Yerres, petite ville de la région parisienne entourée de forêts, dans le département de l’Essonne.
Ville au passé historique important, sa création date du XII eme siècle, le gué d’Yerres se trouvant sur la voie romaine qui allait de Paris à Montereau est certainement du au peuplement de la ville.
La création de Notre-Dame de Yerres date aussi du XII eme siècle. 44 abbesses bénédictines l’administrèrent jusqu’à la Révolution, lui donnant un grand rayonnement.
Le vieux château au centre ville, architecture des châteaux seigneuriaux, Dreux Budé était le seigneur de Yerres, il y vécut de 1450 à 1460, frère du célèbre helléniste Guillaume Budé, proche de François 1er, il possédait une maison proche du château, une fontaine devant la maison inspira les poètes tel que Voltaire.
1642, le duc d’Angoulême seigneur de Grosbois et d’Yerres, donna à des moines italiens, les camaldules (ordre religieux fondé en Italie en Toscane, reconnu en 1113 comme branche autonome de l’ordre de Saint-Benoît), un terrain pour y édifier leur monastère, ils cultivaient la terre. Pour survivre ils recevaient des personnes importantes, tel que le prince François II Rakoczi, prince sauveteur de la Hongrie, il fit une retraite aux Camaldules et écrivit ses mémoires en français de 1715 à 1717.
Le château de la Grange, style Renaissance, construit en 1617, par Charles Duret contrôleur général des finances et fils du premier médecin de Charles IX. Le château fut vendu en 1637 à Rollin Burin, maitre d’hôtel du roi, en 1658, Ninon de Lenclos y séjourna.
Il fut habité par Henri 1er, la duchesse de Guise, Louis XIII et par le maréchal de Saxe, qui l’acheta en 1748, il le fait réaménagé, mais les travaux ne seront par terminés à son décès deux ans plus tard.
Maurice de Saxe, le vainqueur de la bataille de Fontenoy, et l’arrière-grand-père d'Aurore Dupin (1804–1876) ou l’écrivain George Sand.
Une grande évolution facilita les déplacements, dès 1848, une ligne de chemin de fer fut créée Paris, Lyon Méditerranée, elle faisait une halte à Yerres, donc ouverture sur l’extérieur de la ville.
Les bourgeois venaient s’y reposer dès le XIX eme siècle, et profiter des activités sur la rivière.
De très belles villas furent construites sur les bords de l’Yerres. Un exemple la très belle villa « la gerbe d’or », construite en 1827, elle fut la propriété d’Alice Raingo, qui épousa le collectionneur Ernest Hoschédé, le peintre Claude Monet ami d’Ernest Hoschédé, vint à Yerres en 1876 et y peignit la villa. C’est en 1879, à la mort de l’épouse de Monet, qu’Alice prit les deux enfants de Monet en charge. La famille Hoschédé quitte Yerres en 1880. Monet épousera Alice à la mort d’Ernest Hoschédé en 1892.
Dès 1866, Pierre Larousse venait tous les jours de Paris pour terminer son encyclopédie universelle.
C’est en 1860, que Martial Caillebotte acquière sa propriété, elle se trouve à proximité de l’ancien gué et du pont sur la rivière.
Gustave Caillebotte n’a que 12 ans à l’achat de la propriété, le petit Gustave commence à dessiner, mais poursuit ses études, à 21 ans il obtient son bac.
Il commence à peindre dans la propriété familiale, ou il venait l’été.
Licencié en droit à 22 ans en 1870, il fait parti de la garde mobile de la Seine. Il entre dans l’atelier du peintre Léon Bonnat qui a fait ses études à Madrid et aux beaux arts de Paris, et est l’élève de Léon Cogniet , qui fut second au grand prix de Rome en 1858, et ami d’Edgard Degas.
En 1872, Gustave part en Italie avec son père, rencontre un ami Giuseppe De Nittis (peintre italien) il peint une route à Naples.
L’année suivante, il est reçut au concours de l’école des beaux-arts à 25 ans, cette même année il peint sa première œuvre connue ‘femme nue sur un divan’.
Son père décède en 1874 le jour de Noel, sa mère garde la propriété familiale d’Yerres.
Dès 1875 Gustave séjourne et travaille à Yerres, il peindra « l’Yerres effets de pluie », « le billard ».
Il garde des contacts avec des artistes Comme de Nittis et Béraud.
1876 année importante, il fait l’acquisition d’une œuvre de Manet et se peint sur le pont de l’Europe qui est construit depuis peu, il est achevé en 1868, il surplombe les aménagements de la gare saint Lazare. Il devient membre du cercle de la voile à Paris et participe à la seconde exposition impressionniste, il présente 8 toiles, dont « les raboteurs de parquets ».
En 1877, il organise et finance la 3eme exposition impressionniste, il présente 6 tableaux dont, rue de Paris, temps de pluie, le pont de l’Europe, les peintres en bâtiment, portraits à la campagne.
L’année suivante il perd sa mère, il met la propriété d’Yerres en vente, il réalise « les orangers ».
La période Yerroise dura 19 ans. Il y peint 80 tableaux.
Lorsque l’on visite la propriété, on imagine très bien la vie à Yerres à l’époque, ou une famille bourgeoise vient passer l’été avec ses enfants, grand changement par rapport à la vie parisienne, Yerres c’est la campagne.
Un immense parc boisé avec quelques massifs fleuris ou les enfants peuvent en toute liberté, se baigner, pêcher, jouer, faire du jardinage dans le potager, pendant que les parents s’adonnent à la lecture, à la broderie, réunion de famille ou avec des amis sous les arbres devant le casin.
La visite de cet endroit charmant nous fait découvrir dès l’entrée sur la gauche, le casin, bâtiment principal, (ce nom inspiré de la casina de Raphael, située dans les jardins de la villa Borghèse à Rome). Sur la façade une colonnade de style palladien, donne un coté très italien à cette demeure, deux statues dans des niches l’une d’Apollon et l’autre de Vénus. La bourgeoisie à cette époque avait le gout pour l’Antique, Peu d’éléments de l’époque de Caillebotte restent à l’intérieur.
Il fait face au parc à l’anglaise, sur la droite, la ferme Ornée, elle servait de dépendances, devant une grande volière, installée en 1860 par Martial caillebotte nouveau propriétaire, elle est en forme de rotonde, les oiseaux étaient recherchés à l’époque pour leur chant. En prolongement de la ferme, le chalet suisse, c’était la laiterie, décoration en bois avec un certain raffinement, cela du au père de Gustave.
A coté l’exèdre (dans le monde Antique, salle de réunion destinée à la conversation, statuaire gallo-romaine montrant l’enfant à l’oie, sorte de retour aux sources de la civilisation.
La visite du parc, en prenant l’allée sur la gauche du casin, on trouve le banc couvert, prévu pour se reposer et contempler le parc paysager.
En continuant, le kiosque ou petit pavillon belvédère permettant de dominer le parc on y voit même le mont Griffon, il est richement décoré ornements en bois et griffons sur les vitraux, il est de style oriental, dessous se trouve la glacière, elle fait 7 mètres de profondeur, elle permettait de garder les aliments au frais pendant l’été. La porte d’entrée encadrée par des rochers donne l’impression d’une grotte.
Proche une chaumière, de style plutôt montagnard, il s’agit d’une réserve pour ranger les outils. Dans le prolongement une petite chapelle recouverte de lierre, d’où son nom Notre-Dame du lierre, elle fut construite en 1864, à l’initiative du père de Gustave car son fils ainé était devenu prêtre. Son architecture fin XIX eme, est un mélange de style roman (arc en plein cintre) et néo-gothique (formes élancées et découpées). Au fond du parc, se situe le potager, Caillebotte était passionné d’horticulture, d’où l’importance de ce potager qu’il a immortalisé dans ses tableaux.
En revenant vers le casin de l’autre coté du parc, une petite passerelle au-dessus d’un ruisseau, il est agrémenté de plantes aquatiques et nous conduit vers l’orangerie de style néo-classique avec quelques figurines sur le fronton, grande élégance, elle servait à abriter les orangers pendant l’hiver, elle apparaît aussi sur quelques toiles.
Sur toute la longueur du parc se trouve la rivière si bien représentée par tous les temps par l’artiste.
Gustave Caillebotte nous transmet par sa peinture sa vie de villégiature à Yerres, l’importance du parc, ses nombreux loisirs autour de la rivière. Toutes les fabriques (mot utilisé à l’époque) existantes dans le parc montrent la présence de nombreux domestiques.
Actuellement dans la propriété Caillebotte, la seconde biennale de sculpture, 73 sculpteurs y participent. Jusqu’au 29 novembre.