Eugène Boudin, nait à Honfleur en 1824, décède à Deauville en 1898.
Artiste à être l’un des premiers à saisir le paysage hors d’un atelier, grand peintre des marines, considéré comme le précurseur des impressionnistes.
Son père, marin sur les bateaux faisant la liaison Le Havre-Hambourg.
La famille déménage au Havre en 1835, son père le fait entrer chez un imprimeur Joseph Morlent, puis chez le papetier Alphonse Lemasle, l’année suivante il évolue comme assistant dans une boutique de papetier-encadreur.
La ville du Havre et son port se développent grâce à de grands travaux d’aménagements, construction d’une nouvelle bourse , du bassin du commerce dès la première moitié du siècle , 1831 la première drague à, vapeur est utilisée, les chantiers de construction se développe avec Augustin Normand ( premier en France a avoir adopté l’hélice pour la propulsion des navires) hélices mises au point par Fréderic Sauvage (mécanicien et ingénieur) en 1835 c’est l’installation progressive de l’éclairage au gaz, 1844 enlèvement des ordures, 1848 c’est l’arrivée du chemin de fer..
1844, Eugène Boudin fonde sa propre papeterie, par son travail il rencontre des artistes de la région notamment Constant Troyon (peintre), Charles Baudelaire, Eugène Isabey (peintre paysagiste), Boudin se met au dessin, encouragé par Millet et Thomas Couture (peintre d’histoire). Il décide de débuter une carrière artistique et suit des cours à l’école municipale de dessin du Havre et se consacre définitivement à la peinture.
1850, il obtient une bourse d’étude grâce au soutien d’Alphonse Karr journaliste, Couture et Troyon. Il part étudier la peinture à Paris pendant trois années.
1851, il étudie la peinture dans l’atelier d’Eugène Isabey, il s’inscrit au Louvre comme élève copiste, il réalise des copies de peintures de maitres pour quelques amateurs, ce qui lui permet d’approfondir son apprentissage.
1855, il adopte un style de vie particulier, l’hiver à Paris, l’été en Normandie à Honfleur, mais aussi en Bretagne à Douarnenez, à Tréboul, à Portrieux il peint les bateaux terre-neuvas.
1857, première exposition à Paris, la même année il vend plusieurs toiles au Havre à une vente aux enchères.
1859, l’artiste expose sa première toile au Salon, "Un pardon de Sainte-Anne-la-Palud ". Il se fait remarquer par ses atmosphères et ses pastels. Ce qui lui vaut des hommages et conseils de Baudelaire. Il est ami avec Gustave Courbet, l’artiste ayant vu une de ses toiles chez un commerçant parisien, il n’a plus qu’un souhait, le rencontrer. Boudin rencontre aussi le peintre hollandais Jongkind et Claude Monet qu’il va initier à la peinture en plein air, notamment à Honfleur dans la ferme Saint Siméon (ferme du XVII eme siècle) ou se rencontrent de nombreux peintres impressionnistes.
1863, il épouse Antoinette Guédès, il s’installe à Paris et revient vers Trouville dès le début de l’automne, il est proche de Courbet qui lui, se trouve à Deauville, Monet et Jongkind sont à Honfleur. Boudin fait des séjours en Bretagne, il en profite pour peindre le port de Camaret, l’hôpital Camfrout vu de Douarnenez, l’ile Tristan le matin.
1867, L’artiste rédige un carnet " Notes de voyage en Bretagne " , publication en 1924 au Mercure de France, il y décrit la vie quotidienne passée en Bretagne Hanvec, Le Faou, Rumengol.
Il fait un court séjour à Bruxelles en 1870, à son retour il se consacre aux marines. Il va aussi aux Pays-Bas, visite l’Italie et voyage dans le sud de la France, ce qui lui permet de découvrir les différents courants du XIX eme siècle.
1874, il participe à la première exposition impressionniste à Paris dans les studios de Félix Nadar. A partir de ce moment il va être considéré comme l’un des précurseurs de ce mouvement.
1881, il obtient la 3 eme place au Salon, avec " La Meuse de Rotterdam".
1886, plusieurs œuvres sont exposées à la grande exposition de New-York organisée par Durand-Ruel.
1889, il obtient la médaille d’or au Salon deux toiles sont exposées : « Un couché de soleil et Marine » et les « Lamaneurs » son épouse décède la même année.
1892, il s’installe à Villefranche sur mer, il est également sacré Chevalier de la légion d’honneur par le peintre Puvis de Chavannes qui l’avait convaincu de rejoindre la société nationale des beaux-arts.
IL entreprend de nombreux voyages à Venise en quête d’inspiration, cela jusqu’en 1895.
1898, il est à Paris et se sent pas en bonne santé et demande de revenir vers la mer à Deauville il y décède peu de jours après en aout.
L’exposition est présentée par thèmes, elle nous conduit bien sûr en Normandie, mais pas seulement, le visiteur suit l’itinéraire de l’artiste : la Bretagne, Bordeaux, Paris, Belgique, Pays-Bas, le sud de la France et l’Italie.
Honfleur les premières années :
L’académisme et le romantisme sont en vogue, Bouguereau, Cabanel, Gérôme, commencent à exposer au Salon. Eugène Boudin refuse ces courants, il préfère le travail sur nature que pratiquent les peintres de l’école de Barbizon, tout en y introduisant quelque chose de nouveau : l’éphémère, tel que : les effets lumineux, les nuages, les mouvements de la mer, la mode. L’artiste va s’imposer comme peintre de l’évanescence.
"Fête dans le port d’Honfleur" 1858
"Etude de baigneurs et canards" 1854-58
"Navire dans le port d’Honfleur" 1865
"Honfleur" 1885-90
"Falaises et barques jaunes d’Etretat" 1890-91
« Les romantiques ont fait leur temps, il faut désormais observer les beautés de la nature » Boudin
Boudin à la ferme Saint Siméon :
La ferme saint-Siméon est située sur les hauteurs d’Honfleur, l’établissement date du XVII eme siècle. Le lieu est devenu célèbre au XIX eme siècle, car ce fut le lieu de rencontre des peintres, c’était une auberge renommée avec quelques chambres pour voyageurs, Eugène Boudin y vint régulièrement à partir de 1854, et fit venir ses amis peintres, poètes, musiciens.
En 1862, Monet et Jongkind accompagne Boudin dans ses promenades sur la côte normande et grâce à lui découvrent la peinture de plein air. Beaucoup d’artistes viendront admirer la lumière normande Corot, Courbet, Bazille, Daubigny, Chéret pour les plus connus, les frères Goncourt y viendront également et le musicien Ernest Cabaner.
"A la côte de grâce" 1890
"A la ferme Saint-Siméon " on y voit Jongkind, Van Marcke, Monet et le père Achard (artiste qui appartenait à l’école des paysagistes créée par Corot en 1830). Aquarelle sur trait à la mine de plomb.
"Le déjeuner sur l’herbe" 1866
Les vaches, sujet de modernité :
La peinture animalière connaît un immense succès. Boudin inspiré par quelques artistes notamment le Hollandais Potter, Troyon et Rosa Bonheur. C’est une période ou Eugène Boudin à des difficultés à se faire reconnaître, de ce fait il va devenir le nègre de Troyon, qui lui, est surchargé de commandes. Boudin va développer un style original qui va lui permettre de faire des études d’effets lumineux, cela va le conduire jusqu’à la peinture.
"La prairie" 1852
"Vaches dans un pré au bord de la mer" 1880-90
"Honfleur la côte de grâce" 1856
Deauville-Trouville, les plages mondaines :
C’est le duc de Morny le demi-frère de Napoléon III, pilier du régime, (il assura le coup d’état de 1851), ce qui annonce le rétablissement de l’empire.
C’est en 1859, le duc décide de faire assécher les marais qui existent à Deauville, le but en faire une station balnéaire à la mode, les bains de mer sont en vogue. Il dessine lui-même les plans, il fait faire un hippodrome, car il à la passion des courses de chevaux. Les investisseurs se pressent. Construction de nombreux chalets de villégiatures. Boudin lui s’y rend régulièrement, il est proche du lieu, c’est en 1884 qu’il décide de se faire construire une modeste villa appelée " les ajoncs ", ainsi l’artiste devient l’un des premiers témoins des bains de Deauville, il y admire les beautés du ciel qui change continuellement.
"Plages aux environ de Trouville" 1864
Pastels et aquarelles :
Les instantanés du bord de mer :
L’artiste dès les années 1860 découvre la venue des élégantes au bord de mer, il est le premier à nous présenter leurs attitudes, la mode, la station en vogue Deauville-Trouville qui est devenue le lieu ou il faut se montrer.
"Sur la plage" 1860
"Scènes de plage" 1866
"Figures sur la plage" 1867
"Les courses à Deauville" 1866 graphite et aquarelle.
Les scènes de plage d’Eugène Boudin :
L’artiste créé un genre nouveau les scènes de plage
« J’ai fait des plages où l’on pourra trouver, sinon un grand art, d moins une reproduction assez sincère du monde de notre époque » Boudin
Il élabore ce genre de scène à partir des années 1860, rappelant l’imaginaire hédoniste de Watteau (le pèlerinage à l’ile de Cythère) tout en le modernisant.
"Concert au casino de Deauville" 1865
"Je ferai autre chose mais je serai toujours le peintre des plages " Eugène Boudin
"Plage à Trouville" 1875
"Scènes de plages" 1869
"Ciels" 1869
"Plage a marée basse" 1867
"La jetée de Trouville soleil couchant"
"Plage au soir" 1864
"Plage trouville à l’heure du bain" 1865
Entre ciel et mer, les beautés météorologiques, Baudelaire s’arrête sur le travail de Boudin :
La Normandie, un atelier grandeur nature, formidable réservoir de motifs, les éléments naturels offrent une épuisable source d’inspiration. : La splendeur changeante des ciels, les tempêtes, la luminosité, le gris de l’eau, les prairies très vertes, les animaux, l’épanouissement des loisirs, la bourgeoisie investie dans des villas. Le train permet aux artistes parisiens de se déplacer depuis la gare Saint Lazare, la pâte picturale est transportable, ce qui permet de peindre en plein air, tous les éléments sont réunis.
"Trouville", 1891
Le traitement des ciels les couleurs changent, tantôt sombre ou bien ouaté de quelques nuages blancs.
"Etude de ciels" 1855-62
"Etude de ciel le Havre depuis Honfleur" 1855-62
"Honfleur l’entrée du port" 1855-62
"Rivage" 1858-69, "Rivage et ciel" 1888-92, "Rivage" 1888-92
Le roi des ciels :
Baudelaire s’est extasié devant les études de ciels « J’ai vu , à la fin, tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium » Baudelaire
La mère de l’écrivain demeurait à Honfleur.
"Anvers" 1871
"Le port de Bordeaux vue des quais des chartrons" 1874
"Portrieux" 1873
Les itinéraires d’Eugène Boudin à la recherche du nouveau motif :
L’artiste aime voyager, à travers la France et l’Europe. Trouville-Deauville, sont capitales dans son œuvre, Honfleur qu’il affectionne particulièrement et le Havre, l’artiste rend hommage à la ville, il y a grandi, à Berck, il y peint la vie quotidienne, une vie d’une bouleversante intimité, Paris Boudin y passe ses hivers, La Bretagne, le marché du Faou, il y trouve un charme particulier dans cette région. Boudin va à Bordeaux en 1874, trouve qu’il y a trop de voitures, il n’aime pas les quais, pourtant il y peint le port, I l se rend dans le sud de la France en 1892, Villefranche, Beaulieu, Antibes, il y trouve la lumière il est séduit par la clarté des ciels. L’artiste va en Belgique, Rotterdam, il dit : c’est ma seconde patrie, Venise en 1895, sur les pas de Guardi, il y apprécie l’atmosphère unique au monde.
"Une corvette russe dans le bassin de l’Eure, Le Havre" 1887
"La Meuse à Rotterdam" 1881
"Traitement du ciel" 1881 (gris, bleu, blanc).
"Coup de vent devant Frascati, le Havre "1896
"Ciel et mer, un phare"
"Marée basse, à Saint Vaast la Hougue" 1890
"Entrée du port de Trouville, marée basse" 1888
Vue vision poétique du quotidien, Berck, Trouville :
L’artiste s’attache aussi à faire découvrir la vie quotidienne des habitants, la pêche, les laveuses, l’intérieur des habitations, le marché de Trouville, la campagne, les paysages, les dunes de Berck que l’artiste admire.
"Le pont de Deauville" 1883
"Pêcheuses sur la plage de Berck" 1881
"Laveuses" 1885-86
"Coin de ferme, environs de Dunkerque", 1889
"Marché au Faou" 1865-67
" Femme et enfant, dans un intérieur breton " 1865 aquarelle.
De Monet à Boudin, histoire d’une réattribution :
Entre Boudin et Monet une grande amitié et une estime. Boudin fut son professeur. Monet a écrit son éternelle reconnaissance.
Boudin est aux origines des cathédrales, il travaillait et retravaillait le même motif, multipliant les retranscriptions à l’aquarelle à l’huile pour saisir, devant un sujet donné, les changements de lumière et d’atmosphère, en modifiant un point de vue pour expérimenter angles et cadrages. Nous avons un exemple avec Abbeville jour et nuit à l’exposition.
"La plage de Berck, marée haute" 1875-80
"Pas de Calais "1877
"Deauville "1868
« Je considère Boudin comme mon maître » Monet
"Abbeville" 1884
"Abbeville de nuit", 1884
"Marée montante Deauville" 1894
"Deauville" 1888
"Le clocher Sainte-Catherine à Honfleur", 1897 (cette toile était attribuée à Claude Monet, et reconnue aujourd’hui pour être d’Eugène Boudin).
« Je dois tout à Boudin et je lui suis reconnaissant de ma réussite » Monet
La lumière du sud, les derniers voyages :
1895, Boudin se rend à Venise sur les traces de Guardi, il admire chez l’artiste l’habilité prodigieuse et la légèreté.
Sa palette est plus intense et raffinée, la nature plus transparente et sa touche retrouve sa souplesse.
"La ponte du Raz "1897
"Villefranche, le quai" 1892
"Beaulieu, baie de Saint Jean" 1892
"Antibes, les fortifications, effets de jour "1893
« Ah ! Ce fut pour moi une inoubliable volupté de l’œil que ce voyage » Eugène Boudin
"Venise, la douane et la Salute" 1895
"Le môle, Palais Ducale, la tour, vue prise de San Georgio" 1895
"La salute, la douane ; le commencement du grand canal" 1895.
L’artiste disait « Tout ce qui est peint directement et sur place a toujours une force, une puissance, une vivacité de touche que l’on ne retrouve plus dans l’atelier »
Quelques extraits du petit journal
Très belle exposition, l’artiste sait nous séduire par ses sujets éphémères, mais aussi par les attitudes de la population, les ciels changeants, les couleurs de la mer, il nous décrit le modernisme de sa région la Normandie, très en vogue à son époque.
Musée Jacquemart André jusqu’au 22 juillet Paris