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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 17:03

 Madeleine Vionnet nait en 1876 à Chilleurs aux bois dans le Loiret et meurt à Paris en 1975. Ses parents se séparent alors qu’elle est encore enfant, c’est son père qui en aura la garde, ils s’établiront  à Aubervilliers.

Elle se marie à 18 ans et à une petite fille qu’elle perd très tôt, son mari la quitte.

Elle a 20 ans, elle décide de partir pour l’Angleterre, elle veut apprendre l’anglais, elle trouve un emploi de lingère dans une maison de santé. Elle est engagée chez Jules Paquin, qui vient d‘ouvrir une succursale à Londres, ou elle dirige une équipe de 12 personnes, par son travail elle vient faire des achats de modèles français. Elle rencontre les sœurs Callot, l’une des plus grandes maisons de couture parisienne.

En 1900, fascinée par la danseuse américaine Isadora Duncan et ses formes libres, elle explore l’art du drapé, elle est engagée comme première chez les sœurs Callot (maison de couture 1898-1937).

Elle dira : Grâce aux sœurs Callot, j'ai pu faire des Rolls-Royce. Sans elles j'aurai fait des Ford ".

 Puis c'est au tour de Jacques Doucet , autre grande maison de couture (1853 à 1929), de lui faire appel. C'est chez lui que dans toutes les créations qu'elle fera, elle supprimera définitivement l'usage du corset. Plus qu'une mode : une révolution. Car, c'est bien elle et non Paul Poiret qui a mené cette révolution-là.

En 1912, ses créations remportent un immense succès chez Jacques Doucet, elle décide La même année d’ouvrir sa première maison de couture au 222, rue de Rivoli, elle débute avec une seule couturière qui est l’épouse d’un ami de son père. Elle connaît très rapidement le succès, ses clientes la suivent, admiratrices de son savoir-faire. Mais deux ans plus tard avec la première guerre mondiale elle est contrainte de fermer sa maison. Elle part en Italie et ne  cesse  de travailler, ses modèles des années 1917- 1920 sont parmi les plus audacieux. La guerre terminée, elle revient et impose une modernité étonnante dans le monde de la haute couture. Les femmes d’après-guerre sont devenues modernes et actives, il faut quelles se sentent libre dans leurs vêtements.

 

 Elle maitrise le biais, elle invente la coupe en biais et du drapé que personne, depuis, n'a su maîtriser avec autant de perfection. Technicienne hors pair, elle a su mettre son génie au profit du corps des femmes et de leur bien-être. 

De 1920 à 1930, elle donnera libre cours à sa passion des fleurs à travers des jupes corolles et surtout des amas de roses en bandeaux, en colliers, en guirlandes, toujours somptueusement parsemées sur des capes ou des cols.  

Dans les années 20 la presse est élogieuse à son égard, ses modèles sont portés par la  Duchesse Sforza, sur Madame de Vilmorin, sur Liane de Pougy.


1923, elle s’installe au 50 avenue Montaigne, Elle transforme un simple hôtel particulier  en un temple de la mode et du luxe. L’accueil des clientes se fait dans de grands salons très élégants, harmonie des couleurs, élégance des formes,  décors uniques, fresques inspirées de l’antiquité grecque, tout pour plaire aux clientes et les faire rêver.

Son entreprise est importante elle à huit cent cinquante ouvrières installées dans un immeuble proche de son hôtel particulier. Elle présente 300 modèles par collection. Un atelier prévu pour la coupe, un pour le flou, un pour les tailleurs, un pour la fourrure, un pour la lingerie. Très moderne, elle a installée quelque chose de nouveau le repassage électrique. Les employées travaillent dans de bonnes conditions et bénéficient de vacances, ce qui n’est pas le cas dans d’autres maisons de couture.

Pour les fourrures et les broderies, elle avait besoin de fournisseurs, pour la fourrure ce sera Louis Bourdeu et Lesage pour les broderies.

Les femmes vivent dans le luxe à cette époque les restrictions n’existent pas, elles possèdent plusieurs fourrures.

Elle collabore à la décoration des Galeries Lafayette elle veut en faire un temple de la mode.

1924, elle est vraiment reconnue, c’est sa période glorieuse, elle ouvre une boutique à New York, puis une  autre en 1925 à Biarritz. Ses clientes Mesdames Citroën, Revel, Martinez de Hoz .

Le 2 février 1929, elle est décorée  chevalier de la légion d’honneur, en qualité de couturière.

 1934, période romantique, changement de  style, les robes sont de plus en plus larges et de plus en plus légères.

C’est une époque ou le luxe et le raffinement n’ont pas de limites, Paris vit au rythme des fêtes, bals, courses de chevaux, soirées mondaines. Les robes du soir apparaissent en taffetas, en lamé, des tulles brodés d’or, des fourreaux. Ce sont les années d’or de Madeleine Vionnet. Elle devra aussi ses derniers succès a sa première depuis 1914 et amie, Marcelle Chaumont-Chapsal.


Mais dès 1939 tout cela se termine, la maison de couture ferme, nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale.

1939, elle est  promue officier de la légion d’honneur.

Après 1939, Madeleine Vionnet, aura une correspondance importante avec Liane de Pougy sa première, et transmettra son art, dans une école.

A la fin de sa vie elle écrira :

" L'important c'est d'arriver à vivre et à travailler tel qu'on est, en pleine vérité, en somme à s'imposer, mais il faut qu'il y ait en soi de quoi le faire. Que de gens s'ignorent toute leur vie et courent après eux mêmes... Il faut toujours se dépasser pour s'atteindre... Toujours lutter au fond, c'est passionnant... c'est la force de résistance qui soutient le mieux. Elle seule dépend de vous."

 

 Ses créations

  Plus que des robes, ses créations deviennent de véritables architectures à draper selon un rituel de gestes précis. Elle avait l'habitude de travailler sur un petit mannequin de bois peint sur lequel elle créait toutes ses toiles en modèles réduits. Elle gardera cette célèbre petite figurine dans sa chambre jusqu'à la fin de ses jours et s'en servira pour expliquer aux visiteurs curieux, les différentes étapes de son travail.





Séduite par la Grèce antique, peuple attaché à la beauté du corps, libre de se mouvoir, sans les entraves  du vêtement. Elle s’inspire des fresques et vases antiques, certains de ses modèles rappellent les statues grecques.  Elle puise à la même source antique, grecque ou égyptienne, pour la création de sa robe aux petits chevaux, frise apportée sur la robe par Lesage.



Elle a un autre désir, le vêtement sans couture, donner l’impression que le vêtement est d’une seule pièce. Les drapés conçus dans le même état d’esprit pour laisser une grande liberté ainsi que son utilisation du biais.
Elle aime travailler les tissus fluides , elle  est la première à utiliser le crêpe de Chine, elle apprécie le crêpe de soie, la mousseline, l’organza, ces tissus souples lui obéissent, ils épousent le corps.

Madeleine Chapsal a écrit un livre «  la chaire de la robe », Madeleine Vionnet était sa marraine.


Extraits du livre « Madeleine Vionnet créatrice de mode ». De Sophie Dalloz-Ramaux.

 

Dès  l’entrée de l’exposition, le visiteur est plongé dans la pénombre, la mise en lumière s’effectue sur les robes présentées dans les vitrines.

Le premier étage retrace la première période de la couturière de 1910 à 1930. Son petit mannequin de bois est exposé, ainsi qu'une robe de style grec brodée par la maison Lesage. Un petit film muet en noir et blanc, ou nous voyons Madeleine entrain d’imposer sa signature, mettant aussi son empreinte sur l’étiquette, afin d’éviter les copies. 

En poursuivant la visite au second étage, exposition des modèles de 1930 à 1939, les robes du soir en tissus précieux, manteaux.

Quelques vidéos çà et là, présentation de l'hôtel particulier avenue Montaigne, un défilé avec les modèles exposés .

La voix de Madeleine dans une interview "Je préfère travailler, la mousseline, le crêpe"

Présentation de quelques dessins, certains  paraissaient dans la revue de mode " bon ton" magazine qui a existé de 1912 à 1925.




Une minutie et un raffinement à l’extrême, pour ces robes aux tissus précieux, une dominance des tons pastel pour les mousselines et de noir pour les crêpes et taffetas. Magnifique exposition, qui nous transporte dans l'univers de Madeleine Vionnet.
C'est avec nostalgie que j'admire certains modèles, ils me rappellent les robes que je voyais sur les photos de famille, montrées par ma grand-mère lorsque j'étais enfant.

Depuis les années 80, de grandes expositions sont organisées en France, mais aussi à Tokyo, New York, Kyoto, Den Haag, Londres, en Italie, Anvers, Sao Paulo en 2005, les grands couturiers s’exposent, Madeleine Vionnet mise à l’honneur.

Tous les plus grands de la haute couture lui rendent hommages.

Exposition au musée des Arts décoratifs Paris jusqu’àu 24 janvier 2010

 

 

 

 

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commentaires

Y
<br /> Bravo pour cette bibliographie de Madeleine Vionnet avec sa belle énergie qui transpire dans son texte. Les photos montrent une couturière avec un génie et une vision car certaines de ses robes par<br /> leur ligne et leur légèreté sont toujours d'actualité. Merci pour cette découverte.<br /> <br /> <br />
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