Maxim’s
Célèbre établissement, situé 3 rue Royale, proche de la place de la Concorde à Paris
Au XVII eme siècle, l’immeuble appartenait au cardinal Richelieu, dans les années 1880, c’est une famille italienne de glaciers qui s’y installe, par la suite l’établissement devient un bistrot pour cochers de fiacre.
1893, deux garçons de cafés, travaillant proche du lieu, décident d’en faire un bar-glacier et de donner le nom de Maxim’s.
18 mai 1893, jour du prix de Diane, Arnold de Contades (jeunesse dorée de l’époque) et la comédienne Irma de Montigny viennent dans l’établissement. Ce fut le début d’une clientèle mondaine et élégante, ainsi le lieu devient mondain, le tout Paris de la belle époque s’y presse dont Marcel Proust.
(Les lieux incontournable de l’époque : Maxim’s, le bois de Boulogne et Deauville, lieux qui permettaient de consacrer un artiste, un écrivain).
C’est le restaurateur de l’établissement qui rachète Maxim’s à son propriétaire. Il fait venir les artistes en vogue de l’école de Nancy et Louis Marnez pour redécorer l’établissement, notamment la célèbre verrière dans le style Art Nouveau, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris en 1900 : fresques murales marouflées, bois d’acajou, miroirs biseautés, feuillages et ornement en bronze et cuivre. Pour l’événement le maitre d’hôtel sollicite les courtisanes, des chambres d’amour sont créées, des plats portent le nom de quelques célèbres courtisanes, ainsi les grandes fortunes, têtes couronnées accourent dans l’établissement.
1932, changement de propriétaire, les clients sont sélectionnés, ils doivent porter l’habit et l’on favorise une clientèle fortunée. On y rencontre la Belle Otéro, Marcel Proust, Feydeau, Marcel Bugatti (arrière petit fils du sculpteur Luigi Bugatti), Edouard VII, Mistinguett, Tristan Bernard, Cocteau, Sacha Guitry et bien d’autres………….L’orchestre est animé par Ben Harri.
Pendant l’occupation allemande l’établissement est réquisitionné et tenu, par le chef Otto Hoscher et devient restaurant privilégié des officiers allemands, le maréchal Goering y dina en 1940. Après la libération, les grandes figures du cinéma prennent le relais et ne manquent pas de se montrer Marlène Dietrich, Onassis et la Callas, Martine Carol.
C’est dans les années 50 et 60 que le restaurant devient le plus célèbre et d’une qualité remarquable, sous la direction de Louis Vaudable à partir de 1946.
Dans les années 80 racheté par Pierre Cardin, c’est le jet set qui fait son apparition. Les trois étages de l’établissement sont transformés en un musée de l’Art Nouveau.
Maxim’s restera toujours un lieu d’exception, sa décoration y est remarquable tout l’art de l’école de Nancy y est représenté.
Majorelle, Gallé, Tiffany, Massier, Lautrec, Gaillard, Guimard………….
Quelques marches, nous sommes dans le musée de l'Art Nouveau.
Pour débuter l'exposition, quelques photos d'hôtels : le grand hôtel de Caboug, ceux de Trouville et d'Evian, Marcel Proust s'y rendait régulièrement. le mélange de ces trois établissements aurait inspiré l'auteur "d'A la recherche du temps perdu"dans sa description de Balbec.
Nous sommes dans L’appartement de la dame de chez Maxim’s, richement décoré,
Mobilier Majorelle, lampes de Gallé et Tiffany.
Les photos exposées sont de Nadar, quelques tableaux représentent l’univers de Marcel Proust :
D’Antonio de la Gandara (1861-1917) artiste peintre, dessinateur et pastelliste français. Un tableau représente la place de la Concorde, tout près, la Madeleine, lieux fréquentés par l’écrivain.
Une photo de l’écrivain à l’âge de 19 ans, il joue de la guitare avec une raquette (il faut aussi remarquer la tenue de l’époque pour aller jouer au tennis).
Marcel Proust rencontre Jacques Bizet au lycée Condorcet. Lors d’un anniversaire, Jacques l’invite chez lui, Marcel Proust est un jeune homme distingué, il est remarqué par madame Bizet (Geneviève Halévy) elle l’invite à participer à ses salons, c’est ainsi qu’il fait son entrée dans le monde.
Un portrait de Jane Weil, fille d’un agent de change, mère de Marcel Proust.
Deux magnifiques robes sont exposées, dont l’une, toilette du soir en soie ancienne beige, modèle daté de 1885 par le couturier Ollivier Henry (créateur de costumes du XVII eme et XVIII eme siècle), une autre d’après-midi turquoise et noire modèle daté de 1875.
En poursuivant la visite, nous allons à la rencontre des personnages de Proust pris comme modèles dans son œuvre " A la recherche du temps perdu ".
La duchesse de Guermantes, un des personnages clé , elle est une des reines du Faubourg Saint Germain.
Les modèles :
La comtesse de Greffulhe (1860-1952) nommée princesse des salons du faubourg saint Germain, très belle, son époux le comte de Greffulhe (famille de banquiers belge). La comtesse organise des salons et reçoit l’élite parisienne, elle a aidé à établir l’art du peintre Whistler, elle a promu plusieurs artistes, Rodin, de la Gandara, Moreau, Gabriel Foret lui a dédié sa " Pavane ".
La Comtesse de Chevigné (1859-1936) autre modèle de la duchesse de Guermantes, petite fille du marquis de Sade, également très belle, son salon est le plus recherché de Paris. Marcel Proust l’aperçoit pour la première fois au théâtre.
Madame Standish (1820-1870, ou Angélique-Léontine-Sabine de Noailles), son époux est anglais, autre modèle de la duchesse de Germantes.
La comtesse Potoka (polonaise), née Emmanuela Pignatelli (1852-1930), épouse du comte de Potoki. dans sa jeunesse, elle fut l'élève de Frédérique Chopin, et amie avec le poète Krasinski.
Madame Bizet, née Geneviève Halévy, également modèle pour la duchesse de Guermantes et Odette de Crécy.
Dans la pièce suivante une magnifique robe en soie noire recouverte de perles de jais avec des manches gigot, il s’agit d’une robe d’après-midi, le modèle est daté de 1895 (par Ollivier Henry). Le mobilier de Majorelle, quelques pièces de Massier, dans ce lieu nous rencontrons les modèles d 'Odette de Crécy, demi-mondaine dans l’œuvre de l’écrivain.
Laure Hayman, (1851-1932) petite fille du maitre de peinture de Gainsborough, sa mère était pianiste, elle fut très amie avec Proust et modèle pour Odette de Crécy, elle nait en 1851 dans une hacienda de la Cordillère des Andes, nommée la femme en rose.
Liane de Pougy, (1869-1950) actrice de Music-hall, amie de Proust, elle l’a inspiré pour Odette de Crécy.
Emilienne d’Alençon, (1869-1946) danseuse de cabaret et courtisane française, demi-mondaine.
La belle Otero, (1868-1965) chanteuse et danseuse de cabaret et courtisane de la Belle Epoque. Elle est née en Galice (Espagne).
Présentation d’un tableau d’Ida Rubinstein par Antonio de la Gandara, danseuse des ballets russes de Diaghilev et mécène.
Sur une coiffeuse le nécessaire de toilette de Sarah Bernhardt ainsi que son miroir, elle fut le modèle de Proust.
Louise de Mornand (1884-1963), actrice, modèle de Rachel , amie de Proust et de Saint-Loup.
Un tableau de Toulouse Lautrec Mademoiselle Lucie (Bellanger) ; daté de 1896.
La pièce suivante est réservée aux modèles masculins rencontrés dans l’œuvre.
Le Baron de Charlus, est le plus dandy des personnages proustiens, élégant et très cultivé.
Les modèles :
Robert de Montesquiou (1855-1921), fréquente de nombreux salons, il est poète, il a soutenu l’avant-garde de son époque, Mallarmé, Verlaine, Debussy, Fauré, Paul Helleu, Léon Bakst.
Une grande table au centre de la pièce, un bronze représente Robert de Montesquiou, des vitrines renferment des accessoires pour homme, une photo de Nadar présente le poète.
Charles Guillaume Fréderic Boson de Talleyrand-Périgord ou Le prince de Sagan,(1832-1910), inspire également Proust pour le baron de Charlus et le duc de Guermantes vieillissant.
Constantin Radziwill (1850-1920), inspira Proust pour son personnage du prince de Foix.
Charles Swann : personnage important de l’œuvre
Charles Haas (1833-1902), homme du monde, il fréquente les salons littéraires, et est issu d’une famille juive importante du Paris de l’époque. Proust n’est pas un familier de l’homme, mais s’en inspire beaucoup, notamment pour le modèle de Charles Swann.
Robert de Saint Loup : grand lecteur de Proudhon et de Nietzsche, on le retrouve également dans Albertine disparue, le temps retrouvé.
Boniface Castellane (1867-1932), homme politique français, célèbre collectionneur et défenseur des demeures historiques de France, c’est un dandy, il est très élégant et a inspiré Proust pour Robert de Saint Loup
Bergotte incarne le romancier-type dans l’œuvre.
Paul Hervieux (1857-1915), romancier et auteur dramatique français, il côtoie de nombreux écrivains et artistes et fréquente les salons.
Anatole France (1844-1924), écrivain français et critique littéraire, choisi par Proust pour le personnage de Bergotte.
Anselme Mortreuil (1878-1930), dandy et ami de Proust. Tableau d’Antonio de la Gardera
Excellent moment dans l’univers proustien. A ne pas manquer.
Jusqu’au 14 avril, Maxim’s Paris