Eugène Delacroix nait le 26 avril 1798, meurt le 13 août 1863. Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand, il montre, un don général pour l'art, mais c'est la musique qui semble l'attirer, et toute sa vie il resta amoureux de cet art, auquel sa violente passion pour la peinture ne tarde pas à se manifester. Il entre aux beaux arts, une toile, "Dames romaines se dépouillant pour la patrie " (1818), offre déjà un certain intérêt.
1922, il envoie au Salon "Dante et Virgile ", malgré le mauvais vouloir de son maître Guérin, celui-ci y obtient le plus grand succès que puisse obtenir un artiste : des admirations enthousiastes et un déchaînement de critiques injustes, succès qui ne l'empêchait pas d'obtenir cette même année la dernière place dans le concours pour le prix de Rome. Continuant de travailler avec une énergie croissante, en 1824 il expose "Le massacre de Scio", qui accentue encore la tempête qu'avait soulevée son premier Salon.
Il évite l'académie, cela lui permet de fuir la ligne simple et harmonieuse. De cette époque datent " Le Tasse dans la maison des fous ", " L'Empereur Justinien composant ses Institutes", " Marino Faliero",et les lithographies de Faust qui lui valent de sincères éloges de Goethe.
Au Salon de 1831, " L'Évêque de Liège "soulève peu de discussions, mais la liberté guidant le peuple les fait renaître. Delécluze se rallie un peu, mais Ambroise Tardieu lutte par son acrimonie contre le bon vouloir manifeste de Gustave Planche. Quoi qu'il en soit, cette exposition eut un résultat appréciable et tangible : Delacroix fut décoré. C'est à ce moment qu'il commence une série de tableaux de combats, entre autres "Poitiers", "Taillebourg "(1831), qui le font traiter de Rubens manqué; suivie par des toiles historiques : "Charles-Quint au monastère de Saint-Just", "Boissy d'Anglas" et "Mirabeau et Dreux-Brézé".
En 1832, Delacroix quitte Paris et part au Maroc en Espagne, " la fantasia arabe",
"Rencontre de cavaliers maures" et "les femmes d'Alger dans leur appartement ",cette dernière fut refusée par le jury du Salon en 1834. Les années qui suivent se passent dans une production effrénée et il semble que Delacroix ait fait cette sublime gageure d'accumuler les chefs-d'œuvre. L'Institut lui ferme obstinément les portes et ce n'est qu'en 1857, au bout de vingt ans, qu'il réussit à être élu après avoir produit des centaines de toiles presque toutes de premier ordre tel que : "La Barque de don Juan", "Les Croisés à Constantinople" (commandé pour le musée de Versailles), la décoration du salon du roi à la Chambre des députés, etc. Depuis 1849 : "Les Disciples d'Emmaüs", "La Chasse aux lions". Delacroix reçut des critiques de tels assauts que forcément il devait devenir polémiste.
Une passion pour Delacroix
Karen B. Cohen collectionneuse américaine a réunie pendant 30 ans, une collection d’œuvres de Delacroix, dessins, carnets de croquis, esquisses peintes. Les œuvres de cette collection illustrent la carrière du peintre qui va de 1787 à 1863.
Les Etats-Unis et Delacroix
Les diverses donations par Karen B Cohen au Métropolitains Museum of Art de New York ne se contentent pas d’enrichir les ensembles de dessins et peintures, elles marquent aussi une étape capitale dans la représentation de Delacroix au sein des collections publiques américaines.
Cette exposition présente environ 90 œuvres, revenues dans la maison de l’artiste, endroit ou elles ont figurées jusqu’en 1894 date à laquelle le contenu de l’atelier fut vendu.
Différents thèmes le long de cette exposition, le premier est dédié aux œuvres religieuses.
Puis aux sujets littéraires avec esquisses et dessins. Des études pour grandes commandes de décors muraux pour le palais Bourbon au Luxembourg.
Un autre thème des copies d’après les maitres anciens tels que : Raphael, Rubens, Rembrandt.
Des études d’après modèles vivants ou corps disséqués.
Dans le grand atelier le voyage au Maroc, des études faites sur le vif et recomposées à travers ses souvenirs.
Paysages et animaux.
Dès l’entrée de l’exposition notre regard s'oriente sur l’œuvre « chœur à cinq parties » graphite, lavis noir et brun.
C’est à partir de 1850 que Delacroix aborda les sujets religieux, lorsqu’il entreprit les peintures murales de l’église saint Sulpice à Paris. N’ayant qu’une approche esthétique de la religion, les œuvres religieuses tiennent une place centrale dans le corpus de l’artiste. Il a puisé ses sources chez les grands maitres du passé tel que Titien, Raphael, Rubens, Rembrandt. Il se mesure souvent aux mêmes thèmes bibliques.
Quelques unes des œuvres exposées :
Étude pour la vierge du sacré cœur encre et plume, une seconde version encre et lavis en 1821.
Le Christ au jardin des oliviers encre et lavis brun, le bois derrière le Christ est noyé dans un lavis sombre presque abstrait, souligne l’isolement du Christ prostré au sol.
Une esquisse pour la lutte de Jacob avec l’ange 1850, encre et huile sur papier calque marouflé sur toile. A l’arrière paysage sombre au premier plan la lutte entre Jacob et l’ange .
Cette lutte est regardée, par les livres saints, comme un emblème des épreuves que dieu envoi quelques fois à ses élus.
Le Christ guérissant l’aveugle de Jéricho 1862-63 huile sur toile. Un aveugle est présenté, alors que dans les Evangiles selon Luc et Marc, l’artiste à introduit diverses variantes.
La salle suivante présente les sujets littéraires.
Delacroix est un peintre d’histoire, il a puisé son inspiration dans la littérature.
Quelques œuvres présentées : des études, l’assassinat de l’évêque de Liège tirée du roman Quentin Durward de Walter Scott auteur que Delacroix appréciait , les deux Foscari de Byron, et des dessins préparatoires, des séries des lithographies d’après Hamlet, Lélia de George Sand qui était l’amie du peintre, il lui adressa plusieurs versions, le sujet : devant le Corps de son amant mort, sous le regard du moine Magnus, Lélia confessa son amour à celui dont l’infidélité l’a conduite à se retirer dans un couvent, Desdémone maudite par son père, scène tirée d’Othello, dont un petit carnet de dessins représentant différentes scènes de la pièce, souvenir d’ une représentation a laquelle l’artiste assista en 1855.
Delacroix atteint sa notoriété avec la peinture d’histoire contemporaine, de son siècle. L’artiste ne sera pas indifférent a un événement, la révolte des grecs contre l’empire ottomans éclata en 1821, vaste mobilisation en Europe en faveur de la cause grecque (cette guerre symbolisait la lutte de la civilisation occidentale contre la barbarie orientale), Delacroix pouvait en lire les récits dans la presse. Il consacra plusieurs œuvres a cet événement « les scènes des massacres de Scio » 1824 ‘ La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi » 1826, à l’exposition « études de costumes grecs », plusieurs études d’un homme mort allongé encre et lavis brun.
Des corps disséqués, étude écorché figure debout de trois quarts, graphite. Académie d’homme de dos, huile sur papier marouflé sur panneau. Etude d’écorché torse d’un cadavre, graphite, sanguine, vraie blanche.
Les maitres anciens, Delacroix prit un réel plaisir à copier les anciens, il appréciait les artistes italiens.
La collection Cohen comprend deux copies d’après Raphael, une vierge à l’enfant d’après Rubens, scène de combat d’après un dessin de Raphael. Le martyr Saint Sébastien d’après Véronèse., deux études de nus masculin d’après Géricault, plume et encre.
Nous poursuivons la visite dans l’atelier de l’artiste, pour y accéder il faut descendre quelques marches à l’extérieur de la maison qui donne sur un magnifique jardinet.
Quelques dessins du voyage au Maroc.
Delacroix effectua un voyage au Maroc pendant six mois en 1832, faisant parti de la suite de l’ambassadeur de France, le comte de Mornay, venu négocier, avec le Sultan Abd el-Rahman les arrangements nécessaires consécutifs aux débuts de la conquête de l’Algérie. Pour Delacroix se fut une source d’inspiration majeure pour la suite de sa carrière, par ses écrits et par sa peinture, la beauté de la nature, les couleurs, la lumière ce fut une surprise pour lui de se retrouver dans une ville orientale. Il écrira plus tard souvenirs"un voyage dans le Maroc".
Eugène Delacroix fut aussi un artiste animalier, ses tableaux et études nous montre le monde animal, des oiseaux, fauves, chevaux. On retrouve la fougue de l’artiste, il représente souvent les chevaux écumants, ou dans des combats. A partir de 1840, les fauves s’imposent de plus en plus dans son imaginaire.
A l’exposition : Etudes de perroquets, graphite. Plusieurs études de chevaux, graphite et encre. Cheval sauvage terrassé par un tigre, lithographie. Et Encre aquarelle et gouache. Tigre aux aguets, plume et encre.
Il dira « les hommes sont des tigres ».
Paysages et architecture
L’abbaye de Valmont, lieu privilégié de l’artiste ou il s’est rendu pendant trente années, il s’y rendait lorsqu’il voulait s’éloigner des émotions vives de sa vie parisienne. Repos et promenades lui permettait de découvrir de lieux et objets à peindre.
Un exemple : avec le paysage « vue sur l’aqueduc », encre et lavis brun. Mais aussi un carnet de Normandie, 44 pages, 39 dessins, représentant le château de Valmont, le chœur de l’église de l’abbaye de Valmont. Tombeau de Nicolas d’Estouteville, études de vitraux, graphite encre et lavis.
A partir de 1842, il se rendait chez son amie George Sand à Nohant, ou il gouta les plaisirs de la vie à la campagne, proche de la nature, il pu ainsi apprécier fleurs, les arbres du parc, le jardin.
A l’exposition : étude de fleurs champêtres, étude d’une branche fleurie. Vue du parc de Nohant, encre et lavis brun. Un paysage avec colline, huile sur papier marouflé sur toile. Coucher de soleil, pastel vers 1850.
Magnifique collection montrant le génie d’Eugène Delacroix, les différents thèmes exposés évoquent les moments forts de la carrière de cet immense artiste que ce soit par les grandes feuilles, les carnets de dessins, croquis, esquisses.
Exposition à ne pas manquer.
Quelques extraits du livre de l’exposition.
Jusqu’au 5 avril au Musée Eugène Delacroix 6, rue de Fürstenberg Paris