La Relation entre les artistes :
Canaletto, Guardi, Bellotto, considérés comme les trois grands védutistes.
Canaletto (1697-1768), il reproduit des lieux plus où moins connus de Venise, ses festivités, ses lumières. Ses œuvres créent un accord entre la représentation du paysage architecturale et l’atmosphère générale, cela grâce à une étude de la lumière. Il adopte une technique spécifique de la peinture, il a été fortement influencé par le mouvement et les idées du Siècle des lumières
Francesco Guardi (1712-1793), Son père était artiste peintre ainsi que deux de ses frères. Il est le peintre par excellence des Vedute, il les rend pittoresques, minutieuses, sa description de la ville est plus subjective, il y apporte des couleurs chaudes, des lumières vibrantes, ses œuvres exaltent la beauté de Venise et dévoilent l’atmosphère d’une cité fragile.
Là où Canaletto s’en tient à une représentation d’une froide perfection, Guardi y ajoute une lumière chaude. Sa vision de Venise a influencé celle des grands peintres qui ont utilisé cette ville comme source d’inspiration tel que : Monet, Turner, Constable.
Bernardo Bellotto (1722-1780), il est formé par son oncle Canaletto, pour peindre des Vedute. Il travaille à Venise de 1738 à 1742, avant de voyager dans de grandes villes d’Europe (Dresde, Florence, Vienne, Varsovie).
Il est invité en Autriche par l’impératrice Marie-Thérèse, et en Pologne par le roi Stanislas Poniatowski. Varsovie après la guerre sera reconstruite d’après les toiles de l’artiste, car son œuvre montre une grande maitrise de la représentation des détails architecturaux.
Les peintures a vues (ou Vedute)
Dès 1721-22, Canaletto accorde une grande attention à l’art de la composition, mais se distingue par son sens aigu de la perspective et le gout du détail. Il se concentre sur la place Saint Marc, il privilègie à ses débuts les jeux de lumière et les effets atmosphériques, l’un des premiers védutiste, il donne un nouveau souffle à l’art de la Vedute. Ses recherches novatrices rencontrent beaucoup de succès.
Les origines de la vedute :
Les artistes inspirés par le védutisme autour de Canaletto et Guardi, le neveu de Canaletto, Bernardo Bellotto, mais aussi Van Wittel, védutiste néerlandais, venu voyager dans les campagnes et cités italiennes dans les années 1690-1700. Après avoir représenté les paysages hollandais, il peint en Italie des formats panoramiques, l’artiste très habile dans l’authenticité de ses représentations y ajoute une sensibilité personnelle, dans chaque œuvre il représente un décor spectaculaire, l’architecture contraste avec les transparences, les reflets dans l’eau, les mouvements.
Luca Carlevarijs, originaire d’Udine, considéré comme le père du védutisme à Venise, en 1703, il a publié un recueil de gravures. Il est le peintre d’une Venise festive, rythmée par l’accueil grandiose des ambassadeurs étrangers arrivant au Palais des Doges
Michèle Marieschi, élève de Canaletto a été comme l’artiste décorateur de théâtre. Il s’est même illustré en Allemagne il a assuré les décors éphémères pour les obsèques de la reine de Pologne Maria Sobieska en 1735. En 1741, il signe un recueil d’estampes. Sa facture est plus dense, plus épaisse que celle de Canaletto, il signe des vues et caprices d’une très grande beauté. Il se distingue par son goût des angles de vues inattendues.
Chaque artiste apporte son regard et sa technique.
Quelques exemples de leurs œuvres :
De Gaspar Van Wittel " le môle vu du bassin de Saint Marc "
Luca Carlevarijs "La place saint Marc vers le sud " 1726 et
"l’entrée solennelle du Comte Jacques Vincent Languet de Gergy au Palais des Doges le 4 novembre 1726"
Canaletto "vers le nord est du Palais Balbi au port du Rialto " 1724-25
" L’ile de San Georgio de Majore vue de la Piazzetta " de Guardi.
" Le bassin de Saint Marc vu de la Giudecca " 1722 Canaletto
"L’entrée devant le grand canal avec Santa Maria della Salute et le canal de la Giudecca, vue de l’extrémité occidentale du môle ". Canaletto
Maitres et disciples :
La même œuvre peinte par les deux artistes Canaletto et Guardi :
Canaletto « Place Saint Marc vers l’est » 1723
Le tableau de Canaletto est une œuvre de jeunesse, s’il travaille surtout divers moyens techniques et stylistiques et la construction de la perspective.
Francesco Guardi « Place Saint Marc vers l’est » 1785
Celui de Guardi est une œuvre tardive, grande maitrise, et légèreté dans l’art de la perspective comme dans le choix des figures apprises grâce à une longue étude des compositions de Canaletto, les effets atmosphériques , les détails architecturaux, la lumière rappellent le style de Canaletto.
De Canaletto :
" Place saint Marc vers l’est " 1740
" La place Saint Marc, vu du portique ouest " 1760
" La place Saint Marc vers l’est " 1725
De la jeunesse à la maturité :
Centre de la vie politique et religieuse de Venise au XVIII eme siècle, la place saint Marc est un lieu emblématique de la ville, elle fascine tous voyageurs, ces voyageurs européens faisaient le Grand Tour, surtout les anglais. La place Saint Marc est dominée par sa splendide basilique entourée de chefs d’œuvres de l’architecture de la Renaissance conçus par Jacopo Sansovino et Vicenzo Scamozzi Elle est sujet pictural et remporte un grand succès auprès des collectionneurs de vues de Venise. Elle inspire le védutiste Canaletto.
" La place Saint Marc vue de la tour de l’horloge "par Canaletto vers 1740 à la plume et encre
"La Libreria et le campanile et la piazzetta, vue de l’est " 1740 Canaletto
Les lumières de la lagune :
Vaste étendue d’eau séparée de la mer par le cordon littoral du Lido, rôle majeur dans l’histoire de la protection de la Cité des Doges. Elément incontournable de l’imaginaire vénitien, Canaletto fut le premier à découvrir les qualités poétiques de la lagune. Vers 1740, il dessine pour Joseph Smith, deux vues d’iles périphériques de Venise.
Guardi en fit aussi un de ses thèmes de prédilection.
" La tour de Malghera " 1743-44 de Bernardo Bellotto
" Le canal de la Giudecca et les Zattere " vers 1758 Guardi
" L’ile San Elena et la chartreuse, observée depuis la pointe de San Antonio " Canaletto à la plume, encre et aquarelle une autre vue de l’ile est présentée.
Canaletto et les collections royales britanniques :
Intérieur de la basilique, est en raison de son sujet, sa facture un tableau rare et précieux.
"L’Intérieur de la basilique saint Marc, le vendredi saint ", Vers 1730, la lumière latérale rehausse les tons sourds, et chauds utilisés par Canaletto. Par son petit format il confère une atmosphère particulière.
Les fêtes à Venise :
Ces fêtes étaient des spectacles de lumière et couleurs uniques au Monde. Ce qui permettait aux artistes de les mettre en scène.
Le mariage avec la mer, cérémonie majeure de l’ancienne République de Venise. Célébré le jour de l’Ascension, il symbolise la domination de Venise sur les eaux et se manifeste par le lancer d’un anneau d’or dans l’Adriatique, geste rituel effectué par le Doge de la cité.
La régate, fête annuelle organisée depuis le XIV eme siècle, le 2 février, le jour de la Vierge.
La fête du jeudi gras, cette fête précède le carême, le carnaval était à son apogée sur la piazzetta. Fête sn présence du Doge, installé à la loggia ouverte du palais des Doges.
Les œuvres :
" Le Départ du Bucentaure pour la cérémonie " 1775-80 Guardi
"La fête du jeudi gras, sur la piazzetta " 1758 de Francesco Guardi
" La régate sur le Grand Canal " Canaletto 1732
" Le Doge part pour le Lido à bord du Bucentaure le jour de l’Ascension " 1766, Canaletto, encre brune, aquarelle grise.
" Le Doge remercie pour son élection dans la salle du Grand Conseil du palais des Doges " 1766, plume, encre brune, aquarelle grise et blanc de céruse (oxydé) sur trace de crayon noir et rouge
Les Caprices, une Venise imaginaire :
Ce sont des vues imaginaires appelées caprices. A Venise, Le caprice architectural est composé de ruines, devient le support de réflexion intellectuelle sur l’archéologie, l’architecture et l’histoire. A travers leurs caprices, Canaletto et Bellotto ont exprimés les conceptions de leurs mécènes et commanditaires Joseph Smith, Francesco Algarotti (écrivain, essayiste et collectionneur d’œuvres d’art).
"Caprices avec les ruines " vers 1742 Canaletto
" Caprices avec un arc Serlien en ruine " " Caprice avec une coupole élevée en ruine ", " caprice avec un arc en ruine"1780-90 Guardi
"Caprice avec un arc de triomphe en ruine au bord de la lagune " 1743 Bellotto
" Caprice architectural " 1723 Canaletto
" Caprice avec des ruines au bord de la lagune " Guardi
" Caprice avec un Campiello vénitien " 1778-80, Guardi
" Vue à travers un arc " Guardi
"Perspective sur un portique Canaletto" 1765
A la même époque :
Goldoni (1707-1793) déclenche un séisme au théâtre, il fourni au pays des comédies originales bien loin de la Commedia del ‘Arte qui a déjà trois siècles. Il va faire une révolution dans le s théâtre italien, il condamne les masques, il raconte des histoires, il écrit des dialogues, façonner des personnages de la vie quotidienne qui nous enchantent encore aujourd’hui.
Les italiens sont fous de musique, Venise dispose de 4 conservatoires depuis Monteverdi. Le vénitien joue le soir en petite formation chez lui, on va également dans les églises, il y règne une atmosphère la qualité de l’acoustique est bonne. Le samedi et dimanche, les vénitiens vont aux vêpres dans les quatre hôpitaux : la Piéta, les Mendicanti, les Incurabili, l’Ospedaletto, on y écoute jouer et chanter les orphelines à qui l’on a tout appris de la musique. Charles brosse (comte de Tournay, baron de Montfalcon, seigneur de Pregny de Chambezy, de Vezins est un magistrat, historien, linguiste et écrivain français. Il séjourna en Italie en 1739-40), préfère l’hôpital de la piéta pour la perfection de ses symphonies. Vivaldi y avait été chargé au début du siècle d’enseigner à ces jeunes filles la composition des concertos. Beaucoup de musiciens vinrent composer à Venise plus tard, Haendel, Gluck, Piccini, Cimarosa.
C’était aussi l’époque de Casanova (1725-1798), il fut écrivain, magicien, violoniste, espion, diplomate et fut souvent associé à Don Juan comme séducteur………….
Quelques extraits du petit journal de l'exposition.
Ces artistes ont mis en scène la Venise du XVIII eme siècle avec beaucoup d’élégance, de minutie avec un regard et une technique différente.
Exposition à ne pas manquer. Jusqu’au 14 janvier 2013 au Musée Jacquemart André