Trésors de la couronne d’Espagne - Un âge d'or de la tapisserie Flamande
Histoire de la tapisserie.
La tapisserie est originaire d’Asie, puis d’Afrique du Nord, elle fut introduite en France au retour des croisades chrétiennes au Proche-Orient, elle était utilisée pour des décors d’intérieur et d’ameublement.
On distingue deux sortes de tapisseries :
La tapisserie au petit point dite tapisserie au point d’aiguille et la tapisserie de haute et basse lisse,
Il convient encore de distinguer deux sortes de tapisseries : les tapisseries exécutées sur des métiers verticaux dit de haute lisse, déjà utilisés par les égyptiens ou horizontaux dits de basse lisse. Tandis que la différence la plus évidente entre haute-lisse et basse-lisse dépend de la position verticale de la chaîne en haute-lisse comparée à la position horizontale de la chaîne en basse-lisse, la vraie et fondamentale différence dépend du fait que la basse-lisse a des marches et la haute-lisse n'en a pas.
La tapisserie des Gobelins est de haute lisse, celle de Beauvais et Aubusson de basse lisse.
La tapisserie est l’une des traditions françaises, au cours des siècles elle a contribuée à l’embellissement du patrimoine français, elle fait partie des Arts décoratifs.
Au Moyen Âge et jusqu'à la guerre de Cent Ans, l’Ile de France est le plus grand producteur de tapisseries. C'est alors que la guerre et le pillage systématique des villes font fuir nos lissiers vers le Nord, où ils créent les Ateliers d'Arras. Mais après le sac de la ville, les tapissiers partent en Flandres,devenue une nouvelle métropole, ils travaillent en famille, ils tissent des scènes bibliques,s’inspirent également des traductions de textes grecs et latins, des scènes mythologiques, des scènes romanesques. Bruxelles réalisera d’énormes tentures historiées (suite de tapisseries illustrant un même cycle). Bruges fut également un centre de tissage important jusqu’au XVII eme siècle.
Vers la fin du XV, siècle, c’est le Val de Loire accueille nos tapissiers et c'est dans ce "berceau de nos rois" que naquirent les plus prestigieuses pièces de nos musées : "Les mille fleurs", sujets champêtres pleins de fraîcheur et de charme, où s'ébattent gentes dames, seigneurs et paysans sur un fond de fleurettes dit "de bord de Loire".
La fin du Moyen Âge voit apparaître les sujets épiques. Rois et princes font tisser les scènes de leurs tournois, de leurs combats et de leurs victoires ainsi que leurs parties de chasse. Cette époque reste la plus prolifique en chefs-d’œuvre incomparables.
La Renaissance et l'arrivée des artistes italiens, la tapisserie change radicalement de style. Associant peinture et tapisserie, Raphaël introduit l'art de la composition, l'ordre, la clarté, la perspective, le décor, les riches bordures et arabesques qui donneront le "haut en couleur" propre à la Renaissance.
En France, vers 1530, François Ier fonde à Fontainebleau la première manufacture royale de tapisseries. Vers 1660, c'est Colbert qui fonde les Gobelins, puis Beauvais, quatre ans plus tard, sous la protection de Louis XIV. Plus de 800 peintres et tapissiers sont réunis aux Gobelins, à Paris, sous la direction de Charles Le Brun dont l'idée est de spécialiser les artistes selon leurs dons et leurs affinités. C'est pourquoi il n'est pas rare de trouver un carton signé par plusieurs artistes différents
Après la mort de Louis XIV, les sujets officiels, solennels, disparaissent pour céder la place à la fantaisie la plus débridée. Tout au long des règnes de Louis XV à Louis XVI c'est le triomphe de la nature, de la sensualité. Scènes galantes et voluptueuses se succèdent à travers de riants paysages. Un style qui atteint son apogée avec Boucher.
La Révolution met un terme au génie créateur des tapissiers. Mais en 1795, Beauvais, Aubusson, rouvrent et jusqu'au XIX siècle on y reproduira les dessins des plus grands cartonniers de manufactures royales.
Au cours des siècles, les techniques de la tapisserie se modifient. Vers 1757 Jacques de Vaucanson met au point un métier de basse lice qui par la suite, fut légèrement amélioré par Joseph Marie Jacquard (1752-1834). Ce métier est à l'origine de la technique employée aujourd'hui dans les ateliers pour réaliser les points et particulièrement le point d'Halluin. Une technique grâce à laquelle la tapisserie a pu s'adapter au monde moderne tout en gardant son authenticité.
La couronne d'Espagne
Isabelle née en 1451, elle est la fille de Jean II, roi de Castille et de León et d'Isabelle de Portugal. Héritière du royaume de Castille. En 1469 elle épouse Ferdinand II d’Aragon, devenu roi de Castille en même temps que son épouse. Appelés les rois catholiques.
Ils eurent 6 enfants :
- Isabelle d'Aragon, épouse d'Alphonse, infant du Portugal, puis du roi du Portugal Manuel Ier, son cousin.
- Jean (1478 - 1497), prince des Asturies, épouse Marguerite d'Autriche mais meurt quelques mois plus tard.
- Jeanne Ire de Castille, dite Jeanne la Folle, héritière des royaumes de Castille, puis d'Aragon, et mère de Charles Quint
- Marie d'Aragon, seconde épouse, après sa sœur Isabelle, du roi du Portugal Manuel Ier
- Catherine d'Aragon, épouse d’Arthur Tudor, héritier de la couronne d'Angleterre, puis de son frère, futur Henri VIII et mère de Marie Ire d'Angleterre.
- Pierre d'Embasaguas (1488 – 1490), l'Infant, décède peu de temps, après sa naissance.
Le roi d'Aragon assure la régence au nom de son petit-fils Charles Quint.
La dynastie des Habsbourg les plus grands collectionneurs de l’Europe.
La dynastie des Habsbourg, a régné, à travers ses diverses branches, sur une grande partie de l'Europe pendant des siècles, est éteinte depuis 1780. Les Habsbourg ont dirigé : l'Autriche, comme ducs 1282-1453 puis archiducs 1453-1780, les Espagnes (1516-1700), le Saint Empire romain germanique pendant plusieurs siècles jusqu'en 1740, et enfin ils devinrent rois de Hongrie et de Bohême jusqu'en 1780.
La dynastie de Habsbourg dite philippine (Casa de Austria - Maison d'Autriche - en espagnol), règne sur l'Espagne à partir de Charles Quint, roi de ce pays sous le nom de Charles Ier d'Espagne. Durant ces règnes successifs, l'Espagne atteint le zénith de son influence et de son pouvoir, ainsi que son Siècle d'or culturel.
Les rois :
- Philippe Ier, 1504-1506 (roi consort de Castille, époux de Jeanne la Folle).
- Charles Ier, 1516-1556.
- Philippe II, 1556-1598.
- Philippe III, 1598-1621.
- Philippe IV, 1621-1665.
- Charles II, 1661-1700
Charles Quint :
ou Charles de Habsbourg, archiduc d'Autriche, né le 25 février 1500 au Prinsenhof de Gand en Flandre, et mort le 25 septembre 1558 au monastère de Yuste dans la province d'Estrémadure en Espagne. Il fut duc de Brabant sous le nom de Charles II (1515-1555), roi d'Espagne et de l’Amérique espagnole, sous le nom de Charles Ier (Carlos I), roi de Sicile, sous le nom de Charles IV (Carlo IV) (1516-1556) et empereur du Saint Empire Germanique (1519-1556) sous le nom de Charles V.
l'Espagne se hisse au rang de puissance européenne de premier plan grâce au développement du plus vaste empire colonial de l'histoire. Charles accède au trône des royaumes espagnols en 1516 à la mort de son grand-père Ferdinand II d'Aragon. Durant son règne, les Habsbourg d'Espagne contrôlent un immense territoire s'étendant des Philippines aux Pays-Bas.
Continuateur des Rois catholiques, l'empereur fait bâtir au point final de la reconquête un palais de style classique romain sur la colline de la Sabika, à l'Alhambra de Grenade : le palais de Charles Quint.
Le XVIe siècle voit la puissance espagnole atteindre son apogée avec la réunion sous l'autorité de Charles Quint et de son fils Philippe II d'un nombre extraordinaire de possessions rassemblées par la politique matrimoniale des Habsbourg, les exploits des conquistadors et leurs propres faits d'armes ; Charles Quint est l'empereur sur des territoires sur lesquels « le soleil ne se couche jamais » :
A l’époque du siècle d’or, les Habsbourg, en Espagne comme en Autriche sont de grands mécènes. L'Escurial, le grand monastère royal construit par Juan de Herrera sous les ordres de Philippe II, attire certains des plus grands architectes et peintres européens.
Ces tapisseries illustrent l’importance de ce genre artistique à la Renaissance et témoignent des fastes somptueux de la cour des Habsbourg. Le luxe, le prestige, de précieuses tapisseries en fils de soie et de laine, mais aussi d’or et d’argent, étaient considérées comme les biens les plus précieux après les bijoux et l’argenterie. Elles convenaient admirablement à la vie itinérante de la cour de Charles Quint et de son fils Philippe II.
L'exposition est présentée en 3 périodes :
1° L’époque des rois catholiques et de Marguerite d’Autriche. 1480-1530
Les premières informations sur les collections de tapisseries dans le monde espagnol remontent à la fin du moyen âge. Ces sources démontrent le rôle quelles ont joué dans les milieux aristocratiques proches de la cour d’Aragon et de Castille. Les tapisseries plus anciennes datent du début XVI eme dans les collections royales d’Espagne. Elles sont toutes de fabrications flamandes. Isabelle de Castille fut l’une des plus grandes collectionneuses de son temps, sa fille Jeanne et Marguerite d’Autriche, l’épouse de son fils Juan. Dans les collections de Jeanne et Marguerite on cède la place du gothique à une esthétique s’inspirant des idéaux de la Renaissance.
Période ou l’art prend une place importante dans les milieux proches de la cour, les souverains et la haute noblesse prennent conscience que les œuvres d’art sont dotées d’une grande capacité de représentation symbolique du pouvoir. Ils considèrent que les objets d’arts sont les moyens de mettre en scène la vertu de la magnificence. Les tapisseries, et l’orfèvrerie représentent, le moyen le plus efficace pour mettre en scène une vertu qui avait jadis été théorisée par Aristote, le plus lu et plus traduit de l’époque, il figure en bonne place dans les inventaires de livres des rois catholiques.
2) L’époque de Charles Quint et Marie de Hongrie 1500-1558
C’est l’âge d’or de la tapisserie flamande renaissante, elle a perdurée pendant la première moitié du XVI eme, Bruxelles en était le centre, parmi les artistes les plus connus ayant la plus grande virtuosité Bernard Van Orley, (on lui doit les cartons les plus célèbres de cette époque), Jan Cornelisz, Vermeyen (il a conçu les cartons de la tapisserie « La conquête de Tunis » la plus remarquable, commande de la cour impériale. Charles Quint était un des collectionneurs les plus avisé ainsi que sa sœur Marie de Hongrie, qui va menée une politique artistique et culturelle afin de stimuler la création de tapisseries, peintures, sculptures. Elle lancera une politique de création de constructions de demeures princières pour rassembler les collections d’objets d’art. Un très bel exemple au Palais de Binche entouré de jardins.
3) L’époque de Philippe II 1548-1578
1548, le prince Philippe (futur roi d’Espagne) va effectuer son premier voyage aux Pays-Bas. Le futur souverain entame la construction du monastère de l’Escurial à Madrid (1563-1580) La cour du souverain Habsbourg, située à Bruxelles s’établit à Madrid, les collections royales sont désormais renouvelées par des commandes modernes et originales.
L’exposition présente un éventail de tapisseries, elles correspondent aux différentes périodes évoquées avec des thèmes différents, quelques tableaux dont Charles Quint et Philippe II.
Quelques exemples :
A L’époque des rois catholiques et de Marguerite d’Autriche. 1480-1530
Entrée de César dans Rome vers 1460
L’histoire de Tydée (série histoire de Thèbes) vers 1490-1500
La traversée de la mer rouge vers 1490
Vierge à l’enfant et ange vers 1500
La naissance de Jésus (série de dévotion d’isabelle la catholique) vers1502-1504
L’époque de Charles Quint et Marie de Hongrie 1500-1558
La bataille de Zama (série l’histoire de Scipion) vers 1544
La fortune, la noblesse dans la (série les honneurs) vers 1520-1525
Faustulus rencontre Romulus et Remus (série la Fondation de Rome) 1525-1530
La chasse aux cerfs dans la série les chasses de Charles Quint 1531-1533
La prise de Tunis dans la série La conquête de Tunis bers 1549-1554
Ces tapisseries de Bruxelles ; d’après les cartons de Bernard Van Orley
L’époque de Philippe II 1548-1578
Persée libérant Andromède dans la série les fables d’Ovide avant 1566
Singes tirant l’arquebuse dans la série les grotesques vers 1542-1560
Saint Michel soumettant le démon dans la série l’Apocalypse inspiré de Dürer
Noé construisant l’arche dans la série l’histoire de Noé 1565-1566
La charrette de foin dans la série les tentations de saint Antoine, d’après Jérôme Bosch, v. 1550-1570, tapisserie, or, argent, laine et soie.
Quelques extraits du catalogue de l'exposition
Très belle exposition montrant des oeuvres exceptionnelles,
Jusqu’au 4 juillet 2010 à la galerie des Gobelins Paris