La Renaissance marque la transition entre le Moyen-âge et l’époque moderne en Europe.
La Renaissance italienne débute fin XIV eme ou trecento jusqu’au XVI eme cinquecento.
C’est un grand changement culturel en Europe, c’est le décloisonnement de tous les savoirs : musique, poésie, peintures, architecture, c’est le retour à la culture classique.
C’est aussi la mise en œuvre culturelle de la perspective, de la politique.
Période de l’essor économique, les routes commerciales de l’Orient s’ouvrent aux marchands européens, l’Italie étant au centre de la méditerranée, elle devient la plaque tournante commerciale entre Asie et Europe. Les cités marchandes s’enrichissent grâce au commerce des épices et de la soie. Un système bancaire moderne se créé et une nouvelle classe bourgeoise voit le jour. Cette richesse amène les cités italiennes indépendantes à rivaliser entres elles dans le domaine culturel et les sciences.
Chaque prince pour paraître plus puissant que son voisin est prêt à dépenser des fortunes pour obtenir les meilleurs artistes et les plus beaux monuments.
L’état princier dans l’Italie de la Renaissance : C’est la violence, l’art, la politique. Il est le terreau culturel le plus fécond d’Europe, paradoxe surinvestissement culturel dans la gamme des systèmes politiques européens. Il faut comprendre la qualité du temps, la chronologie politique, la floraison des arts, comprendre aussi l’état princier italien.
Jusqu’à la fin du XIV eme siècle, la famille Albizzi est à la tête de la ville de Florence. Leurs opposants sont les Médicis, Jean puis Cosme. Les Médicis contrôlent la banque (des Médicis) qui est la plus puissante d’Europe, ainsi que plusieurs entreprises qui se situent à Florence et en différents lieux. Cosme fut exilé par la famille Albizzi, mais une Seigneurie pro-Médicis élue l’année suivante lui permis de revenir. Les Médicis prennent la tête de la ville qu’ils garderont pendant trois siècles. Florence reste une république jusqu’en 1537, date qui marque la fin de la Renaissance dans la cité. Les Médicis contrôlent les institutions républicaines sauf en 1494 et 1527. Cosme et Laurent n’occupent que rarement des postes officiels, mais restent les dirigeants de la ville. Cosme reste très populaire, il a apporté une ère de prospérité et de stabilité à la ville, la paix de Lodi avec François de Sforza, ce qui a permis de mettre fin à la guerre contre Milan, et apporter une stabilité à l’Italie du nord. Cosme est également un grand mécène. Son fils Pierre lui succède peu de temps, il décède cinq ans après. C’est donc Laurent (petit-fils de Cosme) qui prend officiellement le pouvoir à Florence, il créé un nouveau conseil des sept qu’il préside, mais l’empire commercial des Médicis s’érode. Laurent perpétue l’alliance avec Milan, en 1478 les relations avec la papauté se dégradent, les agents du Pape se lient avec la famille Pazzi (famille noble aristocratique opposée aux Médicis), le frère de Laurent est tué, ce qui déclenche une guerre contre la papauté.
La Renaissance nait en Toscane à Florence et à Sienne, ensuite à Venise.
La culture toscane devient bientôt un modèle pour tous les États de l’Italie,les Italiens de Toscane prédominent dans toute la région, notamment en littérature.
François Sforza métamorphose Milan, cette ville encore médiévale devient un centre majeur d’art et d’apprentissage.
Venise, une des villes les plus riches, par sa domination de la mer Méditerranée, devient également un centre culturel, surtout en architecture.
L'apparition de petites cours implante le mécénat dans des villes de moindre importance, qui développent leurs propres arts : tel que Ferrare, Mantoue sous les Gonzague, Urbino sous Frédéric III de Montefeltro.
Au XV eme siècle la Renaissance s’installe à Rome, la papauté est de retour dans la ville depuis 1417. C’est sous le pontificat de Nicolas V (élu Pape en 1447) que la grande transformation commence, la papauté va être sous le contrôle des familles riches tel que les Borgia et Médicis, l’esprit de la Renaissance artistique et philosophique va dominer la papauté, la ville atteint la splendeur des autres villes italiennes tel que Pérouse, Assise, Orvieto, Urbino, cette ville devient après Florence un des hauts lieux de la Renaissance. L’architecture est à la mode Antique.
Rome sera en grande partie reconstruite par les papes des XV eme et XVI eme siècles à cette époque les plus grands artistes vont venir s’y s’installer, Botticelli, Michel-Ange, Raphael, époque de la construction de la chapelle Sixtine.
La Renaissance italienne culmine au xve siècle. Pendant les invasions étrangères qui meurtrissent la région (guerres d’Italie) les idées et idéologies de la Renaissance se répandent dans toute l’Europe, déclenchant la Renaissance au nord à Fontainebleau puis à Anvers et en Angleterre.
Les grands travaux architecturaux sont nombreux : le Dôme à Florence, la basilique Saint Pierre à Rome.
La quatrième croisade a éliminé l'Empire byzantin qui rivalisait commercialement avec Gènes et Venise. Les marchandises venant d'Orient tel que la soie, les épices, les colorants, importées en Italie et revendues dans toute l'Europe. A l'intérieur du pays les cités états profitent de la région agricole de la vallée du Po. Les routes terrestres et maritimes apportent la laine, la farine, les métaux précieux de France, d'Allemagne et Pays-Bas en passant par les foires de Champagne. Le commerce s'étend de l'Egypte à la mer Baltique et permet des investissements considérables dans les exploitations minières et dans l'agriculture. Florence est l'une des villes les plus riche d'Italie, en grande partie grâce à sa production de laine, textile sous la guilde commerciale dominante. La laine importée d'Europe du nord ( d'Espagne à partir du XVI eme siècle), les colorants venus d'Orient, sont utilisés à la fabrication des textiles de grande qualité.
Ces routes commerciales italiennes, qui se déploient sur toute la Méditerranée et au-delà, véhiculent culture et connaissance. Pendant la période médiévale, les travaux incarnant l'éducation classique des grecs se sont répendus en Europe occidentale, à travers les traductions et les traités arabes, depuis Tolède et Parme. C'est grâce aux croisades que s'est fait le premier contact de l'Europe avec l'éducation classique, qui était préservée par les arabes, l'évènement le plus marquant reste la Reconquista espagnole au XV eme siècle, dont résultent les traductions de textes arabes par les spécialistes de l'école de Salamanque. La pensée scientifique, philosophique et mathématique entre en Italie par l'Egypte et le Levant. Eléments déclancheurs des nouvelles études linguistiques de la Renaissance.
Les érudits traduisent les textes grecs et sont capables d' apprendre aux italiens à les lire (venus de Constantinople après sa conquête par les forces ottomanes en 1453). Ce qui permet la renaissance des académies de Florence et Venise.
Les érudits humanistes cherchent dans les bibliothèques monastiques d'anciens manuscrits et retrouvent Tacite et autres auteurs latins, avec la redécouverte de Vitruve, les principes architecturaux peuvent être observés et les artistes de la Renaissance sont encouragés, dans l'optique de l'optimisme humaniste, à dépasser les Anciens.
En ce qui concerne l’art, La Renaissance italienne est caractérisée par les références du retour à l’Antiquité gréco-romaine. Elle est le berceau d’une pléiade d’artistes prestigieux tel que Léonard de Vinci, Raphaël, le Titien, Sansovino, Michel-Ange, Botticelli, Raphaël, Verrocchio, Brunelleschi, Michelozzi et beaucoup d’autres.
De nombreux mécènes ont constitué de grandes collections et permettent à ces artistes de s’exprimer .
Les Médicis à Florence soutiennent Verrocchio et Botticelli.
Les Montefeltro (famille qui gouvernait le cité d’Urbino ainsi que le duché de même nom) ; ont passé de nombreuses commandes en peintures, tapisseries.
Ludovic Sforza duc de Milan fait travailler Léonard de Vinci et Bramante.
Les papes Alexandre VI Borgia, Jules II, Léon X, Paul III Farnèse font venir les artistes de la Renaissance à Rome, Michel-Ange peint la Chapelle Sixtine, Raphaël.
Les guerres d’Italie ont permis aux rois d’entrer en contact avec l’art de la Renaissance italienne, un exemple avec François 1er qui fit venir Léonard de Vinci à Amboise, Benvenuto Cellini, Le Primatice, Fiorentino à Fontainebleau.
De riches marchands sont devenus amateurs d’art dans toute l’Europe.
L’architecture marque le gout des lignes antiques, l’ornementation est foisonnante, les inspirations sont païennes, des scènes rappellent la mythologie gréco-romaine qui se traduisent par des arabesques, feuilles d’acanthes, coquilles. L’ornementation est la sculpture.
Le mobilier du XVI eme siècle est lié étroitement à l’architecture, technique de sculpture sur bois, le même style qu’au XVeme siècle, en plus on trouve de grandes tables et des sièges en X , le style du siège romain. Le cabinet fait son apparition, il s’agit d’un meuble à compartiments, il comporte des tiroirs et des portes, il est utilisé pour ranger des objets précieux, il remplace le coffre.
L’influence du mobilier italien se diffuse dans toute l’Europe, sauf en Espagne.
La sculpture du meuble est d’une grande qualité, le bois utilisé est presque toujours le chêne jusqu’à la fin du XV eme. Des cariatides, des niches, des frontons, des pilastres, des rinceaux, des mufles, lions sont sculptés dans le bois massif. Ensuite le chêne sera remplacé par le noyer, le fer forgé sera aussi utilisé très ouvragé.
L’art de la tapisserie se développe, elle reflète le gout pictural de l’époque. Les " tapis d’or ", souvent appelés ainsi parce qu’ils comportaient parfois des fils d’or et d’argent dans la trame (typiquement bruxelloise), les manufactures les plus importantes : Flandres, Suisse, Allemagne, Fontainebleau, Paris .
En peinture il existe 4 périodes :
La première concerne la pré-renaissance il s’agit de l’art toscan entre 1300 et 1400, Les artistes Giotto, Lorenzetti, Duccio, Martini opèrent une transition entre l'art primitif byzantin et la Rome antique.
La 1ere renaissance concerne la période de 1400 à 1500, la peinture prend une position prédominante par rapport aux autres genres artistiques. Les artistes : Masaccio, Uccello, Piero della Francesca, Botticelli et Mantegna.
La haute renaissance fait référence aux arts de la Rome papale, de Florence et de la République de Venise entre 1500 et 1530. Les artistes : Michel-Ange, Raphaël, Léonard de Vinci et Titien.
La dernière période concerne le maniérisme de 1520 à 1580, un grand raffinement dans les œuvres, c’est la liberté d’expression, les œuvres sont sophistiquées les artistes : Pontormo, Bronzino et Tintoret .
La nature de la Renaissance change à la fin du XV eme siècle. L'idéal de la Renaissance a été pleinement adopté par les classes dirigeantes et l'aristocratie. A l'origine, les artistes de la Renaissance étaient vus comme des artisans avec peu de reconnaissance et peu de prestige. A la fin de celle-ci, les grands artistes exercent une énorme influence et peuvent exiger des honoraires importants. Un commerce florissant s'est developpé autour de l'art .
Fin XVI eme; c'est la régression économique en Italie, dans le commerce, dans les sciences, le changement des routes commerciales après la découverte de l'Amérique. Marginalisation de la Médeterranée, les nations de l'Atlantique profitent des nouveaux équilibres géopolitiques, l'Espagne, le Portugal, la France, l'Angleterre, les Pays-Bas et les pays de l'Europe du nord. C'est aussi l'époque de la Réforme protestante.
L’exposition présente 20 tapisseries
Presque toutes les tapisseries présentées viennent des collections de Louis XIV dans sa collection trois parmi les plus belles de l'exposition.
La tenture du " triomphe des dieux " d’après les dessins de Giovanni da Udine, le tissage est bruxellois daté de 1570, en soie, laine et or, ces tentures furent acquises par Louis XIV en 1664.
Les grandes tapisseries d’après les dessins Julio Romano "l’histoire de Constantin ", " les fructus belli ", " l’histoire de Scipion ".
Les tissages d’après les cartons de Raphaël " la messe de Bolsène "
Ce sont des réalisations de la manufacture des Gobelins au XVII eme siècle
D'autres tentures viennent du musée des Gobelins
Giovanni da Udine 1487-1564, peintre et architecte romain. Après avoir séjourné à Venise, il va à Rome où il devient élève puis assistant de Raphaël. Il est responsable de la plupart des éléments dits "décoratifs " des projets artistiques de son maître. Il est spécialiste des fresques et des décors de grotesques en stuc, Il est l’auteur des stucs de la Loggia di Raffaello (Vatican, 1517-1519), des ribambelles de fruits de la loggia di psiche de la Villa Farnesina.
"Le triomphe des Dieux" comporte trois grandes tapisseries d’après les dessins de l’artiste, une tenture représente" le triomphe de Vénus" , une autre " le triomphe de Bacchus" et "le triomphe de Minerve" ces tentures nous donnent un aperçu de l’art grotesque ( figures extravagantes, personnages ou animaux fantastiques).
Julio Romano, 1499-1546 peintre, architecte et décorateur romain, il est également l’élève de Raphael , exécute la plus grande partie des fresques des loggias du Vatican (d'après les dessins de son maître), dans les stenze du Vatican, un groupe de figures faisant partie de la fresque dite de l’incendie de Borgo,et l'essentiel des compositions de la chambre dite de Constantin.
"La bataille de Constantin " Jules II décide de disposer cette tapisserie dans la salle de Constantin. il s’agit de la victoire de l'Empereur Constantin sur Maxence, victoire qui permet de mettre un terme à la persécution des chrétiens et de reconnaitre le christianisme comme religion de l'Empire.
"Les fructus Belli " ou fruits de la guerre. 4 tentures sont présentées
" Le diner du général ", des officiers vainqueurs dinent à l’extérieur, tandis que les mendiants sont éloignés.
" L’Incendie ", représente une ville en flamme, la population civile fuit, en y laissant ses biens .
" La récompense et le châtiment ", devant un palais, un roi est assis sur un trône, le coté droit est occupé par des têtes couronnées, à gauche un bourreau s’apprête a trancher la tête d’un condamné qui a les yeux bandés.
"Le char de triomphe ", le général vainqueur est conduit vers la ville conquise, son char est précédé de trophées et de prisonniers.
" L’histoire de Scipion " commande de François 1er, tenture d’or et de soie, il s’agit de l’histoire de Scipion l’Africain, campagnes victorieuses menées par ce jeune romain au III eme siècle avant JC contre Hannibal à Carthage, pendant la seconde guerre punique.
Trois tapisseries sur ce thème sont présentées " le combat du Tessin ", "le repas chez Syphax", " l’Incendie du camp "
Raphaël 1483-1520, peintre et architecte né à Urbino, sa vie se partage en trois période : jeunesse et formation, Florence, Rome au Vatican il est chargé de la décoration des salles du palais de Jules II , que celui-ci projette d’habiter pour ne pas subir la néfaste influence de la puissante famille Borgia 1503-1513 .(Période à laquelle les dessins pour les tapisseries furent exécutés).
" La messe de Bolsène ", tissage en laine et soie.
Le pape Jules II décide d’illustrer un miracle survenu à Bolsène, près de Viterbe en 1261. Un prêtre bohémien avait des doutes sur la présence réelle du Christ dans l’hostie, au cours d’une messe qu’il célébrait, il vit jaillir du sang de celle-ci. Ce miracle fut à l’origine de la fête du Corpus Christi.
"La tenture des actes des apôtres" d’après Raphael, présentation de 4 tapisseries. La tenture des actes des apôtres était dans l’église Sainte-Geneviève-du-Mont à Paris jusqu’en 1789. Aux Gobelins en 1794.A l’exposition "La conversion de Saint Paul ", "l’aveuglement d’Elymas ", "Saint Paul prêchant à Athènes " et "Saint Dominique béni par le pape".
La tenture de Vulcain inspiration d’une tenture bruxelloise, trois tapisseries composent cet ensemble, "Neptune et l’Amour plaidant la libération de Mars et Vénus ", "Vulcain préparant ses filets ", " Mars revêtant son armure ".
Quelques tapisseries florentines du XVI eme siècle, acquises par le musée des Gobelins au XIX eme siècle.
"L’âge de l’homme " d’après les dessins de Vasari, en laine et soie, cette tapisserie faisait partie d’une série de 14 sur la vie de l’homme. Celle qui est a l’exposition représente un homme d’âge mur gravissant la montagne sacrée sur laquelle brillent des rayons divins, il est accompagné par la foi, à gauche, par l’innocence à droite suivie d’un enfant transformé en angelot, la foi porte un vase d’or recouvert d’un voile.
" Le tournoi " d’après le carton Cinganelli . Il s’agit d’une fête qui se déroulait pendant le carnaval, à la date du 6 février le grand duc Come II y participa.
Quelques extraits de la revue "les dossiers de l’art" .
Plus que quelques jours pour admirer ces magnifiques tapisseries, l’exposition se termine le 24 juillet à la manufacture des Gobelins à Paris.