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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 16:32

Siddhârta Ballet d’Angelin Preljocaj

Musique Bruno Mantovani

 

L’Incarnation de Bouddha Siddhârta Gautama, né vers 560 avant JC, dans le nord de l’Inde, il aurait vécu 80 ans. Il est l’initiateur du bouddhisme et vécut à l’époque charnière de la pensée religieuse, en effet il vécut à la même période ou en Chine Lao Tseu et Confucius ouvraient la voie du taôisme et du confucianisme. Au proche Orient, les perses et les hébreux se partagent les frontières le monothéisme et du polythéisme. La tradition orale, recueillie dans les premiers écrits bouddhique du 1er siècle de notre ère, narre que Siddhârta était le fils ainé du roi Suddhodana.

 

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 Ce ballet est composé de 14 tableaux. Siddhârta un homme rencontre l’éveil une femme, les hommes vêtus de noir représentent les forces du mal. Les mystères, les tourments de ce long voyage intérieur sont dévoilés, semé d’embuches, d’incertitudes et de doutes. C’est le sacrifice dans la quête d’un absolu.

 

 Dès le lever de rideau nous sommes dans une atmosphère particulière, la lumière est froide, une énorme boule de métal grise balaie l’espace et fabrique des nuages sous laquelle les danseurs évoluent, vêtus de noir et casqués. L’atmosphère mentale, représentation de la brutalité, du tourment de l’angoisse du désordre. L’homme est désuni, il est le lieu de sentiments qui le divise, haine, folie, ambition, vanité, fierté, orgueil, envie, jalousie. Les danseurs, se comportent selon des lois qui leur sont propres sans aucune cohérence, aucune unité, énergie négative, cela transmet la violence le désordre, l’angoisse.

 

II- Siddhârta et sa femme Yasodhara lors d’une fête à la cour. Musique et opulence, tout le monde danse et s’amuse, le vent tiède et parfumé fait bruire les feuilles des arbres. Siddhârta angoissé, se sent prisonnier. La perspective de monter sur le trône est pour lui un supplice. La vie familiale, l’amour de ses proches sont un obstacle à son accomplissement spirituel. Le roi, père de Siddhârta essai d’intéresser son fils aux affaires du royaume, mais Siddhârta explique au roi que son rôle n’est pas de s’occuper de politique mais du salut de l’homme. Il s’éloigne au bord de la rivière pour méditer, le roi l’épie et a peur que son fils quitte le royaume.

 

 III – Un village, misère et maladie, détresse épidémie. Siddhârta et Yasodhara viennent en aide à la population, des villageois contaminés s’écroulent sur le sol. Siddhârta oppressé ne supporte plus cela. Comment libérer l’humanité de la souffrance ? On les éloigne d’un vieil homme qui est sur le point de s’éteindre.

 

 IV- Atmosphère mentale. Une femme danse, dans le lointain, comme une vision, d’essence abstraite, précédée d’un écoulement mélodieux de messagères qui en même temps l’annoncent et la protègent. C’est la figure de l’éveil, elle est l’incarnation de la libération. Elle est la voie qui mène à la plénitude au-delà de toute souffrance. Elle est le rêve qui a commencé à prendre forme dans l’esprit de Siddhârta.

 

V – chambre à coucher, Siddhârta annonce à sa femme qu’il s’en va pour trouver la voie : « Je voudrais vaincre l’angoisse et l’affliction. Extraire les hommes de leur souffrance et les sauver de leur agitation. Quand j’aurais trouvé la voie de l’illumination je reviendrai auprès de toi. » Yasodhara, pleine d’abnégation et de compréhension, le laisse partir. C’est avec une immense dignité qu’elle dissimule à Siddhârta la douleur qui l’accable. Siddhârta et Ananda son fidèle cousin, quittent le palais en s’enfuient dans la foret, où ils courent pendant longtemps. Siddhârta demande à Ananda, de lui couper ses longs cheveux avec une épée. Un peu plus tard, ils échangent leurs riches vêtements, contre ceux, usés et rapiécés, de deux vagabonds, avant de s’endormir au pied d’un arbre.

 

 VI- Atmosphère mentale, la même vision féminine, Cette fois-ci au lieu de rester immobile Siddhârta fait quelques pas vers la figure de l’éveil. Il doit lutter contre un grand nombre de pensées et de sentiments qui s’interposent, incarnés par les danseurs vêtus de noir, et écarter de son esprit des images de son père, de sa mère, de sa femme, qui l’entravent. Ainsi, après un long combat, Siddhârta voit la figure de l’éveil s’estomper peu à peu, et finit par disparaître.

 

VII – Siddhârta et Ananda, ont pris place dans une communauté d’ermites. Immobiles, silencieux. De très légères altérations de leurs postures. Des gestes étranges qu’ils réalisent manifestent les effets de la méditation sur leur état mental. Des villageois apparaissent, les ermites font l’aumône, on leur donne de l’eau et de la nourriture. Sujeta, une jeune villageoise se met à jouer de la flute, en présence des deux jeunes filles sensuelles. La douleur qu’exprime cet air de flute, plaintif et discordant, l’affliction qui se laisse percevoir bouleverse Siddhârta et le conforte ainsi dans sa résolution : libérer l’humanité de la douleur. En même temps on sent l’attirance que Siddhârta et Ananda éprouvent envers les deux jeunes femmes, les efforts qu’ils déploient l’un et l’autre pour écarter la tentation qu’elles ont fait naitre, celle du plaisir et de l’amour. Ils ne cessent de les regarder, ils les suivent du regard lorsqu’elles s’éloignent.

 

VIII - Atmosphère mentale, Siddhârta s’est isolé pour méditer et se rapprocher peu à peu de la figure de l’éveil en cheminant d’une messagère à l’autre comme sur les barreaux d’une échelle mouvementée. Les danseurs vêtus de noirs, le souvenir de ses parents, ont pour effet de détourner Siddhârta de l’objet de sa quête. C’est à une difficile domestication de ses énergies intérieures que l’on assiste. Les membres de sa famille semblent repoussés en périphérie du plateau par une main invisible que son esprit commanderait. Toute inquiétude a disparu, Siddhârta pénètre dans « les êtres sans le vouloir » , qu’il convoite, et dans l’état de l’espace infini. Il s’est allégé de toute activité mentale. Les notions d’extase et de perception ont cessé d’exister. Cet état n’est pas un effet de la conscience : c’est la conscience elle-même. Une adhésion totale de l’esprit à l’instant et à l’univers vivant. L’espace est vécu comme la source illimitée de toute chose. Dès que Siddhârta s’approche de la figure de l’éveil, les messagères semblent devenir immatérielles et se dissoudre dans l’atmosphère. Il est sur le point de triompher, s a méditation finit par échouer.

 

IX - Siddhârta et Ananda au milieu des ermites. Ils vont faire l’aumône auprès des villageois, on sent que Siddhârta les magnétise. Il attire à lui l’attention et les offrandes de tous, il redistribue la nourriture à ses compagnons. Rencontrant deux jeunes filles sensuelles sur leur passage, Siddhârta et Ananda se laissent entrainer jusqu’à la rivière. Les deux hommes se précipitent chacun dans les bras d’une des jeunes filles et s’abandonnent à la puissance de leur désir. Moment d’oubli et de consolation. C’est excessif et passionnel, tendre, sensuel, respectueux. Siddhârta et Ananda se culpabilisent, ils regrettent ce qu’ils viennent de commettre. Ils se lancent contre un mur devant les deux jeunes filles, qui tentent de les retenir puis s’enfuient, effrayées.

 

X- Mortifications, supplice, souffrance. Siddhârta et Ananda se sont engagés dans une épreuve mentale et corporelle totalement folle, excessive, radicale, ils n’ont plus de force. Les tortures qu’ils s’infligent se multiplient. Siddhârta s’entraîne à surmonter la peur. Il imagine qu’il parviendra à se libérer de lui-même s’il s’affranchit de la douleur. Les deux hommes se lacèrent la peau avec une lame. Ils rampent dans des ronces dans des cailloux. Ils retiennent leur respiration. Ils demandent aux ermites de déposer des blocs de pierre sur leur torse. Ils demandent qu’on les encorde au tronc d’un arbre pendant plusieurs jours. Ils retirent du feu à pleines mains des boulets de fonte incandescents. Atmosphère mentale. Siddhârta après un supplice particulièrement cruel, se déplace au milieu des messagères, qu’il semble avoir domestiquées, et essai de conquérir la figure de l’éveil. Il s’en approche mais la lumière se rallume violemment. C’est brutal. La figure de l’éveil a disparu. La réalité a refait irruption. Echec. Sa quête spirituelle, une fois de plus, s’est disloquée. Siddhârta se dit qu’il n’y arrivera jamais. Il traine son amertume au pied d’un arbre, il s’écroule.

 

XI – Siddhârta se réveille au pied de l’arbre. Il s’ouvre au monde sensible. C’est un déclic. Relation sensuelle avec la matière, les sons, les parfums, la lumière. Un grand nombre de sensations se déploient en lui. On a l’impression que pour la première fois depuis longtemps il regarde autour de lui et se rend réceptif aux beautés de la nature. C’est gai et enjoué. Sujata arrive et lui donne des fruits. Ils s’amusent. Sujata joue le même air de flute que la fois précédente et propose son instrument à Siddhârta. C’est discordant, mélancolique et douloureux. Puis peu à peu un air magique se fait entendre, une mélodie sublime et apaisée qui convoque toutes les splendeurs de l’univers. Enchantement, plénitude du moment présent. Les oiseaux interrompent leur chant pour se délecter de cet air harmonieux. Des villageois ont accouru et entourent Siddhârta. On lui remet une nouvelle robe, ainsi qu’à son cousin. Siddhârta fait l’expérience du moment présent et de la plénitude sensorielle : boire, manger, se baigner dans la rivière, contempler les paysages. Il a compris que c’est de cette manière, en observant avec la plus grande acuité ce qui se passe autour de lui, qu’il parviendra à la libération. On sent dans son attitude l’imminence de cet événement. Siddhârta et ses disciples ne font plus qu’un avec l’univers. Ils sont entrain d’assimiler les principes d’impermanences, et d’interdépendances et d’absence de soi préparé. C’est la mise en œuvre de ces principes que s’ouvrira l’illumination. Ils vivent des milliers de naissances et de morts. Sujata et villageois, emportés par cet élan vital, s’éloignent de Siddhârta, qui reste seul.

 

XII – Siddhârta se prépare longuement. Il se confectionne un tapis d’herbes et de fleurs coupées. Atmosphère mentale. La figure de l’éveil apparaît, accompagnée de ses messagères. Ecartant les uns après les autres, les danseurs vêtus de noir, sa femme et ses parents, obtenant des messagères, par la seule force de son esprit, qu’elles forment comme un sentier qui le conduise vers l’illumination, Siddhârta accède enfin à l’état de béatitude absolue : il étreint la figure de l’éveil.

 

XIII – Sujata se trouve seule C’est alors qu’apparaît Siddhârta. Il n’a jamais été si lumineux, auréolé d’une telle aura d’autorité. Il se déplace avec humilité, suivi par un grand nombre de villageois magnétisés, impatiens d’être entrainés par sa parole sur la voie de l’illumination. Il ne fait pas de doute, il a trouvé la voie. Sujeta se précipite vers lui et l’interroge sur ce qui s’est passé. Une ronde se forme autour de Siddhârta. Celui-ci isole Sujeta et lui délivre sa parole. Ce sont des stances, il s’exprime d’une manière imagée. C’est alors que le climat mental de la méditation descend sur le plateau : Siddhârta guide et oriente la jeune fille vers la figure de l’Eveil au milieu du chaos des danseurs vêtus de noir. Il l’a pousse devant lui par la seule force de sa pensée et obtient d’elle qu’elle neutralise les uns après les autres, les danseurs vêtus de noir. C’est ainsi que Sujeta va parvenir à éteindre la figure de l’éveil. Cela va se produire avec d’autres villageois. La figure de l’éveil va passer d’une personne à une autre dans une sorte d’embrasement universel. Siddhârta partage l’éveil avec ses contemporains.

 

 XIV – Des centaines de disciples autour de Siddhârta et d’Ananda. Sa femme et ses parents sont là. Tous habillés pareil. Rien ne les distingue des autres. Même le roi reconnaît qu’il s’est trompé et demande à son fils de lui pardonner : il voudrait qu’il lui enseigne son savoir. Un groupe d’hommes refuse de se soumettre. Siddhârta essaie de leur parler. Ils ont gardés leurs riches vêtements. Ils tiennent dans leur bras des cartes roulées dans des tubes. Même si Siddhârta, a fini par conquérir la figure de l’éveil, la violence et la dureté du monde n’en continuent pas moins de prospérer. Siddhârta revient vers ses disciples.

 Extraits du livret.

 

 Très belle chorégraphie d’Angelin Preljocaj, la musique très originale de Bruno Mantovani bien adaptée. Grande soirée, le ballet de l’opéra est toujours aussi talentueux, haute technicité, mais aussi la grâce, la sensibilité. Dans les rôles principaux : Aurélie Dupont l’éveil ; Nicolas Leriche Siddhârta ; Alice Renavand l’épouse, Stéphane Bullion Ananda.

A voir absolument Jusqu’au 11 avril à l’opéra bastille.

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