Un peu d’histoire concernant la Transylvanie, dès le XVI eme siècle, en 1540, à la réforme de Luther, les saxons se convertissent au protestantisme. Prise entre l’Islam ottomane et la chrétienté, la Transylvanie reste une région frontalière : limite occidentale de l’empire ottoman lorsqu’elle était sous la dominance d’Istanbul, elle devient la pointe la plus orientale de l’empire autrichien, lorsque les Habsbourg s’en emparent fin XVII eme siècle. Certains transylvaniens, attachés à leur identité s’opposèrent à l’occupant, d’autres se rallient à la cause impériale, c’est le cas de la famille Brukenthal. La Transylvanie est rattachée à la Roumanie depuis 1944.
Samuel von Brukenthal est né en 1721 à Nocrich Allemagne, aujourd’hui Leschkirch en Roumanie, il est décédé en 1803 à Hermannstadt en Allemagne, devenue Sibiu.
Juriste et gouverneur de Transylvanie pour le compte de la monarchie autrichienne. Très fortuné, grand collectionneur d'art et fondateur d'un somptueux musée à Sibiu, lequel porte son nom. Son père et son grand-père y occupaient la charge de bailli du roi.
Après ses études au collège, il exerça un emploi dans la Chancellerie du Gubernium (terme qui désigne l’administration politique) de Transylvanie Sibiu. Ensuite il part à la Halle(Saxe) pou y faire des études de droit, puis à Iéna, il n’obtient pas de titre universitaire.
Influencé par les lumières françaises et allemandes. Le mot Lumières définit métaphoriquement le mouvement culturel et philosophique qui a dominé, en Europe et particulièrement en France, le XVIIIe siècle auquel il a donné, par extension, son nom de siècle des Lumières. Il s’intéressa à l’histoire de la Transylvanie, à l’antiquité classique, à l’histoire de l’art, aux sciences naturelles, aux littératures classiques latine et grecque. Il fréquenta la cours de Berlin et réussi à nouer d’importantes relations, propices à une future ascension.
Il revient en 1745, à Hermannstadt et prit le parti de mettre sa carrière au service de la nation saxonne, la même année il se marie avec la fille du maire, faisant parti de ce fait de l’establishment transylvanien, et devient administrateur.
En 1753, il va à Vienne, il est reçu en audience par l’impératrice Marie-Thérèse. L’impératrice, avec qui il avait, pendant de longues années, des relations de travail marquées par une confiance mutuelle, elle le nomma baron en 1762, et devient président de la chancellerie de la Cour en 1765, chancelier provincial en 1772, et finalement, en 1777, gouverneur de Transylvanie, il retourne en 1785 à Hemannstadt/Sibiu et y fait construire un hôtel particulier de style baroque, le palais Brukenthal, dans le quartier le plus en vue de la ville.
C’est à Vienne qu’il se constitua plusieurs collections (de tableaux, d’estampes, de médailles et monnaies), ainsi qu’une précieuse bibliothèque, qu’il devait plus tard léguer à l’Université saxonne, c'est-à-dire au parlement saxon.
Il disposait à travers toute l’Europe (à Vienne, à Paris, aux Pays-Bas, en Angleterre, Allemagne, Italie, Hongrie) d’un réseau de marchands d’art et de libraires, qui ne cessaient de lui présenter de nouveaux objets et tableaux.
Il acquiert : des scènes de chasse, des natures mortes, paysages, scènes de genres. Et se voit offrir par l’impératrice un Saint Jérôme de Lotto, l’Ecce Homo de Titien, le massacre des innocents par Bruegel.
le massacre des innocents Bruegel
saint Jêrome Lorenzo Lotto
l’Ecce Homo de Titien
Passionné par l’art flamand, Il continue ses achats d’œuvres d’art entouré de conseillers.
Depuis le XVeme siècle, en Flandre, c’est l’essor du marché de l’art, les ateliers sont nombreux, c’est l’apparition des marchands d’art, ils alimentent le marché extérieur et ainsi la peinture flamande connaît un rayonnement européen.
Un siècle plus tard à Anvers c’est 10% de l’économie locale, juste derrière le textile. Les toiles de Van Eyck, Bosch, Bruegel sont recherchés. Le marché de l’art connaît un autre essor c’est la naissance des scènes de genres, des détails de la vie réelle, aux détails de la vie quotidienne, aux métiers spécialisés.
Des nouveaux thèmes apparaissent, la mythologie venue d’Italie, l’allégorie, transposée de la gravure et des estampes, les images rébus de Jérôme Bosch, les cabinets de curiosités suite aux grandes découvertes, les scènes de genre au centre de la vie religieuse, bien souvent elles se trouvent au milieu d’un paysage imaginaire ou bien réel. Du paysage biblique au paysage profane, ou aux scènes de genre d’extérieure, les paysages vont être aussi représentés sans êtres humains, la nature morte va suivre le même procédé. Les objets vont prendre une importance et être au premier plan. L’autonomisation s’effectue fin XVI eme début XVII eme.
C’est l’art des grands spécialistes, les peintres de fleurs, d’animaux, de tavernes, d’intérieurs, de marines, de cabinets d’amateurs.
C’est ainsi qu’ils représentent le territoire, les modes de vie, les coutumes, ce qui donne à cette peinture une vivacité et un réalisme au quotidien.
Les portraits : Dès le XV eme siècle, il connaît un essor présenté de ¾, l’intensité du regard, et l’expression en font un portrait réaliste. Il existe le portrait de dévotion associé à un acte religieux, et l’homme particulier. Le portrait de cour se développe au XV et XVI eme siècle.
Un exemple avec le tableau de Van Eyck « l’homme au chapeau bleu », il tient dans la main une bague, promesse de fiançailles. L’anneau d’or est orné d’une pierre précieuse, sa pèlerine en fourrure, sa coiffe ou chaperon, peinte avec du lapis-lazulis, prouve qu’il s’agit d’un personnage important.
Les scènes de genres : nous montrent la vie quotidienne du peuple, des fêtes paysannes, scènes dans les auberges. Un tableau de David ii Teniers « La visite chez le médecin du village », nous sommes introduits dans le cabinet d’un médecin, examinant un flacon d’urine, qu’il a du goutter afin de déceler quelques traces de sucre, il observe le flacon à la lumière, à coté de lui, sa patiente inquiète attend le diagnostic.
La mythologie, le voyage en Italie devenu une étape importante pour les artistes flamands. A son retour d’Italie en 1602, Abraham Janssen, devint le peintre d’histoire anversois, dans « Sine Cerere et Libero, friget Vénus », ce qui signifie sans les nourritures et le vin, l’amour dépérit, chaque personnage est représenté avec ses attributs : Vénus avec les colombes, la corne d’abondance et les épis de blés, les grappes de raisin pour Bacchus. Il nous fait référence à l’antique et à la peinture romaine moderne, thème humanisme très en vogue, il inspira de nombreux artistes.
Les tableaux de Bruegel, c’est l’art du paysage, traitement des bleus, des verts, précision de l’architecture, les nombreux détails des scènes villageoises, la nature, la grande qualité technique renforce le maintien des traditions locales. « Paysage à la trappe aux oiseaux » de Pieter Bruegel, le jeune.
Les tableaux de fleurs, ils apparaissent en Flandre fin XV eme, au XVI ils connaissent un grand succès dans toute l’Europe. Certains artistes se consacrèrent à ce style de peinture. Les fleurs sont porteuses de symboles soit d’une vertu religieuse ou d’une valeur morale. Jan Phillip van Thielen "guirlande de fleurs sur un trompe l’œil architectural"
Les natures mortes, invention d’une peinture de l’objet, on dira fin renaissance, plus tard le publique va s’intéresser à cette nouvelle peinture profane, ce qui met en avant le savoir faire des artistes, le raffinement, la symbolique Joris van Son "nature morte d’apparat "
La sainte famille de Jacob Jordaens, spécialisé dans les scènes de la vie bourgeoise, les fêtes. La sainte famille présentée montre une scène domestique de la vie quotidienne d’un grand naturaliste. Il est possible que la femme et le fils de l’artiste aient servi de modèle pour la Vierge et l’enfant Jésus, à cette sainte famille, seul Jean Baptiste évoque une scène religieuse. Des jeux de lumière extraordinaires rappellent les tableaux de Caravage.
Les cabinets des curiosités, l’activité maritime se développe au XVII eme siècle, paysages marins, les explorations des terres lointaines, découverte de l’Amérique, Pacifique. Le peintre Johann Georg Hinz, spécialiste des cabinets de curiosités, on peut observer sur ses toiles, des objets venus des destinations lointaines chez les particuliers.
le palais baroque de Sibiu est érigé entre 1778 et 1788, il abrite la collection de peintures de Samuel Brukenthal. C’est la première fois que le musée prête 50 œuvres.
Marie-Madeleine lisant de Rogier van der Weyden
Quelques extraits de la revue connaissance des arts.
Le visiteur suit un parcours chronologique et thématique, par salle, la première nous montre un Jordaens " le repas après la chasse" suivit par Van Thielen de Ligorlt "guirlande de fleur "‘, "la cuisine flamande" de Van Wingue georg. En suivant, les natures mortes, la peinture mythologique, un Rubens Hercule étouffant le lion, les portraits de Memling, Van Eyck, les paysages de Bruegel, les cabinets de curiosités de Hinz, le réalisme des scènes de genre de Teniers, les scènes mythologiques la peinture religieuse de Jordaens, le raffinement des natures mortes et leur symbolique de Jan Davidsz de Heem, le clair-obscur de Jordaens.
Exposition à ne pas manquer, magnifique ensemble flamand présenté dans un bel écrin, le musée Jacquemart-André,
Jusqu’au 11 janvier 2010.