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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 08:54

Le Japon

Au Japon, l’art prend de plus en plus d’ampleur pour atteindre son apogée au XVIII eme siècle et début XIX eme siècle. Suite aux réformes Kansei (changements politique et réactionnaires mis en œuvre par des édits destinés à remédier à un ensemble de problèmes qui s’étaient développés au Japon, pendant le Shogunat  Tokugawa au XIX eme siècle), face aux pressions étrangères qui poussent le  pays à s’ouvrir vers le monde extérieur, la politique intérieure est délaissée et plus aucune pulsion nouvelle  ne permet de régénérer la culture et les Arts.

1739, les gravures et peintures à l’huile influencent l’ukiyo-e, les artistes sont nombreux tel que : Okumura, Masanobu, Toyoharu, Shiba-Kôkan.

De 1868 à 1912 période de l’ère Meiji, le Japon se modernise et s’ouvre au monde occidental, en retour celui-ci commence à pénétrer au Japon. La culture se transforme dans le domaine linguistique, littéraire et dans  la technique artistique. C’est l’arrivée de la photographie et de la lithographie, accueillie avec enthousiasme, mais cela sonne le glas de l’ukiyo-e.

Le retour se fait avec le mouvement de la nouvelle gravure (Shin-Hanga) à partir de 1910-20

Hiroshige s’inscrit dans ce contexte, ses contemporains : Kunishada, Utagawa (1786-1864), Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), Kikukawa Eizan (1787-1867), Keisai Eisen (1791-1848) et Hokusai 1760-1849.


Utagawa Hiroshige nait en  1797, son père est pompier à la caserne de Yayosugashi à Edo, (l’enfant nait dans la caserne).  

Dès  l’âge de 10 ans, il apprend la peinture, son professeur Okajima Rinsaï, il lui aurait appris la peinture traditionnelle Kano.

Il  essai d’entrer dans l’école d’Utagawa Toyokuni, un des maitres de l’estampe au XIX eme siècle. C’est un refus, déjà trop d’élèves dans cette école.

Il perd ses parents à un an d’intervalle alors qu’il est encore très jeune, il n’a que 14 ans. 

En 1811, il entre dans l’école d’Utagawa Toyohiro, qui fut à l’origine du développement de l’estampe de paysage, il y apprend les styles : Kano et Shijo.

1812, il est honoré de "pinceau Utagawa Hiroshige".

1828, lorsque son maitre décède il reprend son atelier sous le nom de Toyohiro II

Jusqu’en 1829, il se consacre aux portraits de femmes, guerriers, acteurs. Après le décès de son maitre et le fait qu’Hokusai peint des paysages, il se dirige vers cette voix.

Hiroshige débute sa carrière de paysagiste avec des "lieux célèbres de la capitale de l’est "  , il remporte un succès immédiat, nous sommes en 1832, l’année ou il est effectue le voyage de la route de Tokaido.

1833-35, il remporte un immense succès avec les "53 étapes de la route de Tokaido". Ce parcours reliant Edo capitale du Shogun à Kyoto la ville impériale. L’édition de cette œuvre est le best-seller de l’Ukiyo-e. Au Japon ce fut une renommée immédiate il fut nommé "le peintre du Tokaido" dans le pays et dans le monde entier.

1839, l’artiste se marie une seconde fois. Mais reste fidèle à sa ville, tout en déménageant plusieurs fois.

1841, il voyage et se rend dans la région de Kai (ancienne province du Japon à l’ouest de Tokyo).

1852, il va dans les provinces de Kazusa (située dans la péninsule de Boso, aujourd’hui Honshu, la plus grande ile du Japon) et d’Awa (étape de la route Tokaido).

1854, Hiroshige est envoyé une autre fois en mission officielle à Kyoto.

L’artiste écrit son journal, dont un "journal de voyage du temple Kanoyama" et " journal de voyage dans les provinces de Kazusa et d’Awa ", il tire certains haiku (forme poétique très codifiée d’origine japonaise) , illustrant ses tableaux d’un recueil intitulé "haiku d’anciens maitres sur cinq cents sujets" il aime écrire des poèmes, les lire et faire des vers, c’était un lettré contrairement aux autres artistes de son époque.

Une série de "huit vues des environs d’Edo " d’ailleurs commandée à l’instigation d’un poète " Tahaido " qui a financé l’édition d’une série privée puis publique de ses poèmes. Une autre série de " huit vues d’Omi ", accompagnées de poèmes.

Il tire une multitude d’estampes qui sont rassemblées dans des recueils : dont " les lieux célèbres de Kyoto ", " les soixante-neuf étapes du Kisokaido ", " huit vues du lac Biwa ", "cents vues d’Edo " et bien d’autres…. ; Il prend soin d’utiliser les meilleurs graveurs de l’époque.

Dans la seconde moitié de sa carrière, il utilise le format oban en présentation verticale, et la profondeur de champ, en plaçant les personnages au premier plan pour créer des repères spatiaux.

Le style fukibokashi lui permet les dégradés de couleurs. Dans de nombreuses estampes, il utilise le bleu de Prusse

Il se distingue par des séries d’estampes, sa dernière  " Fuji Sanj Rokkei " qu’il a remis à son éditeur juste avant de mourir. Il a surtout peint la nature et sa ville Edo.  Hiroshige est dessinateur, graveur et peintre.

 Il a une  façon évocatrice de dessiner, et de transmettre l’atmosphère de la ville,  en reprenant les instants de la vie quotidienne avant sa transformation à l’ère Meiji (1868-1912).

Il créé plus de 5000 estampes en 40 ans de 1818 à 1858. Il est souvent comparé avec Hokusai.

Il se fait l’humble interprète de  la nature, à l’aide de moyens frustes, (la gravure sur bois). Il reproduit les délicates transparences de l’atmosphère au fil des saisons, dans ses paysages, les personnages sont toujours  présents. Ses œuvres se caractérisent par la maitrise subtile des aplats, des couleurs franches, une dominance de  vert et de bleu dans sa palette, il a le sens du premier plan qui sera repris plus tard par Degas et bien d’autres impressionnistes, plan que l’on retrouvera également dans la photographie.

Il décède en 1858 du choléra.

 

Les écoles :

L’école de Kano est une école d’artistes peintres professionnels et laïques du Japon, son créateur Kano Masanobu milieu XV eme. Les artistes Kano constitués en ateliers familiaux, produisaient une grande variété de peinture (décoration de paravents, illustration d’emakimono, éventails dans de nombreux style et cela jusqu’à l’ère Meiji). Deux styles dans cette école : les peintres Kano travaillaient sur des grandes surfaces pour peindre des scènes de la nature représentant des oiseaux, de l’eau, des plantes et autres animaux sur des portes coulissantes et des paravents, couvrant l’arrière plan de feuilles d’or. L’école était aussi très renommée pour des paysages monochromes à l’encre de Chine  sur soie, ils composaient des tableaux très plats , mais savaient équilibrer la composition entre les premiers plans détaillants des descriptions d’animaux ou autres sujets et à l’arrière plan montrant des nuages  ou autres éléments abstraits , voir uniformes. L’utilisation d’un espace négatif  pour indiquer la distance et pour impliquer de la brume, les nuages, le ciel ou la mer étaient tiré de styles traditionnels chinois, que les artistes Kano surent très bien utiliser).

Ecole  Shijo : Ecole de peinture japonaise fondée par Maruyama Okyo (peintre du XVIII eme siècle), elle fait partie  de diverses écoles mineures dont l’ensemble constitue la plus grande école de Kyoto. L’école Shijo tient son nom de la rue de Kyoto ou étaient basés de nombreux artistes. Le point de vue du style de l’école, peut se définir comme une synthèse de deux styles rivaux : Maruyama Okyo, peintre expérimenté et expert en peinture à l’encre sumi-e, (dessin monochrome japonais à l’encre) parvenu à un haut degré de réalisme dans ses créations, mettant l’accent sur l’observation des sujets représentés, en contravention directe avec les écoles officielles de l’époque Kano et Tosa, qui elles, mettent en valeur l’aspect décoratif de figures hautement formalisées et stylisées. Les artistes de cette école cherchent à concilier les différences entre ces deux styles, créant des œuvres qui font la synthèse  des meilleurs éléments des deux.

Le style de cette école se concentre sur un réalisme objectif influencé par l’Occident mais réalisé avec les techniques de la peinture traditionnelle japonaise. Elle se concentre moins sur la représentation exacte de son sujet, mais plutôt sur l’expression de l’esprit intérieur et possède généralement un élément de jeu  et d’humour par rapport à l’école de Maruyama. Ses motifs les plus populaires sont les motifs d’une nature calme que l’on nomme le Kacho (oiseaux et fleurs), animaux, et les sujets traditionnels de tradition poétique  et confucéenne chinoise , mais il est peu intéressé  par la littérature classique, l’histoire ou les légendes.


L’Ukiyo-e, signifie en français l’image du monde flottant, elle est née au Japon au XVII eme siècle au sein de la culture urbaine et  bourgeoise de la capitale de l’époque Edo (Tokyo depuis 1868). La technique et la réalisation pour ces estampes en une gravure sur  bois, le dessin original fait au pinceau  le shita-e est pratiqué sur une feuille de papier très résistant  et très fin appelé minogami, collé à l’envers sur une plaque de bois assez tendre (cerisier, poirier) souvent taillée dans la tranche du tronc pour plus de résistance aux tirages multiples, ce qui explique les tirages du format Oban (37x25 cm). Cette planche matrice va être creusée à la gouge pour ne laisser en relief que les traces du pinceau. Ainsi on va pouvoir tirer autant de feuilles en noir et blanc qu’il faudra de couleurs. L’artiste détermine sur chacun des feuillets la couleur correspondant à des surfaces de vêtements, de feuillages, de montagnes et mers etc…..On grave de la même manière , à partir des feuillets en noirs, des planches différentes correspondantes à chaque futures couleurs .On imprime la feuille de papier "hocho" à estamper en l’appliquant successivement (dans un ordre déterminé par l’artiste) sur chaque planche dérivée de la première, repérée sur elle, mais encrée d’une couleur différente, par frottement léger sur le papier humide avec un tampon spécial appelé baren  de fibres (à l’extérieur en feuille de bambou) ce qui demande beaucoup d’expérience de la part des graveurs et imprimeurs. Par superposition de couleurs transparentes (végétales, minérales) on peu obtenir une grande subtilité dans les tons  à partir d’un nombre limité de couleurs, par exemple du jaune sur de l’indigo plus ou moins foncé on obtient un vert, si on ajoute une planche d’ocre on obtient un vert olive foncé.  La planche de  noirs  est utilisée pour les repérages, sans être imprimée en noir, ce qui  produit un effet d’aquarelle à l’Occidentale. Pour les effets de neige, on réserve le blanc du papier et on y ajoute de paillettes de mica (caractérisé par sa structure feuilletée) , on gaufre certains endroits avec une planche non encrée . Ces effets sont perceptibles dans certaines estampes tardives du maitre. La pluie est figurée par des rayures noires, tantôt surajoutée par des rayures blanches ou bien par des rayures de couleurs (Shono dans les 53  stations du Tokaido). cela supposait entre peintres, graveurs, imprimeurs une grande complicité artistique. Hiroshigé comme Hokusai sont passé maitre dans l’exploitation de ces subtilités qui viendront compliquer encore, après le relatif délaissement des couleurs végétales aux teintes fragiles, l’emploi des couleurs anilines et azoïques venues d’Occident à partir de 1829 (le bleu de Prusse est importé en grande quantité à partir de cette époque). Les japonais raffolaient de ces estampes surtout le Bijin-Ga qui représentait les geishas serveuses dans les maisons de thé et les Yakusha-e qui représentaient les acteurs de Kabuki.


L’histoire des 53 étapes du Tokaido, Il s’agit  d’une série de 53 estampes japonaise ou L’Ukiyo-e. Créées par Hiroshige, l’artiste avait effectué son premier voyage empruntant la route de Tokaido en 1832. Cette route reliant la capitale du Shogun, Edo, à la capitale impériale Kyoto, est l’axe principal  du Japon de l’époque. C’est la route la plus importante des  cinq routes majeures du Japon, développées pendant l’ère Edo pour améliorer le contrôle du pouvoir central sur l’ensemble du pays.

La route du Tokaido,  d’Edo à Kyoto en passant par le littoral représente une distance de 500 km, parcourue le plus souvent à pied et en deux semaines, ou bien à cheval, en palanquin ou en logette en bambou tressé.

C’est en 1601 que le Shogun fait débuter les travaux, tout le long de cette route 53 relais sont installés pour le ravitaillement et pour le repos des voyageurs, elles sont traversées par les daimyo (noblesse japonaise astreint par le système du sankin-Kotai , système de résidence alternée de daimyo qui les obligeait à passer une année sur deux à Edo et a y laisser leurs femme et enfants lorsqu’ils retournaient au Han (domaine)), cette route est parcourue par des moines, marchands, touristes, des pèlerins se rendant à Ise ou Shikoku. Les relais sont souvent situés dans des sites pittoresques ou près des centres  bouddhistes ou shintoïstes, ils offrent la possibilité de passer la nuit et de se restaurer, des commerces vendent des spécialités locales .On y trouve aussi des écuries, palefreniers, des guides.

Le parcours :

La route suit le littoral au départ d’Edo permet de longer la baie, ensuite une seconde baie celle de Sagami jusqu’à Hakone (bourg) qui est le 10 eme relais.


hiroshigé 4

 

On quitte le littoral pour passer la montagne d’Hakone,


hiroshigé 7

 

afin de retrouver le littoral et la baie de Suruga,


hiroshigé

 

qui  se trouve au sud du mont Fuji, sur lequel il y a une vue magnifique à Hara (13 eme relais).

 

hiroshigé 6

 

Il faut passer quelques fleuves qui se jettent dans la mer, le Fuji gawa puis l’Oi gawa, entre Shimada (23 eme relais) et Kanaya, puis le Tenryu gawa juste après le Mitsuke (28 eme relais).

hiroshigé 21 station

 

Passé le relais Masaika (30 eme relais), il faut prendre des barques à hautes voiles blanches pour franchir le lac côtier Hamamatsu en une brève traversée maritime.

 

hiroshige voiles blanches

 

Ensuite on longe à distance d’une double échancrure maritime (située au nord de Nagoya) formée par la baie de Mikawa et la baie d’Ise pour franchir le pont Hayagi, le plus long de la route du Tokaido (376 mètres),

 

hisroshigé 2

 

juste avant d’arriver à Okazaki (38 eme relais) puis à Chiryu, (ville célèbre pour son marché aux chevaux).Arrivé à Miya (41 eme relais) au sud de Nagoya, il faut s’embarquer pour traverser la baie d’Ise et éviter la traverser du fleuve Kiso gawa, et l’on arrive à la station suivante Kuwana .

 

hiroshigué 8

 

À partir d’Ishiyakushi (44 eme relais) adossé aux flancs de la montagne ou se trouve un temple bouddhiste dédié à Yakushi (dieu de la médecine),

 

hiroshigé 44 station

 

on quitte le littoral et on entre dans les terres vers le lac Biwa. On atteint celui-ci à la hauteur de Ishibe 55 eme relais),

 

hiroshigé 53-copie-1

 

et de Kusatsu où on rejoint le Kiso Kaido (une autre des 5 routes, dont le nom officiel est Nakasendo), ensuite arrivée à Otsu et sa maison de thé de la source, puis arrivée à Kyoto ville impériale.

 

hisroshigé 1

 

Hiroshige part en 1832 d’Edo dans le but d’accompagner une délégation officielle convoyant des chevaux qui doivent être offerts à la cour impériale. Ces chevaux sont don  symbolique offerts chaque année par le Shogun à l’empereur en reconnaissance de son statut divin. Le rôle de l’artiste : fixer grâce à son art, les cérémonies officielles prévues, c’est certainement sa qualité de grade de la brigade du feu, héritée de son père, qui lui vaut cette mission. Les paysages qu’il traverse lui font une grande impression, il dessine de nombreux croquis tout le long du parcours à l’aller comme au retour. Dès son retour il  se met au travail  et décrit ces relais sur les estampes.

 

hiroshigé 9 

 

Le Tokaido de l’édition Hôeido est l’œuvre la plus connue d’Hiroshige et la plus vendue dans l’histoire de L’Ukiyo-e.

L'exposition présente les deux possibilités du voyage de la route du Tokaido, en passant par le sud nommée "la route du Tokaido", en passant par le nord, elle est appelée "Kisokaido". Ainsi, l'artiste nous fait découvrir le Japon ancestral, par la vie de ces villages devenus relais (50 par trajet). Mais, c'est avant tout un voyage de méditation et de monde intérieur qu'Hiroshige nous transmet.

Magnifique exposition à ne pas manquer, jusqu'en mars 2013 à la Pinacothèque, Paris

 

hiroshigé 3

 

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