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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 17:22


 L’histoire de Saint-Tropez, lieu qu’Henri Manguin affectionnait particulièrement.

Saint-Tropez petit village de pécheurs,  jusque dans les années 1950.

Mais l’histoire de ce village débute dès 599 avant Jésus-Christ, les Phocéens venus de Grèce,  investissent   Marseille et les sites de mouillages de la côte.

En 31 avant Jésus-Christ, c’est la bataille d’Actium (guerre civile romaine qui suivit l’assassinat de Jules César, grande bataille navale qui s’est déroulé près d’Actium, sur la côte occidentale de la Grèce, au sud de l’ile de Corfou. Elle met aux prises les forces d’Octave et celles de Marc Antoine et Cléopâtre. Elle marque la fin de la guerre civile, et la victoire d’Octave (il deviendra l’Empereur Auguste). Cette bataille permet l’installation des romains dans le sud de la France. Ils construisent des villas dont l’une dite « des platanes ». Le premier nom du village est Héracléa-Caccaliera.

A la fin du IX eme siècle, c’est la chute de l’empire romain, le pays est mis à feu et à sang par les pirates et corsaires. Ces exactions vont durer 100 ans, toutes attribuées aux Sarrasins (nom donné aux peuples musulmans par les européens à cette époque), ils se retrancheront à La Garde-Freinet proche de Saint-Tropez. Ce qu’il resta de leur passage les toits de tuiles roses appelées sarrasines.

En 976, Guillaume 1er comte de Provence, seigneur de Grimaud, chasse les belligérants et fait construire une tour  en l’an 980, (emplacement de l’actuelle tour de Suffren).

Les années 1079 et 1218, les bulles pontificales (document  originellement scellé par lequel  le Pape pose un acte juridique, tel que l’indiction d’une année sainte, une nomination épiscopale ; la convocation d’un concile, ou d’une canonisation. Le document relève en principe du gouvernement pastoral de l’église). Elles confirment l’existence d’un domaine seigneurial à Saint-Tropez.

1436, le roi René tente de repeupler la  Provence dévastée et dépeuplée par les invasions et la peste. En 1441 il crée au profit de son chambella Jean de Cossa la Baronnie de Grimaud, celui-ci réalisa que le point faible de la région était le Golfe de Saint-Tropez et qu'il fallait à tout prix le protéger.  Il fait appel  au génois Raphael de Garezzio lequel fit venir 21 familles génoises, qui reconstruisirent et fortifièrent la cité. Il fit construire des murs d’enceintes (il en reste deux). La cité est une petite république qui possède sa flotte et son armée, et est administrée par deux consuls et douze conseillés qu’elle élit En contrepartie, les Tropéziens seront francs, libres, et exempts de tout impôt, cette convention perdurera jusqu'à son abrogation en 1672 par Louis XIV.

1558, la création de la charge de capitaine de ville renforce l’autonomie de la ville. Le capitaine, élu tous les ans, dirige les capitaines de quartiers, un bombardier, une milice et des mercenaires. Ainsi les tropéziens résistent aux turcs, aux espagnols, et secourent Fréjus et Antibes, et aident l’archevêque de Bordeaux à reprendre les iles Lérins. 

1577 La seigneurie de Saint-Tropez devient l’apanage de la famille de Suffren, suite au mariage de Geneviève de Castille (fille du marquis, seigneur de Castellane) qui épouse Jean-Baptiste de Suffren.

1615, la ville accueille pendant quelques temps, l’expédition de Tsunenaga Hasekura (noble samouraï), il se rendait à Rome, il du s’arrêter cause de mauvais temps. Première trace enregistrée des relations franco-japonaises.

C’est en 1637, que les tropéziens viennent à bout de 21 galères espagnoles. Ce qui donne lieu à une bravade le 15 juin qui glorifie la victoire des habitants sur les espagnols.

15 Août 1944, la flotte alliée débarque sur les plages proches de Saint-Tropez, de ce fait, c’est la première ville de Provence libérée. Mais après cette date, le port est en ruines, la chapelle des Pénitents blancs est mutilée, les bombardements ont soulevé le quai.

Le village de Saint-Tropez s’est endormi pour quelques années, mais 1950 les écrivains et artistes de la nouvelle vague rendent ce petit port en station balnéaire et le rendent connu internationalement.

Saint-Tropez joue un rôle important dans l’histoire de l’Art Moderne.  C’est Paul Signac qui découvre ce lieu baigné de lumière en 1892, séduit il achète une maison pour en faire son atelier " la Hune " et incite les autres artistes à venir y séjourner tel que Matisse, Bonnard, Marquet, Cross, Derain, Manguin Camoin.

C’est à Saint-Tropez que le pointillisme et le fauvisme voient le jour. C’est l’un des foyers les plus actifs de l’avant-garde picturale au début du XX eme siècle.

Le Musée de l’Annonciade est installé dans la chapelle Notre-Dame de  l’Annonciade, dont il tire son nom, créé en 1922.

 Cette chapelle a été édifiée vers 1510 par la confrérie des Pénitents blancs, (elle fut vendue comme bien national à la Révolution). Son clocher est abattu en 1821, cet édifice était prévu pour faire un atelier de construction marine. En 1937, la partie supérieure de la chapelle fut aménagée pour accueillir le Museon Tropelen.  En 1950, le bâtiment, est mis à la disposition de Georges Grammont, qui en fit faire un musée afin d’y présenter sa collection. 

Henri Manguin nait à Paris en 1874, dans une famille bourgeoise. Son père décède alors qu’il n’a que 6 ans, il laisse un héritage important.

Henri fait des études au lycée Colbert, qu’il arrête en 1890 afin de se consacrer à la peinture

1891, il est inscrit aux Arts Décoratifs, il rencontre Marquet et Matisse ils deviennent amis

1894, Il rentre à l’Ecole des Beaux Arts, dans l’atelier de Gustave Moreau 

1895, Année ou il découvre l’œuvre de Cézanne lors d’une exposition chez Ambroise Vollard

 1896, il fait un séjour près de Cherbourg à "la Percaillerie", il rencontre Jeanne Carette, qu’il épousera en 1899, ils s’installeront rue Boursault à Paris.

 1900, Manguin à l’idée de créer un atelier démontable dans son jardin, ses amis Marquet, Puy, Matisse viendront y travailler, ils auront le même modèle.

1902, c’est la première participation de l’artiste au Salon des Indépendants, il rencontre Pissarro

 1903, il participe au salon d’automne à Paris

 1904, il effectue son premier séjour à Saint-Tropez, il s’installe villa Ramade, il devient ami avec Paul Signac. La même année il participe aux Salons d’Automne et des Indépendants.

1905, Le collectionneur Léo Stein lui achète " l’atelier  " le  " modèle nu " Du printemps à l’automne, il est à Saint-Tropez, son ami Marquet le rejoint, ils sont à la villa " Demière "au milieu des chênes- lièges à l’entrée de la ville sur la colline de Malleribes, la vue sur le golfe y est magnifique. Il peint une série de  "14 juillet à Saint-Tropez". et expose chez Druet et Weill

1906, Vollard, marchand d’art lui achète cent cinquante toiles. Il effectue un long séjour à Cavalière, il fait la connaissance de Théo Van Rysselberghe, devient ami avec Cross. En juillet, il part rejoindre Matisse à Collioure. Participe à diverses expositions en Allemagne.

1907, Bernheim Jeune achète 9 toiles et  24 dessins à l’artiste, il fait une exposition chez Druet. En mai  il repart à Saint-Tropez

 1908, il part au printemps en Italie avec son ami Marquet, il participe à une exposition avec Bonnard chez Druet. Rentré d’Italie il passe l’été à la villa Demière à Saint-Tropez Bonnard vient habiter avec lui, il fait la connaissance de Dunoyer de Segonzac. Il participe avec Matisse à la première exposition impressionniste à Zürich

1909, il S’installe à Neuilly, 7, rue Saint-James. Il présente le salon d’Automne.

1910, Octave Mirbeau, critique et écrivain, lui achète des toiles. Il expose à nouveau chez Druet. Il va en Suisse, il rencontre les Hahnloser à Winterthur.

 1911 : Eté à Savary où il voit souvent Henri Lebasque.

1912 : Exposition de groupe à Moscou : les collectionneurs russes Stchoukine et Morosoff ont déjà acheté plusieurs toiles de l’artiste. Il voyage de nouveau en Suisse chez les Hahnloser. Il passe l’été à Cassis avec Othon Friesz.

1913 : Eté à Cassis et Automne à Villefranche. Exposition à la Galerie Druet. Il participe à l’Armony Show, à New York.

1915-1918 : Henri Manguin séjournera en Suisse, à Lausanne près des frères Vallotton, Winterthur chez les Hahnloser et Colombiers près de Neuchâtel

1920 : De Juillet à Octobre, Manguin est à la villa " l’Oustalet", qu’il achètera quelques années plus tard

1922 : Offre une œuvre pour la création du musée de l’Annonciade à Saint-Tropez.

1924 : Au début de l’année, il travaille à Marseille, dans l’atelier de Marquet. A partir de Juillet, il fait un périple à La Rochelle, Bordeaux et Sète, puis revient à Saint-Tropez en août.

1931 : Au printemps, il travaille en Bretagne.

1934 : Georges Grammont, futur donateur du musée de l’Annonciade, achète son premier Manguin.

1936 : Il participe au projet de création du musée de Saint-Tropez

1937 : Nombreuses expositions à Tunis, Constantine, Au Caire, à Berlin, au Canada et en France.

1938 : Henri Manguin expose au Carnegie Institute, à Pittsburgh, et à Londres. Son fils rachète à la fermeture de la Galerie Druet, les toiles invendues.  

1939 : Expositions à Adélaïde, Genève, Londres, Stockholm, Liège et Paris.

1940 : Manguin expose à la Biennale de Venise. Il part s’installer à Avignon chez son fils Claude.

1941 : Exposition à Tunis.

1942 : l’artiste revient à Paris et peint en Vallée de Chevreuse chez sa fille Lucile à "La  Reinerie ".

1949 : Peu après la célébration de ses 50 ans de mariage avec Jeanne, il quitte Paris pour Saint-Tropez où il décède.

A ses débuts, il travailla sous l'influence des Impressionnistes, des Nabis et de Cézanne avant de produire des toiles dans une veine fauve qui devinrent les plus recherchées de sa production après  son décès en 1949.

Les Fauves

La dénomination fauve inventée en 1905, lors de la présentation au salon d’automne, d’un groupe de toiles  de Matisse, Derain, Manguin, Friesz, Puy, Valat et Vlaminck, qui  s’étaient mis a peindre avec des couleurs plus ou moins violentes, cependant une telle manière de concevoir la peinture était déjà apparue un an plus tôt principalement chez Vlaminck, en fait le fauvisme date de 1904 et a duré environ trois années. Mais bien avant le fauvisme et lui traçant la voie par sa vision lumineuse et sa technique de touches mouvantes, il y avait eu Van Gogh et la coloration de certains paysages de Gauguin, qui  parfois   fut désigné car l’un des précurseur de ce mouvement.

On sait que la caractéristique la plus manifeste de la peinture fauve est l’emploi des tons purs. Aucun des peintres du groupe ne manqua d’en faire un usage abondant. Le rouge pur a été la couleur de prédilection des fauves coléreux, le mot fauve évoque " ils ont vu rouge ", mais si l’on observe bien leurs toiles les plus rutilantes, on s’aperçoit que les tons purs s’accompagnent de tons qui ne le sont pas.

La palette de l’artiste au contacte de la lumière méditerranéenne devient plus colorée. Ses jaunes ardents, ses rouges enflammés, ses oranges et mauves éclatants, bleus et verts font partis de sa palette,  il pratique la déclinaison du violet coloris qu’il affectionne particulièrement. Mais chez lui il n’y a pas de débordements, il reste fidèle à son sujet.  

Ses sujets : Il a  peint des nus, au levé pendant la toilette, des baigneuses, de nombreux paysages du midi, la nature, le port de Saint-Tropez, la citadelle, la mer, les bateaux, la villa Demière et son magnifique jardin, quelques fois animé par la présence de son épouse Jeanne. Dans son œuvre il y a une certaine joie de vivre.

L’exposition  présente principalement des œuvres peintes dans le midi et à Saint-Tropez, lieu qu’il découvre en 1904, invité par son ami Signac qui lui propose de tenter de nouvelles expériences chromatiques. Ainsi  il va immortaliser le petit port, la citadelle, et aussi la villa" Demière " lieu où l’artiste s’est installé, un véritable paradis entouré d‘une vaste forêt de pins et de chênes fermée à la vue par le massif des Maures, c’est un lieu propice à la création.

Manguin peut y explorer ses thèmes favoris, le paysage, l’intimité familiale, Jeanne son épouse,

qu’il représente nue à l’abri de tous regards, au bord du bassin ou nue sous les pins.

 

 . Comme il l’écrit à Matisse l’année suivante, le Midi lui procure :

" Une impression d’une grande beauté et la compréhension de beaucoup de choses jusqu’alors inconnues"

 

 

Son" Autoportrait", daté de1905

manguin autoportrait

"Claude sur la place de la Cavalerie", 1906

"La gitane à l’atelier" ,1906

"L’étude pour la Naïade", 1906

"Les petits chênes lièges", 1906

"Le pré villa Demière" , 1905

"Le port et la citadelle" 1904, la mer occupe la moitié du tableau

"Villa Demière" 1905, il s’agit des chênes-lièges dans le jardin de la villa

"La faunesse villa Demière ",  1905, l’épouse de l’artiste pose nue sous un arbre, son corps prend des tons, rose, mauve

manguin faunesse

"Cassis l’allée de Villerose", 1913

"Cavalière, un personnage" 1906

 "Baigneuse à Cavalière", 1905,   

manguin la baigneuse cavalaire

"Etude pour les 3 grâces", 1905

"Le port de Saint-Tropez", 1905

manguin vue du port

"Vue sur Saint-Tropez",1905

"La villa Demière ",1905 manguin villa demiere

"Le 14 juillet à Saint-Tropez", les couleurs des drapeaux sont vives et pures, sous un ciel clair.

Manguin 14 juillet

"Saint-Tropez, les bateaux  de la Ponche", 1904, le mauve, le vert , le blanc de l’eau, contrastent avec les tonalités des  maisons dont les coloris sont plus accentués et peints en aplats.

 

st trop les bateaux à la ponche

 

"Saint-Tropez le coucher de soleil", 1904 dominance de tons orangés, à l’horizon les montagnes bleutées

manguin st trop coucher soleil

"L’Ecorchée de dos", 1902

"Le port de Saint-Tropez 1905, la citadelle domine dans un écrin de verdure, quelques maisons et les reflets de l’eau au premier plan

Paysage  de Saint-Tropez" 1904-05

"Saint-Tropez, l’arbre et le golfe", 1904

st trop l'arbre et le golfe

"Souvenirs de Livourne", 1908

"La pinède à Cavalière", 1906

Quelques natures mortes sont exposées :

"Nature morte (melon et pot à tabac)",1905

"Nature morte au melon", 1905

"Nature morte au chianti", 1905

Quelques  Dessins

"Jeanne Manguin", 1905, encre de chine sur papier

"Les baigneuses à Cavalière", 1905, aquarelle sur papier

"Jeanne à l’ombrelle, à Cavalière", 1906, aquarelle sur papier

"La sieste", 1905, Jeanne est allongée dans une chaise longue sous les arbres, recouverte d’une chemise blanche, on aperçoit la mer en contrebas. Aquarelle sur papier

manguin la sieste

"Les baigneuses" 1905, aquarelle sur papier

"La coiffure", 1906, encre sur papier

"Le bateau", 1906, encre sur papier

"Golfe de Saint-Tropez",  1904, aquarelle sur papier

manguin golfe de st trop

Quelques extraits du catalogue de l'exposition.

Exposition à ne pas manquer, 40 toiles pour présenter les œuvres de jeunesse de l’artiste, les paysages aux couleurs éblouissantes, la présence de son épouse dans le magnifique jardin de la villa demière est fréquente .L’œuvre de l’artiste est optimiste, il représente la douceur de vivre. Il utilise sa palette avec beaucoup de finesse et de sensualité.

Jusqu’au 8 octobre à Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade.

 

 

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