Marc Chagall nait le 7 juillet 1887, à Vitebsk (Biélorussie). Son père travaille dans un dépôt de Hareng, sa mère tient une petite épicerie, il est l’ainé de 9 enfants. Il passe des séjours chez ses grands parents, l’enfant est marqué, il est fasciné par les animaux de la ferme, par l’univers rural au quotidien.
Il aime dessiner et convainc ses parents de le laisser partir étudier aux beaux-arts de Saint- Petersburg, puis à Paris.
1911, il arrive à Paris, jeune peintre il va étudier avec Léon Bakst, il a obtenu une bourse, c’est la période du fauvisme finissant (1905-1907) et le début du cubisme (1907-1914), il s’installe à la Ruche (maison d’artistes) dans le quartier Montparnasse. A la Ruche sont réunis des artistes venant du monde entier, peintres, sculpteurs, poètes. Chagall observe les autres peintres, ce qui lui inspire des couleurs pures, gaies, claires (fauvisme, la peinture cubiste lui donne le goût de déconstruction des objets et de l’espace. Même si l’artiste se plait à Paris, il n’oubliera jamais ses origines, la Russie.
1914, il expose pour la première fois au Salon des Indépendants, à la même période il va à Berlin, et expose à la galerie Der Sturm avec Paul Klee et Albert Kubin, il aura une exposition personnelle dans cette galerie (grand succès). Il retourne en Russie pour peu de temps mais le conflit mondial se développe et il ne peut rentrer à Paris. Pendant cette période l’artiste va peindre la vie de la communauté juive.
1916-17 il expose à de nombreuses reprises à Moscou, Saint-Pétersbourg, il devient commissaire aux beaux-arts, et responsable de la vie artistique de Vitebsk. Il fréquente les intellectuels et les artistes d’avant-garde.
1916, naissance de sa fille Ida
1919, il fonde une école d’art, Kasimir Malevitch y vint et fut hostile à Chagall (artiste abstrait, il fut le créateur d’un courant qu’il nomma suprématisme).
Chagall effectue un voyage à Moscou, a son retour il constate que l’école d’art fondée avait été renommée Académie suprématiste et démissionné. Il travaille au décor du théâtre d’art juif.
1922, il part pour Berlin où il est reconnu, puis Paris.
1923, rencontre avec Ambroise Vollard, marchand et éditeur de livres, il lui commande 30 gouaches et 100 eaux-fortes pour illustrer les Fables de La Fontaine 1924-25, et 118 eaux-fortes pour illustrer les âmes perdues de Gogol.
A partir de 1930, ce sont des illustrations pour la bible, il voyage beaucoup en compagnie de sa famille.
1937, il obtient la nationalité française.
1941, il est arrêté, et fut sauvé grâce au journaliste américain Varian Fry, qui lui permet de partir aux Etats-Unis.
1944, Bella son épouse décède, cela va l’orienter dans le choix de ses sujets.
Après la guerre ses œuvres sont à nouveau exposées en Europe.
1948, il revient en France et s’installe à Vence.
1952, il se remarie avec Valentine Brodsky. Il finit sa vie à Saint-Paul de Vence.
Ses œuvres sont vendues dans le monde entier grâce à Aimé Maeght.
Il décède en 1985.
Il utilise différentes techniques : gravure, eaux-fortes, mosaïque, vitraux
Son travail est issu de l’imagination et de ses rêves, il n’appartient à aucun courant. Sa manière d’utiliser la couleur est particulière.
L'exposition s'articule autour de différents thèmes :
La guerre, le sacré, le rêve, son épouse Bella. A travers ces thèmes l’artiste nous fait voyager de La Russie, à Paris, Berlin, Vilna, Tel Aviv, New York et le sud de la France.
La Russie au temps de la guerre :
Après 3 années passées à Paris, Chagall part à Vitebsk, en passant par Berlin, puis à Vitebsk il est surpris par la guerre et ne peut revenir à Paris. Il laisse derrière lui des œuvres en France, en Allemagne. Mais l’artiste connaît un début de reconnaissance en Europe de l’ouest.
"Autoportrait devant la maison " 1914, (huile sur carton marouflé sur toile). L’artiste est représenté en costume et nœud papillon.
Bella :
Chagall retrouve Bella Rosenfeld à Vitebsk son amour de jeunesse, il l’épouse en 1915. L'artiste fixe des instants privilégiés du couple dans sa peinture. Bella est à la fois muse et modèle, mais aussi un soutien pour lui, il lui rend sans cesse hommage dans son œuvre.
"Bella et Ida à la fenêtre" 1916,(huile sur carton marouflé sur toile), sa fille nait au printemps 1916, il représente le nouveau rôle de Bella, celui de mère.
"Vue de la fenêtre à Zaolchie, près de Vitebsk "1915, (gouache et huile sur carton), oeuvre réalisée lors de leur voyage de noces.
"Les amoureux en vert " 1916-17, (huile sur carton marouflé sur toile.) L’artiste représente son bonheur.
"Près de la maison" 1916
" J’ai choisi la peinture, elle n’était aussi indispensable que la nourriture ; elle me paraissait comme une fenêtre à travers laquelle je m’envolais vers un autre monde "
" Ne m’appelez pas fantasque, au contraire je suis réaliste " Chagall
La guerre :
Absent de la guerre, Chagall en observe les conséquences :
"Soldat blessé" 1914, (aquarelle huile et gouache sur carton)
"Le salut" 1914, (huile sur carton marouflé sur toile de lin)
"Marc son chat et femme et enfant "1914
"Couple de paysans départ vers la guerre",1914 (crayon,encre, gouache blanche sur papier beige).
"La vieille, les vieux"
"Dessin guerre" 1914 (mine et graphite).
Lorsque la révolution de 1917 éclate, Chagall prend part au mouvement. Parmi les réformes fondamentales, la disparition du statut particulier des juifs constitue une avancée importante.
Vitebsk 1914 :
L’artiste revient à Vitebsk, il devient commissaire des beaux-arts pour la région et directeur de l’Ecole des beaux-arts de la ville. Il observe un monde religieux qu’il redécouvre.
"Scène de village à Vitebsk" 1924-26
"Au dessus de Vitebsk" 1915-20, huile sur toile. Le juif errant flotte dans le ciel son baluchon sur le dos (figure reprise régulièrement dans l’œuvre de l’artiste).
"L’homme à la barbe", 1911, crayon, encre sur papier. Construction d’un jeune artiste à la recherche de lui-même.
"L’Etude" 1918
A l’encre de couleur sur papier :
"Le shafar" 1931
"Le vieillard" 1914
"Le juif et la chèvre" 1914
"La thora sur le dos "1933 (encre et gouache, aquarelle sur papier Vergé)
"Le vieillard et le chevreau" 1930
"Le rabbin de Vitebsk" 1914-1922 (huile sur toile).
L’entre-deux guerres à Paris :
1923, Chagall quitte définitivement la Russie. Après une étape à Berlin, il revient à Paris où il doit à nouveau se forger une identité artistique. Il se consacre, à la demande d’Ambroise Vollard (éditeur), à l’illustration de différents livres dont la Bible : un texte dont l’artiste est si familier depuis l’enfance qu’il dira « Je ne voyais pas la Bible, je la rêvais ».
Son séjour à Paris est marqué parallèlement par des peintures oniriques où figurent des personnages hybrides mi-animaux mi-humains, caractéristiques du bestiaire chagallien, et par de nombreuses images du couple comme autant de représentations métaphoriques de son amour de la vie.
Vers le rêve :
Chez Chagall les images de rêve reconstruisent un monde qui n’est ni fiction, ni une imitation du monde réel, mais qui constitue plutôt l’expression de la subjectivité de l’artiste.
"Songe d’une nuit d’été " 1939 (huile sur toile)
"Le rêve " 1927 (huile sur toile)
"Homme cop au-dessus de Vitebsk ", 1925 (huile sur carton)
Tel Aviv 1931, aux sources du judaïsme et du message biblique :
Invité par la mairie de Tel Aviv, l’artiste se rend quelques mois en Palestine. Il découvre à Jérusalem les lieux de l’histoire du peuple juif avec beaucoup d’émotion. Il en fixe de nombreux motifs dans ses carnets et sur ses toiles. Certains deviendront des gravures plus tard.
Gouaches sur papier toutes datées de 1931, ces œuvres demandées par Ambroise Vollard pour illustrer la Bible.
"Abraham reprend les ténèbres"
"Moise brise les tables de la loi"
"Abraham pleurant Sarah"
"Moise reçoit les tables de la loi"
"Moise reprend le mort chez les égyptiens"
"Aaron devant le chandelier"
Quelques eaux-fortes datées de 52-56
"L’homme guidé par l’éternel"
"Le pardon de Dieu annoncé à Jérusalem"
"L‘éternel se manifeste"
"L’eau apparaît en songe à Salomon qui lui demande le don de la sagesse".
Les œuvres ci-dessous sont à la gouache et peinture à l’huile :
L’exposition présente les premières gouaches préparatoires qui ont illustré la bible.
"Abraham prêt à immoler son fils" 1931
"Noé reçoit l’ordre de construire son arche"
"Dieu créa l’homme" 1930
"Création d’Eve"
"Arc en ciel signe d’alliance entre Dieu et la terre"
"Abraham et Isaac en route vers le lieu du sacrifice".
Quelques eaux-fortes
"Monument du sépulcre de Rachel", 1931-34 (eau forte, pointe sèche).
"Sous les murs de Jéricho"
Vers le sacré :
1935, L’artiste est invité en Pologne à Vilna, il est venu à l’inauguration du musée d’art juif. Il découvre le durcissement de leur statut, il constate l’accroissement virulent de l’antisémitisme et en perçoit la menace. Cette prise de conscience le pousse à réagir et à dénoncer dans ses œuvres une situation politique alarmante.
" La synagogue de Vilna" 1935 (huile sur papier marouflé).
"Le chandelier et les roses blanches" 1929
L’exil aux Etats-Unis :
Les temps menaçant en 1937, les nazis saisissent les œuvres de l’artiste.
1941, Chagall est arrêté à Marseille, c’est le consul de des Etats-Unis, Harry Bingham, qui vient à son secours, il quitte rapidement la France et part pour New York invité par le MoMa. Plusieurs expositions seront organisées dans la galerie Pierre Matisse. Il retrouve des artistes venus de Paris : Calder, Giacometti, Léger, Miro, Dubuffet. C’est à new York que le thème de la guerre prend une nouvelle ampleur, la tonalité tragique des œuvres est accentuée par son mode de vie.
"La guerre" 1943, cette œuvre représente le chaos, l’errance (encre sur papier)
"Esquisse pour la guerre" 1964
"L’exode" de 1952-56
"La révolution", c’est la catastrophe de l’histoire, après la guerre ce tableau devient un triptyque : Résistance (1937), résurrection (1948), la libération (1952)
"La résurrection au bord du fleuve" 1947
"Obsession" 1943
"La crucifixion en jaune" 1942,
La crucifixion 1940 (huile sur toile)
L’artiste représente dans ces crucifixions le symbole de la souffrance humaine
"L’âme de la ville", 1945, atmosphère particulière partagée entre la guerre, la disparition, la réminiscence et l’avenir.
Aquarelles :
"Devant le tableau" 1968-71
"Dans mon pays" 1943
"Paysage fait à Cranberry Lake" 1948, les maisons rappellent celles de Vitebsk
"Femme au bouquet ou les fleurs sur la table" 1944
"La madone au traineau "1947, où Vierge à l’enfant, l’artiste fait surement allusion à Virginia et à son fils David.
Dernier espoir :
"La nuit verte" 1942
"Autour d’elle 1945
"Le cheval rouge" 1938-44
"A ma femme" 1938-44
"Le mariage" 1944
"Le roi David" 1951
Quatre contes, des mille et une nuits :
Lithographies datées de 1948
"Vers la sérénité"
L’après-guerre et le retour en France :
1948, Chagall représente la France à la biennale de Venise. Il revient ensuite à Paris, une nouvelle période se dessine pour son art. Il à plus de 60 ans c’est l’époque des grandes commandes, des œuvres monumentales et de la tentation d’autres matériaux et de nouvelles techniques. De nombreuses rétrospectives lui sont consacrées dans toute l’Europe en France et aux Etats-Unis.
1949, il s’installe à Vence, la côte d’azur est devenue un grand atelier pour les artistes, Chagall y rencontre Matisse.
Dans cette période de l’après guerre, l’évolution du travail de Chagall s’exprime surtout dans des œuvres monumentales, l’artiste utilise des techniques différents tel que celle du vitrail, de la mosaïque, de la tapisserie pour des cadres architecturaux salles de spectacles, musées ou bien cathédrales celles de Reims ,Metz, Mayence, Zurich, pour le parlement israélien de la Knesset, il dessine des cartons pour les Gobelins à Paris , il reçoit une commande de mosaïques représentant les 4 saisons pour Chicago. Il renoue aussi avec les arts de la scène pour l’opéra de Paris il fera des décors et costumes de Daphnis et Chloé en 1959, la flûte enchantée en 1967, le plafond de l’opéra Garnier en 1964, les panneaux du hall du Metropolitan Opéra de New York en 1966,
"La maison rouge" 1955
"Esquisse pour les toits rouges, esquisse pour le nu rouge" 1953 à huile et encre de Chine
"Esquisse pour la concorde" 1953
"Esquisse Sirène et poisson" 1956-60
"Sous le palmier cap d’Antibes" 1969
"Esquisse pour la vie" 1964-63
"La danse" 1950-52
"L’appel à la lune" 1953
"Le monstre de Notre-Dame" 1953, la couleur bleu domine et envahit la toile
"Monde rouge et noir" 1951
"Le paysage bleu" 1949
"Le champ de Mars" 1955
"Daphnis et Chloé "1956
Quelques extraits du catalogue de l’exposition.
Exposition à ne pas manquer, l’œuvre de Chagall est immense et unique, les thèmes présentés emmènent le visiteur dans l’univers de l’artiste, ses peintures sont le témoignage d’un homme engagé, dans une période tourmentée de l’histoire du XX eme siècle.
Jusqu’au 21 juillet au musée du Luxembourg Paris