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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 16:37

 Tsugouharu Foujita, nait le 27 novembre 1886 à Tokyo, fils d’un général et médecin de l’armée impériale du Japon. 

Il fait des études à l’école des Arts de Tokyo jusqu’en 1910, année ou il obtient son diplôme.

Sa première commande officielle date de 1911, "le portrait de l’empereur de Corée", en exil au Japon.

Il décide de s’installer à Paris, fasciné par l’occident, surtout par l’art français, il rêve de Paris,  il y arrive en 1913 et continue d’étudier les arts à l’Ecole de Paris, il est peintre et graveur. Il rencontre Modigliani, Soutine, Pascin, Léger, il se lie d’amitié avec Picasso, Gris et Matisse. Mais aussi fasciné par le Douanier Rousseau.

L’artiste installe son atelier, Rue Delambre à Montparnasse il décide d’y faire quelques aménagements, que faire mettre une baignoire et l’eau chaude, dès qu’il aurait de l’argent. Des modèles viennent admirer ce luxe, Kiki de Montparnasse (modèle, muse et amante d’artistes célèbres, mais également, chanteuse, danseuse, gérante de cabaret, peintre et actrice de cinéma et anima le quartier Montparnasse, pendant l’entre-deux guerres de 1921 à 1939) , elle pose nue pour l’artiste,ainsi que pour Man Ray le célèbre photographe. Un portrait de Kiki sur fond blanc ivoire, " Nu couché à la toile de Jouy" fit sensation au salon d’Automne à Paris.

1914, il part à Londres.

1915,  Il est engagé comme coupeur-modéliste par le couturier Gordon Selfridge ou il obtient beaucoup de  succès.

1917, au café la Rotonde il rencontre Fernande Barrey c’est le coup de foudre. Ils se marient quelques jours plus tard. Cette même année il a ses premières commandes.

Il obtient très vite une notoriété surtout après l’exposition de 1918. Il peint de belles femmes et les chats, sa technique est originale. Il est l’un des artistes qui gagne beaucoup d’argent.

1918, il expose au salon d’Automne à Paris, ses œuvres à coté de celles de Matisse, Dunoyer de Segonzac et Maurice Denis.

1919, il est le sociétaire du salon d’automne.

1920, il est membre du jury de ce même salon, le président, Pierre  Bonnard.

1924, grand succès au salon avec son œuvre "Youki, déesse de la neige"

 1925, il est décoré de l’ordre de Léopold en Belgique  et fait chevalier de la légion d’honneur en France.

1927, il va habiter près du parc Montsouris, proche de Derain et Braque. Cela montre sa réussite.

1928, il décore la maison du Japon à la cité universitaire à Paris et réalise quatre grandes toiles combat, grande composition.

1929, il réalise pour le cercle interallié à Paris, huit panneaux muraux, le style est traditionnel. Il part ensuite au Japon il reçoit un accueil triomphal.

1930, rentré du Japon, il exécute une série de toiles uniques dans son œuvre, il montre un intérêt pour le surréalisme. Il rencontre Madeleine Lequeux, danseuse au casino de Paris.

Après la dissolution de son 3eme mariage, il part en Amérique du sud, avec sa nouvelle amie et y resteront deux ans. Nous sommes en 1931. Ils voyagent dans toute l’Amérique latine, de Cuba au Brésil, en Argentine organisant des expositions ou il rencontre un grand succès. A Buenos Aires, 60 000 visiteurs viennent à son exposition.

1933, ils partent  au Japon, il devient membre de Nikakai. Il réalise des peintures murales.

1934, il expose dans la célèbre galerie Nichido au Japon et au salon Nika,  manifestation prisée par la bonne société. Il commence une peinture murale dans un immeuble.

1935, Il réalise deux décors l’un pour le magasin  Sogo à Osaka et le plafond du grand café Colomban à  Giza. Il revient à Tokyo ou il rencontre Kimiyo Horyuchi qui épousera en 1954.

1936 Il participe à la 3 eme exposition des 10 grands maitres de la peinture occidentale, organisé par Kyuryudo dans le magasin Sisheido à Ginza. Il réalise également une peinture murale pour l’institut franco-japonais du Kensai à Kyoto, et pour le salon de thé d’un grand magasin Marubutsu.

1937, il relève le défit de construire le plus grand tableau du monde, il représente les fêtes des 4 saisons à Akita. Il se fait construire une maison traditionnelle au Japon.

1938, il va en Chine envoyé par le ministère de la Marine tant que peintres attaché aux armées de guerre. Il réalise des dessins de batailles. Plus tard il peindra "l’embrasement du nouvel aérodrome de Nanchang".

1939, il revient à Paris, jusqu’à l’arrivée des allemands en 1940. De 1939 à 1945, il se consacre à sa peinture, il organise des expositions de peintures de guerre.

1940, Il est nommé peintre officiel de l’armée de la grande guerre d’Asie.  

1941, alors que son père décède. Il devient membre de l’Académie impériale des Beaux-arts, Teikoku Geijutsu. La même année il est envoyé en Indochine française, comme attaché culturel, nommé par l’Académie et l’Association pour la promotion de la culture internationale au Japon.

1942, il est envoyé par la marine, sur le front du Pacifique sud comme officier et chef d’un groupe de peintres. Il participe à de nombreuses expositions consacrées à la guerre et à l’armée japonaise.

1943, il obtient le prix  de la culture du quotidien Asahi au Japon.

1945, sa maison est détruite à Tokyo

1946, Foujita veut rentrer définitivement en France.

1947, Il présente à l’exposition d’art contemporain de Tokyo, "Mon rêve ". Il envoi 40 toiles à New York ou deux expositions lui sont consacrées, il reçoit une très bonne critique 

1948, La galerie Shiseido lui consacre une exposition, et a participé à l’exposition totale d’art moderne du Japon, il présente "Mon atelier". Il veut rompre avec le Japon d’après-guerre, il fait une demande de visa pour les Etats-Unis.

1949, Grâce à l’intervention du Général MacArthur, il obtient son visa, il part aux USA, son épouse le rejoint. Il est nommé professeur à l’Ecole des beaux-arts de Brooklyn. Il achève sa série de toile en hommage à La Fontaine.

1950, Il revient en France. Il expose 50 toiles à la galerie Pétridès.

1951, Il part en Afrique du nord, plusieurs expositions lui sont consacrées, Alger, Oran, Casablanca. En Espagne.

1952, Il fait don de 4 toiles au musée d’art moderne à Paris : Mon intérieur, Café, Notre Dame, Quai aux fleurs, c’est un hommage à la France.

1953, Deux expositions en Espagne, Bilbao et Barcelone.

1954, Il organise une 3eme exposition chez Pétridès.

1955, il obtient la nationalité française, au Japon, à Tokyo une grande exposition lui est consacrée.

1956, Il illustre une œuvre de Cocteau, il s’agit du « Dragon des mers », sur son voyage au Japon.

1957, il est promu au grade d’officier de la légion d’honneur. Il illustre un ouvrage de son ancienne compagne " Confidences deYouki ".

1958, il est élu membre de l’Académie Royale de Belgique.

1959,Il illustre "l’Apocalypse de Saint Jean", livre tiré à 7 exemplaires , son poids 110 kg, cet ouvrage réunit : Dali, Fini, Mathieu, Zadkine, Trémois, mais aussi Cocteau, Rostand, Daniel-Rops, Guitton, Cioran, Giono, Jünger, ils écrivent un texte "la méditation sur la fin du monde".

Foujita se convertit au catholicisme, après une illumination mystique qu’il a ressenti dans la basilique Saint-Rémi à Reims. Le 14 octobre 1959, il est baptisé, ainsi que son épouse,  à la cathédrale de Reims et prend le nom de Léonard Foujita en hommage à Léonard de Vinci. Il a pour Parrain René Lalou, qui dirigeait la maison de champagne Mumm, il décide quelques années plus tard de construire une chapelle romaine, appelée Notre Dame de la Paix, commencée en 1965, terminée en 1966, il en fit la décoration.

En, 1961, il obtient la médaille d’or à la première exposition d’art sacré à Trévise.

Les expositions se succèdent dans le monde pendant ces années.

Il meurt en 1968, à Zurich. Il repose dans cette chapelle ainsi que son épouse.

 Ses œuvres sont nombreuses, des portraits féminins, des chats, les lutteurs, ses autoportraits .

autp

Ses techniques :

Ses fonds blancs, lisses, satinés sont obtenus avec plusieurs couches de craie (appelé blanc de Meudon), et de blanc d’argent (plomb). L’opalescence est obtenue par l’adjonction, dans la dernière couche, de talc associé à l’huile de lin. Cette matière remplace la poudre de coquillage broyée utilisée en peinture japonaise, méconnue en France.

Le trait à l’encre de chine, l’estompe, le lavis. Il alterne l’encre et l’huile, il utilise aussi la tempera à l’essence. Il mélange les traditions orientales et occidentales.

Il est influencé par Michel Ange, Poussin, Rodin.

Foujita c’est La ligne de Holbein, la rigueur de l’Orient, le trait de Matisse.

Il a illustré de nombreuses œuvres littéraires, des légendes japonaises, de Pierre Loti, Claudel, Giraudoux, Kikou Yamata, Cocteau.

 

Montparnasse, ou le Paris du début du XX eme siècle

Le Paris des années folles, après Montmartre qui fit venir de nombreux artistes étrangers en France, Picasso fut l’un des premiers à déménager dans le quartier Montparnasse, plus au centre de Paris, ils vont créer une communauté artistique internationale et ainsi formeront l’école de Paris, Modigliani, Giacometti (italien), Soutine, Zadkine, Chagall, Marie Vassilieff (Russe), Gris, Picasso, Dali, Miro (espagnol), Diego Rivera (mexicain), Foujita (Japon), Nina Hamnett, Henry Miller (USA) , mais aussi Guillaume Apollinaire, le Douanier Rousseau, Bourdelle, Fernand Leger, Max Jacob, Blaise Cendars, Marcel Duchamp, Brancusi, Paul Fort, Jules Pascin ; Jean-Paul Sartre, Django Reinhardt. La photo avec Man Ray qui eut son premier studio tout proche, James Joyce, Cocteau, Gertrude Stein, Kiki de Montparnasse posèrent pour  ce grand photographe. Il créera une galerie d’art et après la guerre un journal " Montparnasse carrefour des arts". Des amateurs d’arts américains fortunés sont venus leur rendre visite tel que Gertrude Stein, Peggy Guggenheim, Harry Crosby, accompagnés de critiques, Lawrence, MacLeish, Joyce, Boyle, Faulkner, Parker.

Ils se retrouvaient tous  dans les cafés du quartier, le Dôme, la Closerie des Lilas, La Rotonde, le Sélect, la Coupole, le Bœuf dur le toit, ces établissements devenus renommés, acceptaient que les artistes affamés occupent une table toute la soirée sans être dérangés. Il y régnait une ambiance toute particulière, de grandes discussions arrosées d’alcool, ils ne payaient pas l’addition la plupart du temps, le directeur de l’établissement demandait un dessin, ainsi les murs de ces grands cafés étaient couverts d’œuvres d’art. La vie nocturne était aussi très  agitée, le bar Dingo faisait Montparnasse, les habitués tel que Scott Fitzgerald, Callagnan, puis il y avait les théâtres, le music-hall, Bobino, les artistes s’y produisaient tel que Damia, Kiki, Mayol, Georgius. Le groupe des Six, créant une musique fondée sur des idées de Cocteau et Erik Satie.

Marc Chagall dira pourquoi il était venu :

«  J’aspirais à voir avec mes propres yeux ce que j’avais entendu de si loin : la révolution de l’œil, la rotation des couleurs qui spontanément et astucieusement se fondent ensemble dans un flux de lignes conçues. Ceci n’aurait pu être vu dans ma ville. Le soleil de l’Art alors brillait seulement sur Paris. »

 C’est ce Paris là que découvre Foujita lorsqu’il arrive à Paris en 1913.

 

L’exposition

Quelques salles du musée des Beaux-arts sont réservées à l’artiste

Le premier thème :

Traditions, extravagance et volupté

Quelques toiles d’artistes contemporains de Foujita, un nu de Van Dongen, de Modigliani et bien sur un de  l’artiste. La période de 1921 à 1929, les tableaux de nus son au centre de son œuvre.

Un autoportrait daté de 1917, un de Kisling "femme au châle ", Modigliani fit le portrait de son amie " Jeanne Hébuterne".

Des masques, dont un autoportrait en bronze.

Un autoportrait de Foujita daté de 1922 sur fond or.

 autoportrait 1

Peintures d'animaux ,tel que le lion du Douanier Rousseau, l’atelier de Soutine peint par Foujita et une vue de Cagnes, à coté  un paysage de Cagnes par Soutine.

La seconde salle présente :

Au grands fonds blancs ou le manifeste de 1928 " combat ".

Peintures monumentales. Quatre grandes toiles forment un diptyque, ce qui crée un jeu structuré d’oppositions,  entre lutte et volupté, le lien de l’homme à l’animal,  guerre et paix .Cet ensemble conclut le premier séjour parisien de l’artiste.

 Cette peinture presque monochrome démontre l’éclatante maitrise de ses fonds blancs opalescents.

marbre

2 des panneaux représentent des lutteurs (1928) les deux autres compositions aux lions et aux chiens.

Ces panneaux fonds blancs représentent pour les lutteurs des corps musclés, on y voit un de ses modèles favoris, Kiki de Montparnasse, des animaux dont les chats.

 matou

Il cherche à reproduire le marbre blanc dans sa peinture, dans les lutteurs un rappel de Michael Ange, les chiens, lions de Jean de Bologne, on retrouve aussi les influences de Poussin, Rodin.

 

kiki

 

On est saisi par la beauté de l’œuvre, la délicatesse,  la précision du trait, le rendu du corps humain, grand raffinement pour ces toiles monumentales, entre peinture occidentale et orientale.

Un portrait du lutteur japonais Tochigiyiema, il s’agit d’une peinture sur soie

  La salle suivante :

Le muralisme des années 30 et 40

Alternance de photos et peintures. Comme nous l’avons vu, Foujita fit un séjour au Brésil

"Mangue, les prostituées à Rio"  daté de 1932

Baptême de fleurs en 1959

Une grande photo représente l’artiste travaillant au Brésil.

La colombe, Le soleil , dessins de l'artiste comportant quelques anotations. (projets en cuivre ou fer non réalisés)

Il a également un peint certain nombre de boites avec un grand raffinement.

Autres tableaux "les grotesques"

"Les 7 péchés capitaux", esquisse pour les fresques de la chapelle,Notre-Dame de la Paix.

Quelques dessins pour les fonds baptismaux de la chapelle, étude pour un vitrail de l’abside. Foujita a eu un attrait pour l’art religieux occidental, dès 1917.

La nativité

Vierge couronnée par deux anges

Vierge miraculeuse

Vierge nourricière

En poursuivant nous arrivons à la salle de l’apocalypse

La crucifixion

La descente de croix

Les 4 chevaliers de Durer

Le Christ tableau et dessins

Quelques fresques pour sa chapelle Notre-Dame.

Reproduction de L’atelier de l’artiste, photos, objets personnels, objets de son quotidien soulignent son habileté créative en tout domaine et toute liberté. Grand art au kitsch, dans cet atelier un tableau «  l’âge mécanique » ici l’artiste fait référence à son enfance, on voit sur cette toile, avion, train, mécano.

Jean Cocteau dira " il est le Lewis Caroll de la peinture ".

Pour son œuvre, il s’ est inspiré  par la Renaissance italienne.

La ligne de Holbein, la rigueur de l’Orient, le trait de Matisse

Très beau parcours dans le musée des Beaux-arts de Reims, rendant hommage à ce grand artiste, peu connu.

Une autre exposition concernant Foujita se situe à Pithiviers à la Grande Halle de Chamarolles,  il y a environ 150 œuvres. Cette exposition marque le centième anniversaire de l’avènement de Foujita en tant qu’artiste, 1910 il obtient son diplôme.    A ne pas manquer

Jusqu’en 18 septembre 2010

Quelques extraits du catalogue de l'exposition. 

La chapelle Notre-Dame de la Paix :

chapelle

A l’âge de 82 ans Foujita réalise cette chapelle, après la seconde guerre mondiale l’artiste  renoue avec la tradition de l’art sacré en France, il privilégie le dialogue entre l’architecture et la peinture.

Alternance de vitraux et fresques

En entrant, à droite, on voit Jésus lavant les pieds d’un apôtre, une Nativité, l’enfant Jésus couché au sol, éclairé par le rayon de l’étoile. Le portement de croix, qui suit, montre deux scènes différentes : Une saint femme essuie le visage de Jésus et Jésus console les femmes de Jérusalem.

La disposition de ces œuvres marque le début et l’achèvement de la mission terrestre du Christ.

La cène est disposée dans une voûte, les Christ et les apôtres sont assis à la table. Des vitraux présentent  des scènes tirées des danses macabres (fréquent au Moyen-âge), ces scènes évoquent les horreurs de la guerre au Japon. Sous les dalles du sol, le cercueil de Foujita et de son épouse. A coté une résurrection. Au fond de la nef, l’abside présente 3  scènes : Dieu le père en majesté, la visitation, au fond on aperçoit Notre-Dame de la Paix bénit et protège des femmes, des enfants. Sous la signature de l’artiste, il a représenté sa femme à genoux. La pêche miraculeuse. Quelques marches descendent dans la petite chapelle, consacrée à Notre-Dame des vendanges, un grand vitrail avec 6 panneaux : La création, la chute de l’homme, l’Arche de Noé, à droite, Notre-Dame des vendanges on y aperçoit la cathédrale de Reims et la basilique Saint Remi, à gauche, les 7 péchés capitaux. Les fresques suivantes présentent : le christ guérissant des malades, la descente de Croix et le baptême du christ. Au dessus de l’entrée, la crucifixion. La Vierge jeune mère en blanc, à droite, la Vierge de douleurs, en noir , elles sont agenouillées, leurs vêtement soulignent la courbe de la porte, Foujita s’est représenté dans la foule, également à genou proche de lui René Lalou.

vitrail f

 

 

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