Paul Poiret et son époque :
En 1860, seconde moitié du XIX eme siècle, le succès de la maison Worth s’inscrit dans la trajectoire du second Empire avec Napoléon III. Paris redevient une capitale impériale, dont l’empereur veut en faire une vitrine pour l’Europe. La demande des articles de luxe est importante, y compris pour les vêtements, la mode atteint des niveaux plus vus depuis la révolution. Lorsque l’empereur épouse Eugénie de Montijo, les goûts de la nouvelle impératrice donnent le ton de la cour. Worth est le couturier favori, très en vogue, il habille le tout Paris.
1872, Sarah Bernhardt, triomphe dans Ruy-Blas
Deux ans plus tard Les impressionnistes exposent.
1879, naissance de Paul Poiret à Paris. Futur grand couturier, qui sera considéré comme le précurseur du style Art déco.
1880, Jacques Doucet couturier, monte en puissance.
1886, les impressionnistes exposent à nouveau.
1888, c’est l’année de la création du mouvement Nabis. Erik Satie compose ses "Trois Gymnopédies" pour piano.
1889, c’est la construction de la Tour Eiffel et une exposition universelle à Paris. Guerlain lance son parfum "Jicky".
1890, l’Art nouveau créé une rupture dans l’architecture et les arts décoratifs.
1891, ouverture de la maison de couture Jeanne Paquin (1869-1936), l’une des premières à avoir acquis une renommée internationale.
1893, l’actrice Réjane triomphe dans Madame Sans-gêne.
1898, c’est l’entrée de Paul Poiret dessinateur remarqué, rue de la Paix à Paris, dans l’équipe de l’une des premières maisons de haute-couture, il s’agit de celle de Jacques Doucet (1853-1929). Jacques Doucet est le couturier célèbre durant la Belle Epoque. Il a une riche clientèle d’actrices et de femmes du monde dont Réjane (1844-1923) et la Belle Otéro (1868-1965).
La vie parisienne bat son plein en ce début de siècle : spectacles, fêtes, expositions universelles. De nouveaux courants artistiques voient le jour, les expositions, les salons sont nombreux. Ravel, Satie sont à l’honneur, les ballets russes enflamment Paris et apportent un coté exotique.
C’est une révolution dans tous les arts : la peinture, la musique, la mode, la danse, la littérature…………..
1900, exposition universelle et internationale à Paris. Paul Poiret créé le costume de l’Aiglon joué par Sarah Bernhardt, le parfumeur Félix Millot lance "Kantirix ", le design est d’Hector Guimard.
1901, Paul Poiret rentre chez Worth , il partira en 1903.
1902, création de la Ruche à Montparnasse, lieu de rencontre des artistes de la modernité.
1903, Le couturier créé sa maison de couture, 5 rue Auber à Paris. Il habille la comédienne Réjane, ce qui lui permet d’être lancé.
1904, Coty (1874-1934) créé son parfum " La rose Jacqueminot ".
1905, les artistes fauves font scandale au Salon (Derain, Matisse, Vlaminck). Paul Poiret épouse Denise Boulet, elle devient sa muse.
1906, Le couturier change de lieu, il s’installe rue Pasquier. La même année, révolution pour la femme, liberté du mouvement, Poiret abandonne le corset, en créant des robes à tailles hautes. Il est le premier avec Madeleine Vionnet. 1906, c’est aussi la naissance de sa première fille Rosine.
1907, Coty lance "l’Effleurt ", Picasso peint " Les demoiselles d’Avignon ".
1908 Paul Iribe illustre l’album "les robes de Paul Poiret, raconté par Paul Iribe " première collaboration avec le couturier. Le caractère novateur de l’ouvrage lui apporte un grand succès. Maurice Ravel compose sa "Rapsodie espagnole".
1909-1910, arrivée des ballets russes à Paris, compagnie dirigée par Diaghilev, et son célèbre danseur Nijinski accompagné du décorateur Léon Bakst. Les ballets triomphent à Paris. C’est la mode de l’Orientalisme, Paul Poiret suit la tendance, il achète ses tissus à Vienne chez Wiener Werkstätte, ( atelier qui employait des architectes, des designers des artistes dont le but était de mettre l’esthétique à la portée de chacun, en conciliant les arts majeurs et l’artisanat).
Le couturier s’installe avenue d’Antin il y acquiert un hôtel particulier du XVIII eme siècle, il le transforme, le décore. Les salons donnent sur un magnifique jardin, ses appartements du 107, rue du Faubourg saint-honoré communiquent avec sa maison de couture.
1910, premières œuvres abstraites de Kandinsky et de Malevitch. Paul Poiret et Raoul Dufy ouvrent la petite usine, atelier d’impression textile. A cette époque c’est le retour dans la géométrie dans l’architecture et les arts décoratifs avec le mouvement art déco naissant.
Gabrielle Chanel ouvre sa boutique.
1911, Création des "Parfums de Rosine" et des "Ateliers de Martine" ( lieu dédié à la décoration), noms des deux filles du couturier. Georges Lepape (dessinateur de mode, affichiste, graveur et illustrateur français) collabore à un superbe album appelé "les choses de Paul Poiret " pour présenter ses robes. Le couturier convie le tout Paris à sa grande fête "Les mille et deuxième nuit".
1912, grande tournée en Europe pour Poiret : Bruxelles, Berlin, Moscou, Saint-Pétersbourg, Vienne.
Guerlain lance un nouveau parfum " l’heure bleue ", Madeleine Vionnet lance sa maison de couture. Isadora Duncan , danseuse américaine aux tenues néogrecques, participe "Aux festres de Bacchus " organisées par le couturier.
1913, tournée triomphale pour Paul Poiret. Le sacre du printemps de Stravinski fait scandale.
1914, c’est le début de la première guerre mondiale.
1916, Première présentation publique des "Demoiselles d’Avignon" de Picasso dans les salons de Paul Poiret.
1917, Erik Satie et Picasso s’allient autour d’un texte de Jean Cocteau afin de créer le ballet "Parade", surréaliste dira Guillaume Apollinaire.
1918, l’armistice étant signé. Leonetto Cappiello (1875-1942, peintre, illustrateur, caricaturiste et affichiste. Installé à Paris, il collabore à de nombreux journaux tels que "Le rire", "L’assiette au beurre" et "Le cri de Paris". L’année suivante en 1899, il obtient un énorme succès en publiant " Nos actrices portrais synthétiques ", sa carrière d’affichiste débute en 1900 jusqu’à 1930). Dès 1918, il modernise l’affiche promotionnelle avec l’appui de l’éditeur Devambez.
1919, Nouvelles collections de haute couture, la guerre a bouleversée le statut et les goûts de la femme moderne. Paul Poiret créé dans son jardin " l’Oasis", un dôme gonflable afin d’organiser des fêtes surprenantes et très onéreuses.
1921, création du parfum, Numéro 5 de Chanel
1923, Premières difficultés financières pour Poiret.
1924, Manifeste du Surréalisme par André Breton.
La maison Poiret déménage au Rond-point des Champs Elysées.
1925, Exposition des arts décoratifs et industriels à Paris. Le décorateur André Groult (1884-1967) propose du mobilier garni de galuchat. Son épouse Nicole (1887-1967) dessinatrice de mode, amie de l’artiste peintre Marie Laurencin (1883-1956), est la sœur de Paul Poiret.
Paul Poiret et les arts décoratifs. Présentation de l’ensemble de ses activités sur trois péniches amarrées sur la Seine près du pont Alexandre III : Amours, Délices, Orgues, probablement en hommage à son ami Matisse et a son tableau "Luxe, calme et volupté". Sur l’une il expose sa collection, sur l’autre un restaurant et la troisième réservée aux parfums et objets décoratifs. Mais Poiret est contraint de vendre aux enchères sa collection de tableaux, (45 œuvres contemporaines).
Guerlain créé Shalimar.
1926, Poiret joue dans une pièce de théâtre de Colette dont elle est aussi l’interprète " La vagabonde ".
1927 Elsa Schiaparelli (1890-1973, créatrice de mode, d’origine italienne aristocrate, fille de l’égyptologue Ernesto Schiaparelli. Elle est l’épouse du comte Wilhelm de Wendt de Kerlor, théosophe rencontré à Londres en 1912, ils eurent une fille (elle est la grand-mère de l’actrice Marisa Berenson) En 1927 elle ouvre son premier magasin pour le sport. Elle collabore avec des artistes surréalistes tels que Dali, Giacometti , Cocteau, Jean-Michel Franck. Jeanne Lanvin amie de Poiret lance son parfum Arpège.
1928, Paul Poiret fait éditer "Pan", annuaire de luxe à Paris, illustré de 116 planches des plus grands artistes de l’époque. Le couturier s’éloigne, Chanel arrive, des textes de Cocteau……..
1929, Crack boursier de Wall Street à New York ..…. La crise économique s’installe en Europe et engloutit l’ensemble des activités de Pau Poiret, la société ferme. Patou lance son parfum "Joy".
1930, après de nombreuses tentatives de retour en haute couture, Poiret se lance dans l’écriture, la peinture et au théâtre et cela jusqu’en 1944. Le couturier s’est retiré à Cannes ou il décède seul et ruiné.
L’exposition :
En habillant l’époque :
« Je suis Parisien du cœur de Paris » dira Paul Poiret dans son livre "En habillant l’époque" (1930).
Le couturier s’est impliqué dans l’innovation et l’étendue des possibilités qu’offrent les arts appliqués. L’homme est doté d’une curiosité, d’une inventivité et d’une audace illimitée. Il règne sur la mode, donc sur Paris.
Quelques photos pour présenter le couturier aux visiteurs, l’homme est très élégant.
Les photos sont de Boris Lipnitzki , (photographe russe, son talent lui vaut une renommée dans le monde des arts et du spectacle)
Paul Poiret, manteau, chapeau, photographie datée de 1922, tirage au gélatino-bromure d’argent.
Une autre présente l’hôtel de la couture, rue d’Antin à Paris en 1923 par Boris Lipnitzki (photographe russe, son talent lui vaut une renommée dans le monde des arts et du spectacle) tirage au gélatino-bromure d’argent.
Présentation de la famille du Couturier et ses trois enfants, sa sœur Nicole Groult et ses deux filles, 1930, tirage au gélatino-bromure d’argent.
Une autre présente Paul Poiret sur la péniche "Amour " il est a une exposition des ateliers de Martine .
Une photo de Boris Lipnitzki datée de 1925, il s’agit d’un modèle à l'essayage. Tirage au gélatino-bromure d’argent.
Une photo de Boris Lipnitzki montre Denise Poiret épouse du couturier 1925 à Paris,
Quelques études de robes par Raoul Dufy, datées de 1916-1919, gouache sur papier.
Planche " la parisienne "datée de 1913, Paris, sur papier, par Bernard Boutet de Monvel (1881-1949, peintre, sculpteur, graveur, illustrateur de mode et décorateur)
Photos de Modèles de Paul Poiret par les Frères Seeberger 1920 et 1921, Paris.
Un extrait de "La gazette du bon ton ", mirage robe du soir 1920
Une toile du peintre Paul Guillaume, le portrait de Poiret
Autoportrait de Paul Poiret 1ere moitié du XX eme siècle.
La révolution Poiret :
Paul Poiret rompt avec les vêtements corsetés de la belle époque qui contraignent la femme. Immergé dans la modernité de la belle époque, il exprime avec gourmandise une inventivité débordante dans tous les domaines. A partir de 1906, il révolutionne la mode avec des robes de couleurs vives, à taille haute remontée sous la poitrine, libérant le corps du corset, donc le mouvement. Ses fourreaux, très étroits du bas, obligent les femmes à marcher à petits pas, ce qui leur donne une autre allure, la sienne. Le succès des ballets russes étant, Paul Poiret habille la femme en sultane, portant turban à aigrette, manteau de soierie et jupe-culotte bouffante. En 1911, ses tuniques en forme d’abat-jour font fureur, tel le modèle "sorbet" envié par le tout Paris lors de ses fêtes. Poiret se met en scène et s’amuse, pour le plaisir des créateurs qui jouent des matières et des couleurs les plus époustouflantes.
Quelques modèles:
Modèle de Paul Poiret présenté par Renée, photo de Boris Lipnitzki en 1927, Paris
Une robe d’été Kazan blanche, le bas de la robe est en dentelle, une ceinture noire coupe la taille, elle est datée de 1912,
Un chemisier imprimé.
Un ensemble, manteau, robe, coiffe et collier Paul Poiret. L’ensemble et violet et noir daté de 1er quart XX eme siècle paris. Soie, velours, coton, fourrure, métal et pierre.
Une robe en soie et broderies noire
Une robe , coiffe et collier, premier quart du XX eme siècle, Paris en mousseline, soir, broderies, strass et perle.
Georges Lepape (1887-1971), dessinateur de mode, affichiste, graveur et illustrateur. En 1910, il expose au Salon d’Automne et rencontre Paul Poiret. En 1911, il illustre pour lui "les choses de Paul Poiret " considéré comme son chef d’œuvre, il participe dès les premières éditions à « la gazette du bon ton » à laquelle il contribue de splendides planches coloriées au pochoir. Ensuite il collabore à toutes les revues de mode tel que Fémina, Vogue, les feuillets d’art. Influencé par l’orientalisme, les ballets russes et les miniatures persanes. Il est précurseur de la ligne claire (langage graphique). 1917, il fabrique des marionnettes suivant des modèles de Poiret. 1920, il participe à l’exposition ‘la mode du XX eme siècle vue par les peintres’ au musée des Arts Décoratifs à Paris. Comme de nombreux artistes dans cette période novatrice, il exerce son activité avec élégance dans des domaines variés : affiches, programmes de spectacle, tissus, éventail, catalogues de mode. 1923, il réalise des décors pour « l’oiseau bleu », pièce de théâtre de Maeterlinc,k et des costumes de théâtre. 1926, il part aux USA pour travailler chez Vogue USA, il y reste 6 mois en revient en France. Après la guerre il illustre plusieurs de Guitry, Musset, Géraldy.
Présentation d’un catalogue "les choses vues " par Georges Lepape daté 1911 au pochoir.
Paul Iribe (1883-1935), illustrateur de mode, affichiste, journaliste et décorateur. Considéré comme l’un des précurseurs de l’art déco. Il étudie aux beaux-arts à Paris ; il collabore en tant que caricaturiste pour les journaux « le rire » et « l’assiette au beurre ». 1908, à la demande de Paul Poiret, il dessine « les robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe ». cet album est d’un style très nouveau et devient le modèle des catalogues de mode. 1914, il publie « le mot » avec Jean Cocteau (revue patriotique comportant 20 numéros). Il part à Hollywood et collabore avec Cecil B Demille et collabore à 16 films et en réalise plusieurs. Depuis 1913, Paul Iribe travaille en tant que créateur de meuble chez Poiret, Jeanne Lanvin et Coco Chanel et Jacques Doucet, ce dernier lui confie la décoration de son appartement, ses meubles les plus précieux s’inspirent du XVIII eme siècle. Il s’intéresse aux arts décoratifs, bijoux, mobilier, tissus, éventails, livres d’enfants, cartes postales. Il créé un motif qui restera le symbole de l’art déco, il s’agit d’une rose stylisée "la rose Paul Iribe "
Présentation d’un catalogue "Les robes de Poiret racontées par Paul Iribe " en 1908 au pochoir.
"Les parfums de Rosine " :
Paul Poiret fonde sa maison de parfumerie en 1911, elle se situe au 107, rue du Faubourg Saint-honoré, qu’il nomme les "Parfums de Rosine" le nom d’une de ses filles.
Il devient le premier couturier parfumeur. Il à de grandes ambitions artistiques, il cherche de nouvelles sources, il s’adjoint les services des meilleurs artistes. Ses inspirations reposent sur trois thèmes ancrés dans la contemporanéité :
L’orientalisme, l’histoire et le patriotisme, les arts, la littérature, le théâtre.
Il affirme que la présentation du parfum repose sur cinq éléments indissociables ; le nom, le flacon, l’étiquette, la boite et ornements additionnels.
Paul Poiret a travaillé avec deux parfumeurs : Maurice Schaller (1888-1965) et Henri Alméras (1892-1965)
Une quarantaine de parfums verront le jour, et ont tous une histoire.
Le parfum de ma marraine 1914, Sa chambre 1914, fanfan la tulipe, l’étrange fleur, Coupe d’or 1911, mea culpa 1914, Jasmin de la Riviera 1914, Antinéa…..
chez Poiret, 1912,
Nuit persane, réalisé pour la fête donnée par le couturier, " Les mille et deuxième nuit ", en 1911, un flacon fut offert à chaque invité,
L’espalier du Roy, 1911, Parfum a peu d’exemplaires. La modernité du flacon carré et masculin. Un tissu orné de motifs du XVIII eme siècle orne le coffret, l’étiquette de Georges Lepape, est l’une des premières expressions du style Art déco.
Toute la forêt, 1911, il évoque le souvenir d 'heures joyeuses à Fontainebleau, avec une senteur de sous-bois ( à base d’herbe et fleurs de la forêt) . Raoul Dufy créé un imprimé stylisé de feuillages et d’oiseaux , utilisés pour les objets promotionnels dont les cartes parfumées.
La rose de Rosine1912, dessinée par Paul iribe, la rose de Rosine incarne l’emblème de Paul Poiret, la même rose figure sur la griffe de ses vêtements. Sur la boite-écrin, pour la première fois Poiret utilise le rébus en guise de nom de parfum. Le flacon s’inspire de la forme de la robe portée par l’Infante dans les Ménines de Vélasquez.
Avenue du bois, 1912. En prenant le nom de cette avenue menant au bois de Boulogne, la fragrance rend hommage aux élégantes de la belle époque qui empruntaient cette allée bordées de très belles demeures dont celle de Jacques Doucet (aujourd’hui, avenue Foch).
Nuit de Chine, en 1913, l’un des plus grands succès des parfums de Rosine. L’étiquette présente des idéogrammes chinois (signifiant nuit au pays de Chine, pays de fleurs).
Fruit défendu,1913, Paul Poiret réalise les costumes de la pièce de théâtre " Le minaret " de Jean Richepin, cette pièce a obtenue un immense succès et donne l’occasion de créer un parfum à l »image de la mode orientale.
Le mouchoir de Rosine, 1914, sorti en 6 versions de couleurs différentes, chaque fragrance correspond à une fleur et à une humeur : vert pour le mystère, orange pour la jalousie, rouge pour la traitrise, jaune pour le désir, bleu pour l’anticipation, rose pour le consentement
Pierrot , 1914, reprenant les couleurs du personnage de la commedia dell’arte, Pierrot se part d’un bouchon-chapeau noir et d’une collerette blanche (évoquant l’activité première de Poiret la couture). La boite noire étoilée illustre la chanson "Au clair de la lune "dédiée à Lully.
Borgia, 1914, l’ensemble s’inspire de l’histoire, partiellement prouvée, de la famille Borgia, laquelle donna deux papes à la religion catholique. Le second sous le nom d’Alexandre VI à l’issue d’intrigues a été marqué par l’ambition démesurée du souverain pontife, par une cruauté sanguinaire sans égale et une débauche qui ne l’était pas moins. La famille est devenue tristement célèbre par les incestes et morts violentes infligées à ses ennemis, par empoisonnement. Il eut 4 enfants dont la célèbre Lucrèce. Le flacon symbolise une fiole de poison, le flacon est noir recouvert de particules dorées avec un bouchon doré. L’emballage est noir avec un écusson rouge écarlate et doré avec un serpent déroulé.
Mamzelle victoire, 1915, soutenant la France Paul Poiret lance sa nouvelle création, arborant tous les codes de la République française, drapeaux tricolores, coq, vêtements révolutionnaires
Le balcon 1918, ce parfum évoque son idylle avec Marthe, sa voisine de la rue Auber, qui se tenait fréquemment sur son balcon . Pour ce flacon, Mario Simon reprend l’idée de la grille entourant un buste féminin aux épaules arrondies.
Sakya mouni, 1919, dit le Bouddha, vécut en Inde il y a environ 2500 ans, il fut le fondateur du bouddhisme. Le bouchon du flacon est orné du chien de Fô, l’un des symboles chinois du bouddhisme incarnant la protection que chaque demeure se doit de posséder.
Aladin, 1919, surnommé le Pacha de Paris, Paul Poiret se fait représenter par Mario Simon sur le coffret du parfum, tel un sultan des mille et une nuit.
Arlequinade, 1919, Poiret s’inspire de la peinture cubiste représentée dans sa collection. L’arlequin par Picasso, la commedia dell’arte, si importe dans l’œuvre de Picasso et la musique de Stravinski
Maharadjah, 1921, le nom du parfum fait référence au rôle de Maharadjah tenu par le comédien Edouard de Max, dans la pièce le prince d’Autrec, d’Henri Lavedan (Poiret en a réalisé les costumes).
Le bosquet d’Apollon, 1922, en référence à Louis XIV , Paul Poiret, utilise un motif repris dans le salon d’Apollon à Versailles : le visage du dieu grec cerclé de rayons lumineux. Fasciné par cette période faste, Poiret organise plusieurs réceptions autour du XVIII eme siècle dont le petit lever du roy
Cœur en folie, 1925, rouge rubis, le flacon proche du cœur humain, sur le bouchon des ailes pour s’envoler vers sa bien-aimée.
Connais-tu le pays ?, 1925, Poiret rend hommage aux soixante ans de l’opéra « Mignon » d’Ambroise Thomas. Le flacon illustre les premières paroles de l’air d’ouverture : connais-tu le pays où fleurit l’Oranger ?.
Coup de foudre, 1925, c’est un hommage à son amie Jane Lanvin, cette fragrance reprend la forme d’une jupe de sa collection de 1924 pour le flacon et le bleu Lanvin pour le coffret.
Spirit of Saint-Louis, 1927, Pionnier américain de l’aviation, Charles Lindbergh , devient le premier pilote à relier sans escale et en solitaire New-York à Paris en 1927 en 33 heures avec son avion, Spirit of Saint-Louis. Le flacon et son coffret illustrent de manière stylisée cet avion à hélices.
Exotisme et orientalisme :
En 1909, Diaghilev et les ballets Russes entament une longue tournée, ils sont à Paris et embrasent "le tout Paris", la chorégraphie est menée par le célèbre danseur de la troupe Nijinski dont les sauts et la gestuelle sont inédits. Nous sommes au début du siècle et l’engouement pour l’Orient bouleverse toute l’Europe dans tous les domaines artistique, littérature, théâtre. Paul Poiret va à l’opéra, rencontre les marchands d’art du Proche et Moyen orient, il va au musée. C’est en 1911, un an après la première de Shéhérazade, il lance ses modes exotiques. La même année il donne une fête persane qu’il nomme : les mille et deuxième nuit . Les femmes achètent les pantalons harem et les tuniques de soie et satin Paul Poiret, qu’agrémentent des turbans ornés d’aigrettes à fermoirs de pierreries. Il puise dans la culture orientale les inspirations pour nombre de ses créations de parfums : Aladin, Le minaret, Maharadjah. Il s’inspire aussi du folklore russe, dont les couleurs sont vives et les motifs naïfs.
Présentation d’un vaporisateur le parfum "Nuit de Chine " Designer Georges Lepape, Parfumeur Maurice Schaller 1913, Paris
Une étude du flacon de Georges Lepape ; sur papier
1911, Poiret fonde sa maison de décoration :
Paul Poiret fonde la maison de Martine, nom de sa seconde fille. C’est le studio de décoration de la maison de couture . Le couturier analyse en précurseur, l’importance et le rôle du couturier moderne, c'est-à-dire intervenir aussi sur le cadre de vie en créant la mode de son temps. Poiret couturier et décorateur, il a un esprit curieux et est réceptif à toutes les nouveautés. Il va garder son gout pour l’exotisme et l’Orient, qu’il exprime dans les décors muraux et textiles aux motifs colorés. Il va imprimer à son mobilier la simplicité des productions les plus radicales de la Sécession, préférant un mobilier laqué. La création des ateliers Martine reste une expérience originale. Le couturier est fasciné par la Wiener Werkstätte qu’il avait rencontré lors de ses voyages en Autriche et Allemagne, mais fut frappé par la rigueur de l’enseignement dans les ateliers de la célèbre maison. Les ateliers de Martine seront organisés eux avec une grande liberté, il recrute des jeunes filles sans formation artistique. Il les charge de dessiner d’après nature, comptant sur la liberté de leurs talents et sur la tutelle de l’épouse du peintre Paul Sérusier. Leurs dessins sont coloriés et soumis à Paul Poiret, il choisit les modèles qu’il veut mettre en production sous la direction artistique de Guy-Pierre Fauconnet (1882-1920).
Les ateliers Colin, le couturier fonde un atelier de cartonnage nommé "Les ateliers Colin" nom de son troisième enfant. L’emballage des cosmétiques est assuré en complémentarité de toutes les activités commerciales.
Reconstitution des ateliers de Martine :
Quelques objets de décorations :
Un éventail avec de grosses anémones oranges et blanches sur un fond noir il est posé sur une table d’apparat 1920
Un pendentif vers 1920 en écaille
Quelques photos montrent les ateliers.
Un carré de velours est présenté il s’agit d’un extrait "Des arts de la maison d’hiver" des ateliers de Martine
Un échantillon de toile encadré : le motif les anémones.
Un pouf de l’atelier Martine
Les semis de coquelicots extrait d’un coupon encadré également.
Reconstitution des ateliers de Rosine :
Avec l’avènement de la réclame et les prémices du marketing à la fin du XIX eme siècle les ateliers de Martine œuvrent à la valorisation des "Parfums de Rosine". Paul Poiret très attentif aux produits promotionnels pour les parfums Rosine, fait appel a ses amis artistes ou illustrateurs, poètes ou écrivains. De nombreux objets dérivés sont ainsi créés : échantillons, cartes parfumées, éventails, flacons, vaporisateurs.
Un catalogue "des parfums de Rosine "
Des échantillons de parfums
" L’allée des acacias, bois de Boulogne à Paris" par le peintre Roger de la Fresnaye gouache datée de 1908.
Quelques photos, des miroirs, des éventails de publicité, du talc, des éventails miniatures et cartes parfumées , afin de faire découvrir les senteurs aux clientes.
Des flacons de parfums peints à la main.
Sous vitrine :
Poudriers, flacons, un éventail à l’effigie de Rosine.
Quelques affiches publicitaires des parfums Rosine.
Des mouchoirs publicitaires en soie.
Un mouchoir "le fruit défendu" atelier de Martine
.
Dans ces années de prospérités, Paul Poiret, réalise de nombreuses tournées à travers l’Europe. Il créé un réseau artistique, son épouse devient son ambassadrice.
Présentation d’une malle à chapeau ayant appartenue à Paul Poiret, il s’agit d’une malle Vuitton datée de 1911
Quelques affiches et photos montrant le couple en déplacement.
Une robe exposée nommée Fontaine ou la source 1924 Poiret Paris
Un ensemble : robe, ornement de tête et collier premier quart du XX eme siècle, Paris le bas de la robe violet le haut en brodé beige, soie, broderie, métal, perles.
Une robe bleue et blanche
Un sac à main en laine et soie et tapisserie de basse lisse de la manufacture de Beauvais le designer Raoul Dufy.
Vers les années folles :
Les années folles débutent en 1920 jusqu’en 1929. Après la fin du conflit, la nouvelle génération rêve d’un monde nouveau. Venue d’Amérique la musique de jazz fait son apparition, mais aussi la danse, la radio et le sport, les industries et l’apparition de l’électroménager. La croissance économique est très forte. C’est la place à l’individualisme (conception politique, philosophique, sociale, morale qui tend à privilégier les droits, les intérêts et la valeur des individus), André Gide et Marcel Proust donnent le ton littéraire de cette tendance qui croit avec le mouvement Dada dont Tristan Zrara publie le manifeste, le surréalisme André Breton n’est pas loin. L’art nouveau disparaît avec la guerre, l’art déco fait son apparition.
Les lieux de Paris les plus célèbres : Montmartre et Montparnasse.
A Montparnasse de nombreux café la coupole, le dôme, la Rotonde, la Closerie des Lilas et les salons de Gertrude Stein, ce sont des lieux de rencontre pour les artistes et intellectuels. Le quartier représente la modernité, des trompettistes s’y sont installés tel que Arthur Briggs, on y rencontre l’écrivain américain Henry Miller et d’autres écrivains Hemingway, Scott Fitzgerald et les peintres de l’école de Paris Soutine, Modigliani, Chagall………… L’avant-garde Surréaliste occupe le devant de la scène depuis 1920, apport de nouvelles formes d’expressions dans la poésie avec des auteurs comme Breton, Aragon, Eluard, en peinture avec les artistes Miro, Ernst, Dali, Picabia, en sculpture Arp et Germaine Richier, pour le cinéma avec Luis Buñuel, René Clair et Cocteau.
Le monde du spectacle influencé par l’extérieur : le jazz fait une ascension fulgurante à Paris, musique amenée par l’armée américaine. La revue nègre avec Florence Mill et Joséphine Baker, puis le charleston musique inconnue en Europe. Le cabaret "le bœuf sur le toit" est à la mode dont le pianiste et compositeur Jean Wiener y joue. L’influence américaine est considérable.
La mode a changé, sous l’influence de Chanel et Patou, elle s’est simplifiée, les femmes sont émancipées, elles ont coupé leurs cheveux et raccourcies leurs robes. C’est l’avènement de la "garçonne". Paul Poiret continu de créer du rêve et fédère une clientèle d’habitués en proposant des modèles d’un exotisme accru. Poiret lance des parfums soulignant l’exotisme, l’orientalisme et son goût pour le théâtre.
Quelques affiches de Lepape sont exposées.
Un catalogue et correspondance autour de l’exposition à la galerie Charpentier préface de Jean Cocteau.
Artiste parmi Les artistes :
Paul Poiret est un érudit, un dessinateur et aime l’art, il évolue dans le contexte artistique du début du XX eme siècle, le fauvisme, le cubisme, art déco. Il s’entoure très vite des plus grands artistes, dont le talent peut contribuer à ses recherches.
Iribe et Lepape illustrent ses créations au sein de magnifiques albums.
Raoul Dufy conçoit pour lui de belles étoffes et imprimés reprenant des thèmes animaliers et floraux, ils créés ensemble en 1910 un atelier d’impressions de tissus, Dufy dessine les motifs, grave les bois servants d’impressions, étudie les techniques chimiques nécessaires et quelquefois imprime.
Il a rencontré Derain et Vlaminck, lorsqu’ils peignaient leurs premières toiles fauves (compagnons de ses nombreuses fêtes qu’il organisait).
Il a une grande admiration pour Dunoyer de Segonzac, pour lui il est l’un des plus grands artistes de l’époque, Picasso a présenté pour la première fois dans les ateliers Poiret " Les demoiselles d’Avignon .
Poiret à créé le costume porté par Sarh Bernhardt dans l’aiglon, il a conçu à plusieurs reprises des costumes de théâtre dont ceux des pièces : Aphrodite, Le Minaret, Nabuchodonosor, il est devenu le couturier favori des actrices : Arletty, Mademoiselle Spinelly, Georgette Leblanc, Réjane.
En 1921, il monte un théâtre dans son jardin, il y rencontre Isadora Duncan, Joséphine Baker, Edouard de Max, il interpréte même une pièce en compagnie de Colette.
Exposition d’un livre écrit par le couturier "art et phynance " daté de 1934
Quelques tableaux de Raoul Dufy :
"Les champs de courses", daté de 1928, huile sur toile.
"Le jardin à Hyeres", 1943, huile sur toile.
" La pèche " , huile sur toile
"Saint Tropez vu de la citadelle" par Dunoyer de Segonzac, vers 1950 aquarelle et plume sur papier.,
"Le rimmel" par Van Dongen 1920, papier
"Mademoiselle Geneviève Vix dans le rôle de Salomé" Van Dongen 1924-25, huile sur toile
Des grands panneaux de tissu pour habillement : dont :
Bagatelle ou le Pré Catalan, 1920, dessin de Raoul Dufy par Bianchini,
Ainsi que février daté de 1919, les amis 1919, ils sont en fibranne viscose et soie.
Et Après ? :
Paul Poiret a compris rapidement que posséder une maison de parfumerie augmente la renommée et le prestige de sa maison de couture. Le parfum est l’accessoire de mode essentiel à la beauté féminine. Son entrée dans l’univers du parfum bouleverse totalement l’industrie de la parfumerie ; toutes les maisons de couture postérieures à Paul Poiret ajoutent la dimension olfactive à la parure féminine. Maurice Babani, Chanel, Jane Lanvin, Dior, Saint Laurent, Mugler et bien d’autres. Avec Coty et Lalique, Paul Poiret ouvre une autre voie aux maisons de parfumerie : celles de concevoir les flacons comme de véritables œuvres d’art en travaillant avec les artisans de son temps……… .
Présentation d’un flacon créé à l’occasion de l’exposition internationale des Arts décoratifs en 1925, le flacon arbore des motifs d’impressions chinoises. Designers Paul Poiret et Julien Viard.
Quelques extraits du catalogue de l’exposition.
Elégance, raffinement, délicatesse, une très belle collection de flacons accompagnés de leurs coffrets. Cette exposition présente tout l’univers de Paul Poiret.
A ne pas manquer
Au musée de la parfumerie à Grasse, jusqu’au 30 septembre.