " 1723 Canaletto

" Caprice avec des ruines au bord de la lagune " Guardi

" Caprice avec un Campiello vénitien " 1778-80, Guardi

" Vue à travers un arc "  Guardi

"Perspective sur un portique Canaletto" 1765

 

 A la même époque :

Goldoni (1707-1793) déclenche un séisme au théâtre, il fourni au pays des comédies originales bien loin de la Commedia del ‘Arte qui a déjà trois siècles. Il va faire une révolution dans le s théâtre italien, il condamne les masques, il raconte des histoires, il écrit des dialogues, façonner des personnages de la vie quotidienne qui  nous enchantent encore aujourd’hui.

Les italiens sont fous de musique, Venise dispose de 4 conservatoires depuis Monteverdi. Le vénitien joue le soir en petite formation chez lui, on va également dans les églises, il y règne une atmosphère la qualité de l’acoustique est bonne. Le samedi et dimanche, les vénitiens vont aux vêpres dans les quatre hôpitaux : la Piéta, les Mendicanti, les Incurabili, l’Ospedaletto, on y écoute jouer et chanter les orphelines à qui l’on a tout appris de la musique. Charles brosse (comte de Tournay, baron de Montfalcon, seigneur de Pregny de Chambezy, de Vezins est un magistrat, historien, linguiste et écrivain français. Il séjourna en Italie en 1739-40), préfère l’hôpital de la piéta  pour la perfection de ses symphonies. Vivaldi y avait été chargé   au début du siècle d’enseigner à ces jeunes filles la composition des concertos. Beaucoup de musiciens vinrent composer à Venise plus tard, Haendel, Gluck, Piccini, Cimarosa.

C’était aussi l’époque de Casanova  (1725-1798), il fut écrivain, magicien, violoniste, espion, diplomate et fut souvent associé à Don Juan comme séducteur………….

 

Quelques extraits du petit journal de l'exposition.

 

Ces artistes ont mis en scène la Venise du XVIII eme siècle avec beaucoup d’élégance, de minutie avec un regard et une technique différente.

 Exposition à ne pas manquer. Jusqu’au 14 janvier 2013 au Musée  Jacquemart André 

 

 

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 15:39

La ville de Venise est découpée en 6 quartiers historiques :

Sur la rive gauche du grand canal : Le quartier San Marco, de Cannaregio, et de Castello.

Sur l’autre rive : Le quartier Dorsoduro, de Santa Croce et San Polo

Le grand canal est en forme  de S inversé, il traverse le centre historique de Venise.

La ville est parcourue par 177 canaux dont le plus important est le grand canal, 455 ponts arqués pour laisser passer les bateaux , 118 iles dont les plus célèbres, le Lido,  Murano, Burano, Torcello, San Michele (cimetière de la ville), San Erasmo, La Vignole, Certosa, San Francesco del Deserto, San Giacomo in Paludo, San servolo,  San lazzaro degli Armeni , Giudecca, Mazzorbo. 84 églises.

Dans le quartier San Marco :

La place San Marco et sa basilique du même nom sont le centre de la cité de Venise. Elle fut un centre religieux, politique et économique.

La Basilique construite en 828, reconstruite après l’incendie qui ravagea le palais ducal en 976, elle est depuis 1807, la cathédrale du patriarche de Venise.

Le Palais des Doges (ou Ducale), palais de style gothique situé sur la place San Marco, il fut la résidence principale du Doge de la République Venise et le lieu des représentations majeures. Il borde l’entrée du Grand Canal

Le campanile de San Marco , tour campanaire d’une hauteur de 98,6 de haut. Situé  sur la place San Marco proche de la basilique. Ce campanile est en brique au-dessus de laquelle se trouvent 5 cloches. Le haut est surmonté d’un cube on peut y voir sur les faces des lions et des allégories féminines de Venise. La tour est  surmontée d’une pyramidale avec une girouette en or sous la forme de l’ange gabriel.

Les quartiers Santa Croce et  San Polo  : doivent leur nom à deux églises.

Le quartier Dorsoduro,  se nomme ainsi en raison de l’altitude de Sestieres (subdivision que l’on retrouve dans certaines villes d’Italie, dont Venise) c’est le quartier le plus élevé de la ville.

 Le campo Santa Margharita  sur la grande place est le centre de ce quartier, lieu d’un grand marché, de nombreux musées dans ce quartier dont l’Académia, des églises San Sébastiano, Santa Maria della Salute. Le Palais Ca’Rezzonico , la Scuola Grande Dei Carmini dont le salon est peint par Tiepolo

Le quartier Cannaregio, occupe toute la partie de la ville allant du Rialto à la gare. Nommé ainsi par rapport au caractère rectiligne des canaux  qui le parcourent.

Rialto : l’un des 4 ponts qui traversent le grand canal, il est le plus ancien et le plus célèbre de la cité. Jusqu’au XIX eme siècle il était  l’unique liaison entre les deux parties de la ville, reliant les siestéri de San Polo et de San Marco. Aujourd’hui des boutiques sont installées sur le pont.

Le quartier Castello, recouvre toute la partie sud-est de Venise. Son nom serait lié à la présence légendaire d’un château ou bien encore à la Curie Patriarcale qui se trouvait dans ce lieu.

C’est le quartier ou se trouve l’arsenal, l’Eglise Santi Govanni e Paolo située sur le campo ou se dresse la statue équestre de Bartoloméo de Colleonia et l’Eglise San Francisco della Vigna deuxième grande église franciscaine de Venise, deux cloitres se trouvent dans le monastère.

 

Venise au XVII eme  et XVIII siècle :

Venise mène la guerre contre les turcs, qui lui prennent Chypre, ensuite la Crète. Le déclin de Venise s’amorce au XVII eme siècle.

Au XVIII eme siècle, Bonaparte envahi la Vénétie (1796-97), puis abandonne la cité des Doges à l’Autriche. L’année suivante c’est le traité de Campoformio (fin de la guerre franco-autrichienne, le 18 octobre 1797).

Le XVIII eme siècle période florissante pour l’art vénitien, après un grand effacement au XVII eme . Une grande artiste femme, lance le pastel à Venise, il s’agit de Rosalba Carrièra, sa technique est transmise dans toute l’Europe, Tiepolo se fait remarquer par ses ciels splendides et la vivacité de son pinceau. Venise devenue incontournable dans le grand tour, attire les touristes avec les Vedute, dont les spécialistes sont : Canaletto, et ses suiveurs, son neveu Bellotto et Francesco Guardi.

 Le paysage peint devient un véritable engouement, il repose de plus en plus sur des études rapides à l’huile, ce qui va détrôner les vedutistes et leurs tableaux  très bien construits en passant par des dessins réalisés à la chambre noire ou Camera obscura. L’ère de la photographie est proche. 

 

Canaletto (Antonio Canal)  nait à Venise en 1697. Fils du peintre de théâtre Bernardo Canal et d’Artémisia Barbieri. La famille est aisée.

Antonio fait  ses premiers pas en 1716, en travaillant avec son père et son frère, au décor des scènes des théâtres  San Angelo et San Cassiano de Venise.

Fin 1718, Bernardo Canal et son fils Antonio partent pour Rome.

1719-20, Avec son père il réalise les décors pour les opéras "Tito Sempronio Gracco " et "Turno Aricino " de Scarlatti, mis en scène au théâtre Capranica de Rome (l’un des plus prestigieux théâtres, il fut construit  fin XVII eme siècle), cela pendant le carnaval en 1720. La même année, il dessine "l’arc de Constantin" (première œuvre datée de l’artiste), elle fait partie de la série de 23 vedute des monuments romains. Canaletto s’inscrit à la Fraglia des peintres vénitiens.

1725, Il reçoit une avance, pour la commande des deux premières vedute pour Stefano Conti (neveu du Pape Innocent III). A l’occasion de la fête de San Rocco, Canaletto expose "Le campo Santi Giovanni ", le tableau est acheté par comte Giambattista Colloredo, ambassadeur impérial, qui par la suite, va lui en commander un autre. Il travaille également à deux peintures pour l’ambassadeur de France, le comte Languet de Gergy. Deux autres vedute sont commandées par Stefano Conti.

1726, Canaletto reçoit un courrier de l’impresario irlandais du duc de Richmond, Owen McSwiny ,  à propos de la série de 24 toiles qui célèbrent des personnages illustres anglais, destinée à la salle à manger du gentilhomme. Parmi celles-ci : "Le tombeau de lord Somers " et  " Le tombeau de l’archevêque Tillotson " exécutées en collaboration avec les peintres Cimaroli (1686-1771, peintre italien de la fin du baroque),  Pittoni  (1687-1767, peintre italien rococo) et Piazzetta (1683-1754, peintre italien de l’école vénitienne).

Canaletto reçoit une autre commande en juin 1726 "L’entrée au palais Ducale, de l’ambassadeur de France, comte Languet de Gergy ", qui aura lieu le 5 novembre 1726

1728, Il peint " Le grand canal, vu du palazzo Balbi "

1730, Il peint un pendant pour le tableau de Samuel Hill "La riva degli Schiavoni "  et le "Palazzo Ducale et le Môle ", "La bibliothèque et la basilique de la Salute ". Deux peintures sont destinées à Hugh Howard, futur comte de Wicklow, il s’agit : " du grand canal du pont du Rialto au Palazzo Foscari " et " L’entrée du grand canal avec la douane"  et "Santa Maria  della Salute ".

1732, Canaletto entreprend la série de 24 vedute de Venise pour le duc de Bedfort, achevées en 1736.

1735, édition des quatorze eaux-fortes gravées par Antonio Viscontini d’après les peintures de Canaletto de la collection Joseph Smith

1738, Henry Howard, quatrième comte de Carlisle visite Venise et commande à l’artiste " le bassin de San Marco".

1739, un acte notarié d’émancipation de Canaletto de son père Bernardo

1741, "Vedute fantastique de Venise " datée de 1741  qui  fait partie de  la série des 34 eaux-fortes, "Vedute altre prese da i luoghi altre ideate", dédiée à Joseph Smith après que celui-ci en 1744, eut été nommé Consul britannique à Venise.

1742, Canaletto exécute cinq peintures pour Smith avec des sujets romains. Une seconde édition "d’Urbis Venetiarum Prospectus celebriores" publié par Pascali, enrichie de 24 nouvelles gravures de Visentini, extraites de vedute de Canaletto.

1743, Canaletto peint "Piazzetta vers la tour de l’horloge " et "Le môle avec le Palazzo Ducale ".

1744, Décès de son père. Il peint une série de Capricci parmi lesquels figurent "Capriccio avec la Scala des Giganti " et "Capriccio avec la Libreria de San Marco", qui font partie de la série des 13 peintures pour le dessus de porte de la villa de Smith à Mogliano.

1746, L’artiste part pour l’Angleterre, il s’installe à Londres. Dans une lettre au duc de Richmond, Thomas Hill fait mention d’une Veduta de la Tamise à Richmond House.

1747, Il termine une Veduta de "Windsor Castle" pour sir  Hugh Smithson, futur premier duc de Northumberland.

1749, Etant accusé de ne pas être le vrai  Canaletto, il fait publier une annonce dans le journal "Daily Advertiser", il invite à visiter son atelier de Silver street pour décourager ceux qui l’accuse.

1750, retour de Canaletto à Venise pour quelques mois.

1755-56, Canaletto est rentré définitivement à Venise

1762, Vente d’une partie de la collection de Joseph Smith au roi George III.

1763, L’Académia di Peintura   di  Scultura de Venise refuse la candidature de l’artiste en janvier, il est accepté en septembre de la même année.

1765, il peint sa pièce de réception à l’Académia di Pittura e di Scultura, "Capriccio avec colonne et cour", toujours dans ses collections.

1766, Il signe le dessin "chanteurs dans la basilique de  San Marco " exécuté  à l’âge de 68 ans

1767, Il assiste pour la dernière fois à l’Académia. Il décède dans sa maison de Corte Perina , il est enterré dans l’église de San Lio

 

Sa période vénitienne :

Canaletto rentre de Rome fin 1721.

De 1722 à 1745, sa peinture est prolifique,  il peint 900 œuvres. L’artiste est connu pour ses grandes vues des canaux de Venise, sa ville d’origine, qu’il montre aux touristes européens qui font le grand tour.

Le grand tour, était un long voyage effectué par les jeunes gens des  hautes classes de la  société européennes, en particuliers allemands et anglais, cela à partir du XVII eme, et surtout au XVIII eme , destiné à parfaire leur éducation , après les études ou pendant. Les destinations principales étaient : la France,les Pays-Bas, Suisse, Allemagne, Italie plus tard la Grèce et l’Asie Mineure . Ces voyages duraient bien souvent un an accompagné d’un tuteur, cela était une pratique normale, nécessaire à une bonne éducation. Ce grand tour continua au XIX eme siècle, il fut l’apanage des amateurs d’art, collectionneurs, écrivains tel qu’Alexandre Dumas, Goethe. Ce grand tour avait pour effet de mettre en contact la haute société de l’Europe du nord avec l’art antique et aida le Palladianisme et le néoclassicisme. Lors de ces voyages les jeunes gens achetaient des œuvres d’art, des antiquités, ils visitaient la Rome antique, puis Pompéi et Herculanum, sites récemment redécouverts. Une autre étape importante était la réalisation lors d’un séjour prolongé à Rome d’un portrait par l’un des peintres en vue du moment. Canaletto, Piranèse et bien d’autres  bénéficièrent  de cette clientèle.

Dès 1722, Canaletto reproduit des lieux plus ou moins connus de sa ville, de ses festivités, de sa luminosité.

Les œuvres de l'artiste créent un accord entre la représentation du paysage  architectural et l’atmosphère, cela grâce à une étude toute particulière de la lumière. Fortement influencé par le siècle des lumières (mouvement philosophique culturel et scientifique  d’intellectuels dans les pays de culture européenne au XVIII eme siècle, dont le but était de réformer la société et de faire progresser les connaissances et en encourageant la science et l’échange intellectuel, en s’opposant à la superstition, l’intolérance et aux abus de l’église, et de l’état). Canaletto adopte une technique scientifique de la peinture. L’artiste à son époque, utilise une approche très systématique dans la réalisation de ses œuvres, afin de reproduire parfaitement la perspective faisant usage, dans ce but, de la chambre obscure.

Un certain nombre de ses œuvres ont étés peintes sur le vif, ou bien dans son atelier, ou sur chevalet au bord des canaux et aussi à bord d’une gondole aménagée en atelier.

Vedute : Ce sont les paysages urbains du XVIII eme siècle. C’est un genre pictural qui prospère en Italie au XVIII eme siècle, surtout à Venise. L’artiste met en scène une vue extérieure, cela présente des recherches spatiales. La pratique de la perspective est très utilisée dans les Vedute.

Ce thème apparaît dans l’histoire de l’art au XVII eme siècle. Ce sont les  peintres italiens, Canaletto, Guardi et Bellotto les plus représentatifs du genre, ils s’aidaient d’un dispositif optique , la camera obscura, placée à l’intérieur de la scène d’un tableau pour préparer leurs cadrages ouvrant la perception optique de la réalité sur un paysage naturel ou suburbain. Ces peintures en général sont de grands formats, elles sont réalisées avec précision et réalisme de détails.

Les capricci   sont des éléments fantastiques et architecturaux, ils s’opposent aux  vedute .Chez Canaletto la touche est libre, la lumière vive, bien souvent de petits personnages ou macchietta apparaissent dans les Capricci.  


Cette exposition est une promenade dans Venise.

Le premier tableau représente " un  portrait de l’artiste ", de l’école de Venise du XVIII eme siècle ou peut-être un autoportrait ?


"La basilique de la Salute et la douane vues du palais Cornaro " 1725-30, grande maitrise de l’équilibre des volumes et de la perspective  (résultat de la formation de l’artiste auprès de son père).


canaletto la basilique de la salute et la douane vues du

 

" Le rio des mendiants "1723, sur la gauche on aperçoit la façade de l’église San Lazzaro dei Mendicanti (ou mendiant), elle a donné son nom au canal.


 "La basilique San Marco  et le campo San Basso" vers 1722,  l’artiste représente sur la place,  quelques tentes, des étals probablement un jour de marché.


Fils de Bernardo, peintre de théâtre, Canaletto fait ses premiers pas avec son père, il fait de très beaux dessins pour les mises en scènes. De 1718 à 1720, Canaletto continue de collaborer comme scénographe avec son père dans différents lieux prestigieux tel que le célèbre théâtre Capranica .

" La commedia dell’Arte sur la Piazzetta San  Marco"  1720-23, un théâtre organisé sur la place San Marco, les acteurs sont sur scène, le public devant regarde le spectacle debout, c’est un des aspects de la vie populaire de la cité (l’artiste a sûrement voulu faire un clin d’œil à son expérience théâtrale).

canaletto comedia del arte

 

"Le pont du Rialto vu d’Amont", vers 1730,

La veduta vénitienne un regard russe :

Canaletto et les collections russes :

Son art était bien connu en Russie, si bien que le comte Kirill Razumovsky eu l’idée un jour d’immortaliser par un artiste vénitien des vues de la capitale russe, les peintres russes ont étudié sa peinture.

La première œuvre de Canaletto connue en Russie, c’est un tableau lié à la France et à son histoire. »La réception de l’ambassadeur de France au Palazzio Ducale, le 4 novembre 1726. Ce tableau fut acquis pour l’impératrice Catherine II chez un antiquaire  parisien .

 Quelques vedute venues des collections russes sont présentées :


" Iles vues de la lagune nord, vue de San Pietro in Castello " 1724-25,

"Iles vues de la lagune nord, vue de San Pietro in Castello et de l’Arsenal "     1724-25

"Les iles San Cristoforo, San Michele, Murano vues des Fondamenta Nuove" 1724-25

Il s’agit de toiles de jeunesse de l’artiste, il explore pour la première fois des œuvres en dehors du cœur de la ville, les iles de la lagune dégagent la sérénité.

"L’église de San Giovani de Batturi à Murano et Venise dans le lointain" 1724-25, l’artiste montre l’église  vue depuis le couvent San Giacomo, situé sur la rive opposée du canal  grande di Murano.


canaletto eglise san giovani murano

 

"Vue d’une ile de la lagune avec un pont " 1730-40, dans cette œuvre l’atmosphère y est comme suspendue presque celle d’un enchantement magique dans sa luminosité diffuse, que l’on retrouve dans des peintures s’appartenant à cette œuvre, cette œuvre fut commencée juste avant le départ de l’artiste pour Londres.

 

"Isola della Lagune"


Canaletto et sa technique :

Son Carnet, objet  unique dans l’histoire de l’art du XVIII eme siècle conservé  à Venise. Ce Carnet est relié et authentifié en 1840, ce sont des dessins préparatoires accompagnés d’informations et observations qu’il utilise au moment de la transposition en peinture, ils témoignent de la genèse de sa pensée et illustrant de la façon à laquelle il aborde les œuvres. Il parcourt la ville souvent en barque et emporte un ou deux carnets ainsi que sa chambre optique, il effectue des croquis des grands palais au bord du grand canal et le bassin de San Marco.

Les tracés du Carnet constituent la mémoire graphique de Canaletto, l’enregistrement des séquences de données objectives, effectué sans aucune médiation de l’interprétation, en reproduisant le contour des édifices que la lumière, reflété par le miroir disposé au sommet de la chambre optique, renvoie à l’intérieur de l’instrument.

Présentation du Carnet et de quelques dessins :

Montage de feuilles du Carnet " le grand canal vu du palazzo ", "Corner-Spinelli vers le Rialto "

 

canaetto carnet

Un exemple de dessins :

"Scuola grande San Marco"  (recto) et "Façade de l’église San Giovanni e Paolo"  (verso), 1739, cette feuille appartient à un ensemble de 7 dessins, à la plume et encre brune, pierre noire, sur le verso, papier blanc

 

La chambre optique :

Elle joue un rôle central dans son œuvre, après avoir choisit le point de vue de la scène qu’il souhaite représenté il enregistre un  panorama à 90 degrés, en faisant tourner l’axe visuel édifice par édifice en commençant par les éléments les plus proches.

Les radiographies sont l’âme des techniques non invasives les plus utiles et riches en informations.

Quelques unes en exposition :

"Une vue de Venise à vol d’oiseau ", par Francesco Guardi, on aperçoit la résidence de Canaletto non loin du pont du Rialto  en 1740


" Régate sur le grand canal à la hauteur de l’ambassade de France, Palazzo Mocenigo della Trezza" 1791 par Francesco Guardi, l’artiste à montré l’extrémité du grand canal,  c’est le jour des régates, cette fête remonte au XIII eme siècle, ce sont des courses nautiques auxquelles s’ajoute un cortège historique. Le Palazzo Mocenigo della Trezza, était l’ambassade de France au XVIII eme siècle.


 l’exposition se poursuit avec les Vedute :


Les Vedute, sont à leur apogée, l’artiste revenu à Venise s’y consacre, tout en retournant aux Capricci  ainsi qu’il l’avait fait en Angleterre.  

 

"Le grand Canal vu du campo San vio,vers la basilique de la Salute", 1723, ce tableau montre le grand canal en direction de la Piazza San Marco, sur la gauche on y voit le palais Corner della Ca’ Grande, (ou château Renaissance), sur le droite le palais Barbarigo , connu pour ses fresques extérieures de Camillo Ballini, il donne sur le campo San Vio, au premier plan une embarcation  de dimension importante , des personnages animent la scène, pris dans leurs activités quotidiennes. Ci-dessous

canaletto le grand canal vu du campo san vio et salute


" Le grand canal vu du palais Balbi " 1726-28


"Le grand canal vu du pont du Rialto vu depuis Ca, Foscari" 1733-35,, cette œuvre est exécutée du pont du Rialto, vers le sud, l’accent est mis sur la riva del Carbon très animée, dont les marches descendent dans l’eau. Sur la gauche on y voit les palais Manin (réalisé en 1536, à l’origine palais du procureur de Saint Marc) et Grimani di San Luca (palais de la Renaissance) et au fond la Ca’ Foscari (palais de style gothique), sur la droite de nombreuses gondoles amarrées, au premier plan, deux grosses barcasses à voile. Au long de la Riva de nombreuses boutiques, ou se négocient de nombreuses marchandises que fréquentes un certain nombre de personnages, le lieu semble populaire.


"Le grand Canal et Le pont du Rialto vu du sud" 1733, 35, le pont et le palais Camerlenghi (palais du XVI eme siècle) magnifiquement décrits, autour tout est décrit avec beaucoup de minutie, de nombreux personnages, au premier plan on les distinguent par la couleur de leurs vêtements et les gestes de la vie quotidienne (leur petite taille est suggérée par des petites   touches du pinceau, formant des groupes colorés).

canaletto pont du rialto vu du sud


"Vue de la basilique de la Salute" 1755-65, cette église a été construite pour remercier la Vierge d’avoir mis fin à  l’épidémie de peste, qui avait ravagé la ville en 1630, l’architecte Baldasarre Longhena, a créé la Salute dans un style baroque vénitien. Canaletto représente l’église seule,  la lumière est nacrée et fait ressortir les détails de l’architecture, la scène est animée par une foule de personnages.


"L’entrée du grand canal et la basilique de la Salute "1740, l’artiste a choisit son point de vue à l’entrée du grand canal vers le bassin San Marco, c’est une des conceptions les plus scénographique de Canaletto, elle lui permet de construire  une vaste ouverture spatiale en utilisant, sur la droite le temple de Longhena, dans la blancheur des pierres d’Istries,  où lumière et ombre se faufilent dans les méandres de ses plis baroques.


"Le grand canal vu du pont Rialto vers CA’ Foscari " 1733-35, on reconnaît le Palais Balbi (famille patricienne de Venise, famille originaire de Rome) sur la gauche du tableau, de l’autre coté du grand Canal on voit le Palais Erizzo, ( famille patricienne de Venise, originaire d’Istrie, Francisco fut Doge en 1631) le Palais Contarini, il date du XV eme siècle, il possède un magnifique escalier extérieur en colimaçon avec de multiples arches, puis les quatre Palais Mocenigo, ( famille noble de Venise qui a donné plusieurs Doges, hommes politiques, diplomates, soldats, écrivains et membres du clergé) constitués de deux palais jumelés entourés de la Ca’Becchia puis de la Ca’Nuova, au fond le pont du Rialto


" L’église San Geremia et l’entrée du rio Cannaregio" 1735-42, l’artiste a mis en évidence le Ponte delle Guglie (obélisques) nommé ainsi en raison des 4 petits obélisques qui ornent l’extérieur des parapets, le Palais Labia situé à gauche, derrière le campanile de l’église San Geremia, des barques avec des personnages  vaquant à leurs occupations animent la scène , le pont est en second plan dans l’ombre ainsi que les maisons du ghetto derrière le pont qui marque la séparation avec les palais étincelants au premier plan.

 

" Le rio du Cannarégio " 1745-50, artère essentielle  pour la navigation en ville, pour atteindre les iles et la partie nord de la lagune, on peut voir sur la droite du tableau les palais Emo et Quirini montrant  les armes de la famille, à gauche sur la toile le palais Labia au coin du grand canal et du canal Cannaragio, ce palais est orné de beaux-chefs d’œuvres de Tiepolo, c’est dans ce lieu que Charles de Beistegui a donné un grand bal en 1951.

Le canal de Cannarégio était essentiel pour la navigation à Venise, il relie le grand canal et le nord de la lagune ou se trouvent les iles Erasmos, San Michele, Murano.

 

"Le pont de Tre Archi sur le rio Cannaregio " 1740-45, le pont dit de San Giobbe au centre du canal, à gauche sur le tableau, le palais Testa, quelques maisons dont la Casa Amadi (XVI eme siècle), sur la partie droite, le palais (baroque) Surian Bellotto, une autre suite de maisons et le palais Nani.

 

" Le grand canal entre les églises Santa Croce et San Géremia "1730, on aperçoit sur la gauche, l’église et  le couvent du corpus Domini (démoli en 1815), la Scuola dei Nobili et l’église Santa Lucia, détruite en 1860. l’église  des Scalzi (elle est l’un des plus beau sanctuaire baroque) , la seule qui ait survécu, le palais Calbo-Grotta et la Fondamenta dei Dabbioni. A droite le campanile de San Geremia, plus près, la coupole de San Simeon Piccolo et le quai de même nom, le pont de Tolentini et l’église du couvent  de la Croce démolis en 1860.

Chiesa del Redentore fut élevée à la suite de la peste en 1575-76, chef d’œuvre de Palladio l’un des architectes les plus illustre de Venise. La grande fête du Rédempteur se déroule tous les ans le 3eme dimanche de juillet. (Il y eu 50 000 morts à Venise en deux ans,  Le Titien fut victime de la peste).

" Chiesa del  Redentore " tableau  daté de 1745


 Des fêtes de nuit sont organisées en l’église San Pietro di Castello en 1745. Lieu de réjouissances célébrations, outre le carnaval n’était que procession, jeux et divertissements. Au XVIII eme siècle la fête  était permanente Le Doge fêtait les noces de la cité avec la mer, le jour de l’Ascension, de nombreuses régates animaient les canaux.

" La fête de nuit à l’église San Pietro di Castello "vers 1745

" Caprices avec le pont du Rialto d’après le projet de Palladio, la basilique San Marco et le palais Chiéricati à Vicence" vers 1745, cette œuvre est présentée comme un manifeste du capriccio (lequel consiste à prendre un lieu réel et l’orner de magnifiques édifices  venant d’ici et là ou bien de l’imaginaire). Ainsi l’artiste pouvait s’accorder aux goûts de ses clients qui faisaient le grand tour.


Quelques Dessins, gravures et peintures :

"Les portes de Dolo" 1763, traces de sanguines, plume et encre brune sur papier blanc

"Les portes de Dolo "1763 en eaux fortes

"L’église du Dolo "1763, l’artiste montre l’écluse (1625), elle était située au point des deux bras du fleuve Brenta qui enfermait l’ile du mauvais temps, ile souvent inondée, du fait de sa position géographique. Ce point était très important pour la navigation, c’était le lieu  ou l’on payait les taxes des marchandises.  

 

canaletto arsenal

Entre 1740 et 1744, Canaletto grave une série de 34 Vedute

4 eaux fortes présentées sous verre :

"La terrasse"- "Paysage avec pèlerin en prière"- "monument équestre" -"les procurations Nuevo" et "San Zimimari" 1733

Autres eaux-fortes

"La Piera del Bando", "les prisons", "Marché sur le môle", "la Libreria"1733

"Mestre con forte" 1733

"La tour de Malghera" 1756, aujourd’hui porte Marghera, elle fut détruite au XIX eme siècle. Elle datait du XV eme siècle. C’est la seule œuvre de ce genre peinte par l’artiste

"Eau forte" 1735


Canaletto et les collections anglaises :

En 1726, un aventurier irlandais, Owen McSwiny, présente Canaletto au second duc de Richmond, collectionneur anglais. Séduit par les paysages lui achète des toiles.

Joseph Smith, marchand britannique lui commande une série de 24 vedute pour le duc de Bedford, 21 toiles pour le duc de Grenville, lui-même en achète qu’il revendra au roi George III en 1769

L’artiste   achève  les 24 vedute  en 1736.

Canaletto s’installe à Londres en 1749, et a continué de peindre la lagune.

" La piazza San Marco vers la basilique "  1745, Le goût de Canaletto pour la perspective est plus assuré et la couleur, plus claire, elle joue un rôle essentiel dans l’organisation de la veduta pour elle-même.

 canaletto la piazza san marco vers la baslique

"La piazzetta vers le môle "1740-45, la lumière du matin projette des ombres auprès des personnages et architectures, le lion ailé de Saint Marc, vu de dos semble prêt à sauter de la colonne ou il est juché. Au premier plan, des gens parlent, des bateaux envahissent la lagune. Le rouge des bonnets des personnages guident le regard, a travers la galerie ajourée du Palazzo Ducale, jusqu’au palais sur la Riva degli Schiavoni



"La pointe de la douane" 1740-45, l’artiste représente  la douane vue d’une gondole, un homme est adossé à une colonne du portique, il observe deux hommes entrain de converser, le taud rouge et or  protège une barque il ondule sur un support oblique qui tranche avec les verticales : mats, colonnes, flèche de l’église du Redentore.

La facture de ces deux œuvres se rapproche d’une peinture en plein air, par son style et sa spontanéité.

 

canaletto la pointe de la douane

 

"Le môle vu du bassin de San Marco" 1740-45, au premier plan deux barques, l’une avec des personnages, l’autre transporte un tonneau , on aperçoit à l’extrême droite l’arrière d’une autre barque, sur le quai en face, des gondoles sont amarrées couvertes et des barcasses dont les mâts reprennent la verticalité de la colonne saint Marc, au fond on voit les monuments de la place saint Marc, la tour de l’horloge, la basilique, à l’avant c’est le palais ducale qui domine, décrit d‘une manière réaliste, ici la lumière est dorée, ce qui permet de rehausser les tons chauds.

 

 

"La piazza San Marco, avec la basilique et l’église San Geminiano " 1740-42, perspective hardie choisie par l’artiste, cela donne la possibilité d’embraser  comme dans un  grand angle très accentué, l’ensemble de la piazza San Marco  depuis le campo Basso, jusqu’à son extrême limite, la façade de San Geminiano. Cette église rebâtie au XII eme siècle, puis à nouveau vers le XVI eme siècle, et abattue sous l’ordre de Napoléon, pour laisser l’aile portant son nom, qui abritait les pièces de réceptions des appartements royaux, dont une grande salle de bal , aujourd’hui vestibule du Musée Correr (il doit son nom à Téodoro  Correr 1750-1830, magnat descendant d’une des plus ancienne famille vénitienne).

 

"Vue de la piazza San Marco vers la basilique et le Palazzio ducale avec la Loggetta sur la droite " vers 1755.


"L’escalier des géants au palais Ducale "1755, la composition est rigoureuse, le regard est attiré par l’escalier des Géants, édifié entre 1483 et 1491, il doit son nom grâce aux statues de Sansovino représentant Mars et Neptune installées à son somment en 1566, il se dessine au-delà de la pénombre du porche Foscari, au sommet duquel les doges recevaient le  bonnet symbolisant leur charge.

La maturité du style :

Tout au long de son parcours, l’artiste n’aura cessé de conquérir la lumière éclatante et intense de Venise. Réalisme de cette cité de pierres, d’eau, d’hommes, nul n’a su peindre avec plus de luminosité, ces atmosphères limpides et cristallines.

 La Piazza San Marco : elle est le cœur de la vie vénitienne.

Blason saint Michel début XVII eme , manufacture vénitienne, bois taillé , peint avec dorures

"Le bassin vu de la riva Degli Schiavoni vers  la basilique San Marco "  1726-28, de nombreuses embarcations sur le grand canal, des personnages sur le quai semblent observer l’activité sur le canal, des personnages vêtus de rouge amène le regard sur la façade du palais ducale, les prisons, le Palais Dandolo hérissé de cheminées et tout le reste de la rive jusqu’au quartier du Castello, au premier plan sur la gauche ,l’artiste a représenté la colonne surmontée  du lion de Saint Marc, il est devant la façade  ouest du palais Ducale .

 

canaletto lariva degli schiavoni

 

" La piazza vers la tour de l’horloge "1727-28, l’artiste a mis l’accent sur la profondeur de champ et  la concentration chromatique. Les lignes horizontales et verticales donnent l’équilibre.

"La piazetta vers la basilique de la Salute " 1723


 

" L’entrée du grand canal vu de la piazzetta "1730, dans cette œuvre Canaletto embrase la bibliothèque Marciana, la Zecca, les granai (greniers publics), l’ancien Fonteghetto della farina (bâtiment officiel chargé de gérer des greniers, il a accueilli l’Académie de peinture et de sculpture dans la seconde moitié du XVIII eme siècle), sur l’autre rive du grand canal, la Douane et la basilique de la Salute. Ci-dessous.


canaletto entree du gd canal vu de la piazzetta

 

" La riva degli Schiavari et le Palazzio ducale " 1730


" Place San Marco vers la basilique "1735-38, ici, Canaletto réussit à suggérer une impression diffuse de sérénité, une luminosité douce exprimée par une texture chromatique limpide  et de légères touches de pinceau.

canaletto piazetta san marco avec la basilique 1735

 

Quelques extraits du catalogue de l’exposition.

Exposition à voir absolument, magnifique promenade dans la Venise du XVIII eme siècle. Jusqu’en février au Musée Maillol à Paris

 

 

 

  

 

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 10:02

Stefan Zweig, nait à Vienne en 1881, son père est un marchand fortuné et sa mère fille de banquier. Il a un frère ainé Alfred. Il est élevé dans un quartier bourgeois de Vienne, le Ring.

En 1900, il obtient son bac avec une distinction en Allemand, en  physique et en histoire. A l’université il s’inscrit en philosophie, histoire et littérature. Il est associé au mouvement d’avant-garde jeune Vienne.

Après avoir quitté le milieu familial il suit ses cours occasionnellement et va dans les cafés, au théâtre, concert. Il rencontre Rilke, Hofmannsthal, déjà célèbres. Stefan Zweig s’essai à l’écriture qui apprécie de plus en plus, il commence par écrire des poèmes. Il obtient quelques succès, il s’installe à Berlin, il découvre Dostoïevski et la peinture de Munch, rentré à Vienne il défend sa thèse sur Hyppolite Taine (philosophe et historien français), ce qui lui confère son titre de docteur en philosophie.

Après la première guerre mondiale il voyage, il parcourt l’Europe, Berlin, Bruxelles, Londres, Paris, en 1910 il va en Inde, 1912 aux Etats-Unis et canada. Le motif de ses voyages découvrir, apprendre mais aussi pour se fuir lui-même.

Malgré ses nombreux  voyages il continu d’écrire, il traduit Verlaine qu’il admire, mais aussi le poète belge Emile Verhaeren qu’il a rencontré à Bruxelles, qui  par sa vitalité contraire à l’atmosphère viennoise, il va beaucoup l’influencer.  Il rencontre Romain Rolland, il est séduit par son humanisme, son pacifisme et sa grande culture allemande qui lui semble représenter une synthèse entre les deux cultures, il y a une grande correspondance entre les deux hommes.

A l’âge de 30 ans Zweig rencontre Friderike  maria Von Winternitz, mariée  et mère de deux filles. Les années suivantes les amants se retrouvent régulièrement et  vont couler des jours paisibles. Zweig entreprend un ouvrage sur Dostoïevski et poursuit ses voyages. Son bonheur avec Friderike est parfait.

28 juin 1914 assassinat de François-Ferdinand, cet acte va plonger toute l’Europe dans une folie meurtrière et dévastatrice. Emporté par la folie patriotique, Zweig revient à Vienne, et cède pendant une courte période à ce tourbillon. Il rédige des articles dans lesquels il prend parti pour  l’esprit allemand, avant de retrouver la trace de ses  idéaux de fraternité et d’universalité. Avec son ami Romain Rolland ils sont atterrés par la guerre qui commence en août 1914.

En 1915, Romain Rolland sort un de ses textes les plus connus «  au dessus de la mêlée » , Il lutte contre la guerre, et sort son ami Stefan Zweig de la dépression.

Zweig apprend ce qui se passe sur le front, les milliers de morts, les villages anéantis. Il est envoyé sur le front polonais pour statuer la situation matérielle des troupes, ainsi il constate ce que la guerre entraine comme souffrances, de ruines, il se rend compte de ce que subissent les juifs et trouve cette guerre absurde.

Dès son retour en Autriche, Zweig s’installe avec Friderike à Kalkskurg. Il termine sa pièce de théâtre « Jérémie » en 1916 où il laisse entrevoir une défaite de l’Autriche.

1917, il part en Suisse pour la création de sa pièce à Zurich, il y rencontre son ami Romain Rolland à Genève et somme tous les pacifiste du monde entier de se joindre à eux dans un pacifisme actif, ce qui vaudra le prix Nobel de littérature à Romain Rolland, Zweig va rester pacifiste toute sa vie et préconise l’unification de l’Europe.

La guerre se termine en 1918. Zweig, Friderike et ses filles reviennent en Autriche à Salzbourg. L'écrivain y reçoit ses amis, écrivains, musiciens, penseurs. Il tisse des liens avec des jeunes auteurs qui lui seront reconnaissants de l'aide et des encouragements qu'il leur a apportés.

A partir des années 1920 l’écrivain à une production abondante : « Trois maitres (Balzac, Dickens, Dostoïevski), puis « le combat avec le démon (sur Kleist, Hölderlin, Nietzche), et, « Trois poètes de leur vie » (essais sur Casanova, Tolstoï et Stendhal), plus tard « la guérison par l’esprit » (sur Freud), il lui fait lire ses nouvelles avant parution, et rédigera son oraison funèbre en 1939. Zweig est polyglotte et va traduire de nombreuses œuvres de Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, John Keats . Grand connaisseur des arts et des lettres, il devient  un collectionneur d’autographes, de portraits d’écrivains, de partitions.

L’écrivain parcourt toute l’Europe, donne des conférences, rencontre des écrivains, ses amis. Il prêche pour une Europe unie, conviction qu’il défendra jusqu’à la fin de sa vie.

Ces activités lui apportent la célébrité, en 1922, il écrit Amok, grand succès en librairie. L’écrivain vient à Paris et rencontre son ami Romain Rolland, l’année suivante, c’est lui qui ira en Allemagne.

En 1924, les deux hommes se retrouvent à Vienne à l’anniversaire de Richard Strauss ; Zweig lui présente Sigmund Freud que Rolland souhaitait rencontrer depuis longtemps.

1925, ils se retrouvent à Halle, pour le festival Haendel, puis vont à Weimar visiter la maison de Goethe et visiter les archives de Nietzche. Pour les soixante ans de Romain Rolland, parait son livre jubilaire conçu en grande partie par Stefan Zweig et va donner dans toute l’Allemagne des conférences sur l’œuvre de son ami.

La même année, Zweig  remanie la pièce Volpone de son ami Ben Jonson. Cette pièce est traduite dans plusieurs langues et remporte un grand succès.

Il se consacre aussi à l’écriture de ses biographies dont une du français Joseph Fouché. Il passe aussi beaucoup de temps à ses collections de manuscrits, d’autographes et partitions, on y retrouve une page des carnets de Léonard de Vinci, un manuscrit de Nietzche, le dernier poème de Goethe des partition de Brahms, Beethoven (les nazis lui confisquerons cette collection, une partie sera détruite), il a écrit une œuvre sur cette collection « la collection invisible ».

1927, avec Romain Roland ils fêtent à Vienne le centenaire de la mort de Beethoven. A l’initiative de Zweig, Romain Rolland fait parti des personnalités invitées aux festivités et ses articles et son hommage à Beethoven paraissent dans la presse.

Bientôt 50 ans, et Zweig entreprend un ouvrage sur Marie-Antoinette, son couple avec Friderike ne va plus très bien.

Hitler arrive au pouvoir, et Zweig prend très vite conscience du danger que les juifs encourent avec le dictateur en l’Autriche et dans toute l’Europe. Tous ses amis allemands partent en exil, étant juif lui-même il suit avec effarement ce qui se déroule dans les pays voisins, il refuse de prendre position et veux se situer en dehors des choix politiques, Richard Strauss le soutien. Il lui commande un livret et refuse de retirer son nom sur l’affiche pour la première de son opéra  à Dresde « la femme silencieuse » Mais Zweig se sent partager de collaborer avec Strauss proche du pouvoir nazi. L’opéra ne sera présenté que trois fois. Zweig suscite la colère des nazis lorsqu’une de ses nouvelles « brulant secret » est adaptée au cinéma en 1933. L’écrivain s’intéresse à Erasme, en lui, il voit un modèle humaniste proche de ses conceptions. La neutralité de Zweig est mise à mal, lorsqu’à son tour l’Autriche succombe à la répression politique. Il est l’objet d’une perquisition

1934, il décide de quitter l’Autriche, tout espoir de paix s’évanoui, il craint de ne jamais y revenir.

Réfugié à Londres, il écrit une biographie sur Marie Stuart. Il entame une liaison avec Lotte (Charlotte-Elizabeth Altman), sa secrétaire. Friderike refuse de le rejoindre,    jugeant non fondées les appréhensions de son mari. Il privilégie la neutralité et la conscience individuelle à l’asservissement d’un courant politique. Cette attitude éloigne ses meilleurs amis Romain Rolland et Roth.

Eté 1936, la guerre éclate en Espagne, il est invité au Brésil, laissant derrière lui une Europe divisée et troublé. Il est très bien accueilli à Rio de Janeiro, qu’il trouve magnifique. Il entreprend une nouvelle biographie, cette fois-ci il s’agit de Magellan, Zweig voit en lui un héros obscur, comme il les apprécie, il termine l’ouvrage tant bien quel mal, il est dépressif.

De Londres, il suit les événements de l’Autriche  ce qu’il appréhende depuis plusieurs années arrive en 1938. Hitler a passé la frontière de l’Autriche et proclame l’annexion. Si bien que Zweig se voit déposséder de sa nationalité   autrichienne et devient réfugié politique, il demande son certificat de naturalisation, il a quitté Friderike et a épousé Lotte.

Eté 1940, il quitte Londres juste avant que la ville soit bombardée par les allemand. L’écrivain est de plus en plus désespéré. Avant son départ il laisse un roman «  la pitié dangereuse » paru en 1939. Il abandonne des notes des manuscrits inachevés.

Première escale New York, il attire les  hostilités étant allemand. Il part pour le Brésil, en compagnie de Lotte dont la santé est fragile, il s’installe à Rio,  il va en Argentine Uruguay pour faire des conférences. Il revient à New York en 1941, et rencontre Friderike qui a émigré aux Etats-Unis et revoit ses amis expatriés comme lui.

De retour au Brésil, il se met au travail et entreprend de rédiger ses mémoires (elles seront publiées après sa mort », dans cette œuvre c’est un hymne à la culture européenne qui pour lui était perdue, il revient sur les étapes de sa vie. Il déménage à Petrópolis, ou le 28 novembre il fêtera son 60 eme anniversaire.

 Les Etats-Unis sont entrés en guerre Zweig perd de plus en plus espoir. Il continu son œuvre, et écrit « les joueurs d’échecs »dans ce roman il met en scène un exilé autrichien que les méthodes d’enfermement et d’interrogation pratiquées par les nazis avaient poussé au bord de la folie.

Février c’est le carnaval en pleine fête il apprend la défaite des Britanniques en Indonésie. Il est détruit par cette guerre, il ne supporte plus Lotte et ses crises d’asthmes, hanté également par la vieillesse qui approche. Il décide de ne plus assister à l’agonie du monde. Il va rendre visite à l’écrivain Georges Bernanos qui est à Barbacenas dans le Minas Gérais qui tente de lui faire reprendre espoir.

Février 1942, après avoir laissé un mot en précisant qu’il laisse  son chien a ses amis, ayant mis de l’ordre dans ses affaires et ayant fait ses adieux. Il met fin à ses jours en avalant des barbituriques, Lotte refuse de le suivre elle veut partir, puis elle le suit ….

 

 

La pièce est Adaptée du best-seller de Laurent Seksik

Au levé de rideau, un appartement épuré,  le couple défait ses malles, ils viennent d’arriver à Petrópolis, nous sommes en aout 1941, ce sont les six derniers mois de la vie de  l’écrivain.

Il a quitté l’Autriche en 1934, il a  beaucoup voyagé, Paris, Londres, New-York et le Brésil…….

Il essai de continuer son œuvre, il écrit les joueurs d’échecs pendant cet exil. Il reçoit quelques amis, mais ils ne l’aide pas à surmonter cette dépression.

Son destin s’est achevé lorsque l’on a brulé ses livres.

Alors qu’il avait tout, le succès, la vision du monde, c’est l’homme le plus en vue du siècle, qu’il a incarné.

Lotte est amoureuse, elle est fragilisée par les crises d’asthmes, elle n’est pas bien dans son corps, elle est insatisfaite et malheureuse. Elle se rend compte que Stefan  n’a pas oublié Friderike, il fait toujours allusion à  sa première épouse, d’ailleurs il reçoit toujours du courrier, elle compte encore beaucoup pour lui.

 Il ne  donne pas assez d’amour à Lotte, pour elle c’est son grand amour. Elle se réjouit , bientôt le carnaval, elle achète une robe pour cet événement, alors que lui n’éprouve pas vraiment le besoin d’y assister…………

Zweig est lassé, il ne sort de cette dépression.

Février 1942, toujours en exil à Petrópolis,  il décide de se suicider  , Lotte ne veut pas le suivre, puis revient mourir avec lui.

 

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Cette pièce est bouleversante, magnifique.

Elsa Zylberstein, rayonnante, incarne la jeune femme pleine d’énergie, elle est passionnée, amoureuse, elle attend tout de la vie.

Patrick Timsit, est retenu, sobre dans sa présentation, mélancolique, émouvant.

Belle harmonie du couple pour incarner l’histoire de ce couple de légende

A voir absolument au théâtre Antoine à Paris jusqu’au 31 décembre 2012

 

 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 11:16

 

"Le boeuf sur le toit" Cabaret parisien inauguré en 1922, fondé par Louis Moysés, au 28 rue Boissy d’Anglas, 8 eme arrondissement de Paris ; lieu privilégié de Jean Cocteau et du tout Paris de l’entre deux guerres.

Dès le début de l’ouverture le cabaret eu une grande réussite, Jean Moysés amena avec lui le pianiste Jean Wiener, le soir de l’ouverture l'artiste interpréta Gershwin, accompagné au tambour par Jean Cocteau et Darius Milhaud. A cette soirée on y rencontra Picasso, Diaghilev, René Clair, Maurice Chevalier, selon l’écrivain Maurice Sachs. 

 

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Tous les artistes venaient au "Bœuf sur le toit", endroit consacré uniquement à la musique, Jean Wiener y venait  très souvent, il y interpréta Bach, Clément Doucet, Col Porter et bien d’autres… De nombreux musiciens y sont venus Stravinsky, Poulenc, Catherine Sauvage,  Satie. C’était l’épicentre de Paris pendant les années folles.


 Dessin de Raoul Dufy, ci-dessous.

le boeuf dessin dufy

 

Darius Milhaud (1892-1974), a étudié au conservatoire de Paris jusqu’en 1915, il y a fait de multiples rencontres musicales et littéraires, tel qu’Honegger, Georges Auric, Léo Latil, Francis Jammes et Paul Claudel en 1912, il mettra ses textes en musique, Sa rencontre avec Gide aura une influence importante. Etant réformé, il compose des musiques pour Orestie d’Eschyle, traduit par Claudel, il y a une grande complicité entre les deux hommes. Claudel est nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro, il propose à Milhaud d’être son secrétaire, il accepte. Son rentrera du Brésil  en 1919.

Enthousiasmé par les musiques sud américaines, il  les insèrent dans les ballets tel que : "le bœuf sur le toit" , "l’homme et son désir",  et "la suite de danses saudades do Brasil".  Il fut impressionné par une musique folklorique O boino Telhado, mélodie qu’il proposa à Jean Cocteau, le principal animateur du groupe des six, (groupe  formé à Montmartre, avec Darius Milhaud, Arthur Honegger, Louis Durey, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre, Georges Auric, ).

 

boeuf groupe 6

 

Cette œuvre prolongea le ballet Parade, le ballet devient ainsi "le bœuf sur le toit", traduction de la chanson brésilienne.

 

boeuf- partition de milhaud

 

A partir de 1921, Darius Milhaud avec Georges Auric et  Arthur Rubinstein proposa une version à 6 mains à "la Gaya", bar situé dans le XVII eme appartenant à Louis Moysés, Cocteau et son cercle le rendit célèbre, ce bar fut transféré dans le  8 eme arrondissement et appelé "le bœuf sur le toit". Au fil du temps l’établissement est devenu une icône culturelle.

(La Gaya ci-dessous)

boeuf image du gaya

 

Milhaud était très présent dans l’établissement, il puisait son inspiration dans la rue, il réunissait ainsi tout public , aussi bien des compositeurs classiques que des chanteurs populaires, on retrouvait Ravel Stravinsky, Satie, Mistinguett, Maurice Chevalier, mais aussi des écrivains Simenon, Gide et bien sût Cocteau, les américains Man Ray, Charlie Chaplin, et Diaghilev.


Jean Wiener, (1896-1982), grand pianiste, il jouait à quatre mains avec Gabriel Fauré, il voulait faire connaître au public parisien la musique afro-américaine ainsi que  les musiques de Darius Milhaud, Poulenc, Stravinsky, de Falla. Il donna de nombreux concerts dans les salles parisiennes. Il créa de nombreuses musiques de film.

Clément Doucet, pianiste belge (1895-1950). Pianiste classique, il s’initia au jazz aux Etats-Unis, avant de former un duo célèbre  avec Jean Wiener entre deux-guerres.

Alexandre Tharaud, étudie le piano dès l’âge de 5 ans, au conservatoire du XIV eme arrondissement, son professeur, Madame Carmen Taccon-Devenat (élève de Marguerite Long). A 14 ans, il  entre au conservatoire de Paris, il remporte un premier prix de piano dans la classe de Madame Germaine Mounier, il a 17 ans . En 1987, il est lauréat du concours international Maria Canals à Barcelone, l’année suivante, du concours Citta di Sénigallia en Italie. 1989, il reçoit le deuxième prix au concours international de Munich. Sa carrière se développe en Europe, Etats-Unis, Japon. 2012, il est nommé soliste instrumental de l’année aux victoires de la musique.  


Une journée a été consacrée à ce lieu mythique des années folles " Le bœuf sur le toit " Alexandre Tharaud a donné (4 concerts) accompagné par Frank Braley, l’orchestre national d’ile de France.

Ils ont interprété des œuvres de Darius Milhaud, Jean Wiener et Clément Doucet, Gershwin et autres artistes, et ainsi à fait   revivre les grands moments du  célèbre cabaret.

 Les concerts :

Œuvres pour piano à quatre mains (arrangement de Jean Wiener et Clément Doucet).

Les interprètes Alexandre Tharaud et Franck Braley

Ils ont interprété, La belle excentrique d’Erik Satie, une sonate de Poulenc, Le bœuf sur le toit de Darius Milhaud, Trois préludes de Gershwin, Blue river d’Alfred Bryan, Covanquihno de Giuseppe Milano, A little slow fox with Mary d’Emmerich Kalman, Why do/love you  de George Gershwin .

 

Au temps du bœuf sur le toit, autre concert donné par  Alexandre Tharaud , il a interprété :

Yes, sir that’s my body de Walter Donaldson, Haarlem de Jean Wiéner, Dolce dance de Nacio Herb Brown, Je te veux d’Erik Satie, Saint-Louis Blues de William Christopher Hardy, Hungaria de Clément Doucet, Do it again de George Gershwin, Collegiate de Moe Jaffe et Nat Bonx, Georgian’s blues de Jean Wiener, un tango dans tes bras de Joé Jekyll, Tango des Fratellini de Darius Milhaud, Five o’clock de Maurice Ravel, Blues de Jean Wiener, Tea for two de Vincent Youmans, Clement’s charleston de Jean Wiéner, The man i love de Gorge Gershwin, Chopinata de Clément Doucet.


Autre concert avec l’orchestre national de France, Alexandre Tharaud et Frank Braley :

La création du monde et le bœuf sur le toit de Darius Milhaud, Concerto franco-américain de Jean Wiéner avec Alexandre Tharaud et Frank Braley, Rhapsody in blue de George Gershwin, Alexandre Tharaud


Concert saladepour terminer cette journée :

Œuvres de Jean Wiéner, Francis Poulenc, Darius Milhaud. Textes de Jean Cocteau, Maurice Sachs.

Chansons du répertoire d’Yvonne George, Drahem et Maurice Chevalier.

Interprètes Alexandre Tharaud, le comédien Gilles Privat, au banjo et percussions David Chevallier, chant Elise Caron, Jean Descluse.


De très grands moments de musique autour de ce lieu mythique.

Une belle complicité entre deux artistes de grands talents, Alexandre Tharaud et Frank Braley. Magnifique journée.

Un cd d’Alexandre Tharaud « le bœuf sur le toit » Swinging Paris.


boeuf cd alexandre

 

 

 

 

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 13:53

 

Le Havre :

La ville fut créée par ordre royal de François 1er en 1517,  les plans sont confiés au vice-amiral  Guyon Leroy. L’entrée de la ville est défendue par la grosse tour. Les premiers navires arrivent en 1518.  Le roi y vient en 1520 et donne ses propres armoiries constituées  d’une salamandre à la ville. Le Havre devient un des points de rassemblement de la flotte française pendant les guerres. Des navires en partent pour aller pêcher la morue à Terre-Neuve. Le nouveau monde attire les aventuriers certains partent du Havre, tel que Nicolas-Durand de Villegagnon, militaire et explorateur français, fondateur de la colonie française au Brésil Fort Coligny en 1555.

Fin XVI eme la contrebande prend son essor et le Havre voit arriver des produits venant  d’Amérique tel que le cuir, le sucre et le tabac. Un des principaux acteurs de ce trafic  est l’explorateur et cartographe Guillaume le Testu.

1525 une tempête provoque la mort de nombreuses personnes, des bateaux de pêches sont détruis ainsi que la chapelle Notre-Dame. En 1536 elle est reconstruite, François 1er confit un projet d’urbanisme et de fortifications à l’architecte italien Girolamo Bellarmato. La première école et la halle aux grains sont érigées. En 1550, l’amirauté et l’hôtel de ville font leur apparition ainsi que l’hôpital, le siège de la vicomté et le baillage.

Le Havre est touché par les guerres de religions en 1562, les réformés prennent la ville et les  églises sont pillées, les catholiques sont expulsés. Redoutant une contre attaque des armées royales, ils se tournent vers les anglais, qui leurs envoient des troupes.

 Les occupants construisent des fortifications en vertu du traité d’Hampton Court (traité signé le 20 septembre 1562, entre les protestants français et Elisabeth 1ere reine d’Angleterre). Les troupes de Charles IX, commandées  par le connétable de Montmorency, attaquent le Havre et les anglais sont chassés en 1563.

1581, début d’aménagement d’un canal  entre Harfleur et l’estuaire de la Seine.

Au XVII et XVIII eme siècle, la fonction de défense du Havre est réaffirmée et la modernisation du port débute au XVI eme siècle sur l’ordre du cardinal Richelieu gouverneur de la ville.

C’est au XVII eme siècle que le Havre affirme sa vocation maritime et internationale. La Compagnie de l’Orient s’y installe dès 1643, on y importe des produits venant d’Amérique tel que le tabac, coton, sucre, café, diverses épices. Le commerce maritime est soumis aux  relations internationales et au contexte européen. Mais les guerres de Louis XIV et Louis XV interrompent momentanément l’essor du Havre. Les Anglo-hollandais bombardent la ville à plusieurs reprises en  1694 et 1696.

Au XVIII eme siècle, en 1707, le capitaine havrais, Michel Dubocage, explore l’océan Pacifique, à bord de " la Découverte", il atteint l’ile de Clipperton, ayant fait fortune, à son retour au Havre il monte une maison de négoce et achète un hôtel particulier. Un autre capitaine havrais, Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette, devient capitaine de vaisseau de la Compagnie des Indes, il a cartographié les côtes de l‘Inde et de la Chine. Il a également publié sous le titre de "Neptune Oriental", des cartes de ces parages qui eurent une renommée internationale. De riches négociants se font construire des résidences le long de la côte. Louis XV y vint avec Madame de Pompadour qui voulait voir la mer. L’essor économique de la ville  se traduit par l’accroissement de la population, mais aussi par de nombreuses transformations du port et de la ville, une manufacture de tabac y fut installée, expansion des chantiers navals, nouvel arsenal, bourse du commerce. En 1786, Louis XVI approuve le projet d’extension de la ville et c’est François  Laurent Lamandé qu’il choisit pour multiplier par quatre la surface de la ville.

Entre 1789 et 1793, le port du Havre est le second de France, après Nantes. Les événements nationaux de la  Révolution Française trouvent un écho au Havre.

Napoléon 1er y vient, et ordonne la construction de forts. Une chambre de commerce est fondée en 1800.

La prospérité arrive au XIX eme siècle. La ville et le port se transforment, les travaux sont financés par l’état, l’éclairage au gaz y est installé en 1835.

De 1850 à 1914 constitue l’âge d’or du Havre, le commerce explose et la ville s’embellie de constructions : nouvelle bourse, hôtel de ville, boulevards, palais de justice. Les effets de la révolution industrielle se font sentir de plus en plus dans la ville, la première drague à vapeur est en service en 1831, les chantiers de constructions navales se développent, c’est aussi la construction des docks, des magasins généraux,  les usines sont en relation avec le trafic portuaire, le secteur bancaire se développe, le chemin de fer arrive en 1847 c’est l’afflux des touristes venant découvrir les bains de mer, ce qui pousse la ville à développer une vie culturelle pour satisfaire les attentes d’un public nouveau. Le musée est créé en 1845, peu de temps  après qu’une société des amis des arts se soit constituée. Les expositions se multiplient. Des artistes de la nouvelle peinture y sont accueillis, des amateurs d’art comment à réunir de vraies collections.


L’exposition :

La modernité du port du Havre présente deux visages : côté plage et côté ville,  la lumière y est si particulière, côté port, c’est une métropole industrielle active.

Cette ville paysage offre aux artistes une matière variée et constructive, un terrain propice à l’épanouissement des sensibilités nouvelles à partir de 1850, facile depuis la capitale elle attire les photographes et artistes.

Photographie :

C’est au Havre que les photographes expérimentent de nouveaux procédés, une décennie après la création de cette technique photographique (1899).La captation du mouvement constitue le véritable défi de cet art cantonné depuis ses débuts à l’atelier. La course des bateaux, le ressac  des vagues, la variation des effets atmosphériques constituent désormais de nouveaux sujets. Les frères Macaire, grâce à une amélioration technique du daguerréotype (positif unique sur plaque de cuivre, image inversée), réunissent à saisir l’élan des bateaux quittant le port en 1851.

Gustave Le Gray en 1856-57 photographie l’avant port et le musée sur les quais, mais c’est surtout face à l’océan qu’il exécute ses premières grandes photos de paysages marins, dont la qualité surprend le monde entier. Il met  ici au point un procédé particulier lui permettant, grâce à un développement réalisé à partir de deux négatifs (l’un pour le ciel, l’aitre pour la mer), cela permet de rendre la puissance du paysage sans sacrifier la subtilité des cieux.

Quelques photographies  :

" Bateau quittant le port du Havre " 1856-57 de Gustave Le Gray

 

le havre photo de gustave le gay

 

"  La tour de François 1er au Havre " de Warnod et Caccia 1861  

" Musée et ville du Havre " de Gustave Le Gray

" La reine Hortense, yacht de l’empereur au Havre " 1856-57

 

le havre gray le reine hortense

 

" Navire quittant le Havre" de Warnod en 1861

" Deux voiliers sortant du port du Havre " Warnod 1861

" Navire quittant le port du Havre " les frères Macaire 1854


Les peintres :


Eugène Boudin (1824 Honfleur-1898 Deauville),  jeune employé dans une papeterie, est en contact avec les artistes de passage tel que Millet, Courbet, Troyon, Gudin,  Isabey. Il trouve des sujets à nourrir son imagination dans la région, que ce soit au Havre ou à Honfleur, dans la campagne ou sur la côte normande.  Soutenu par la municipalité et des collectionneurs locaux, il reçoit une bourse en 1851 afin d’aller étudier à Paris. L’artiste reste fidèle à la région, même lorsque son succès est assuré, il peint jusqu’à la fin de sa vie, les ports, les paysages du Havre, Deauville, Trouville, Honfleur. C’est lui qui va entrainer Claude Monet à peindre sur le motif. La jetée et la baie qu’il peint depuis la maison de sa tante à Sainte-Adresse ont la préférence de Monet dans les années 1860. Monet part faire un séjour à Londres en 1871, c’est à son retour que le port retient son attention. L’intense activité des quais et bassins lui inspire une série de toiles, dont l’impression du soleil levant, qui fut présentée à la première exposition des impressionnistes en 1874.

Les tableaux :


"L’hôtel de ville et la tour François 1er " Eugène Boudin 1852

"Le basin du commerce au Havre " Eugène Boudin 1878

" Le bassin du commerce, la Havre " Claude Monet 1874

" Le vieux port du Havre" Claude Monet 1874.

 

le havre- monet le vieux port

 

La collection Senn

A la fin du siècle, parmi la nouvelle génération de collectionneurs et visionnaires,  cinq d’entre eux se distinguent dont Olivier Senn (1864-1959), Charles-Auguste Marande (1858-1936), Georges Dusseuil (1898-1926), Pieter Van Der velde (1898-1922), Franz Edouard Lüthy (1847-1919)  .

Olivier Senn, est né au Havre, c’est le plus jeune collectionneur, issu d’une famille protestante suisse installée au Havre dès 1860, il intègre, en épousant la fille d’Ernest Siegfried, une vraie dynastie implantée localement et spécialisée dans l’importation du coton, Siegfried est féru d’art. Olivier Senn est avocat, il n’exerce que deux ans avant de rejoindre la compagnie cotonnière en 1895 qu’il dirige aux cotés de son beau-père et Charles-Auguste Marande (1858-1936) autre collectionneur. Olivier Senn entre dans les réseaux de sociabilité havrais, il adhère à la société des amis des arts (1896), et devient l’un des fondateurs du Cercle de l’art moderne en 1906, période ou il commence à acheter des œuvres. La collection qu’il a constituée au début du XX eme siècle s’est enrichie dans les années 30, elle a été donnée par sa petite fille, au musée d’art moderne au Havre.

Certaines de ses premières acquisitions remontent à mai 1900, avec deux toiles de Pissarro, un nu de Renoir, deux Maufra et un Espagnat tous acquis à Drouot. Les années suivantes , la collection s’enrichie d’œuvres des précurseurs de l’impressionnistes avec Courbet, Delacroix, Corot, ensuite ce sont les œuvres impressionnistes avec Jongkind, Boudin, Monet, Sisley, Guillaumin, les post-impressionnistes tel que Cross, les nabis Vallotton et Sérusier , les fauves tel que Marquet……..Olivier Senn est un grand amateur de dessins, il constitue également une magnifique collection :  des œuvres de jeunesse de Degas, des dessins néo-impressionnistes de Cross, des aquarelles de Boudin, des pastels de Guillaumin ou des lavis de Marquet.


Quelques  tableaux  de cette collection :


" Quai à Honfleur " de Jongkind en 1866

 

le havre jonkind le quai à Honfleur

 

"Ciel, 4 heures, levant"  d’Eugène Boudin, vers 1848-53

" Barques et estacade à Trouville" d’Eugène Boudin

 

le havre boudin l'estacade

 

" Les bords de la mer  à Palavas" Courbet 1854

 

le havre la plage à palavas courbet

 

" Paysage à Champrosay " Eugène Delacroix 1849

" La seine vue du Panthéon " Stanislas Lépine 1884-88

" Dunkerque, remparts et porte d’entrée du port "Corot 1873

" Paysage de neige à Crozant " Guillaumin 1895

" Baie de Salerne " Renoir 1881

" Un carrefour à l’Hermitage à Pontoise " Pissarro  1876

"Quai du Pothuis, bords de l’Oise" Pissarro 1882

" Pins maritimes, crique à Bruse" Guillaumin 1911

" La plage de la vignasse " Henri-Edmond Cross 1891-92

 

le havre cross la plage de la vignasse-copie-1

 

" Intérieur à Sidi Bousaid " Marquet 1925

 

le havre sidi bousaid

 

" Le vieil arbre " Derain 1904

" Bougival " Derain 1904

" Le berger Corydon " Sérusier 1913

"  Le rayon " Félix Vallotton 1909

" La valse " Félix Vallotton 1893

 

le havre la valse vallotton

 

" La route romaine à Cagnes"  Félix Vallotton 1926

"Port à la romaine à Cagnes " Félix Vallotton 1925

 

Le cercle de l’art moderne :

Les collectionneurs du Havre entretiennent des liens privilégiés   avec les artistes (Boudin, Monet, Pissarro, Marquet), les conviant parfois à découvrir leur ville. Par exemple, Camille Pissarro est le premier à accepter l’invitation, il s’installe en juin 1903 à l’hôtel Continental situé à l’entrée du port. Inspiré par le lieu, l’artiste réalise 24 toiles sur le motif. Son passage marque l’histoire des collections locales, deux de ses peintures sont immédiatement acquises par le musée de la ville tandis que 4 autres viennent enrichir les collections de Dussueil et Van Der Velde.

Trois ans plus tard, ces cinq collectionneurs, Senn, Marande, Dussueil, Van Der Velde et Lüthy s’unissent à Braque, Dufy et Friesz pour fonder une association nommée " le cercle de l’art moderne ", le but, répandre le goût des beaux-arts.  Une salle prestigieuse est  mise à leur disposition, ainsi  l’association à la possibilité de proposer des expositions, concerts, conférences consacrées à l’art moderne. Favorisant le dialogue entre les arts, le Cercle est parrainé par Claude Debussy, Guillaume Apollinaire et Frantz Jourdain , l’ ambition  du Cercle, hisser la vie culturelle havraise au niveau des manifestations parisiennes les plus en vogue tel que le salon des Indépendants  et le salon d’Automne.

 Mai 1906, ouverture de la première exposition collective du " Cercle de l’art moderne ", Marquet et Dufy se retrouvent au Havre. Ils peignent côte à côte les rues pavoisées pour la fête nationale. Les stridences colorées de la palette fauve s’expriment sur les cimaises du cercle ainsi que dans les rues animées de la ville. Friensz part à Anvers avec Braque, ils expérimentent ensemble l’emploi de la couleur pure et réalisent leurs premières toiles fauves. Dès leur retour au Havre, Friesz expose une trentaine de ses vues d’Anvers, sous le patronage du Cercle de l’art moderne.


Quelques tableaux :


" L’anse des pilotes et le brise-lame, le Havre l’après-midi, temps ensoleillé " Pissarro 1903

" L’anse des pilotes et le brise-lame, le Havre le matin, temps ensoleillé " Pissarro 1903

" Le yacht », pavoise au Havre " Dufy 1904

 

le havre leyacht dufy

 

" 14 juillet au Havre " Marquet 1906

" La rue pavoisée " Dufy 1916

 

le havre la rue pavoisée dufy

 

" Le port d’Anvers " Friesz 1906

" Le port d’Anvers " Braque 1906

" Le bassin du Roy au Havre " Marquet 1906

" Le port du Havre "Dufy 1906

" Les régates "Dufy 1907

 

La qualité des expositions du Cercle ne faibliront pas, pendant 4 années. Mais la concurrence internationale, l’éloignement des trois artistes peintres, les fondateurs du Cercle, ayant prient des chemins différents et les dissensions au sein du groupe conduiront à la dissolution du Cercle en 1910.

Le cercle de l’art moderne reste exceptionnel par sa décentralisation de la scène artistique en France. Porté par des acteurs convaincus de la nécessité de défendre la modernité, il attachera au Havre et au territoire qui l’ont vu naitre son image d’avant-garde.


Une émulation stimulante entre collectionneurs.

Dans ce cercle où tout le monde se connaît et partage les mêmes intérêts, faire une collection dépasse souvent le cadre privé pour devenir une pratique sociale. Ils fréquentent ensemble les galeries et les salles de ventes parisiennes.

Une aquarelle présentée à l’exposition , de Robert Frémond  " les collectionneurs havrais dans une galerie " il s’agit d’ Olivier Senn, Charles-Auguste Marande et Pieter Van Der Velde dans une galerie de peinture illustre parfaitement ce moment social partagé par les collectionneurs.

 

le havre- fremond-copie-1

 

La plupart des collections s’effectuent auprès des grands marchands tels que Durand Ruel, Berthe Weill, Eugène Druet, les frères Bernheim, Ambroise Vollard et bien d’autres ou directement auprès des artistes. Appartenant à la seconde génération des collectionneurs, ils acquièrent aussi les œuvres dans des ventes aux enchères des grandes collections de la première génération, un exemple avec la vente Tavernier en 1900, Blanc en 1906, Rouart en 1912.

Dès 1880, Georges Dussueil et Pieter Van Der Velde constituent d’importantes collections, pour les autres collectionneurs ce sera plus tard. Ils ont un intérêt partagé pour les impressionnistes et achètent les œuvres aux mêmes artistes. Boudin à la faveur de tous, Van Der Velde acquiert 37  toiles de l’artiste. Senn, Marande achètent des Renoir, des Pissarro, ils aiment les paysages verdoyants, tandis que, Dussueil et Van Der Velde ont une préférence aux sites portuaires de Rouen, Dieppe, Le Havre. Chaque collectionneur se distingue par une sensibilité particulière pour un courant artistique.

Senn est intéressé par les néo-impressionnistes surtout par Cross  (il acquiert un important ensemble de dessins et peintures)

Van Der Velde collectionne les œuvres de Van Dongen

Les intérieurs intimes des nabis Bonnard et Vuillard rentrent dans les collections de Senn et Dussueil

Tous adhérents au fauvisme tempéré de Marquet.

Ils font même entrer en 1906 deux œuvres de Matisse peintes à Collioure. Ils deviennent ainsi les premiers collectionneurs de Matisse au même titre que les Stein.


A l' exposition :

" Le port de Marseille" de Camoin 1904. Collection Marande

" Le port de Marseille, et notre Dame de la Garde " Camoin 1904. Collection Lüthy

" Port de Marseille " Camoin 1906. Collection Lüthy

"  Le port de la Ponche, à Saint-Tropez " Marquet 1904 Collection Marande

"  Madame Vuillard, cousant près de la fenêtre " Vuillard 1899. Collection Dussueil

" Enfant lisant "Vuillard 1906. Collection Senn

" La salle à manger, rue Truffaut, intérieur à deux chaises " Vuillard 1908. Collection Dussueil

" Intérieur au balcon "Bonnard 1919. Collection Senn

" Au coin de la fenêtre " Vuillard 1915. Collection Marande

" Le haut de forme, intérieur " Vallotton 1887. Collection Senn

" Le port de Collioure " Marquet 1914. Collection Senn

" La baie de Naples, le matin " Marquet 1908. Collection Dussueil

"  Les grands chênes lièges, villa Demière " Manguin 1905. Œuvre exposée au cercle d’art moderne en 1907

" Vue d’Agay, rochers rouges "Guillaumin 1905 Collection Marande

" Les arbres à Avignon " André Lothe 1910-11 Collection Marande

"Versailles, jardin du petit Trianon " Vers 1907 de Camoin. Collection Van Der Velde

" Quai des grands Augustins " 1905-06 Marquet. Collection Senn

" Notre-Dame " Marquet 1906. Collection Lüthy

" Quai de la Seine " 1905-06 Marquet. Collection Marande

" Les toits rouges " Marquet 1902-04 . Collection Senn

" Balcon, avenue de Versailles" Marquet 1904. Collection Dussueil

" La plage de Trouville, vue de Deauville " 1869 Boudin. Collection Van Der Velde

" Le loing à Saint-Mammés " Sisley 1885. Collection Senn

" Plage de Villerville " 1893 Eugène Boudin. Collection Van Der Velde

 

le havre la plage à villerville boudin

 

" La Seine au point du jour " 1877 Sisley Collection Van Der Velde

" Pommiers et peupliers au soleil couchant " 1901 Camille Pissarro. Collection Van Der Velde

 

le havre pommier pissarro

 

" Soleil levant à Eragny " 1898 Pissarro. Collection Senn

"  La seine à Vetheuil " Monet 1878 Collection Senn

" Soleil d’hiver à Lavancourt " 1879-80 Monet. Collection Marande

" Le parlement, effet de brouillard " 1903 Monet.

" L’excursionniste " 1888, Renoir. Collection Marande

" Portrait de Nini Lopez " 1876 Renoir, Collection Senn

 

le havre-nini lopez

 

 

Dans l’intimité des collections :

Les collectionneurs havrais affirment un goût  pour les œuvres fortes. Ils achètent tous des nus féminins, somptueux généralement. Ces œuvres sont souvent éloignées des lieux de réceptions, elles sont accrochées dans des espaces plus privés tel que le petit fumoir ou bien le bureau. Camoin et Marquet se consacrent au nu dès 1904-05.

Lüthy choisit "  la blonde au miroir " de Camoin à l’exposition

Van Der Velde achète   "la saltimbanque au repos" de Camoin, elle vient de faire scandale au salon des Indépendants de 1905

Olivier Senn vers 1933, achète" La femme blonde" datée de 1918-19 d’Albert Marquet, tableau offert au musée du Luxembourg en 1939

Van Der Velde et Marande  admirateurs des portraits féminins de Van Dongen,

 Marande achète "la parisienne de Montmartre", 1907-08, elle choque par  ses couleurs puissantes.

 

le havre la parisienne van dongen

 

Van Der Velde acquiert "une jeune femme chapeauté de bleu" de Van Dongen

" La belle Florence " 1906  Vallotton, œuvre exposée au Cercle en 1909

" Jeune femme au corsage noir " Modigliani en 1916.

le havre modigliani

 

Exposition à ne pas manquer, La Normandie : le Havre, Deauville, Trouville, Honfleur,  la luminosité y est particulière, c’est la magie de l’eau, de l’air. C’est aussi le moyen de venir peindre sur le motif pour les impressionnistes…………..  Au musée du Luxembourg jusqu’au 6 janvier 2013

 


 

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 16:19

La direction des  costumes regroupe 153 personnes, sur trois sites : opéra Bastille, Garnier et les ateliers Berthier. Ils sont répartis en sept services. 

Le service couture :

Au Palais Garnier, le service couture assure la création des costumes chorégraphiques (essayages et lieux de répétitions), le costume doit être ajusté sur l’artiste.

A l’opéra Bastille,  création des  costumes pour le lyrique pour les mêmes raisons.

Chaque service possède un atelier flou qui réalise les costumes féminins et un autre qui réalise les costumes masculins.

Le chef d’atelier, en collaboration avec ses seconds, est responsable de la gestion et de la répartition du travail ainsi que la réalisation du costume d’après les maquettes du créateur. Les patrons, toiles et prototypes sont élaborés : les proportions et le volume des costumes  sont adaptés aux mensurations des artistes. Le tombé est recherché grâce a l’association des matières, afin d’obtenir la fluidité ou la raideur souhaitée. La composition du costume est primordiale pour obtenir à la fois l’aspect désiré tout en assurant aux artistes une aisance optimale. Les costumes sont ensuite coupés, assemblés, essayés, puis modifiés, réessayés et finalisés à la table par les costumiers et tailleurs. Les ateliers sont amenés à concevoir des costumes de toutes les époques (historiques, contemporains, futuristes)

Ces  artisans maitrisent  l’ensemble des techniques classiques de la haute couture ainsi que celles des techniques du costume de scène.

Les ateliers de décorations sur costumes,  s’occupent de tout ce qui n’est pas du ressort de la couture, ils assurent les interventions sur la matière première : teinture, peinture, sérigraphie, fausse broderie, vieillissement et patine de vêtements finis. La fabrication des armures, casques, couronnes, diadèmes, ailes, masques, têtes d’animaux ainsi que les bijoux. La réalisation de ces techniques  nécessite des talents créatifs, artistiques, artisanaux diversifiés, ainsi qu’une grande flexibilité et ingéniosité. Ils sont en permanence avec les créateurs des costumes, pour trouver les nuances d’une gamme colorée, établir des volumes aux justes proportions, ornementer un costume, ce sont des étapes nécessaires pour finaliser les projets  dans les moindres détails.

La réalisation des chapeaux, casquettes, bonnets, turbans, couronnes de fleurs, coiffes, fleurs, plume et voiles incombe aux ateliers de mode. Les modistes utilisent de nombreuses matières premières telles que feutre, paille, crin, tulle, sparterie, code de piano, qui nécessitent la maitrise de techniques variées. Elles doivent trouver des solutions appropriées pour adapter la demande des créateurs aux exigences phoniques des chanteurs, concilier la légèreté et solidité des fixations nécessaires aux mouvements des danseurs. La mise en volume, l’ajustement, les finitions et décorations requièrent une grande sensibilité artistique.

L’atelier maille, est situé au Palais Garnier, lieu réservé à la danse, on y  fabrique les académiques, collants de spectacle, tuniques, corsages élastiques ; sous-vêtements sur mesure, genouillères. L’atelier est équipé de machines spécifiques pour la confection de matières  élastiques. Les spécialistes de la maille ont une longue expérience du patronage appliqué aux exigences du mouvement et adapté à la morphologie de chaque danseur, surtout  lorsqu’il s’agit de costumes contemporains très épurés.  

L’atelier cordonnerie, dépend du service couture de l’opéra Bastille, la mission principale est la recherche  de chaussures, escarpins, bottes, bottines, godillot, historiques, chaussures laquées, qui sont souvent utilisées, mais il faut toujours en acheter, louer ou en faire fabriquer. Ensuite il faut adapter les chaussures aux contraintes du spectacle, la nature du plateau (sol glissant, grilles, réduction du bruit), l’artiste doit être confortable car il doit rester debout longtemps (formes du talon etc….) ensuite vient la finition artistique (peinture, patine, décoration). Cet atelier de cordonnerie est aussi responsable des ceintures, ceinturons, baudriers. Les danseurs s’occupent eux-mêmes de leurs chaussons.

Chaque opéra possède sa tissuthèque, elles servent de centrales de catalogues et échantillons. Les responsables ont des tâches variées, aller chercher de nouveaux fournisseurs, faire la mise à jour des échantillons et la liste des prix, en passant par l’aménagement et la gestion des stocks de tissus et des articles de mercerie. Une fois les costumes et accessoires mis au point, ce sont les services habillement qui en prennent possession. La responsable habillement établit une conduite en fonction du découpage de l’œuvre qui s’enrichit au cours des répétitions avant d’être finaliser avec inventaire des costumes. Elle sait quand et où intervient un changement de costume (en loge ou sur plateau), ainsi que le temps et le nombre d’intervenants nécessaires pour l’effectuer. Le nombre d’habilleuses est déterminé en fonction du découpage de l’œuvre, de la configuration, de la scénographie et de la répartition des loges. Chacun reçoit une conduite spécifique selon le poste auquel il est affecté ; il va ainsi procéder à la mise en loges et se familiariser avec  la production et les artistes qu’il accompagne. Ce métier demande rigueur, précision, sens de l’anticipation et réactivité en cas d’imprévus. Il faut aussi accompagner et tranquilliser les artistes.

Les costumes de scène s’usent rapidement, une retoucheuse est en permanence à chaque service habillement, elle doit intervenir avec beaucoup d’habileté si besoin est. Au Palais Garnier il y a une laverie, pratiquement tous les vêtements sont lavés après chaque spectacle  et répétition. A l’opéra Bastille, il y a également une laverie et pressing.

Chaque site possède aussi son service Perruques/maquillage. Ils assurent la fabrication des perruques, tresses, postiches, favoris, moustaches, barbes, faux crânes, effets spéciaux, ainsi que le maquillage de scène nécessaire à la transformation de l’artiste selon le contexte historique de la production. Tous les collaborateurs sont polyvalents et travaillent en alternance en atelier de fabrication et/ou en soirée pour coiffer et maquiller les artistes. Pour fabriquer une perruque on commence par la conception d’une base composée de différents tulles, le tulle le plus fin est utilisé sur la partie du front, ce qui assure un rendu naturel. Cette base est essayée sur l’artiste afin de déterminer les lignes d’implantation. Ensuite, cheveux naturels ou poils de yack sont implantés avec un crochet spécial. Tout l’art consiste à donner aux cheveux la bonne orientation pour pouvoir réaliser la coiffure souhaitée sans obtenir une perruque trop épaisse. Pour confectionner une perruque il faut de 35h à 70 heures de travail. Les barbes, moustaches, favoris sont fabriqués sur le même principe. Une fois les perruques coiffées et essayées, les derniers détails sont finalisés lors des répétitions en scène. Les perruques doivent être recoiffées après chaque représentation.

Le maquillage occupe une place aussi importante que la coiffure, le contraste des traits du visage se perdant avec la distance, il s’avère de rendre un aspect naturel. La diversité du travail est grande, allant du vieillissement à la création d’un caractère particulier (méchant, malade, jeune etc……) , du maquillage historique ou fantaisiste à la réalisation d’effets spéciaux comme les faux nez ; yeux, plaies.

La première robe exposée pour  "Rythme de valse ", ballet de Roland Petit, robe noire et blanche avec une traine. (1994).


opera robe pour reve de valse

 

Pour " L’envol d’Icare ", deux robes courtes plissées l’une bleue avec des motifs noirs et bleus  l’autre orange avec motifs noirs et oranges. (2006) ballet de Thierry Malandain

" Le lac des cygnes" de Noureev, un tutu noir pour le rôle d’Odile : Odette, une cape et un boléro incrusté de pierres.


opera lac

 

De grands panneaux présentent les séances d’essayages, le maquillage des artistes, la coiffure, l’atelier de perruque.

Le costume de la reine des Morphides et d’Iphéas dans " piège de lumière", ballet de John Taras, un collant homme avec des flammes peintes sur un fond beige avec cagoule dans les mêmes tons et un costume pour femme dans les tons de verts et bleus  avec un collier de strass et cagoule.

opera cagoule

 

Un costume de clown de toutes les couleurs  pour "Faust " de Fénelon  (2010)

Robe pour la folie dans "Platée" de Rameau, il s’agit d’une robe longue, faite avec des partitions (1999).

 

opera robe partition

Quelques masques dont l’un pour "Mathis " du peintre Paul Hindemith. Quelques masques d’animaux tel que le rat, l’aigle, un heaume pour le rôle d’Orison.

D’autres grands panneaux montrent l’atelier de chaussures, la fabrication de masques, , l’atelier de modiste et l’atelier de décoration des costumes.

 

Costume de Louba Armie et Gricha pour " la Cerisaie" de Fénelon (2012) Robe grise dentelle  noire recouvrant la robe, un ensemble pantalon de mêmes tons une autre robe dont la jupe est recouverte de dentelle, le corsage  rouge foncé recouvert également d’une dentelle noire.

Costume de "Psyché "ballet d’Alexei Rotmansky les jupes représentent des fleurs et les corsages  des feuilles (2011)

Costumes pour la Bohémienne, dans le ballet " le loup " de Roland Petit, nous avons le costume du loup (une tête de  loup est brodée sur la veste) et du montreur de bêtes.

Quelques marches et nous sommes à l’étage supérieur.

Pour "la dame aux camélias " ballet de John Neumeier, les costumes pour Marguerite et Armand,  la robe de marguerite recouverte de dentelle noire, robe mi-mollets, les épaules dénudées laissent apparaître un collier de strass, pour Armand, smoking noir avec un camélia blanc à la boutonnière. (1978)

"La Traviata " de Verdi, robe pour Violetta, rouge en reps épais, les manches ballons, une broche de fleurs dans les mêmes tons à la boutonnière, la robe est drapée, sur le coté de la jupe des fleurs rappelant celles de la boutonnière, un collier de strass rouge et blanc. (1997)

" Onéguine" ballet de John Cranko costumes  pour un officier et  une robe  blanche des fleurs cousues sur le bas de la jupe et sur les manches ballons ainsi qu’autour du décolleté. 

Dans une vitrine quelques coiffes pour "la flute enchantée" de Mozart une orange avec le disque solaire, une violette et une verte.

Une autre vitrine présente des diadèmes incrustés de perles blanches et pierres pour les ballets : " Variation " de Maurice Béjart, "la Bayadère " de Noureev, " Faust" de Fénelon.

 

opera diademe

 

Exposition de chaussures, pointes, ballerines, des escarpins  du XVIII eme siècle, coiffe avec plume de paons,  une couronne de fleurs blanche probablement pout Giselle.


opra chaussure

 

"La dame du lac "de Rossini, costumes d’Elena de Malcolm Groeme et d’un soldat (costume en côte de maille) la robe longue en tissu broché avec un boléro par dessus. (2010)

Pour "Parsifal " de Wagner une paire de haut de chaussures

"L’envol  d’Icare " ballet de Thierry Malandain présentation d’un body en lycra noir, un autre pour Génus ballet de Mc Grégor.

 

Le costume historique  et les derniers feux du grand opéra 1900-1914

Le grand opéra français jette ses derniers feux en 1908, André Messager et Leimistin Broussan ont un programme de rénovation scénique. car bien des expériences menées sur d’autres scènes mettent en évidence le caractère très conservateur des spectacles de   l’opéra , alors que Worth travaille pour Sarah Bernhardt, et que le directeur de l’opéra comique travaille avec Jacques Doucet. Certains directeurs de théâtres expérimentaux embauchent leurs costumiers parmi les peintres Nabis et travaillent à accroitre la cohérence plastique de la scène. En 1891, Paul Fort demande à Maurice Denis de concevoir les décors et costumes pour Théodat de Rémy Gourmont au théâtre Moderne. Toutefois ce n’est pas  la vraisemblance archéologique qui importe à l’auteur, mais l’harmonie plastique  et colorée de l’ensemble. Depuis 1906, et son exposition sur l’art russe, Serge de Diaghilev revient chaque année à Paris pour proposer des spectacles qui bouleversent tous les codes établis et suscite l’adhésion  de l’intelligencia parisienne. Messager et Bressan ont bien senti les nécessités d’une reforme scénique de l’opéra. Ils engagent de nouveaux  décorateurs (Eugène Simas, Henri Cioccari, Eugène Ronsin), Joseph Porphyre  Pinchon devient le dessinateur de costumes officiel de l’opéra.  Messager et Broussan échouent, ils démissionnent en 1914 Les ballets russes se produisent pour la première fois à l’opéra en 1910. La première de Dejanire de Camille Saint-Saëns est présentée 1911, c’est le costumier Pinchon qui est chargé de la production, il trouve ses sources de certains costumes grecs  vus sur des couvertures de programmes. Ainsi il reprend, pour les danseuses du ballet, un costume dessiné par Léon Bakst.

La fin du costume historique :

Exposition des dessins  de costumes pour la période 1900-1914

" Méphisto" pour Faust en 1908 et costumes de musiciens pour la même œuvre à l’aquarelle, à l’encre et à la gouache, de Joseph Porphyre  Pinchon

 

De Bianchini pour " l’étranger " d’Indy en 1903 costumes de deux ouvrières, et pour  " Les Barbares "de Saint-Saëns 1901 costume de guerrier œuvre à l’aquarelle, crayon et   gouache,

 

Exposition d’un costume  pour Turandot gris et noir incrusté d’or (1908)

 

opera costume turandot

Costume d’une danseuse pour "Dejanire"de Saint-Saëns ,1911 Joseph Porphyre  Pinchon  ainsi que le costume d’Hercule pour la même œuvre crayon, aquarelle, gouache

" Armide " de Gluck 1905, costumes de douze démons dansant appartenant à la suite de la Haine, par Bianchini à l’encre, aquarelle et gouache.

 

opera dessin bianchini

Pour " Armide" 1905, costume du rôle titre (Lucienne Bréval) par Bétout.(Ci-dessous)

     

opera robe pour gluck maquette

 

Costume d’un chevalier pour "Parsifal "de Wagner, 1914, par Joseph Porphyre  Pinchon

 

Ere Jacques Rouché et les costumes de peintres 1914-1945

Théoricien de la modernité théâtrale, directeur du théâtre des arts de 1910 à 1913, il fait donc scène d’avant-garde. Il réforme le théâtre et ouvre sa modernité, il accompli un long et riche mandat à la tête de l’Opéra.  A sa prise de fonction il réforme  l’équipe technique, il remplace les titulaires des postes importants (régisseur général, de la scène, le chef machiniste) et met fin au monopole de quelques décorateurs et supprime le poste de dessinateur de costumes attitré. Désormais, le décorateur  est aussi le costumier afin de garantir une unité plastique du spectacle. Rouché, maintient  un permanent du théâtre en charge des décors et costumes, il s’agit de Maxime Dethomas, il est nommé chef des services artistiques. Cette nouvelle organisation permet à Rouché de faire appel non seulement a des spécialistes du décor et du costume de théâtre mais aussi à des peintres de chevalet, parmi d’anciens collaborateurs des ballets russes, tel que Bakst, Benois, Gontcharova, de Chirico, Léger, Masson, mais aussi Paul Colin décorateur de music-hall et à l’illustrateur Charles Martin. C’est la réforme du costume de danse, tutus et pointes laissent place à de simples académiques peints, comme ceux imaginés par de Chirico pour Bacchus et Ariane en 1931. Mais de splendides habits de cours du XIX eme siècle, tout comme ceux de la compagnie de Diaghilev pour Boris Godounov et la Khovenchina 1923. Rouché demande les décors et costumes de la légende de Saint Christophe à Maurice Denis en 1920, il assure le concours d’André Masson pour la création de Medée en 1940 et Cocteau pour Antigone en 1843.


Jacques Rouché et les costumes de peintres :

Exposition des dessins  de costumes , en voici quelques uns pour la période 1914-1945 :

Un dessin d’Alexandre Benois présente  les costumes des cyclopes pour le "Coq d’or"de Rimski Korsakov, 1927, (crayon, gouache, aquarelle), un autre dessin présente le costume de l’astrologue pour la même œuvre.

Dessin de costume de huit hommes pour "sur la Barysthène ", ballet de Serge Lifar, 1932, (crayon, gouache, aquarelle) par Natalia Gontcharova

Quelques photos de Seeberger, des dessins de Cocteau pour Androgène 1943, des dessins de Leger pour les soldats de Goliath de Lifar en 1917.

Un programme de"l’Après midi d’un faune", des photos de Lifar dans "Fantasia" 1936, un tableau représente un costume pour Harnasie , de  Serge Lifar , 1936, (crayon, fusain et gouache)

Costumes de Bacchus, pour "Bacchus et Ariane ", ballet de Serge Lifar en 1933, dessin de Giorgio de Chirico, (crayon, fusain et gouache)

Dessin de Maxime Dethomas costume de faunes pour le ballet "Sylvia" de Léo Staat, 1929, (aquarelle et pastel)

 

opera toile

 

Paul Colin, costumes  pour le piano et le cor pour le ballet "l’orchestre en liberté " de Serge Lifar en 1931(crayon, gouache)

André Mare,  costume de Conception (Fanny Heldy) pour" l’heure espagnole" de Ravel

Quelques manteaux masculins pour ces ballets sont présentés.

 

opera manteaux homme

 

 Des dessins de Fernand Léger, costume de roi pour " David triomphant "ballet de  Serge Lifar, 1937 (crayon et gouache) , également les costumes des soldats de Goliath, pour la même ouvre

 Cocteau, dessin de soldat pour " Antigone " d’Honegger, 1943, au crayon, costume aussi pour le rôle titre (Eliette Schenneberg).


La réunion des théâtres lyriques nationaux et l’école de Paris 1945-1972

Le théâtre de l’opéra abandonne son  statut  d’entreprise privée. Un établissement public, est créé en 1939 ; il réuni l’opéra Garnier et l’opéra Comique au sein la réunion des théâtres lyriques nationaux.

Rouché, en est le 1er administrateur, il continu de faire appel aux peintres.  Benois, Cocteau Leger, Masson, ils connaissent bien le palais Garnier, mais il y a aussi Valentine Hugo, Léonor Fini, Marc Chagall ,qui, au faîte de sa gloire, dessine décors et costumes  de Daphnis et Chloé. En dehors de ces peintres de l’avant-garde artistique, les administrateurs trouvent dans la dynamique Ecole de Paris, un vivier de peintres qui montrent des aptitudes pour le théâtre tel que Cassandre, Carzou, Wakhévitch, Chapelain-Midy… Leur art de la couleur fait merveille, les nouveaux matériaux leurs permettent des formes inédites. Transition peu glorieuse pour certain entre la modernité du mandat de Rouché et le faste de Libermann. Le palais Garnier s’ouvre aux scénographes de l’école italienne, ils conçoivent leur métier de décorateur et de costumiers, un styliste participe au spectacle. Notre-Dame de Paris de Roland Petit, va faire travailler Yves Saint-Laurent, il va lier son travail avec celui de scène, ainsi le costume de Phébus rappel Mondrian.


 La RTNL et l’école de Paris :

Exposé :

Pour le ballet "Giselle", d’Adolphe  Adam, le costume du duc  (1954)

Quelques  dessins :

Carzou, pour les Indes Galantes de Rameau (1952), costumes de seize danseuses (gouache et crayon) et pour la même œuvre, le costume d’un sacrificateur.

 

Costume pour la dame de la nuit dans "la flute enchantée" de Mozart de Jacques Dupont et le costume du mandarin pour Turandot de Puccini.1968 (aquarelle)

Robe pour la bergère et Chloé de George Skriabine d’après Chagall 1958 (exposé)

 

opera costume bergere chagall

De Léonor Fini dessin d’une suivante de Vénus dans "Tannhäuser" de Wagner 1963 (aquarelle) et le costume d’Elisabeth porté par Régine Crespin.(aquarelle, gouache, encre)

Robe de Carmen exposée, et costume de danseuse pour la même œuvre  d’après Lila de Nobili en 1959 robe noire recouverte de dentelle incrustée or, le corsage tout or.

Dessins de Fernand Leger pour "Bolivar" de Darius Milhaud 1950 et costume de danseuse pour la même œuvre (crayon, aquarelle, gouache).

Un dessin de Roger Chapelain-Midy pour le costume de Papageno dans "la flute enchantée"  de Mozart 1954 (crayon et gouache), le costume de la reine de la nuit même œuvre.


opera, dessin

 

De Georges Wakhévitch, costume de kostcheï  (pour Serge Lifar) pour "l’oiseau de feu"

Dessin de Lila de Nobili , costumes de cigarières pour" Carmen"de Bizet 1959 (gouache).

Jacques Dupont, costume du rôle titre et du mandarin pour "Turandot " de Puccini en 1968,(aquarelle)

 

opera costume de l'affiche

Dessins d’Yves Saint-Laurent pour le ballet "Notre-Dame de Paris" de Roland Petit  en 1965, costumes de la cour des miracles. (Aquarelle et gouache)

 Le costume de Phébus est exposé pour Notre-Dame de Paris d’Yves Saint-Laurent (1985) une grande écharpe bleue turquoise sur un juste au corps blanc avec une croix noire en cuir , une épaule dans les mêmes tons que l’écharpe, les manches sont noires.

opera saint laurent écharpe


Un art du costume international pour l’opéra Garnier à l’heure de la mondialisation 1973-2000

Libermann prend la direction de l’opéra en 1973. Marque d’une rupture pour l’institution : le théâtre abandonne sa mission  de conservatoire du chant  et du répertoire français et se met au niveau des grandes scènes internationales, adoptant le même répertoire que ces dernières qui privilégient les grands chefs-d’œuvre  de la musique lyrique  allemande, italienne, russe et française, en renonçant de chanter en français dans les ouvrages des autres langues, mais aussi de faire venir des artistes internationaux. Libermann fait appel à de nouveaux talents, mais il continue de faire confiance à des scénographes et costumiers qui travaillent déjà pour l’opéra : Pier Luigi Samaritani (la Bohème, 1973), Jacques Dupont (Ariane et Barbe-Bleue,1975), Bernard Daydé ( Orphée et Eurydice,1973) qu’il nomme aux fonctions de directeur général des services artistiques et techniques. Mais c’est à cette époque que le metteur en scène s’affirme comme le garant de l’unité plastique de la scène.  

Les équipes internationales : quelques artistes préfèrent rester libre et travailler avec certaines personnalités   , les metteurs en scène s’affirme comme le garant de l’unité plastique de la scène et constitue souvent une équipe associant costumiers et scénographes. Certains de ces regroupements d’artistes on marqué l’histoire de l’opéra de Paris

Giorgio Strehler et Ezio Frigerio, pour les Noces de Figaro en 1973, Jorge Lavelli et Max Bignens  pour Faust en 1975 et Pelléas et Mélisande 1977, Patrice Chéreau ,  Richard Peduzzi et Jacques Schmidt pour le Contes d’Hoffmann en 1974 et Lulu 1979, Liliana Cavani et Ezio Frigerio assisté pour les costumes de Franca Squarciapino pour Médée 1981 ou de Mauro Pagano pour Iphigénie et Tauride en 1984, Robert Carsen et Michael Levine pour les Capulets et Montaigu en 1990 et les Contes d’Hoffmann en 2000, Willy Decker et Wolfgang Gussmann pour Eugène Oneguine  en 1995 et Lulu en 1998.

Les  équipes d’artistes travaillent aussi ensemble et font parti de la culture du ballet, Noureev s’est entouré d’Ezio Frigério, ses costumiers de prédilection : Franca Squarciapino et Mauro Pagana pour beaucoup de ballets, ils vont travailler sur les scènes du monde.

Derniers magiciens et nouveaux créateurs :

Costumes présentés :

Pour les "anges ternis" tutu rouge en taffetas,  avec un nœud à l’arrière le dessous du tutu est noir un   gros nœud noir sur la poitrine. Christian Lacroix

 

opera costume lacroix

Le costume de Lady Capulet de "Roméo et Juliette" de Noureev par Mauro Pagano 1984

Franca Squarciapino, dessins pour les costumes du rajah, du brahmane pour "la Bayadère" ballet de Noureev (d’après Marius Petipa) 1992 au crayon

Dessin d’Enzo Frigario pour le costume de la comtesse pour "les noces de Figaro", 1973, (crayon et gouache), également le costume de Chérubino pour la même œuvre.

Dessin de Jürgen Rose pour les costumes des   filles fleurs  pour "Parsifal" de Wagner 1973 (aquarelle et gouache)

Dessin de Jean-pierre Ponnelle, costume pour "Cosi Fan  Tutte" de Mozart 1974, encre et aquarelle

 De Pier Luigi Samaritani pour le costume de Mimi et Rodolfo dans "la Bohème" 1973.crayon, gouache et aquarelle.

Christian Lacroix pour "les anges ternis" ballet de Karole  Armitage 1987, costume pour une danseuse (crayon et gouache)

Michael Lénine, costume d’Olympia pour "les Contes d’Hoffmann" d’Offenbach 2000, (crayon, gouache et aquarelle)

Kenzo, costume de la reine de la nuit pour la flute enchantée de Mozart en 1998 (crayon et aquarelle) et costume de la deuxième dame pour la même œuvre.(ci-dessous)

 

opera costume orange

Quelques extraits du livret de l’exposition

Exposition à ne pas manquer, de magnifiques costumes, accessoires, et dessins sont exposés au Palais Garnier, ce qui permet  de découvrir (ou redécouvrir) ce lieu magique ainsi que sa bibliothèque . Cette exposition rend aussi hommage aux différents corps de métiers de l’opéra pour le travail qu’ils accomplissent.

Jusqu’au 14 octobre 2012.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 16:16

Illiers Combray,

Commune française située dans l’Eure-et-Loir, région Centre. Nous sommes à 25 km de Chartres, 20 de Bonneval et 29 de Châteaudun.

Illiers  vient de Illhari ou Islar, qui signifie nom d’une personne germanique, Hilaire est le nom du patron de la paroisse.

Le nom de Combray est venu plus tard, grâce à Marcel Proust qui décrivit dans son œuvre Illiers sous le nom de Combray, c’est depuis 1971 que le nom de la commune est devenu Illiers-Combray.

Illiers, l’une des plus anciennes baronnies de la région de Chartres, le sire d’Illiers fut l’un des 4 barons qui avait le  privilège de porter le nouvel évêque de Chartres lors de son entrée solennelle dans la ville. Les Seigneurs de cette famille, avaient donné plusieurs nom de la famille au diocèse de Chartres, ils se sont souvent distingués aux grandes époques de l’histoire : Florent d’Illiers (1400-1475), sire d’Illiers, de Maisoncelles, de Mons, Chantemesle sous le règne de Charles VII, fut un des plus braves compagnons de Jeanne d’Arc, il contribua a rendre au roi de Bourges son héritage, avec La Hire ( Etienne de Vignoles, dit La Hire,  suivit Jeanne d’Arc en 1429, à partir de Blois, il a combattu auprès d’elle au siège d’Orléans, il a fait des prodiges de valeur lors des différentes batailles Jargeau et Patay. En 1431, après la capture de Jeanne d’Arc à Rouen, il a voulu délivrer l’héroïne et est tombé aux mains des anglais). Dunois (fut également compagnon d’armes auprès de Jeanne d’Arc) et Xaintrailles (Jean Poton seigneur de Xaintrailles, maitre de l’écurie du Roi, bailli de Berry, et sénéchal du Limousin, il a secondé Jeanne d’Arc au siège d’Orléans et a gagné la bataille de Gerberoy avec La Hire).  

Illiers possédait des  murs qui protégeaient la ville, disparus depuis longtemps, il ne reste que quelques traces du château.

Pendant la guerre franco-prussienne (1870-71), ce lieu a subi les douleurs de l’invasion   et un début de bombardement.

Illiers était un des centres les plus actifs du département, il y avait 5 foires annuelles, et un commerce important de  bestiaux et de grains, on y fabriquait des draps et de la bonneterie, il y avait également plusieurs tuileries.

En 1834, ce fut la naissance d’Adrien Proust, il fut un célèbre médecin hygiéniste de la seconde moitié du XIX eme siècle, et le père de Marcel Proust. A partir de l’âge de 6 ans Marcel ayant une santé fragile vint à Illiers  pendant les vacances avec son frère Robert jusqu’en 1880, dans la maison  de Jules et Elisabeth Amiot oncle et tante de Marcel et Robert du coté paternelle.

 

Marcel Proust, nait à Auteuil, le 10 juillet 1871. Son père est professeur agrégé de médecine à Paris, sa mère Jane Weil, est  fille d’un riche agent de change. Il est issu d’une famille riche, cultivée.

Marcel à une santé fragile, il a de l’asthme, toute sa vie en sera perturbée.

Il est l’élève du cours primaire Pape-Carpentier, il y rencontre Jacques Bizet fils du compositeur Georges Bizet et de Geneviève Halévy, fille du compositeur Jacques-fromental Halévy, elle tiendra  son propre salon, lorsqu’elle se remariera avec l’avocat des Rothschild, Emile Straus en 1886. Marcel Proust en sera un familier.


1873, naissance de Robert, frère de Marcel. La famille s’installe boulevard Malesherbes.


1879, Adrien Proust,  père de Marcel est élu à l’académie de médecine.

En 1882, Marcel rentre au lycée Condorcet, il y obtient de brillants résultats, malgré sa santé fragile. Il est l’élève en philosophie d’Alphonse Darlu. Il est ami avec Jacques Bizet et rencontre Fernand Gregh (qui sera critique littéraire, poète, et membre de l’académie française)  et Daniel Halévy, cousin de Jacques Bizet ( qui sera historien et essayiste français), les talents littéraires de Marcel se manifestent rapidement, il  est secrétaire de la revue "lilas" au lycée. 


1889, il obtient son bac, devance son service militaire qu’il fait à Orléans. Il rencontre Robert de Billy et deviennent amis (Robert de Billy sera ambassadeur). A cette époque il rencontre également à Paris Arman de Caillavet (auteur dramatique français) et son épouse Jeanne Pouquet, ils deviendront amis très proche, plus tard,  Proust participera aux salons de Madame de Caillavet. 


En 1891, rendu à la vie civile, il fait des études à la faculté de droit  et à l’école libre des sciences politiques dans les cours d’Albert Sorel et d’Anatole Leroy-Beaulieu, et à la Sorbonne a ceux d’Henri Bergson, dont l’influence va être majeure sur son œuvre. C’est à cette époque qu’il commence à fréquenter les salons littéraires et collabore à la revue " le banquet " fondée par Gregh.


1892, Chez  Madame Straus (veuve de Georges Bizet) il  rencontre Emile Blanche (l’artiste fera son portrait, présenté ci-dessous), Oscar Wilde et Maurice Barrès.  Il fréquente aussi le salon de la princesse Mathilde et celui de madame de Cavaillet (amie d’Anatole France).


marcel proust portrait emile blanche


1893, ayant son diplôme en poche, il se destine à une carrière de bibliothécaire chez Madeleine Lemaire (également peintre et aquarelliste). Il rencontre Robert de Montesquiou (homme de lettres et dandy).

La fortune familiale lui assure une existence aisée, il ne travaille pas et fréquente les salons de la bourgeoisie et de l’aristocratie du faubourg Saint Honoré et Saint Germain. Il y rencontre artistes et mondains, Robert de Montesquiou lui fait rencontrer la comtesse  de Greffulhe (Marcel Proust en fera la duchesse de Guermantes, dans son œuvre), cousine du poète, ainsi que  la princesse de Wagram (née Rothschild) et   la comtesse d’Haussonville.  De ce fait il a une réputation de mondain. 


1894, il passe ses vacances à Trouville et à Cabourg. L’affaire Dreyfus éclate, sa mère Jane et son frère Robert sont comme lui dreyfusards, tant qu’à son père Adrien il est antidreyfusard. C’est aussi l’année ou il  fait la connaissance de Reynaldo Hahn   (compositeur, chef d’orchestre et critique musical, né à Caracas naturalisé français en 1912).

 

marcel proust photo de hann devant le piano

 

1895, Proust a une licence es lettre (philosophie), pendant l’été il est attaché à la bibliothèque Mazarine. Il demande un congé et part en vacances à Dieppe dans la villa de Madame Lemaire et a Belle-Ile avec Reynaldo Hahn.  

IL entreprend d’écrire un roman, Jean Santeuil, et va y travailler jusqu’en 1899.  Beaucoup plus tard, il sera publié, il s’agit d’un jeune homme qui évolue dans Paris au XIX eme siècle.  


1896, Sous le patronage d’Anatole France, il fait paraître son premier  livre  " le plaisir et les jours" ,.recueil de poèmes en prose, portraits  et nouvelles de style fin du XIX eme siècle. Son grand-père maternel décède Monsieur Weil. La même année, il devient ami avec le fils d’Alphonse Daudet Lucien


1898, dreyfusard, il assiste au procès de Zola. C’est le début de la maladie de sa mère.


1900, La famille Proust s’installe rue de Courcelles.  Après le décès de John Ruskin, qu’il avait découvert grâce à son ami Robert de Billy, diplomate à Londres, il entreprend de traduire les œuvres de celui-ci (dont les ouvrages sont sans succès). Il décide de partir sur les pas de Ruskin  à Amiens puis à Venise en compagnie de sa mère. Les premiers écrits sur Ruskin  paraissent dans la gazette des  beaux-arts. Sa première traduction est la bible d’Amiens en 1904


1902, il voyage en Hollande et y voit  "la vue de Delft" de Vermeer, il est un  grand admirateur de l’artiste.

proust- vue delf

 

1903 décès de son père.

 

1905, décès de sa mère, il interrompt son activité, il est très affecté et le restera pendant plusieurs années.

 

1906, il s’installe à l’hôtel des Réservoirs à Versailles, puis boulevard Haussmann à Paris.  

 

1907, il fait paraître dans le Figaro in article " Sentiments filiaux d’un parricide ", il y esquisse l’analyse de deux éléments fondamentaux dans sa future psychologie il s’agit : de la mémoire et la culpabilité.


1908, il écrit  à nouveau pour le Figaro, il s’agirait d’éléments préliminaires à son roman.


1909, il se consacre à son œuvre, il entreprend cet immense projet d’écrire une œuvre avec les jours enfouis, elle se nomme   "A la recherche du temps perdu ". Il rédige la première partie "du coté de chez Swann" . Il se renferme chez lui, il se repose le jour et travaille la nuit.


1912, ce premier volume de 700 pages ne trouve pas d’éditeur, quelques extraits paraissent dans le Figaro. Refusé chez Gallimard par André Gide.


1913, c’est chez Grasset que se fera son édition  "Du coté de chez Swann " et annonce pour l’année  suivante  la suite " Du coté des Guermantes "et " le temps retrouvé ".


1914, c’est la mort accidentelle de son ami Alfred Agostinelli (ils se rencontrèrent à Cabourg en 1907, alors qu’Alfred était chauffeur de taxi, il fit visiter la Normandie à Marcel Proust, et cela pendant deux étés. En 1913, ils se retrouvent, Alfred a perdu son emploi et demande à Proust de devenir son chauffeur, ayant déjà un chauffeur, il lui propose de devenir son secrétaire, il lui fait dactylographier ses manuscrits, avec sa compagne ils s’établiront chez Marcel Proust, mais il repartira à Monaco, Proust l’implore de revenir et pour cela lui offre un avion avec lequel Alfred aura un accident). De plus c’est la Guerre et Proust ne fournit pas la suite de son œuvre comme annoncé. Il n’est pas mobilisé son état de santé n’étant pas bon.


1919, Parution  "d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs ", avec cette œuvre, Il obtient le prix Goncourt. Pour les deux années suivantes, il annonce la parution de "Du coté des Guermantes " et " Sodome et Gomorrhe". "


1922, parait la seconde partie de Sodome et Gomorrhe.  Epuisé  il décède à Paris des suites d’une pneumonie.

Après son décès, la suite de son œuvre a été publiée, jusqu’en 1927.


Les salons :

Ils existaient depuis le XVI eme siècle, ils sont devenus nombreux au XIX eme siècle, le plus célèbre fut celui de Charles Nodier à la bibliothèque de l’Arsenal ou se retrouvaient les hommes les plus illustres du monde littéraire, et des arts, on y rencontrait : Lamartine, Hugo, Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Sainte-Beuve, Balzac, Eugène Delacroix, Liszt. Sous la troisième république de nombreux salons virent le jour, bien souvent tenus par des femmes, on y parlait de l’actualité de l’époque, littérature, philosophie. Il y avait les salons de   comtesse de Greffulhe, George Sand, Anna de Noailles, Madeleine Lemaire, Sophie de Castellane, Mélanie de Pourtalés, Marie d’Agoult, Juliette Récamier, Esther La Païva, Claire de Duras, Julia Allard-Daudet, Marie-Anne de Loynes, la marquise Armande du Plessis, la princesse Mathilde Bonaparte et  bien d’autres. L’un des derniers grand salon littéraire de Paris a été celui de Virginie Ancelot , élue à l’Académie française en 1841.

Les salons fréquentés par Proust :

Madame Straus recevait tous les dimanches, elle avait une grande influence dans Paris. En 1898, les Straus s’installerent dans un hôtel particulier qu’ils venaient de faire construire, au 104 rue de Miromesnil. Parmi les  invités des hommes de lettres, des artistes, des politiciens, des notables mondains : Edgard Degas, Ludovic Halévy, Paul Bourget, Jean-Louis Forain, Léon Blum, Lucien Guitry, Réjane, Jacques Emile Blanche, Marcel Proust, la princesse   Edmond de Polignac, la princesse Mathilde, la comtesse Greffulhe, le prince Auguste d’Arenberg, Charles Haas (fondé de pouvoir chez Rothschild frères) l’un des modèles de Charles Swann dans l’œuvre de Proust

Madame Léontine de Caillavet, égérie d’Anatole France.  Modèle de Madame Verdurin dans l’œuvre de Proust. Arman de Caillavet tenait une rubrique au Figaro. Elle tenait son salon  dans un hôtel particulier au 12 de l’avenue Hoche, elle recevait   le dimanche toute l’élite intellectuelle, politique et mondaine, n’aimant pas la musique elle avait exclus les musiciens. On y rencontrait : Joseph Primoli, neveu de la princesse Mathilde,  Jean-Elie duc Decazes, le prince et la princesse Bibesco, le baron et baronne de Rothschild, Robert de Montesquiou, Anna de Noailles, Marie et Pierre Curie, Marcel Proust, Leconte de  Lisle, Pierre Loti, Fernand Gregh, Colette, Réjane, Georges Clémenceau, Paul Bourget, Loïe Fuller (danseuse américaine), Léon Blum, Aristide Briand et bien d’autres……….

Madame de Caillavet donnait des diners le mercredi, dont les conversations étaient dirigées sur des thèmes comme chez madame d’Aubernon de Nerville, on y rencontrait Alexandre Dumas fils, de Hérédia, Ernest Renan, le professeur Pozzi, Leconte de Lisle et Anatole France.

La princesse Mathilde, fille de Jérôme Bonaparte, fut élevée en Italie. Son salon littéraire à Paris était couru, situé dans son hôtel particulier de la rue de Berri, elle recevait les Goncourt, Flaubert, Théophile Gauthier, Paul Bourget, Marcel Proust dans sa jeunesse, il y avait aussi les Straus, le docteur Samuel Pozzi, le comte Benedetti ancien ambassadeur.

 

Son œuvre :

Son œuvre est une réflexion sur la mémoire, sur le temps, mais aussi sur l’amour, la jalousie, c’est une analyse de la société bourgeoise et aristocratique de son époque.

Ce sont des lieux, des souvenirs familiaux. Les séjours  effectués à Illiers pendant son  enfance chez son oncle et sa tante (Maison de tante Léonie) que l’on retrouve au début de son œuvre, mais c’est aussi au fil de ses rencontres, dans l’atmosphère des salons mondains,  qu’il  construit son œuvre"  A la recherche du temps  perdu ".

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Il lui a fallu 15 ans pour l’écrire, reclus dans son appartement du boulevard Haussmann.    

Du côté de chez Swann en 1913

A l’ombre des jeunes filles en fleurs en 1919

Le côté des Guermantes tome I en 1920

Le côté des Guermantes tome II en 1921

Sodome et Gomorrhe tome I en 1922

Sodome et Gomorrhe tome II en 1922 (après son décès)

La prisonnière (publiée par son frère Robert et Jacques Rivière) en 1923

Albertine disparue en 1925

Le temps retrouvé en 1927

 

La maison de Tante Léonie   (musée Marcel Proust). La famille y  venait.

La maison donne sur un petit jardin. Elle est sur plusieurs niveaux.


proust maisn

 

Des objets font référence au texte, d’autres viennent  de chez Marcel Proust, la chambre ou il dormait enfant et la cuisine sont les points forts de la visite, les textes de Proust en sont les supports. L’atmosphère y est décrite dans " du coté de chez Swann ".

Dès la première pièce nous découvrons  des photos d’Illiers Combray  à l’époque ou Marcel Proust venait chez son oncle et sa tante Elisabeth et Jules Amiot.

Au rez-de-chaussée, La cuisine est authentique, des objets ayant appartenus à la famille un service à crème à chocolat en porcelaine blanche avec un liseré or, il est composé d’un plateau avec des petits pots, ils servaient donc à mettre le dessert aimé de la famille, (ce dessert était le chef d’œuvre de Françoise dans le texte) on peu voir quelques moules à gâteaux en cuivre. Un grand fourneau, un soufflet, une table ou repose une cafetière un pain de sucre et quelques objets. Un escalier dans un coté de la pièce.

C’est un lieu de vie et d’intimité, c’est pratiquement la cuisine que Marcel Proust a connu enfant. 

 

proust cuisine

 

La salle à manger, les boiseries de style empire des maisons bourgeoises du XIX eme siècle et un magnifique parquet, de très beaux meubles ornent cette pièce, des poteries sont exposées sur un petit meuble, et la lampe à pétrole suspendue au-dessus de la table.

 

proust salle a manger

 

Le salon rouge, renferme  des objets personnels de sa mère Jane, tel qu’une boite à ouvrage, une écritoire.


proust salon rouge

 

Nous empruntons l’escalier pour aller à l'étage. Cet escalier, détesté par l’enfant lorsqu’il montait dans sa chambre pour aller se coucher, il craignait que sa mère ne vienne lui dire bonsoir.

La chambre de Marcel, le mobilier y est classique, le lit dans l’alcôve, derrière de hautes courtines  blanches, deux tables de chevets, dont un lampe à pétrole posée sur l’une d'elle, une cheminée, au dessus de celle-ci un miroir, sur la cheminée une pendule sous un globe de verre, face au lit un fauteuil, sur le dossier repose des étoles ajourées blanches au crochet représentant des roses, face à la cheminée une commode recouverte d’une nappe en guipure, des vases, un sucrier et une carafe sont disposés dessus, accroché au mur, un portrait du prince Eugène. 


    proust chambre marcel

Tout ceci fait  référence au texte.

 

La chambre de tante Léonie,  une commode jaune en citronnier ,une table servant d’officine avec une bouteille de vichy  Célestin, un verre, des ordonnances, des livres de messe, et la célèbre petite madeleine en forme de coquille Saint-Jacques, le lit longe la fenêtre.


proust chambre léonie

 

D’autres pièces évoquent les souvenirs de Jules Amiot, passionné par l’Algérie, pays qu’il avait visité plusieurs fois, d'ou la présence de nombreux objets rapportés de ses voyages, en quelque sorte il orientalisa la maison. Il s’était même fait construire un hammam dans son jardin.


En fin de visite un petit musée, présente des photos de Nadar père et fils concernant Marcel Proust (enfant ci-dessous)

 

proust-par-nadar-copie-1.jpg

 

et ses relations, un tableau de Madeleine Lemaire, un portrait de Reynaldo Hahn,proust renaldo hann

 

proust adulte nadar 

sous vitrine quelques partitions, manuscrits de la main de l’écrivain, des lettres, cartes postales, son diplôme du baccalauréat   et autres objets lui ayant appartenus tel que la légion d’honneur. 


proust manuscrit

Une promenade dans le village nous conduit au Pré Catelan, jardin construit par l’oncle de Marcel, (Jules Amiot, était commerçant et horticulteur), on emprunte le pont vieux sous lequel coule la Vivonne, nous passons devant les aubépines, la végétation y est abondante,


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entre les feuilles des arbres on peu apercevoir l’église Saint Hilaire, parmi les charmilles se trouvent quelques pigeonniers.

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Magnifique promenade qui nous plonge dans l’univers et l’œuvre de l’écrivain.

Prochainement les journées musicales de Marcel Proust à Cabourg (Balbec dans l’œuvre) 21-22-23 septembre 2012.

 

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