Vauvenargues petit village à 12 km d’Aix en Provence, versant nord de la sainte Victoire, le château légèrement en retrait du village, il est du XVII eme siècle, situé dans un paysage verdoyant.
A l’origine, Ce château lié à l’histoire de la région, il dépend des Comtes de Provence puis de l’église d’Aix. En 1257, le seigneur d’Agoult vend son bien à Vicedominis, archevêque d’Aix, il cède sa terre de Vauvenargues au roi René, 1409-1480. Tour à tour cette demeure aura plusieurs propriétaires, à la révolution en 1790, le château est vendu par le troisième marquis de Vauvenargues à la famille des Isoard, famille modeste, pendant le 1er empire l’abbé Izoard se liera d’amitié avec Lucien Bonaparte. D’autres propriétaires suivront, le château a été dépouillé de ses meubles, c’est en 1958 que Pablo Picasso en fit l’acquisition.
Son architecture, à la base carrée avec deux tours de chaque cotés, le décor austère, le style rustique.
Picasso fait son retour à la peinture, il a 80 ans veut s’isoler il a besoin de calme.
Il a un coup de foudre pour ce château visité en revenant d’une corrida. Il a un rêve, être dans la peinture de Cézanne son maitre absolu. En achetant ce château il sera à tout jamais dans les œuvres de son maitre, il dira « Cézanne a peint ces montagnes et maintenant j’en suis propriétaire »
Il installe de nombreux bronzes dans le parc, à l’intérieur il accroche les œuvres de différents artistes anciens et modernes et fait venir ses livres.
La décoration intérieure sobre avec de grandes cheminées en gypseries.
Nous entrons dans un corridor ou se trouvent quelques bronzes du maitre.
Notre visite est orientée vers le salon cardinal du XIX eme siècle, médaillon du roi René d’Anjou, une toile du cardinal Izoard, membre de la famille des anciens propriétaires. Le plafond est a caissons, les fauteuils autour e la table sont recouverts de cuir de Cordoue, dans un angle est situé un médaillais, il s’agit d’un classeur géant offert par Matisse.
Cette pièce se prolonge par un oratoire privé, ou dans une chasse sous l’autels se trouvent les reliques de Saint Séverin, données par le Pape Pie VII au cardinal Isoard, les animaux représentant les quatre évangélistes, sont peints sur les pendentifs ou repose la petite coupole, un vitrail représentant Saint Michel terrassant le démon date de 1891
La salle des gardes, date du moyen âge, salle ou Picasso a été exposé lors de son décès, car il est décédé à Mougins, c’est Jacqueline Roque sa dernière épouse qui le fit revenir à Vauvenargues, le maitre n’avait rien prévu pour ses obsèques. Cette salle est toujours remplie de fleurs, hommage que rend la fille de Jacqueline Roque héritière de Vauvenargues.
Nous partons à l’extérieur admirer la sainte Victoire, Picasso disait:
« La sainte Victoire m’appartient », effectivement il est propriétaire du versant nord jusqu’à la croix de Provence, qui se situe au sommet, il en a fait une toile en référence à Cézanne.
Nous revenons dans la salle à manger, le lieu de vie, dans cette salle étaient exposés des tableaux de Matisse et de Vuillard, le buste de Dora Maar, une mandoline, le buffet Henri II acquit par Picasso, il en a peint une série de 9 toiles, avec les motifs présents sur le buffet, appelé aussi la négra, une grande table de ferme.
Nous poursuivons notre visite à l’étage, l’escalier y est sobre et très large, signe extérieur de richesse à l’époque de la construction du château, plus l’escalier était large plus les propriétaires étaient riches.
Picasso disait j’ai besoin de tristesse.
Nous pénétrons dans la chambre du maitre, un tapis rouge foncé au sol devant le lit, Picasso en a fait le motif qui est noir (œuvre magnifique), le lit recouvert d’une couverture jaune, toujours les couleurs de Vauvenargues, le jaune, le rouge les couleurs de l’Espagne plus le vert pour l’environnement du château.
Salle d’eau, sur le mur derrière le lavabo, il a peint un faune dans la verdure (le faune est synonyme de bonheur, c’est pour montrer son bonheur avec Jacqueline), Jacqueline avait acheté une table et chaises de jardin pour mettre dans la salle de bain qui est grande, cela s’harmonise avec les couleurs du mur, car il fait savoir que l’artiste recevait parfois dans ce lieu.
L’atelier ou la grande salle d’apparat, Picasso avait choisit cette salle, la plus noble du château et la plus vaste, une immense cheminée domine, des fauteuils peints par le maitre, jaune, rouge, noir, ayant pour motif le symbole solaire. Il utilisait la peinture ripolin, il ajoutait du dissolvant pour la rendre plus fluide et avec une certaine brillance, à coté d’un chevalet un jeu de quilles offert par la fille de Chagall, les taches de peintures sont restées au sol, cela montre encore la présence du maitre.
En sortant du château nous allons sur la tombe, il s’agit d’un grand massif arrondi recouvert de pelouse, il est enterré avec Jacqueline, au centre du massif une sculpture représentant la dame à l’offrande datant de 1933 (il s’agit de l’allégorie de la République espagnole) elle fut exposée à Paris.
Atmosphère particulière, le maitre est toujours présent, ce château reflète son caractère, une grande sobriété, l’austérité et la puissance des grandes bâtisses espagnoles.
On imagine les cris des enfants Claude et Paloma jouant dans le parc du château animant ce lieu de plénitude, les chiens se promenant en toute liberté (car le maitre en avait plusieurs), la vie sous le soleil de Provence y est douce.
Un film réalisé par Jacqueline Roque projeté en fin de visite, intitulé scènes de vies à Vauvenargues, nous montre Claude et Paloma enfants, Picasso dans son atelier, les réunions de famille dans la salle à manger autour d’une grande table, tout simplement, les moments de bonheur de la famille Picasso.