L’histoire d’Aix en Provence commence il y a 2000 ans, Entremont, capitale politique de la Confédération des Celto ligures, était une cité ouverte aux échanges.
Elle possédait une civilisation avancée dont témoignent les fouilles archéologiques et la statuaire exposée au Musée Granet.
En 122 av. J.C, les romains abandonnent le plateau d'Entremont au profit d'un site où jaillissent des sources: Aquae Sextiae (Les Eaux de Sextius) est née. Devenue colonie romaine, la ville est une étape entre l'Italie et l'Espagne et connaît un développement urbain et thermal important.
Avec la diffusion du christianisme, une page se tourne. Evêché dès le début du Veme siècle, puis siège de l'archevêché de la province ecclésiastique, Aix s'affirme aussi comme capitale.
En 1182, elle devient résidence des Comtes de Provence.
La ville se développe autour de trois pôles: le palais comtal, la cathédrale Saint-Sauveur et de nouveaux quartiers artisanaux et marchands.
Elle déborde de ses anciens remparts avec l'installation de nombreux couvents dont le plus célèbre est celui des Hospitaliers de Saint Jean de Malte, future sépulture des Comtes.
De cette époque, la ville a gardé son enceinte circulaire, se déroulant à partir du vieux Bourg Saint Sauveur.
En 1409, Louis II d'Anjou fonde l'Université. Sous le règne de son fils, René (1409-1480), Aix se dote d'une administration efficace et devient un foyer de création artistique. Cet âge doré a sans doute contribué à la légende de la Reine Jeanne et du "bon Roi René", dont la statue est toujours présente en haut du Cours Mirabeau.
Un an après sa mort, la Provence est rattachée au Royaume de France en 1486, le gouverneur y réside. Etablissement du Parlement de Provence, en 1501 par Louis XII, cela jusqu’à la Révolution.
L'espace architectural s'amplifie. Aristocrates, conseillers, magistrats et notables quittent leurs demeures de la ville médiévale pour s'installer dans le nouveau quartier Mazarin, créé par le frère du Cardinal, à partir de 1646.
En 1650, le Parlement ouvre un cours à carrosses à l'emplacement des remparts abattus. Il deviendra au XIX eme siècle le Cours Mirabeau, du nom de "l'idole de la Provence", parlementaire du Tiers Etat en 1789.
Dès le XVII eme siècle, de nombreuses constructions,demeures bourgeoises, fontaines,hôtels particuliers, les façades sont richement décorées, les portails monumentaux, ces hôtels affichent la réussite de leurs propriétaires. Dans leurs salons se retrouvent hommes de lettres, savants et artistes.
Les fondations religieuses sont nombreuses, enseignantes et hospitalières pour la plupart.
De grands noms de la littérature ou de la peinture étaient inspirés par cette ville d’art et de culture, Mistral, Stendhal, Zola, Cézanne.
Tous les étés se tient le festival international d’art lyrique et de musique.
Le jas de Bouffan, maison familiale de Cézanne
Promenade matinale dans la douceur estivale pour arriver à la Bastide du jas de Bouffan, un peu excentrée de la ville (jas veut dire bergerie en provençal).
Nous passons un portail et surgit une magnifique allée de platanes, au bout de celle-ci nous apercevons la bastide de style provençal construite en 1730 par l’architecte de renom Monsieur Truphème.
Cette bâtisse de deux étages possède sous son toit une génoise de 4 rangées (signe extérieur de richesse à cette époque) et comme il se doit au XVIII eme siècle des têtes de personnages pour orner la façade.
Elle fut achetée en 1859 par le père de Cézanne banquier. Cézanne a 20 ans, il y passera une grande partie de sa vie, il y a vécu et travaillé pendant quarante ans sous la coupe de son père autoritaire qui aurait souhaité que son fils unique devienne aussi banquier.
A partir de 1860, 1861 Cézanne va peindre à même les murs des thèmes classiques, mythologiques ou religieux, il décore le grand salon de fresques murales,il se situe au rez-de-chaussée, nous le visitons et pour nous montrer la décoration de l’époque nous avons un diaporama qui nous replace les toiles à l’identique.
Les quatre saisons présentées en 4 toiles, 2 paysages romantiques, ainsi que "la partie de cache-cache 1862-1864", "le portrait de Monsieur Cézanne père 1865", "Achille Emperaire 1867-1868", "le baigneur au rocher 1867-1869", "la douleur (Marie-Madeleine) 1869", le Christ aux limbes et contraste en 1870.
Au fil de notre visite, nous allons dans le parc , nous nous positionnons devant le bassin, c’est à cet endroit que Cézanne se plaçait pour ébaucher certaines de ses œuvres, il ne faut pas oublier qu’il commença à peindre en extérieur en 1868. " Le bassin du Jas de Bouffan en 1875 ", " le bassin du jas en hiver l’arbre dénudé au premier plan est un marronnier 1878 , nous poursuivons notre promenade, le parc est immense nous y trouvons les marronniers, il y peint "La maison au toit rouge 1889 "," les marronniers en 1885",une " la Sainte Victoire vue du parc 1885-1886" et "maison et femme 1887 " tableau précubisme.
Autour du bassin des dauphins et deux lions rejettent de l’eau dont l’un apparaît dans le tableau " le bassin avec le lion 1889 ", on y voit quelques fontaines du XVIII eme siècle.
Il se fera aménager un atelier sous les toits vers 1885. Cet atelier lui servait de laboratoire, il y faisait ses recherches.
Sa palette s’est éclaircie, la couleur noire de ses débuts disparaît de ses toiles on travaille sur une palette de tons complémentaires ; des tons froids les verts les bleus et on rehausse avec quelques notes d'un ton rouge coquelicot et des tons ocres. Sur certains tableaux on retrouve une bimetrie de vert et ocre, apport ensuite du rouge et du bleu.
La palette chromatique (impressionniste) il n’y a pas de perspective, pas de lien poétique, donc innovation la composition se fait à partir de la couleur
Les formes géométriques apparaissent depuis 1880 jusqu’à 1897.
De 1866 à 1895, Cézanne peint trente-six huiles, quinze dessins et dix-sept aquarelles représentant la bastide, la ferme, les bosquets, l'allée de marronniers, le bassin, les statues…
Certains thèmes sont exécutés en intérieur tel que " les joueurs de cartes 1890 " prenant ses modèles parmi les métayers de la propriété, " Madame Cézanne dans la serre 1891 ",serre qui existe encore et bien sur le thème " des baigneuses 1890 ".
La vente de cette bastide eue lieue en 1899 peu d’années avant le décès de Cézanne. C’est la famille Truphème qui la racheta, et les compositions murales du salon furent achetées par Louis Granel, ingénieur, qui fit faire le transfert sur toile et ensuite elles furent vendues aux enchères, achetées par des particuliers, beaucoup partirent au Japon.
Les bâtiments de ferme qui juxtaposent la bastide furent achetés par les Corsy dont l’un se mariera avec la fille de Louis Granel, ils garderont les bâtiments.
Cette visite permet de rentrer dans l’intimité de Cézanne, l’atmosphère y est particulière, les odeurs d’une maison fermée, endommagée ce qui fait que nous visitons peu de pièces, mais pendant la promenade on imagine très bien le maitre, dans le parc, autour du bassin, endroit ou il se positionnait pour peindre.
Il y règne une certaine quiétude loin des bruits de la ville.
Les autres lieux de Cézanne
L’atelier des Lauves
C’est une cabane sur un terrain de 7000 m2 achetée en 1902 que Cézanne fait refaire complètement à son idée, cet atelier est de 49m2.
Il est l’architecte de l’endroit, les murs gris bleus et un parquet de couleur neutre pour faire ressortir les couleurs de ses toiles. Il a une double exposition à la nord lumière naturelle, au sud vue sur les toits d’Aix.
On y trouve un certain nombre d’objets peints sur ses natures mortes:
Des verres, la coupe de fruit, le pot à olives, le pot à gingembre, la bouteille, le rosaire, les crânes, la cafetière le cupidon en plâtre aux formes rebondies à la manière des Putto italiens de Duquesnois (celui qui réalisa le manequenpis).
Des pommes de différentes couleurs, c’est dans cet atelier qu’il réalisa presque toutes ses natures mortes. Admirateur de Chardin, il peignit ses premières natures mortes dans son style et ensuite il peindra par touches de peintures.
Mais il disait "rien ne vaut la peinture en extérieur", dans cet atelier il dominait la Sainte Victoire, il fera ses 11 dernières toiles de la montagne à cet endroit.
Il disait de son atelier "c’est un triangle parfait".
De nombreux objets personnels sont présents dans les différents tiroirs de sa commode.
Trois tableaux connus sous le titre de "Grandes Baigneuses" ont préoccupés Cézanne dans les dernières années de sa vie au point que l’Atelier des Lauves a été conçu en fonction d’elles : Cézanne voulait retrouver une monumentalité, tant dans les formats des tableaux que dans la forme des figures réunies. Le tableau est empâté et traduit un travail de plusieurs années, la toile a manifestement changé de dimensions. Les corps sont épais, auréolés d’un bleu nocturne qui donne à la toile sa tonalité. Une toile superbe et puissante, orchestrant des bleus denses, des ocres lumineux, des roux éclatants. Il n’est ici question que de peinture, sans mythologie, sans histoire, sans anecdote.
Un immense chevalet utile pour " Les grandes baigneuses" il avait fait faire une fente dans le mur pour pouvoir sortir sa toile dans l’immense terrain pour le contrôle des couleurs, sur le chevalet il reste des traces de cette peinture bleue utilisée pour ce tableau. L’immense échelle que nous pouvons voir à coté, indispensable pour les grands formats.
Un magnifique paravent peint de motifs du XVIII eme siècle, représentant des frises de fleurs, des grotesques (motif par excellence de l’époque).
Des livres reliés cuirs incrustés sur le dos en lettres or.
Beaucoup d’émotions dans cet atelier, présentation d'objets plus intimes, la palette du maître, des tubes de peinture moitiés vides, ses vêtements, parapluie, sa gibecière.
Son acte de décès.
Il eut cet atelier de 1902 à 1906, c’est le lieu de création d’un art nouveau dont Cézanne se dit être le primitif. Il y reçut Emile Bernard jeune peintre en 1904. Il décède en 1906.
Les carrières de Bibémus.
Situées entre Aix en Provence et Vauvenargues, ces carrières d'ocre ont longtemps fournies la pierre dorée à de nombreux monuments et hôtels particuliers d'Aix en Provence. Cézanne y loue un cabanon à partir de novembre 1895 pour y peindre sur le motif.