Pour la première fois les trésors du Mont Athos sortent de Grèce pour s’exposer à Paris.
Un peu d’histoire :
Le Mont Athos « la sainte montagne » péninsule qui se situe dans le nord de la Chalcidique, offre l’un des plus beau paysage de Grèce. Le point le plus haut culmine à plus de 2000 mètres.
L’arrivée des moines au Mont Athos est surement due aux événements de la seconde période de la crise iconoclaste 813-842. Persécutés pour la représentation des images, ils se sont réfugiés sur le Mont Athos favorisant leur isolement, cela depuis le V eme siècle. Ils vivent en solitaires, cela existe en Orient depuis VI eme siècles à la suite des premiers ascètes chrétiens de Palestine et d’Egypte. Ce type de vie monastique prend plusieurs formes : ceux qui se retirent du monde pour vivre à l’écart ils sont appelés anachorètes, chacun vit seul, isolé des autres cela fait un ermite. Lorsque les ermites vivent pas loin les uns des autres ils forment une communauté appelé laure, chacun vit comme il l’entend il n’y a pas de chef. Ces demi-solitaires s’exercent à l’ascète, ils peuvent consulter un ancien quand ils le souhaitent. Le plus célèbre est Saint Antoine l’Egyptien, dont la vie, fut rédigée par son ami Athanase, évêque d’Alexandrie, qui devint le guide de la vie ascétique des générations de moines.
L’arrivée de Saint Athanase au Mont Athos X-XI eme siècle
Saint Athanase arrive au Mont Athos en 963, il vient fonder le monastère de la grande Lavra, avec l’appui de Nicéphore Phocas, élu empereur la même année, il consacre de grands moyens à la fondation du monastère. Athanase veut importer au Mont Athos, le modèle cénobitique c'est-à-dire vivre et prier en communauté sous un même toit, avec un règlement intérieur et un chef. C’est la règle de vie « stoudite », elle aura une grande influence jusqu’au XV eme siècle et au-delà. Sa vision de la vie monastique se heurte a celle des moines anachorètes qu’il trouve a son arrivée. C’est pourtant son choix qui sera imposé avec l’aide de Byzance. Son successeur poursuivra son œuvre notamment la première réglementation ou typikon signée en 972 par l’Empereur. Ce typikon constitue le droit athonite, encore en activité aujourd’hui
L’empire byzantin :
En 324, L’empereur Constantin décide de transférer la capitale de l’Empire à Byzance, situation stratégique et économique favorable. La nouvelle capitale rebaptisée Constantinople, est inaugurée en 330, elle est désignée comme la nouvelle Rome, et montre ses liens avec la ville de Rome et la continuation de la tradition romaine.
Les deux siècles suivants, l’Empire doit défendre le christianisme, devenue religion d’état, et contre les invasions des nouveaux peuples tel que les Huns. Justinien 1 er (527-565) réussit à reconquérir l’Occident et à rétablir l’unité de l’empire provisoirement. Son règne est marqué, par une grande œuvre, le fondement du droit civique moderne.
Au VII eme siècle, l’Empire traverse une crise. Il perd les provinces les plus riches de l’Orient, conquises par les arabes 636.Pendant des siècles, feront peser une menace sur Byzance. Dépossédé d’une grande partie de la péninsule balkanique avec l’arrivée des slaves, fin VI eme VII eme siècle.
La fondation de la Bulgarie date de 631, de cette crise nait l’Empire grec. La crise iconoclaste 730-843, opposent adversaires et défenseurs des images, cela dure pendant plus d’un siècle.
Le rétablissement du culte des images à lieu en 843, ce sera la période la plus glorieuse de l’histoire byzantine.
Les empereurs de la dynastie macédonienne de 867 à 1056 reconquière l’Asie mineure, les Balkans et préparent une œuvre législative importante.
L’Empire connait au IX et X eme siècle une renaissance culturelle de l’église de Constantinople et étend son influence sur les nouveaux états : 863 évangélisation de slaves, 864, baptême du tsar de Bulgarie, en 989 celui du prince russe Vladimir.
Fin XI eme, de graves troubles compromettent l’œuvre des macédoniens. La pénétration économique de Venise, Gènes et Pise, privent Constantinople de ses ressources économiques. Les croisades ruinent et morcellent l’Empire. La prise de Constantinople à lieue en 1204 est placée sous domination romaine. Après sa reconquête en 1261, malgré la reconstitution de l’Empire, il est affaibli économiquement, bouleversé par des guerres dynastiques et des mouvements sociaux, l’Empire ne peut résister à l’avancé des ottomans, ils prennent Constantinople en 1453, sa chute marque la fin de l’Empire byzantin. Byzance a su créer de 1261 à 1453, une renaissance culturelle et artistique, qui survivra à la disparition de l’Empire.
Extraits du petit journal.
Mais revenons à l’exposition, à l’entrée une maquette du mont Athos, en suivant, nous avons toute l’histoire du Mont qui se déroule par date en même temps que la découverte des œuvres.
Les monastères sont au nombre de 20, les œuvres exposées viennent principalement de deux monastères Vatopédi et d’Iviron.
Le Mont Athos dans l’Antiquité IV après JC.
Existence de 5 villes sur la péninsule à cette période. Des petits hameaux ont subsistés, des vestiges d‘une basilique paléochrétienne ont étés trouvés ainsi que des céramiques sans décor.
Présentation d’un bas-relief funéraire avec une inscription et une tête d’homme début II eme siècle après JC
L’arrivée des moines étrangers et de Saint Athanase
Une icône est exposée le représentant, elle date de 1360, un psautier datant du Ix eme siècle pour les œuvres principales, une icône avec Saint Georges et Saint Paul Xeropotaminos entourant le Christ.
Art Byzantin à Athos époque Byzantine
Cette époque correspond à l’apogée culturel et politique de l’Empire.
Les ivoire grand succès au X et XI eme siècle, place importante dans la production artistique de l’époque. Avec la dynastie des Commènes 1081-1185, c’est la floraison des arts et lettres qui atteignent leur apogée, la peinture monumentale qui orne les bâtiments monastiques.
Sont exposés : L’embrasement des apôtres Pierre et Paul 1170-1180, revêtement d’une reliure XIV eme XV eme siècle, argent doré pierres semi précieuses , icône représentant l’apôtre Marc et une icône de l’apôtre Pierre. Nous reconnaissons la peinture commène par le volume des visages, les aplats rouges sur les joues, les sourcils arqués et le rendu de la chevelure.
L’art Byzantin à Athos
Les 20 monastères renferment l’une des plus grandes collections d’art chrétien au monde, cela va de la renaissance macédonienne à la chute de l’empire de Byzance. Les églises et bâtiments monastiques offrent des sculptures et mosaïques, mais aussi beaucoup de manuscrits, reliquaires, broderies, mobilier et objets liturgiques.
Un certain nombre de ces objets sont à l’exposition.
L’art du XIII au XV eme siècle
A la faveur de la 4 eme croisade, la prise de Constantinople par les latins alliés aux vénitiens marque un passage difficile pour les monastères, qui sont occupés tour à tour par les croisés. Cette présence explique, l’arrivée d’œuvres occidentales, conservées dans les monastères.
Un exemple nous est montré par une plaque, l’adoration des mages, attribué à un atelier de Basse-Saxe entre le XII eme et XIX eme siècle, aussi une plaque en émail de Limoges.
La restauration de l’Empire byzantin par Michel VIII ouvre une période de renouveau pour la Sainte Montagne, elle correspond au renouveau de Constantinople. Ce développement monastique résiste à l’occupation serbe 1356-1371, puis à la prise d’Athos par les turcs en 1383 puis en 1393, puis la défaite des turcs à Ankara en 1406 n marque le retour e l’Athos dans l’Empire
A cette époque l’art de l’icône est fleurissant.
De grandes icones sont exposées, de Saint Georges, vers 1300, de Saint Dimitios, vers 1300
L’architecture à Athos
Le Katholikon c’est ainsi que l’on nomme l’église centrale d’un monastère. Les icones y occupent une grande place. Elles recouvrent l’iconostase (cloison séparant le sanctuaire de la nef recouverte d’icones) selon un programme bien précis. En temps que lieu principal e la liturgie, le Katholikon abrite l’ensemble des objets nécessaires au déroulement du culte. Livres saints, Evangiles, psautiers parfois richement décorés, rouleaux de liturgie, vêtements et ornements ecclésiastiques, des lutrins, mobiliers.
Présentation de lutrin XV eme en bois, de reliquaires, ornements liturgiques brodés.
Donations et protections impériales
De nombreuses donations furent faites aux monastères à l’époque byzantine. Les empereurs et leurs familles, les dignitaires byzantins, les souverains étrangers faisaient des dons aux monastères. Es œuvres précieuses des manuscrits, icônes revêtues souvent d’argent et argent doré, mosaïques. Ces dons visaient à, assurer la prière des moines. Ces donations pouvaient servir également à une admission ou bien une amélioration des conditions de vie d’un parent moine. Ces cadeaux pouvaient jouer un rôle diplomatique.
Un exemple avec Jean VI Cantacuzène (1347-1354) au monastère de Vatopédi. Son règne marqué par des menaces extérieures, troubles sociaux au sein de l’Empire byzantin, détrôné il devient moine et pensait venir au monastère de Vatopédi dont il était un actif protecteur, il avait offert de grandes icones, des manuscrits, un epilaphios brodé la famille offrit aussi des terres.
Nous voyons ces objets tel que la croix d’iconostase fin XIV eme, un calice dit le jaspe, en argent doré seconde moitié du XIV eme, une icône de saint George, stéatite, argent doré.
Le Mont Athos après la chute de l’Empire byzantin
Repoussés deux fois les turcs sont aux portes de l’Empire. Dès 1423, le Mont Athos fait allégeance aux ottomans, 30 ans avant la chute de Constantinople. Les sultans adoptent une politique favorable aux moines. Cette alliance permet au Mont de garder son autonomie, après la chute de l’Empire, ce sera le refuge de l’orthodoxie et son défenseur, c'est-à-dire permanence de la vie monastique mais aussi une vitalité artistique. Depuis le XV eme siècle le mont Athos importe des œuvres de grandes qualités, des icones de Crète. Au XVI eme le moine crétois Théophane s’installe à Athos. Sa réalisation de la décoration en fresques des Kathonikata 1546 introduit un retour au style monumental.
Nous pouvons voir Le prophète Ezéchiel montre une grande expressivité
Au XVII eme siècle la peinture perpétue le XVI eme, un exemple le Christ pantocrator.
Au XIX eme, un grand nombre de peintres moines travaillent à Athos, ils créent une peinture religieuse populaire qui marque la fin de l’Empire byzantin.
L’exposition se termine de nombreux livres venant des bibliothèques des monastères
Cette exposition est exceptionnelle par la mise en valeur et la beauté des œuvres présentées. De magnifiques panneaux photographiques de Ferrante Ferranti montrant les monastères, ils permettent de situer les œuvres dans leur contexte.
Exposition à ne pas manquer, au petit Palais à Paris jusqu’au 15 juillet.