Prato au XV eme siècle est une ville très prospère, grâce au développement des affaires et du commerce. De nombreuses commandes civiles et ecclésiastiques sont passées aux artistes du XIV eme au XVI eme siècle, échanges politiques et culturels avec Florence qui se situe à 15 km. C’est une période positive, c’est l’âge d’or de Prato. Des princes viennent vénérer la sainte ceinture exposée dans la cathédrale.
De nombreux artistes, architectes, peintres, sculpteurs, ciseleurs viennent s’installer à Prato. Filippo Lippi y reste 14 ans.
Filippo Lippi né en 1406, décède en 1469, c’est un religieux, il découvre Masaccio qui travaille à la chapelle Brancacci à Florence, tout proche de son couvent.
Masaccio apporte quelque chose de nouveau, les personnages peints de profils, les anatomies se rapprochent de la réalité, les auréoles suivent la perspective. Filippo sera influencé par celui-ci, mais aussi par Fra Angelico, Masolino.
A Florence en 1420, les artistes, Lorenzo Monaco, Gentile Fabiano, sont au gothique international, l’art est raffiné élégant, de beaux costumes, ils travaillent sur panneaux de bois, la tendance : l’unification de l’espace, beaucoup d’or.
Filippo Lippi part à Prato en 1452, pour décorer la chapelle du chœur de la cathédrale.
Il à un fils Filippino en 1456 avec un de ses modèles que l’on retrouvera dans plusieurs de ses œuvres, Lucrezia Buti, elle est religieuse, ils se mettent en ménage, c'est très mal vu en Italie. Côme de Médicis ira même voir le pape, il ne faut pas oublier ils sont religieux.
Il peint de nombreuses fresques, des petits autels de dévotion, des retables et prédelles, il travaille aussi pour Côme de Médicis. Son dessin est fluide, beaucoup de détails, la gestuelle, les marbres veinés, il essaie de travailler la 3eme dimension, on le voit dans ses volumes, on ressent la présence des corps. Sa palette est sobre, les tons doux.
Salomé danse, fluidité du vêtement. Différentes scènes représentées mises en opposition les unes avec les autres
L’exposition du musée du Luxembourg, www.museeduluxembourg.fr ,propose environ 60 tableaux, du XIV eme au XVI eme siècle.
Dès la première salle nous sommes à la fin du gothique, XIV eme siècle, un exemple avec la prédelle de Bernardo Daddi, évoquant la légende de la Sainte ceinture, un tableau d’Uccello, Le polyptique de Giovanni da Milano.
La Nativité avec saint George et saint Vincent Ferrer de Filippo Lippi et sa pala (son retable) qui représente la Vierge à la Ceinture.
Quelques tableaux avec des fonds d’or sont aussi exposés, un clin d’œil pour montrer la richesse de la ville.
L’importance de la sculpture au XV eme siècle, y est montrée, présentation de quelques autels de dévotion privée, il s’agit de petits formats, commandes de particuliers, il faut prier chez soi, ces tableaux peuvent être emporté lors de déplacements. Ils sont en terre cuite rehaussée de polychromie. Quelques exemples avec Donatello, da Maiano, Bliglicci.
Tout au long de l’exposition, nous rencontrons les œuvres de Lippi ainsi que les œuvres faites avec ses collaborateurs Fra Diamante, Di Zanobi, les œuvres de ses suiveurs tel que Botticelli, qui a travaillé dans son atelier, Tommaso di Piero dit Il Trombetto, Luca Signorelli, Zanobi Poggini, Raffaellino del Garbo et Filippino.
Son style est novateur, « la maniera », ses vierges à l’enfant sont exceptionnelles, élégantes, les traits fin, une belle gestuelle, des drapés raffinés.
Filipino n’a que 13 ans à la mort de son père, il travaille dans l’atelier de Botticelli, il emprunte a son maitre les figures allongées et affinées, élégantes. Il connaît rapidement le succès et est choisi pour terminer la décoration de la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria del Carmine à Florence. Il peint également les fresques de La chapelle Carafa de Santa Maria sopra Minerva à Rome. A son retour de Rome, Filippino Lippi est chargé par Laurent le Magnifique de peindre les fresques de sa villa, (aujourd’hui disparues),
Filippino peint par son père
Ce parcours nous montre le foisonnement artistique existant à Prato à cette époque et permet de voir l’évolution stylistique de Filippo Lippi, grand de la Renaissance, et de son fils Filippino.
Très belle exposition.